“J’ai un TDAH et je suis HPI, et je l’ai découvert à 36 ans”
Vous avez été des dizaines et des dizaines de milliers à écouter l’épisode sur le TDAH et ses conséquences sur les femmes, que j’ai enregistré en décembre 2024 avec Dr Nader Perroud, psychiatre suisse, spécialiste francophone de ce trouble. Mais aussi des centaines et centaines à m’avoir envoyé des messages sur les réseaux sociaux pour m’expliquer comment cet épisode avait changé votre vie.
Alors un grand merci à vous.
Je ne m’étais jamais posé la question. Si vous m’aviez parlé de TDAH il y a deux ans j’aurais dit : “Pas du tout, ça me concerne pas.” Pour moi, c’était l’image du petit garçon qui bouge partout et galère à l’école. Moi, j’aimais l’école. Je ne faisais jamais mes devoirs, mais je m’en sortais très bien.
Ce qui a changé, c’est que je suivais des entrepreneuses américaines sur les réseaux. Elles ont exactement le même profil que moi, et elles ont toutes un TDAH. En les écoutant en parler, je me suis dit : “C’est bizarre, mais ça me parle.” J’ai commencé à regarder les symptômes chez les femmes. Et là, j’ai vu plein de caractéristiques qui me correspondaient.
En lien avec cet article je t’invite à écouter l’épisode 250: Comment j’ai découvert mon TDAH et mon HPI, l’histoire derrière mes atypies :
“Je pensais que j’étais juste désorganisée”
J’en ai parlé à ma psy. Elle m’a dit : “Le TDAH, je suis pas formée. Par contre, moi, je vous vois plutôt HPI.” Là, j’ai eu un petit choc . Je ne me suis jamais vue comme HPI. J’ai toujours su que j’étais intelligente, mais pour moi, le HPI, c’était les gens forts en sciences. Ce qui n’était pas du tout mon cas.
Elle m’a conseillé d’aller voir une neuropsy. J’ai fait un bilan complet, en février-mars 2024. C’était très dur : quatre heures de tests. Il y a des catégories que j’ai très bien gérés, d’autres que j’ai ratés. Pas parce que je ne savais pas, mais parce que j’allais trop vite. Je ne lisais pas les consignes jusqu’au bout. Ce test m’a montré que je me pénalisais moi-même.
Résultat : j’ai un TDAH, avec impulsivité, que je sais très bien masquer. Mon mari, par exemple, n’avait rien vu. Il a répondu au questionnaire et pour lui tout allait bien. J’ai aussi découvert que je suis HPI hétérogène : très haut en verbal, en vitesse de traitement de l’information, plus bas sur la mémoire.
“J’ai pleuré en découvrant tout ça”
Franchement, j’ai pleuré. Pas parce que j’étais triste, mais parce que ça expliquait plein de choses. Je me suis toujours sentie différente. Petite, je restais avec les enfants mais je me lassais rapidement. Je préférais être à côté des adultes, écouter. J’étais sociable, mais vite saoulée. J’ai toujours eu mille idées en même temps. Et je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça.
Aujourd’hui je sais que ce n’est pas le cas.
Et ça m’a permis de comprendre aussi pourquoi certaines choses ont été compliquées dans ma vie. Je suis ultra bordélique, je procrastine à mort, j’ai du mal avec les démarches administratives. Par exemple, j’ai laissé une voiture dans une rue pendant des mois, incapable de gérer. Ça m’a coûté 700 euros. Je n’arrivais même pas à passer un coup de fil.
“Le plus dur, c’est quand t’es parent”

Quand t’es TDAH, devenir parent, c’est une épreuve. J’ai eu trois enfants en quatre ans et demi. Ma deuxième fille n’a pas dormi pendant des années. J’étais à bout. Je me mettais à hurler, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Le manque de sommeil, la charge mentale, les émotions… tout était trop.
Le diagnostic m’a aidé à comprendre que je ne faisais pas exprès. Que ce n’était pas de la mauvaise volonté. J’ai simplement un fonctionnement différent. J’ai depuis un regard plus attentif sur mes filles. Je pense qu’au moins une d’entre elles est HPI ou TDAH. Pas besoin de l’étiqueter maintenant, mais je suis vigilante.
“J’ai grandi dans une famille où on m’a toujours validée”
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui ne m’ont jamais mis la pression. Ils ne regardaient pas si je faisais mes devoirs. Ils m’ont toujours dit que j’étais OK comme j’étais. Du coup, je ne me suis jamais sentie anormale. Mais aujourd’hui, je relis certaines choses à la lumière du TDAH. Et je pense que ma mère aussi l’a, mais qu’elle a été très mal suivie. On lui a collé des médicaments sans jamais poser le bon diagnostic. Et ça me met en colère.
Ce diagnostic, c’est pas juste une étiquette. C’est un éclairage. Un outil. Un soulagement aussi. Parce qu’à partir du moment où tu comprends comment tu fonctionnes, tu peux enfin arrêter de te juger.