On parle souvent de l’amour d’une mère comme d’un pilier inébranlable. Mais que se passe-t-il quand ce lien est plus douloureux que nourrissant ?
En plongeant dans le livre Et si c’était votre mère le problème ? de Clémence Biel, j’ai découvert à quel point cette relation pouvait façonner toute une vie, parfois à notre insu.
Avec Clémence, j’ai voulu explorer les sept visages de la mère toxique, et comprendre pourquoi cette transmission mère-fille mérite d’être regardée en face, sans tabou.

Une relation à part
Pourquoi est-ce que cette relation si forte est si chargée émotionnellement ? Pour Clémence, tout part de là : “Notre mère est souvent à l’origine de ce qu’il y a de plus inconscient chez nous, surtout quand on est une femme. Elle nous transmet, parfois malgré elle, une identité féminine marquée par la douleur, le sacrifice, la frustration.”
Dans une société patriarcale où les femmes ont rarement eu le droit d’exister pleinement, cette transmission peut être lourde.
Et quand une fille devient mère à son tour, tout remonte.
Une typologie pour comprendre

Dans son livre, Clémence identifie sept profils types de mères toxiques. Ce n’est pas une façon de “mettre les mères dans des cases”, mais une manière d’éclairer les dynamiques invisibles qui nous ont parfois abîmées sans qu’on en ait conscience.
Les sept profils types de mères toxiques :
👉 La mère victime : elle fait de sa fille son soutien émotionnel. Elle se lamente et projette sur elle tous ses manques, jusqu’à la rendre responsable de son bien-être.
👉La mère étouffante : elle aime “trop”, au point de ne plus laisser d’air. Il n’y a pas de limites claires. La fille se perd dans une co-dépendance.
👉La mère à materner : elle attend de sa fille qu’elle comble l’amour maternel qu’elle-même n’a pas reçu. Le rôle est inversé.
👉La mère contrôlante : elle pense mieux savoir ce qui est bon pour sa fille. Elle critique, impose, et efface l’individualité de l’enfant.
👉La mère narcissique : elle instrumentalise ses enfants pour briller. Elle peut favoriser un enfant, en dévaloriser un autre.
👉La mère indifférente : elle ne montre pas d’émotions, n’écoute pas, ne voit pas. La fille apprend à devenir transparente.
👉 La mère imprévisible : elle change d’attitude sans prévenir. Un jour douce, le lendemain violente. La fille vit dans l’anxiété constante.
Et si on ne se reconnaît pas ? Clémence explique que même l’absence, l’indifférence ou le silence sont des formes d’impact profond. Et que même sans mère, les blessures liées au manque peuvent être tout aussi marquantes.
Ce n’est pas une accusation, c’est une libération
Le titre du livre dérange. Il choque. Mais il fait son job : interpeller. Pas pour blâmer nos mères, mais pour permettre aux filles – devenues femmes – de reprendre la main sur leur histoire. “C’est aussi un livre qui parle de société”, explique Clémence. Car les mères d’hier ont souvent été coincées dans des rôles qu’elles n’avaient pas choisis. Elles ont transmis sans le vouloir des schémas patriarcaux, des injonctions à se taire, à être parfaite, à s’effacer.
Mais il n’est jamais trop tard pour faire autrement.
Être mère sans reproduire
Ce que j’ai compris, c’est que pour éviter de devenir à notre tour une mère toxique, il faut d’abord guérir notre propre petite fille intérieure. Se reprogrammer. Faire le tri. Dire non. Et aussi, apprendre à dire oui à soi. “Plus tu es bien avec toi-même, plus tu libères tes enfants”, insiste Clémence.
Être une mère saine, ce n’est pas ne jamais crier ou ne jamais être fatiguée. C’est permettre à son enfant de toujours pouvoir venir parler. Accepter le conflit sans le diaboliser et se montrer humaine, pas parfaite. Et surtout, c’est s’autoriser à vivre aussi pour soi.

Tu veux savoir quel type de mère est ta mère ? Peut-être que cette typologie t’aidera à y voir plus clair. Mais le plus important, c’est que tu saches aujourd’hui que tu as le droit de poser des mots, de poser des limites… et d’espérer autre chose pour toi – et peut-être pour tes enfants.
Envie de (re)plonger dans l’épisode 249 ? Il est dispo juste ici :