Épisode 186 – La thérapie pour les enfants

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J’ai longtemps hésité avant de parler de ce thème, parce que je voulais forcément protéger la vie privée de mes enfants.

Je sais aussi, à quel point ce sujet reste tabou et limité à une poignée de personnes privilégiées qui peuvent se permettre d’avoir le temps et les moyens financiers d’emmener leurs enfants en thérapie.

Même si en France notre système n’est pas parfait, il nous permet  quand même de pouvoir bénéficier de séances gratuites.

Vous avez par exemple un dispositif appelé psy enfant ado pour les 3- 10 ans avec jusqu’à 10 séances remboursées.

Vous devez être adressés par un médecin pour en bénéficier.

Vous avez également des psychiatres qui sont médecins et donc remboursés. 

Je sais, parfois, il y a des dépassements d’honoraires, mais c’est une piste à explorer.

Je vous ai mis aussi une ressource complète de la CPAM pour vous aiguiller en fonction de votre problématique.
Si on revient au cœur du sujet, j’avais envie de vous raconter à quoi peut servir un suivi psy avec vos enfants, à quoi ressemble une séance à laquelle j’ai assisté et pourquoi cela a eu un immense impact bénéfique sur la vie de nos enfants.


LIENS UTILES

Lancement du dispositif « Psy Enfant Ado », Ministère du travail, de la santé et des solidarités

Difficultés psychologiques chez l’enfant : comment être aidé ?, Ameli.fr


TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

1)Pourquoi aller consulter un•e professionnelle de la santé mentale pour nos enfants ? Est-ce que c’est vraiment utile ?

Pour moi la réponse est plus que claire, oui c’est utile et c’est même essentiel quand vous faites face à des difficultés.

Il y a 1 an et demi j’ai emmené mes 2 ainés consulter parce que nous traversions une période familiale très difficile. 

A l’époque elles avaient 5 ans et demi et 2 ans et demi. 

C’est donc petit. Pour nous l’objectif c’était de leur offrir un espace où elles puissent être écoutées et un espace où on allait prendre soin d’elles pour les apaiser.

Sans trop rentrer dans les détails on avait plusieurs problématiques, qui sont au final, communes à plein de familles : 

le sommeil,

les crises incessantes

et l’hypervigilance 

Une fois que je vous ai raconté ça, j’aimerais vous expliquer à quoi ont rassemblés les séances qu’elles ont faites et qu’elles font encore parfois, en fonction de leur âge.

2) A quoi ressemble une séance

En séance, elles ont débuté ensemble. 

La psychologue qui les suit était la mienne, pour la simple raison qu’elle connaissait notre histoire et donc pouvait plus facilement aller chercher les éléments problématiques avec elles. Et surtout parce que je lui fais entièrement confiance et que je sais qu’elle a la formation adéquate pour leur prise en charge de leur traumas.

On était donc les 3 ensemble pour évaluer la situation, et puis au bout de 30 min, je suis sortie avec ma 2e pour laisser ma grande être seule, avec son accord et pouvoir parler sans crainte de me blesser de ce qu’elle ressentait.

Cette première séance était importante pour que mes filles puissent avoir confiance en notre psy et se sentir en sécurité dans ce lieu.

A la fin de la séance, la psy m’a fait une restitution de ce qu’elle comprenait: elle n’a pas parlé de ce que ma grande lui avait confié, elle a gardé le lien de confiance avec elle.

Pour la 2e fois, je suis restée seulement quelques minutes et mes 2 filles sont restées avec elle, puis ensuite chacune leur tour; Mais elles étaient plus à l’aise à être ensemble au début.

Ce n’est qu’à la 3e séance qu’on a tout individualisé, chacune de leur côté pour travailler sur leur problématique et pouvoir faire de l’EFT et de l’EMDR.

Je vais donc vous raconter comment on gère ce type de séance. J’ai souvent mon enfant sur les genoux, la psychologue demande à mon enfant si elle est ok pour qu’on raconte un moment difficile et si elle accepte que ma psy lui touche les genoux, ou pieds.

Une fois que le consentement est acté, on peut commencer à raconter les moments de difficultés qu’elles ont traversé et accueillir leur réactions physiques.

Là où j’ai été la plus surprise c’est pour ma fille de 1 an. Puisque quelque temps après on l’a également amené et on lui a raconté sa naissance mais aussi l’hospitalisation qu’elle a vécu pendant 15 jours suite à une bronchiolite, quand elle avait 4 mois.

C’était impressionnant sa réaction physique à cet évènement. Quand j’ai tout raconté, elle était dans mes bras et au fur et à mesure, elle s’enfonçait dans mon corps et elle s’est mise à transpirer. Toute sa tête est devenue trempée. Comme si on lui avait jeté un seau d’eau dans les cheveux.

En même temps que je raconte, avec une voix très douce, la psy observe ses réactions corporelles et lui explique qu’elle voit que c’est difficile.

Il faut vraiment le vivre pour comprendre l’impact physique chez des enfants qui n’ont pas encore la parole.

Pendant les séances, les enfants peuvent s’exprimer via le jeu, ou alors via des mises en situations avec des livres adaptés aux émotions ou par le dessin mais aussi par la thérapie narrative.

Chaque séance que j’ai faite avec ma dernière était intense sur le plan physique. 

Pour les 2 grandes, qui parlaient avec plus ou moins de facilité, on a pu délier des grosses tensions au fur  et à mesure.

Alors quels sont les bénéfices à emmener nos enfants à suivre une thérapie sur plusieurs semaines, quand ils viennent de vivre un moment traumatisant que ce soit une hospitalisation, la perte d’un être cher, une séparation, un accident ou des violences ?

Clémentine Sarlat, La Matrescence, Thérapie enfants, psychologue, EMDR, EFT

3) Quels bénéfices ?

Et bien ils sont immenses. 

J’en ai fait l’expérience avec mes 3 filles. 

La thérapie a sauvé une partie de nos nuits. Parce que oui certains enfants ont un vrai besoin de faire baisser l’anxiété via la thérapie pour avoir un sommeil un peu plus apaisé. On est passé de réveils toutes les 30 min à un réveil max par nuit voire parfois pas, et quasiment sans hurler la nuit.

Il y a eu d’immenses bénéfices sur l’anxiété et donc les crises qui étaient beaucoup plus intenses que d’habitudes.

Une de nos filles se rongeait les ongles; pendant tout le temps de la thérapie, elle ne l’a plus fait.

La thérapie m’a permis de voir que certains événements de la jeune vie de mes enfants avaient été vécus de manière brutale sans que je m’en rende compte.

Mais surtout, la thérapie m’a permis à moi de mieux comprendre le fonction de mes enfants, de mieux appréhender leur particularité, de moins culpabiliser dans mes choix en tant que mère et d’être sûre que les traumatismes qu’elles avaient vécu à leur échelle, n’allaient pas rester coincé dans leur corps. 

1 an et demi plus tard, une seule de mes filles continue plus régulièrement d’y aller.

Mais à chaque fois que je sens qu’il y a des blocages pour l’une ou pour l’autre, je reprends un rdv.

Elles ont confiance en notre psy, m’en parlent souvent, savent aussi que cette personne m’aide à aller mieux et que ce n’est pas leurs rôles à elles en tant que petite fille de prendre soin de moi.

Bref, je ne peux que vous le recommander parce que parfois dans nos quotidiens nous n’arrivons plus à voir les difficultés de nos enfants parce que nous sommes pris par les nôtres.

Avoir du relais, c’est important, surtout sur la santé mentale. 

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