Épisode 166 – “Ça ne peut plus durer !”, comment changer le quotidien pesant avec nos enfants, en 3 étapes -Céline Syritellis, coach parental

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On est toutes et tous d’accord pour dire qu’être parents est le taff le plus difficile du monde… ce qui veut dire, que ça s’apprend !

Si vous suivez ce podcast vous le savez bien.

Pour la deuxième fois dans ce podcast, je reçois Céline Syritellis.

Céline est docteure en science du langage et propose de la guidance parentale. Elle vient d’écrire un livre qui s’intitule “Ca ne peut plus durer”! 

Notre quotidien familial, quand on s’embourbe dans une spirale négative, peut vite devenir difficile.

Mais pas de panique, il existe des solutions que Céline nomme des lignes de conduite qui peuvent nous sortir de nos tourments de parents.

Dans cet épisode on ne vous propose pas de solution miracles, mais bien de comprendre les comportements de nos enfants, pour adapter au mieux les possibilités que l’on a de les emmener avec nous vers une autre route.

Retrouver un quotidien plus fun, plus serein et plus joyeux, ça vous tente ?

Alors venez avec nous, on vous embarque pour 3 exemples concrets, de l’impolitesse, manque de respect, aux repas difficiles pour finir dans l’entre du bain et du soin du corps.

Sortir des luttes de pouvoir ? C’est possible.

Je vous souhaite une très bonne écoute.

LES LIENS UTILES

L’invité : 
Céline Syritellis

Les podcasts : 
Episode 115 – 5 tips pour aider la gestion de la frustration & les transitions chez nos enfants – Céline Syritellis, coach parental

Les livres :
Ça ne peut plus durer ! 35 lignes de conduite pour changer les comportements difficiles de nos enfants, Céline Syritellis


TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

Clémentine Sarlat : Salut Céline ! Je suis trop contente de te recevoir à nouveau dans ce podcast. C’était en 2022 la dernière fois, ça passe vite, on est en 2024.

Céline Syritellis : Bonjour Clémentine. Exact, merci de me tendre à nouveau le micro.

Clémentine Sarlat : Et depuis tout ce temps, tu as écrit un livre qui sort tout juste là et je suis vraiment hyper contente de pouvoir t’interviewer pour que tu nous parles de ce livre. Alors le titre il est drôle parce que je pense qu’on l’a tous, si on ne l’a pas dit, on l’a tous pensé, le “ça ne peut plus durer”. Je ne suis pas sûre de l’avoir dit mais je suis sûre d’avoir pensé 150 000 fois. Juste ma première question, pourquoi est-ce que tu as choisi ce titre ?

Céline Syritellis : C’est une grande histoire ce titre. Il amène beaucoup de questions parce qu’il y a un point d’interrogation, il y a ce côté un peu définitif de « non mais je tape du poing sur la table, c’est stop, ça ne va plus du tout, ça ne peut plus durer ». Et on pourrait se dire « bah attends, c’est quoi le programme si on répond aux gens qui se disent ça ne peut plus durer ? »

Et moi, voilà, mon métier, c’est la guidance parentale, c’est d’être aux côtés des parents, au bénéfice des enfants, mais aux côtés des parents et partir de comment ils vivent les choses et ce qui les amène à se poser des questions. Et ça, c’est une clé d’entrée. Le moment où tu te dis ça ne peut plus durer. Non, mais là, on est en train de passer totalement à côté du truc pour lequel on a signé. Tu fais rarement des enfants en te disant ils vont refuser d’aller à l’école, etc. Mais il y a un moment quand ce que tu vis s’éloigne beaucoup trop de ce à quoi tu aspirais en devenant parent. C’est là que les choses peuvent se cristalliser, se coincer autour de comportements de l’enfance, parce qu’en fait, voilà, c’est une clé d’entrée, ça ne peut plus durer, mais c’est pour découvrir que ce sont des comportements normaux de l’enfance et la façon dont on les accueille, accompagne et guide fait que ces comportements normaux-là ne deviennent pas le point noir du quotidien des parents.

Clémentine Sarlat : Ce que tu dis là, le point noir. On peut vite focaliser sur un point noir et ça peut rendre fou. Alors dans ce livre, tu donnes beaucoup d’exemples. Moi j’ai choisi, on va s’intéresser à deux, trois max pour laisser la surprise aux gens et le lire dans ton livre. Mais il y a plusieurs concepts que tu développes et notamment tu fais référence à l’iceberg. Est-ce que tu peux nous expliquer ce concept de l’iceberg ?

Le concept de l’iceberg

Céline Syritellis : L’image de l’iceberg, c’est une image qu’on utilise très souvent pour décrire des phénomènes dont on ne perçoit souvent qu’une partie. Appliquer à la parentalité, c’est aussi souvent utilisé dans ce domaine-là. Moi, je l’utilise à plusieurs titres. Le premier, c’est qu’avec cette image de l’iceberg, je peux représenter l’entièreté du comportement de l’enfant et distinguer la partie émergée de l’iceberg, la pointe visible, parce que dans cette image, il y a aussi le décalage entre la partie visible, sa taille, et puis la masse qui est sous l’eau. Sur la pointe émergée de l’iceberg, t’as la partie du comportement qui, je devais faire un accourci, pose problème aux parents en tout cas, c’est la partie descriptible, factuelle, et moi c’est la partie du comportement qui amène les parents à se tourner vers moi. “J’en peux plus, il tient pas en place à table, tous les matins c’est la guerre pour partir, il s’oppose à tout ce que je lui demande, dès que je dis non, etc.” Ça c’est la partie émergée. Et sous la surface de l’eau, on trouve, si je devais faire le parallèle, ce qui pose problème à l’enfant. C’est difficile de se mettre en mouvement quand il n’y a pas de la motivation. C’est difficile de réguler ses émotions quand les sujets ont de l’importance, quand il y a de la fatigue, quand je n’ai pas toutes les compétences pour savoir le faire. Et ce distinguo-là, il permet de faire à la fois ce décryptage et d’avoir une vision positive, on va dire, des intentions de l’enfant. L’enfant n’a pas décidé de nous pourrir la vie. Mais ça ne veut pas dire que l’on se dise non plus à l’opposé, il a besoin de faire sa motricité, c’est très important qu’il monte sur la table de la cuisine. Mais c’est un éclairage qui permet d’adresser de façon positive le comportement de l’enfant. Ça c’est aller sous la surface de l’eau et il y a aussi ce mouvement dont je parle très souvent qui est passé sous la surface de l’eau et je le mime toujours avec cette espèce de courbure là. Pour passer le cas, parce que si tu tapes entre guillemets en haut de l’iceberg, arrête immédiatement, je te préviens de taper, c’est hors de… Si celle-ci, là si tu tapes, alors là je t’assure que c’est punition. Tout ce qu’on fait qui adresse trop directement la partie émergée de l’iceberg produit trop peu de résultats. Au mieux ça n’en produit pas, au pire ça entraîne toute l’escalade des comportements, l’enfant à qui je dis t’as pas intérêt à taper, c’est là que ça part, celui à qui je dis tu me parles pas sur ce ton, il claque la porte et je me retrouve comme ça à m’embarquer dans plein de comportements. Avec cette image on va pouvoir aller adresser ce qui pose problème à l’enfant et donc les racines du comportement et du coup ouvrir, déjà connecter plus facilement parce que quand tu vas par dessous, tu établis une connexion plus efficace de “olala, là, ça te met vraiment très en colère que j’ai dit non”, par exemple. Et tu vas aussi pouvoir ouvrir beaucoup plus de pistes pour faire ce qui est très important, de rediriger le comportement. C’est-à-dire quand t’as tel problème, je dis souvent les enfants ont tendance à résoudre les problèmes d’une façon qui crée de nouveaux problèmes. Quand t’as tel problème, comment tu peux le résoudre, l’exprimer, le partager d’une façon qui ne crée pas davantage de problèmes, donc d’une façon qui soit adaptée. Et c’est ça notre rôle de parent dans la plupart des situations, c’est d’enseigner aux enfants comment faire ce qu’ils cherchent à faire, mais d’une façon qui soit adaptée.

Clémentine Sarlat : Et puis cette notion de la racine de l’iceberg, c’est un peu nourrir le lien, nourrir en profondeur quelque chose de plus grand que simplement le petit comportement qui peut être notre point noir et notre bête noire et qui nous saoule, ça n’empêche pas ça.

Céline Syritellis : Quand tu fais ce truc de passer sous la surface de l’eau, ton regard est différent, tes émotions vont changer aussi. On va en reparler, mais sur l’insolence par exemple, si tu es en haut, tu ne me parles pas sur ce ton, la connexion ne s’établit pas, tu as envie d’en découdre, tu te sens agressé, tu vas monter dans les tours et ils vont te suivre. On va tous les deux aller très loin, il y a des années de lumière de ce qui nous a amené ici et qu’on devrait résoudre pour ne plus avoir ce type de situation. Quand tu passes sous la surface de l’eau, c’est plus facile de connecter. Tout de suite, tout le monde se sent un peu mieux compris. Et tout ce qu’il faut un peu inventer à chaque fois pour dire, c’est ça que tu veux faire. Alors, c’est peut-être comme ça que ça t’aiderait plus. Et cette créativité-là qu’on n’anticipe pas toujours à chaud, mais qu’on va t’attonner, c’est pas grave. Mais déjà, de dire notre intention d’être à leur côté pour résoudre le problème d’une façon adaptée, ça baisse d’un ton, ça calme le jeu assez vite.

Clémentine Sarlat : Alors justement, tu me fais une très bonne transition pour cette question. Dans tous les scénarios que tu poses, donc c’est vraiment le principe de ton livre, tu as un scénario et tu découles en suivi, un guide et voilà. Tu dis, il y a des sous-chapitres à chaque fois dans ces lignes de conduite et donc tu parles à chaque fois du fait que tout ne se joue pas à chaud. Alors est-ce que tu peux nous expliciter le concept aussi de cette notion qu’on ne peut pas tout le temps tout contrôler sur le moment même en fait, s’il y a plein de travail en amont et après d’ailleurs ?

Tout ne se joue pas à chaud

Céline Syritellis : Bon, tout ne se joue pas à chaud. Je crois que si je devais compter, ça fait partie des phrases que je dis le plus fréquemment chaque jour. Tout ne se joue pas à chaud. Ça parle du moment où on intervient et du moment où on récolte les résultats. Ce qu’on appelle à chaud, là, c’est le moment où il y a le problème qui se produit. Et en principe, quand les problèmes se produisent, il y a un peu de dérégulation pour tout le monde. C’est un peu compliqué. Tout le monde est à cran. Sinon, il n’y aurait pas de problème, en fait. Donc l’enfant a son dessous d’iceberg là initial, le parent se dit malheur de malheur qu’est-ce qui est en train de se passer, faut arrêter ça immédiatement parce que sinon ça promet il me répond à 4 ans qu’est-ce qu’il va faire à 14. Donc c’est pas le meilleur moment pour utiliser les ressources les plus utiles. Donc il y a un intérêt à ne pas se focaliser sur les moments où se produisent les comportements problèmes, parce que je ne sais pas, je ne suis pas très bonne en chiffres toujours, mais disons 95% des difficultés sont liées à des apprentissages que nos enfants doivent faire et des compétences que nos enfants doivent développer et les compétences et les apprentissages nécessitant des conditions favorables pour être faits efficacement, utilement et en profondeur, ce n’est pas dans ces moments-là qu’on peut les faire le mieux. Donc on va toujours chercher en amont des conditions favorables pour enseigner à nos enfants ce qu’ils ont besoin de savoir, permettre d’entraîner, de développer des compétences. Un peu comme si on semait des graines. Et ce travail-là, à la fois, il développe plus facilement des compétences parce que les conditions sont plus favorables et il ne suffit pas du premier coup en une nuit. Mais par contre, à chaque fois qu’il y a le problème qui se manifeste à chaud, on va pouvoir réactiver quelque chose plutôt que faire des leçons de morale à chaud. Et après coup, on a aussi toujours que notre intervention était plus ou moins couronnée de succès, on a toujours encore l’occasion de faire, même d’un épisode difficile, une nouvelle occasion de dire, tu vois, c’est ça le problème avec la colère, c’est que je comprends que tu voulais pas telle chose, mais quand on le résout de telle façon, ça nous crée trop d’autres problèmes. Alors c’est pour ça que toi et moi, on a toujours, on aura toujours la mission d’apprendre comment on peut être en colère sans taper, arracher des mains, etc. Et j’ai confiance en toi et je sais que ça va venir. Je te vois déjà y arriver et je sais que bientôt ça viendra plus facilement. Donc en dehors des moments de crise, on peut vraiment agir très efficacement. Ça ne veut pas dire qu’on ne fait rien à chaud, loin de là. Mais si on ne parle pas de tous ces sujets quand tout va bien et qu’on n’en parle que quand tout va mal, on crée plutôt des mécanismes de renforcement, des comportements qu’on cherche justement à éteindre, diminuer.

Clémentine Sarlat : Mais même nous, quand on réagit à chaud, on réagit pas forcément bien d’ailleurs, vu qu’on est soit même activé, on n’arrive pas à retrouver cet état de calme qui fait qu’on a notre lucidité pour être un petit peu plus dans le… Je sais pas dans le vif du sujet, mais je saurais pas comment te dire, être plus aligné avec ce qu’on veut en fait.

Céline Syritellis : Et puis une forme de clarté, d’authenticité, on a besoin de beaucoup d’assertivité en tant que parents. Et les lignes de conduite aussi, elles permettent à chaud de faire un truc un peu plus, de moins subir ma propre réaction. Parce que comme j’ai envisagé tous les cas, et même le cas où malgré tout ce que j’ai dit en amont, mon enfant quand même a tel ou tel comportement que j’estime inapproprié, comme je m’y attends, je suis préparée à cette situation, je perds un peu moins pied et je vais faire le truc que j’ai dit que j’allais faire. Je gagne en constance, je gagne en cohérence et du coup, je gagne en efficacité. Mais tout ça, je ne l’ai pas décidé. C’est dur de le décider, de le choisir dans le feu de l’action, d’en avoir discuté en amont, d’avoir réfléchi finalement quand ça se passe, ce que j’ai de mieux à faire, c’est vraiment ça. Quand ça se produit, j’y suis plus préparée et ce que j’ai à faire à chaud gagne en efficacité.

Eviter que les repas tournent à la guerre familiale

Clémentine Sarlat : Alors on va entrer dans le vif du sujet, on va prendre un exemple très concret et là c’est moi qui l’ai choisi cet exemple qui m’a parlé. Tu prends un scénario où on est au repas et dans beaucoup de cas ça arrive, notre enfant ne tient pas en place. Qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter que les repas tournent à la guerre familiale ?

Céline Syritellis : Au sujet tout particulièrement de ce qui se passe à table, bon ça s’appliquera très fort de dire tout ne se joue pas à chaud, on peut faire plein de choses en amont. Il y a plein plein d’objectifs parentaux qui sont focalisés sur le moment des repas et donc choisir ces batailles ça va être très important dans ces circonstances là. Je prends souvent l’image d’une échelle pour parler de nos objectifs et comment on les hiérarchise. Et souvent, on blinde tous les objectifs autour des repas tout en haut de l’échelle. Donc, il ne doit pas couper la parole, pas trop remuer, manger de tout, enfin, goûter à tout, être poli, etc. Donc, déjà, sur les situations à table, de faire ce travail, de se dire quelle est la première priorité que j’adresse, c’est important parce que sinon typiquement le repas il va devenir un champ de bataille intégral. Ils vont pas te dire merci ou ils vont quitter leur chaise et toutes les cinq secondes tu vas te retrouver à intervenir. Donc ce travail de hiérarchisation il est très important. Il va être fait en fonction de ce que je comprends du comportement de l’enfant. Donc, il y a ceux qui ont du mal à rester en place parce qu’ils ont beaucoup de choses qui se passent là dans le corps. Vraiment un besoin de bouger qui s’exprime comme s’il débordait d’un peu partout. Il y a ceux qui revivent les scènes, qui racontent, ils se lèvent immédiatement. Ceux qui repensent à quelque chose. Il y a les enfants aussi qui ont un appétit… La façon de se tenir à table, elle est assez liée à l’appétit quand on observe, et c’est souvent une question que je pose aux parents, on dit, il gigote dès le début ou… Non, en fait, devant son assiette, ça va, et puis à un moment, rien ne va plus. Et souvent, l’appétit focalise naturellement les enfants sur l’assiette avec.. Naturalement, ça induit un comportement qu’on estime très adapté et dès que les premiers signaux de la satiété viennent, c’est là qu’il y a des comportements plus difficiles qui arrivent, que ce soit jeter la nourriture par terre, jouer avec des choses qui ne sont pas faites pour jouer ou se lever. Et donc, ce décryptage des besoins est important. Et une fois qu’on choisit nos priorités en fonction des besoins qu’on perçoit, on va pouvoir toujours encore agir en amont. Donc, un enfant qui a vraiment beaucoup besoin de bouger, on peut faire des trucs rigolos. On va dire qu’il y a une bougeotte qui nous joue des tours quand même pendant le repas et on va s’entraîner à faire sortir toute la bougeotte avant le repas mais on va aussi prendre rendez-vous. Parce que là je vais te demander vraiment d’être le chef de la bougeotte et tu lui dis que pendant le repas il faut qu’elle te laisse bien manger mais après le repas tu lui diras qu’elle peut à nouveau venir. Et donc d’avoir ce rendez-vous là il y avait des familles où les enfants chantaient à tue-tête à table. Donc on chantait une chanson avant le repas pour réussir à pas enchanter pendant et bien manger et on choisissait d’avant celle qu’on allait chanter quand on allait débarrasser son assiette quand c’est des habitudes qui sont dans les familles etc. Donc tu vois on peut toujours aussi choisir ce qu’on fait en amont, choisir ce qu’on fait en aval.

Et puis à chaud, c’est cette intervention avec cette image de l’iceberg. Si je dis, remets-toi immédiatement assis sur ta chaise, ça va être compliqué. Tandis que si je dis, dis donc, il y a la bougeotte qui recommence à venir un peu nous jouer de mauvais tour. La coquine, est-ce que tu arriverais à lui dire de bouger que tes orteils, mais pas tes jambes en entier ? Je vais avoir tout de suite une intervention qui va beaucoup plus connecter avec l’enfant, susciter son attention et qui a un peu plus de chances de porter ses fruits.

Les enfants qui jouent, je vais pouvoir rediriger le comportement en offrant une modalité de jeu à table, mais qui soit adaptée au contexte du repas. Donc on ne peut pas s’amuser à catapulter ces petits pois, mais on peut s’amuser à se faire deviner des choses, à jouer à ni oui ni non. Tu vois, il y a plein de modalités de jeu différentes qu’on peut trouver. Et quand on trouve que c’est le jeu qui joue des tours à l’enfant, dans le dessous de l’iceberg, et bien on va pouvoir adresser ça et offrir, rediriger le comportement vers des façons adaptées de jouer. Il y a vraiment plein plein de choses à dire sur les repas, tu vois, le fait de bouger, avoir besoin de jouer, avoir besoin de trouver de l’intérêt, de la motivation. C’est quand on trouve ça qu’on trouve les pistes qui vont avec.

Clémentine Sarlat : Est-ce qu’on a aussi des attentes un peu trop fortes envers la capacité de nos enfants à rester assis en certains temps ? Parce qu’il y a des âges où ils sont plus capables que d’autres, c’est quoi le temps qu’un enfant de quatre ans, par exemple, ou plus de deux ans ?

Céline Syritellis : Globalement il est quand même beaucoup plus bas que ce à quoi on s’attend et on peut aussi agir sur la durée des repas ou combien de temps on demande aux enfants de rester assis ou est-ce qu’on leur permet d’enchaîner les plats à un rythme qui est différent d’une autre pour mettre l’enfant en réussite.

Effectivement, on a tendance à s’imaginer que quand même, 20 minutes, ce n’est pas la mère à boire, mais à 4 ans, 7 minutes, assis sur une chaise, c’est déjà un succès, en fait. Et 15 minutes, c’est plutôt près de 7 ans, tu vois.

Et souvent, de raccourcir le repas permet de mettre l’enfant en réussite, et tu vas avoir beaucoup de retombées positives de ça, parce que sinon, tu fais tous les repas une bataille, du coup, l’enfant appréhende ce moment parce qu’il dit, voilà, c’est encore le moment où ça se passe toujours mal, rechigne à venir, a du mal à bien se comporter à table, et on se retrouve encore à créer plein d’autres difficultés.

Quand on a fait des repas à des conditions le plus favorable possible, agréable, positive, on crée le substrat pour développer ce qu’on veut aussi atteindre, qui soit la convivialité à table, se retrouver autour des repas dans certaines familles. Tout ça, ça vient si et seulement si ça n’a pas été un truc trop horrible dès le début. Oui, le travail sur les objectifs et la nature des attentes des parents, il permet souvent de trouver des premières réussites, non pas pour dire aux parents, t’exagères, mais franchement, ce n’est pas sympa lui demander d’être assis 20 minutes. Ce n’est pas du tout ça. Mais c’est de dire, bon, si on veut qu’à terme mon enfant soit capable de faire ses repas pendant 20 minutes, par quoi je commence pour mieux atteindre ça ? Parce qu’à l’inverse, si je veux 20 minutes dès trois ans, on va se retrouver dans des difficultés qui vont se cristalliser. Et à six ans, je vais dire, c’est pas possible. Maintenant, il les a, les six ans, tu m’avais dit 20 minutes, on y est toujours pas, mais alors pas du tout. Et ce n’est pas du tout de remettre en cause les attentes des parents, mais de s’assurer qu’on est sur le chemin le plus vertueux pour les atteindre le moment venu. Tu vois ? C’est ça qui est important, parce qu’il y a souvent des choses où les parents s’imaginent qu’on va leur faire revoir leurs objectifs ou leurs attentes à la baisse. Et c’est juste de trouver le chemin qui les y mènera le plus assurément possible.

Clémentine Sarlat : C’est vrai que le repas, ça peut vite devenir une source de tension et tu le dis dans le livre aussi, dès qu’il y a fratrie, il y a aussi des distractions externes. Pour l’enfant, s’il y en a un qui commence à quitter la table, hop là ! Ceux qui n’avaient pas forcément envie, ils disent tiens, hop là, il y a une opportunité. Comment on gère ces aller-retours qu’il peut y avoir et ces distractions externes que sont les frères et soeurs ?

Céline Syritellis : Je dis tout le temps aussi ce qui définit le mieux notre rôle de parent, c’est le verbe s’ajuster, on passe notre temps à s’ajuster. Et on peut accorder certaines autorisations quand on a un enfant, et puis tu vois, quand tu as plusieurs enfants, il y a un moment où tu dis, note pour plus tard, je ne peux pas juste dire oui à celui-ci pour lui faire plaisir, parce que j’ai telle et telle conséquences qui font qu’au final, je perds l’intérêt que je trouvais à cette autorisation. Et d’ajuster, de placer le curseur, parce que je sais que si je laisse tel enfant aller chercher telle chose, ça crée beaucoup de stimuli quant à une fraterie, ce que font tes frères et sœurs sont des stimulations qui t’amènent d’autres idées et l’autre te dit « moi aussi en fait j’avais un puzzle que je voulais te montrer » et tu te retrouves à plus savoir comment retenir les enfants. On peut y hiérarchiser, aller aux toilettes, c’est pas pareil que d’aller chercher un puzzle, et là aussi typiquement sur tout ce qu’ils ont envie. Les enfants, quand ils parlent de quelque chose, ils le vivent quand ils sont petits. Ils te parlent du puzzle, tout d’un coup ils sont debout en train de se dire où est-ce que je l’ai laissé la dernière fois, et permettre aux enfants de parler, évoquer, faire vivre ce à quoi ils pensent plutôt que nécessairement pouvoir aller le chercher, c’est ça qui les aide à rester un peu plus canalisés sur le repas. Chaque famille met le curseur là où elle veut, à mon sens le but c’est pas que les enfants soient assis droit comme un i devant leur assiette dès le plus jeune âge. Mais de façon très pragmatique, des fois, ce n’est pas juste de dire, je vais les autoriser parce que pour moi, ce n’est pas un problème. Au bout d’un moment, tu dis, “ah mince, pour moi, à la base, ce n’est pas un problème, mais ça entraîne ça”. Donc, il faut que je dise, “bon, vous pouvez vous lever pour aller aux toilettes, mais tous les jeux que vous avez envie de faire, on les raconte à table et on les fera après”. Et pour le coup, s’y tenir, dire, bon, le repas est fini. Donc, au programme, on a toi, tu voulais nous montrer ton puzzle. Il est où? Puis après, on fera le puzzle de ton frère ou de ta sœur. Et c’est d’aller au bout de ces projections là, jusqu’à la concrétisation, qui fait que petit à petit, les enfants, ils apprennent ce truc de parler de ce à quoi ils pensent, parler de ce qu’ils ont en tête, plutôt que de le faire aussitôt. Ça prend un petit peu de temps et il faut l’accepter aussi. Les entraînements, chaque repas, chaque épisode est une occasion d’apprentissage.

Clémentine Sarlat : Tu l’as mentionné un tout petit peu tout à l’heure qu’il faut choisir ses batailles dans la parentalité. Tu as parlé de ce verbe s’ajuster, mais il y a aussi un autre concept, c’est choisir. Choisir ses batailles, tu veux parler de quoi quand tu nous dis ça ?

Céline Syritellis : Dans le quotidien des parents, c’est cette image de l’échelle. On a beaucoup d’objectifs dans plein de domaines différents, et si on n’y prend pas garde, on se met à tous les mettre au même niveau, tous les poursuivre au même moment, et on a trop souvent des situations conflictuelles. Choisir ces batailles, ça ne veut pas dire renoncer encore une fois à certaines attentes. Tu vois, on peut prendre l’exemple de la politesse. Il y a des enfants pour qui c’est difficile de quitter un endroit, parce que c’est des moments de transition aussi pour certains. Arrêter de jouer, quitter un endroit pour un autre, quitter du connu pour de l’inconnu, etc. Et si dans ces moments-là, on se met encore une fois tous les objectifs au même niveau, il n’a pas envie de partir, mais il va falloir qu’il parte, qu’il mette ses chaussures seules, et puis il va dire au revoir à tout le monde parce qu’en fait, il y a de la politesse et c’est important pour moi. C’est vrai, mais des fois, quand c’est les situations de départ qui sont systématiquement difficiles, il faut trouver qu’est-ce qu’il y a le plus de chance de les apaiser pour pouvoir poursuivre les différents objectifs les uns après les autres. Et parfois, tu vois, dans cet exemple-là, ce qui a le plus de retentissement, c’est pas forcément de régler le problème de la politesse, surtout quand t’as des enfants de moins de 4 ans, c’est assez difficile. Enfin, ça peut être mécanique, mais ça prend pas encore tout son sens. Et on peut profiter des premières années pour créer des habitudes positives autour de moments de transition, de pas mettre le curseur sur l’autonomie dans des situations qui sont moins favorables. Favoriser une ambiance positive pour ensuite avoir des conditions favorables pour travailler d’autres types d’objectifs. Là j’ai pris un exemple précis, mais dans l’ensemble du quotidien, c’est un peu ce même travail qui est à faire de commencer par le sujet, en tout cas dans les accompagnements c’est toujours ça qu’on fait. Par définition, les parents qui se tournent vers moi, il y a plein de sujets difficiles et c’est devenu un peu infernal. Et on a besoin comme ça de se dire quel est le sujet qu’on adresse en premier et qui va avoir le plus vite possible et le plus facilement possible des retombées positives. Et c’est ça qu’on fait et qui consiste aussi à choisir ces batailles, de choisir le sujet en fonction de ce qu’on peut en attendre. Et t’as beaucoup de sujets, dès qu’on les a réglés, on a tout de suite des conditions beaucoup plus favorables pour régler d’autres sujets. Et c’est nécessaire de faire ce travail-là, de choisir ces batailles, non pas pour en laisser tomber certaines, mais pour les prendre les unes après les autres. Et puis il y en a tellement des défis en fait, que si tu les prends tous dès les premières années, ça devient très compliqué d’avoir presque un plan. De se dire pour l’instant c’est la relation que je privilégie avec les grands-parents, et puis tout ce qui concerne la politesse dans sa dimension très formelle, je sais que ça va venir après, alors ça ne veut pas dire qu’on va manquer de respect aux personnes qui nous accueillent, mais on ne peut pas l’exiger de l’enfant d’une façon qui puisse s’avérer contre-productive.

Et d’y aller par étapes comme ça, c’est vraiment quelque chose qui, au final, est bénéfique pour cocher toutes les cases le moment venu. Pas juste tout en même temps, mais le moment venu. Oui.

Clémentine Sarlat : Toi, tu as trois enfants aussi, qui sont un peu plus grands, c’est-à-dire ils sont sortis un peu de cette phase des 0-4 ans. Est-ce qu’il y avait des batailles que tu as très vite abandonnées ou en tout cas où tu t’es dit non, celle-ci c’est pas grave, c’est pas important, j’en ai trois à gérer, il y aura d’autres choses plus tard ?

Céline Syritellis : Oui, il y en a plein. La politesse, je pense, elle en fait partie. Non pas que ça ne compte pas. Pour moi, la politesse met dans son sens le plus profond du souci de l’autre, de la conscience que je peux faire plaisir à l’autre, que je peux exprimer, vivre de la reconnaissance. Et la merci, ce n’est pas un automatisme. Merci, c’est vraiment sentir la gratitude et la reconnaissance et pouvoir l’exprimer, le partager avec l’autre. Et c’est le type de sujet où je me dis, bon, on va y aller par étapes. Je faisais parfois à leur place, tu vois, à des moments, ça permettait déjà de modeler ce comportement, de prendre soin des autres et de ne pas dire, non, mais mon enfant est jeune, il ne va pas te dire merci et tu devrais comprendre puisque certaines personnes trouvent que c’est très important que dès le plus jeune âge, il puisse avoir de la part des enfants ces signes de politesse. Donc de prendre soin des autres, mais voilà, de se dire je suis sur un chemin et je sais quel chemin je suis en train d’emprunter. Choisir ces batailles aussi sur où est-ce qu’on veut briller. Et c’est pas facile quand t’as des enfants en jeune âge de donner l’image d’un parent qui assure sur tous les fronts de se dire non, là je me concentre sur eux, notre relation, leurs apprentissages, et puis je laisse de côté ce qui peut être le regard des autres par exemple. Il y a plein de sujets, tu sais, même à toutes les tranches d’âge, on choisit des batailles, de ce qu’on privilégie. Quand ils grandissent, choisir ces batailles, ça peut aussi permettre aux enfants de faire certaines expériences dans un cadre sécurisant, monitoré par l’adulte, etc., pour avoir un peu plus d’efficacité. Pour pas toujours être celui qui dit non, si tu fais ça, ça va donner ça. Et quand il grandit, ils se disent non, pas du tout, je n’y crois pas. Et choisir ses batailles, ça peut être aussi de se dire voilà comment j’aborde cette thématique-là pour que les enfants puissent faire des expériences guidées et que je ne sois pas juste l’empêcheur de tourner en rond. Privilégier la confiance réciproque, privilégier aussi la relation qu’on a avec eux.

Bonne ou mauvaise idée ?

Clémentine Sarlat : C’est clair. Tu proposes dans tous tes exemples un petit jeu que j’aime bien, j’aimerais que tu nous en parles. C’est quoi le principe du bonne ou mauvaise idée ?

Céline Syritellis : Bonne ou mauvaise idée, je le fais beaucoup au cabinet avec les enfants que je reçois. Donc on met le pouce vers le haut, on dit c’est bonne idée ou mauvaise idée, pouce vers le bas. Ça permet d’avoir des échanges un peu formels sur ce qui est autorisé, ce qui ne l’est pas, ce qui a des conséquences qui nous intéressent et d’autres qui ont des conséquences plus fâcheuses mais dans un contexte très ludique. Et ça peut être par exemple un petit jeu qu’on active à froid, tu vois quand les enfants ont cet âge là où les parents disent c’est infernal dans la rue, ils croient que c’est un jeu de courir mais du coup ils traversent la rue, c’est hyper dangereux, ça va pas du tout. Donc dans les comportements dans la rue, le jeu bonne ou mauvaise idée permet de dire avant une sortie “alors, traverser sans les parents, bonne ou mauvaise idée ?” Et là, tu vas pouvoir les valoriser quand ils disent, ah bah non, mauvaise idée. Bah pourquoi ? Explique-moi. Parce que c’est quand même très… Tu vois, quand ça vient d’eux, c’est tellement différent que quand on dit, attention, je te préviens, c’est hyper dangereux, ils te disent, non, je m’en fiche, je suis Spiderman. Les voitures peuvent pas m’écraser. Là, tu t’arraches les cheveux. Et d’ailleurs au sujet du jeu bonne ou mauvaise idée, j’aime bien parce qu’il y a des enfants qui ont cet esprit très joueur là, à qui tu vas dire courir dans la rue bonne ou mauvaise idée, ils vont dire très bonne idée. C’est presque là, c’est d’oser surfer là-dessus. Je le vois à ton petit sourire en coin que toi tu sais que c’est très dangereux de le faire. Alors je te pose maintenant une autre question et tu vois de ne pas se retrouver à nouveau dans un truc conflictuel autour d’un jeu qui a vocation à sortir du jeu du chat et de la souris un petit peu pour mettre les enfants en réussite, pour préserver aussi la qualité de relation qui permet qu’ils nous fassent confiance quand on va dire stop, c’est pas pour les embêter, c’est vraiment très important et qu’ils aient confiance en nous, ça permet d’activer ce type de signaux qui sont protecteurs.

Clémentine Sarlat : Et tu le mets en place dans quel moment, ce bon ou mauvais idée ? Est-ce que c’est à chaud, au moment de la situation qui est difficile ? Est-ce que c’est justement dans des moments calmes où il n’y a rien à voir ? Quand est-ce que tu le fais ?

Céline Syritellis : Je trouve que tu peux le faire à tous les moments. Regarde si on prend la rue ou ajuster sa voix au contexte. Tu peux le présenter une première fois pour que ce soit vraiment un jeu avec pas trop d’enjeux, justement. Tu vois que ça alimente pas trop un peu les oppositions à des âges où s’affirmer, c’est très important. Donc vraiment dans un contexte très tranquille, on va faire un jeu, c’est bonne ou mauvaise idée, on va voir si vous connaissez les bonnes réponses. Tu vois, tu challenges un petit peu et puis il n’y a aucun enjeu. Donc ça va devenir un jeu agréable pour l’enfant. Du coup, ça c’est très en amont. Tu vas pouvoir l’utiliser juste avant d’aller dans la rue, juste avant de rentrer dans la médiathèque, juste avant de mettre ton petit dernier à la sieste. Alors, à partir du moment où il y a un enfant qui dort, jouez à… Tu sais, il y a des jeux de société qui sont très bruyants, celui avec l’hippopotame, par exemple. Jouer avec l’hippopotame, bonne mauvaise idée. Donc, on peut faire juste avant une situation où on va demander à l’enfant de vraiment d’être dans une régulation de son comportement, de faire cet effort-là. Et puis on peut le faire après pour rester dans quelque chose aussi de soutenant, encourageant et positif. Bon attend, on va récapituler. Parce que là maintenant, on est rentré à la maison, c’était compliqué, mais maintenant tout va bien, on réessaiera la prochaine fois. Donc la prochaine fois on récapitule : courir dans la rue pour que les parents te courent après, bonne ou mauvaise idée ? Mauvaise idée. Oui, où est-ce qu’on peut se courir après sans que ce soit dangereux ? Dans la cour en bas de l’immeuble ? Ben ouais, c’est pas mal dans la cour en bas de l’immeuble. Ok, donc ce jeu-là, on le fait dans la cour en bas de l’immeuble et dans la rue t’es pas obligé de me tenir la main parce que t’as bien grandi. Maintenant on reste à côté ou alors tu me demandes un repère et moi je te dis jusqu’au poteau, jusqu’à tel magasin, jusqu’à tel virage. Donc ça se fait à tous les moments finalement, on peut l’utiliser tout le temps.

Clémentine Sarlat : Et puis je trouve que ça développe leur capacité de réflexion par rapport au monde qui les entoure. Et ça les rend acteurs de ce monde qui les entoure. Parce que c’est ce que t’expliques aussi beaucoup. Au quotidien, on leur donne des règles, ils ont peu de marge de manoeuvre, ils ont peu de pouvoir, finalement, sur ce qu’ils ont le droit ou pas le droit de faire, et de les encourager à réfléchir à ce qui se joue autour et pourquoi, comme tu dis, on ne le fait pas parce qu’on veut les embêter, c’est qu’il y a une notion de danger sur certains aspects. C’est vrai que pour en tout cas certains enfants, ça peut vraiment les valoriser, tu le sens ça, quand tu fais ce jeu avec eux, qui s’illumine quelque part que ça les les rend heureux de pouvoir parler et donner leur avis.

Céline Syritellis : Oui, quand ils sont impliqués et que c’est ludique, c’est vraiment leur modalité, tu vois, tu leur donnes du pouvoir et du jeu, c’est des choses importantes pour eux, une possibilité d’agir. Et je crois surtout que dans les objectifs qu’on a et qu’on répartit dans le temps, pour moi, il y a un objectif infiné qui est très fort, qui est d’apprendre à nos enfants à prendre de bonnes décisions. Quand ils sont petits, on peut vite se coincer dans le truc de “ils devraient s’arrêter dès la seconde où j’ai dit stop”. Et c’est vrai, parce que c’est nous qui sommes garants de leur sécurité, on a besoin de ce genre de choses. Mais de le faire d’une façon qui développe petit à petit leurs capacités à eux, à savoir joger où est-ce que je suis en sécurité, où est-ce que c’est dangereux, où est-ce que j’ai besoin d’aide et comment je peux faire les choses que j’ai envie de faire d’une façon qui ne me mettent pas en danger. C’est ça qu’on a besoin de développer et ce jeu, il développe ça, cette capacité à prendre de décisions, de bonnes décisions et d’une façon plus générale, c’est la responsabilité en fait, pour moi c’est une valeur, la responsabilité qui est très plus importante qu’on ne le croit et qui grandit à mesure que les enfants grandissent.

Donc au départ c’est embryonnaire en fait, mais ça peut être savoir que… On ne demande pas de jamais renverser un verre d’eau, on demande de savoir comment dire, je ne sais pas moi quand t’es un peu plus grand, pardon d’avoir eu tel accident, ou bien de savoir de participer à la réparation quand t’es petit. Et ça, ça développe vraiment le sens des responsabilités, c’est-à-dire je suis responsable de mes actes, je suis responsable de ce que je ressens. Tu vois, à quatre ans, c’est pas encore développé et c’est normal, mais on multiplie par tous ces petits sujets du quotidien plein d’occasions de développer, de construire ça petit à petit, mais vraiment comme si tu faisais pousser une plante ou si tu construisais un mur, tu vois. Une étape après l’autre et quand on est assuré que chacune de nos interventions participe de quelque chose de plus grand, on peut prendre un peu de recul et dire que ça ne va pas se jouer en une sortie dans la rue ou en une situation clé. J’aurai d’autres occasions d’apprendre à mon enfant quelque chose qui compte beaucoup pour moi. Et c’est notre constance et notre détermination qui permet parfois plus facilement de l’atteindre que la grosse voie ou des décisions définitives. Tu vois, tout ce qui vient quand on est très inquiet que ça vienne un jour.

Clémentine Sarlat : Alors, je vais choisir un deuxième exemple dont tu parles dans le livre. Donc on va se focaliser sur ce moment où notre enfant nous parle sur un ton autoritaire ou avec insolence. J’espère qu’on a tous eu à faire ça et que je ne suis pas la seule. Je sais, je te vois faire le oui oui. Tu n’es pas la seule plutôt. Donc qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ? Comment on gère cette sensation qu’on a en tant qu’adulte que notre enfant nous manque de respect d’ailleurs ?

Céline Syritellis : Au sujet de cette situation, là, mon enfant me parle avec insolence, il y aurait vraiment plein de choses à dire, mais cette sensation que l’enfant nous manque de respect, elle est ce que j’appelle un peu l’étape zéro. Comme dans les lignes de conduite, je présente souvent les choses par étapes et je peux être amenée à les numérotés, je dis toujours, mais il y a la zéro, l’étape zéro, c’est comment moi je me sens par rapport à ça et comment je peux prendre en charge ce que ça génère pour moi. Et elle est zéro parce qu’elle est le préalable nécessaire, et notamment tu vois, réussir à passer sous la surface de l’eau. Si tu as l’impression que ton respect est entre les mains de ton enfant, et que ton enfant est en train de le froisser comme une feuille, ou de le piétiner là, à ce moment là tu vas forcément réagir sur le haut de l’iceberg. Tu ne me parles pas sur ce ton, c’est quand tu me parleras autrement qu’on parlera de tout ça. Et l’inconvénient, c’est qu’on passe à côté du dessous de l’iceberg. Parce que l’insolence, elle vient souvent chez les plus grands, mais même chez les plus jeunes qui sont très affirmés, avec de la frustration, en fait. Et d’aller voir l’insatisfaction, la frustration, les déconvenues qu’il y a sous la surface de l’eau, ça permet de créer cette connexion. En fait, t’aimes pas du tout quand je te demande de faire telle chose. Et là, à ce moment-là, on passe un petit peu sur le ton un peu ulcéré. Je comprends. Et tu vois, d’aller dans cette conversation-là, ça va permettre juste dans la foulée de dire, maintenant que j’ai bien compris, je comprends que ça t’ait fait réagir. Et la prochaine fois que tu as ça, tu vois, tu peux me le dire comme ça. Parce que c’est quand tu me le dis comme ça qu’on arrive à trouver des solutions. Tu t’en souviendras ? Ça arrive d’être fâché, de parler avec des paroles qui blessent, des mots qui font mal, etc. Mais souviens-toi que c’est quand on est très frustré et quand on trouve d’autres façons de le dire, on résout mieux notre problème. Tu vois, avec des plus grands, c’est ce type de discussion qu’on peut avoir sur l’insolence.

Clémentine Sarlat : Et surtout tu expliques que chez les tout petits, ils ont une grande tendance à dire de l’eau ! J’ai soif ! Ok, donc à être un peu très autoritaire. Mais en fait, nous, ce qu’on interprète comme quelque chose d’autoritaire et des ordres, eux, dans leur façon de fonctionner, ne se rendent pas compte que ça a cet impact là sur nous.

Céline Syritellis : Oui, chez les tout petits, c’est quand même une forme de spontanéité d’enfant qui n’a pas intégré tous les codes sociaux et c’est bien normal. Et si on réagit trop vivement là-dessus, on va presque encourager un rapport, alimenter un rapport de force autour de ça et manquer l’occasion de dire, bien sûr que je peux t’aider à te servir. Ça, je le propose souvent aux parents. Et ça peut être surprenant, mais tu vois, sur “de l’eau”, tous les trucs un peu autoritaires, des fois, on résout mieux cette situation en accédant d’abord à la demande de l’enfant. Là, tu crées une forme de connexion. Ah, ils m’ont compris. Puis un enfant qui dit “de l’eau”, souvent, c’est un enfant qui a très soif. Mais t’obtiens pas grand-chose d’un enfant qui a très soif, très faim, très sommeil, tu vois. Toutes ces situations, c’est pas là qu’il faut travailler le faire, entre guillemets. Donc d’abord, on leur sert de l’eau, et dès qu’ils ont été exaucés dans leurs demandes, ils sont un peu plus à l’écoute de ce qu’on a à dire. On m’a dit non, t’en avais vraiment besoin de ce verre. C’est pour ça que tu me l’as demandé. Vraiment, j’ai cru que c’était une alerte rouge, quoi, de l’eau. Et tu vois, dès que les parents disent, mais d’habitude, tu me demandes pas comme ça, et les enfants, immédiatement, ils disent, « Ma petite maman chérie, d’amour que j’aime tant, est-ce que tu peux ? » Ça vient très facilement dès qu’on est sortis de ce rapport de force, parce qu’on a su regarder ça comme un comportement de l’enfance, de l’immédiateté et de la spontanéité. Ils sont comme ça, les petits.

Clémentine Sarlat : En fait, t’expliques que si on se met à l’air au niveau qu’on accède déjà à cette demande qui est aussi… Là, on parle de besoin primaire en plus, comme t’as dit.

Céline Syritellis : Oui, bon, ça peut venir sur mon petit poney tout de suite, tu vois. C’est plus un besoin primaire, mais on peut l’agir, on peut faire un peu comme si c’était le besoin d’être entendu, tu vois, un peu plus profond, besoin d’être entendu. Et tu peux toujours être entendu, mais comment tu fais pour l’obtenir de façon plus facile, plus fluide et qui te permette de vivre en harmonie avec les autres ? Ça aussi, c’est un truc plus large, tu vois. Aider à nos enfants à avoir des comportements qui leur permettent de vivre en harmonie avec eux-mêmes, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent et en harmonie avec les autres. La politesse, ça s’inscrit là-dedans. Ça te permet de vivre en harmonie avec les autres en grandissant.

Clémentine Sarlat : Et tu dis aussi que c’est à nous de le modéliser, c’est-à-dire que nous, quand on veut quelque chose de manière rapide et qu’on exige, la façon dont on va le dire, ça montre ce qui est possible de faire sans être en colère, sans être dans l’autoritarisme, et qui peut déjà leur donner des pistes pour le faire eux-mêmes.

Céline Syritellis : Oui, on peut leur montrer déjà que ça nous arrive, ça fait baisser un peu d’un cran la pression. Moi je trouve même que c’est là-dedans que ça marche le mieux quand t’as dit un truc un peu exigeant et puis toi t’es en urgence d’adulte parce qu’on n’a pas les mêmes temporalités quoi. Lave tes mains tout de suite ! Attends, je t’ai dit tout de suite parce que j’étais très pressée, mais maintenant je vais te le refaire avec, moi j’appelais ça la crème d’oreille quand mes enfants étaient petits, donc c’était les choses qui sont douces à entendre. Tu vois, presque nos propres manquements sont une meilleure occasion de modeler les comportements qu’on attend, parce qu’on sort d’un truc d’une exigence et d’une perfection, et on a une meilleure authenticité aussi dans ce qu’on partage avec eux. Nous aussi, ça nous arrive et on a toujours responsabilité la possibilité de choisir comment on veut faire autrement finalement. Modeler les comportements, parfois les parents me disent, “mais moi je n’ai jamais tapé, pourquoi ils me tapent ?” Ce n’est pas la seule garantie, ce n’est pas parce que toi tu es poli que ton enfant sera tout de suite totalement poli. Par contre, c’est un outil qu’on peut utiliser, un levier sur des comportements qu’on a priorisés.

Clémentine Sarlat : Ca me fait penser qu’hier j’ai fait ça avec ma grande, je l’ai pas tapé c’est rien de mort, mais je lui ai mal parlé justement parce que j’exigeais quelque chose rapidement et ça avait pas de sens mais c’était moi ma frustration et je me suis calmée, je me suis assise à côté et je lui dis est-ce que tu m’autorises à ce que je recommence parce que je ne t’ai pas parlé comme il fallait et elle m’a regardé et elle a dit oui et j’ai senti tout de suite que je lui demande l’autorisation et que je lui dis bah j’ai merdé elle était tout de suite très intéressée et elle était plus… elle était un peu en colère contre moi parce qu’elle avait raison mais elle m’a ouvert la porte en fait comme ça d’elle-même parce que je me suis calmée toute seule c’était de ma faute à moi mais c’était intéressant c’est vrai que de lui demander l’autorisation j’ai vu son regard s’illuminer c’était fort je trouvais.

Céline Syritellis : Je trouve que l’authenticité, c’est une façon de faire un pas de côté qui reconnecte très fort avec eux. Nous, on reconnecte avec nous-mêmes. On dit, attends, je suis en train de faire comme… Ma réaction m’amène à faire, mais c’est pas ce que ma tête ou mon cœur veut vraiment faire. Hop, pas de côté. On le partage avec authenticité. On capte beaucoup d’attention chez l’enfant. On a aussi ce partage qui dit… Enfin, responsabilité. Moi aussi, des fois, je fais pas comme je voudrais. Mais je l’assume et je choisis maintenant de faire autrement.

Clémentine Sarlat : Mmm. Mmm.

Céline Syritellis : et ça les intéresse beaucoup beaucoup.

Clémentine Sarlat : Bon, elle a six ans, donc c’est sûr que c’est plus facile. Il y a des âges, comme tu dis, où il y a aussi une mécanique qui se met en place et c’est plus simple de partager ce type de vécu et de ressenti.

Le troisième scénario dont je voulais que tu nous parles, c’est… On en a beaucoup parlé d’ailleurs dans l’épisode qu’on a fait ensemble en 2022, donc je vous ai mis le lien si vous avez envie de l’écouter également, parce qu’on parlait des transitions. Là, je voulais te parler de l’heure du bain, parce que pour certains et certaines, ça peut devenir un grand moment de lutte de pouvoir. Et notamment une fois que les enfants grandissent, où il y a moins cet attrait pour jouer avec l’eau et faire des ploufs et taper dans l’eau, qu’est-ce qu’on peut proposer pour que le moment de l’hygiène soit fun ?

L’heure du bain

Céline Syritellis : Tu vois déjà le moment du bain, c’est pas forcément le bain, c’est un moment d’hygiène, c’est un moment où on prend soin de soi et il y a plein de façons de le faire. Le bain n’est qu’une modalité parmi d’autres. On peut agir sur beaucoup de leviers, donc on peut agir sur les modalités. Comment on prend soin de soi si c’est pas un bain de 20 minutes ? C’est vrai, quand les enfants sont petits, bien que ce soit pas nécessaire d’être lavé tous les jours quand t’es tout petit, tu vois, en tout cas pas baigné tous les jours, c’est un moment qui crée tellement de stimulations sensorielles chouettes, d’occasions de transvaser, on le fait facilement tous les jours, et il y a plein d’enfants qui aiment beaucoup ce moment, et les parents disent « bah je vais pas l’enlever parce que franchement, c’est un moment agréable avec mon enfant ». Et puis quand ils grandissent, tout ça, ça perd un petit peu de son attrait et on peut aller vers une évolution de la fréquence, tu vois, où t’as plein de pédiatres, de dermatos qui expliquent que c’est pas nécessaire d’être baigné tous les jours et voir, pour certaines peaux, ça peut plutôt créer de la sécheresse cutanée, des choses comme ça. Donc on peut changer la fréquence. Et on peut changer les modalités avec la douche rapide, la toilette avec le gant de toilette. On peut aussi beaucoup travailler sur l’autonomisation des enfants, les laisser choisir une des modalités, les laisser effectuer eux-mêmes les gestes. Et on peut aussi, je trouve, à cet âge-là, trouver quelque chose qui donne de l’attrait à la tâche. Parce qu’à mesure qu’on grandit, on a quand même… Être adulte, c’est faire tout ce qu’on a envie de faire, plus tout ce qu’on n’a pas envie de faire finalement. Tu vois, les enfants disent, ce n’est pas juste, vous ne faites que ce que vous voulez, “je fais ce que je veux parfois, et tout ce que je n’ai pas envie de faire, je le fais aussi”. Et apprendre comment on peut faire des choses qui sont nécessaires mais qu’on n’a pas envie de faire. Et par exemple, tu vois, le brossage de dents, il y a un moment où pour les enfants ça a perdu son… Ils ont plus le challenge de mettre tout seul le dentifrice sur la brosse à dents, de regarder la mousse, ils ont fait le tour de… ou l’habillage chez certains ça crée ça. Pour les tâches qui perdent un peu de leur attrait parce qu’on apprend, on conquiert un nouveau truc du monde ou de nos capacités, de trouver une nouvelle motivation ou un nouvel attrait, ça aide à faire des choses qui sont nécessaires mais un peu réparbatives. Et c’est là qu’on peut introduire la douche en musique, un challenge, soit je me mets le plaisir de mettre de la musique pendant ma douche, ou bien le challenge de faire en autant de temps que dure ma musique, ma chanson préférée. On peut faire ça aussi avec des lumières tamisées, tu vois, il y a des petits systèmes de LED là, toujours avec beaucoup de sécurité qui permettent de donner une autre ambiance au bain et de redonner de l’attrait à un moment qui n’a plus celui qu’il avait quand il avait 18 mois et que transvaser c’était vraiment le truc hyper génial à faire quoi.

Clémentine Sarlat : Non, il y a plein de petites actions en fait, c’est ça que tu dis, qu’on peut mettre en place dans des moments qui deviennent difficiles puisque tu l’as bien expliqué, être parent, c’est s’ajuster. Et quand tu penses que tout est facile et que c’est bon, c’est réglé, il gère le bain, il aime, et bien le jour d’après, comme par hasard, il n’aime plus, et donc il faut être hyper ingénieux en fait quand on est parent. Ca demande une capacité d’adaptation et de réflexion sur comment je peux être fun à nouveau.

Céline Syritellis : On passe calme un peu, mais il y a un moment, en fait, tu vois, la première année, c’est très, très intense. Après, tu reprends les trois premières années. Et dans chacune de ces périodes, tu as l’impression que tu n’es jamais arrivé nulle part. Le tout premier mois, une fois que tu as calé les trois siestes, bim, il y en a une qui saute. Tu dois tout réorganiser. C’est pareil dans les années qui suivent à une échelle un petit peu différente, un peu moins d’intensité, mais dès qu’un truc roule, nous on se dit, c’est bon, j’ai compris comment allait être ma vie. Et trois mois après, t’as la sieste de l’après-midi qui saute ou le bain qui n’est plus autant attendu et investi par l’enfant. C’est toujours s’ajuster, on y revient.

Clémentine Sarlat : Ça, juste, c’est le mot. Donc dans ce livre, il y a vraiment beaucoup, beaucoup de scénarios. On parle même, tu parles des devoirs, tu parles des enfants qui tapent, qui mordent, du sommeil. Donc ça prend de manière assez large ce que peut vivre un parent avec des âges différents. Donc ça, c’est aussi intéressant. Ma dernière question, j’aimerais finir sur ce qui est aussi une des trames de ton livre. Comment on fait pour que nos enfants coopèrent ?

Un enfant qui coopère

Céline Syritellis : On a très à cœur de développer la coopération, ça a plein d’intérêts du point de vue des parents. Les enfants qui coopèrent, le quotidien devient un peu fluide quand il y a plein de routines qui se répètent les premières années. Il y a des trucs qu’on fait plusieurs fois par jour, se laver les mains, se brosser les dents, etc. Et avoir de la coopération, ça facilite les routines. Avoir de la coopération aussi, ça donne un sens à la vie de famille, tu vois, que chacun contribue à la hauteur de ses capacités, de son âge, etc., à quelque chose de collectif, de plus grand. Et au sujet de la coopération, avec les parents finalement, quand on travaille sur un sujet sur lequel on veut le développer, on cherche qu’est-ce qui va aider l’enfant à faire ce que je lui demande de faire.

Et c’est un levier qui est assez vertueux, parce qu’au lieu de dire ce qu’on se retrouve à faire en tant qu’adulte, on est très fort pour argumenter, rationaliser tout ça, au lieu de dire pourquoi c’est important, et souvent les parents l’ont déjà fait et ça n’a pas suffi, ou parfois les enfants qui ont besoin d’explications, tu leur fournis, ça se règle. Mais quand les explications n’ont pas suffi, t’as besoin de passer à autre chose, parce qu’on ne va pas s’arrêter de se dire, est-ce que ma demande est légitime. Je sais pourquoi je te demande de te brosser les dents, c’est important. On peut discuter de plein de choses sur comment on le fait, mais c’est ma décision d’adulte qu’il faut se brosser les dents à tel moment, etc. Aider l’enfant à faire ce que je lui demande de faire, ça fait sortir de, je dois le convaincre donc, on sort de pas mal de choses un peu conflictuelles, d’oppositions, etc. Et on est dans un truc plus authentique. Je sais que tu n’as pas envie de le faire. Et du coup, je me demande, qu’est-ce qu’on peut faire pour que ce qui est nécessaire puisse être fait ?

Je ne vais pas dire à l’enfant, c’est nécessaire, tu le sais bien, parce que là, je vais à nouveau repartir sur un truc. Mais moi, dans ma tête, c’est ça. Je sais bien que tu n’as pas envie de le faire. Du coup, qu’est-ce qui t’aiderait à le faire ? Et c’est ça, aider l’enfant à faire ce que je lui demande de faire. Ça montre que ce que je te demande a tellement d’importance que je suis prêt à investir mon temps, mon énergie pour que ce soit fait, parce que c’est ça mon objectif ultime, c’est pas que tu m’obéisses, c’est que le truc important puisse être fait. Et je suis avec toi pour que ça puisse être fait. Et c’est là encore choisir ces batailles. On ne peut pas à la fois développer l’autonomie et la coopération. Donc on peut d’abord développer un peu de coopération, que les choses soient faites, du coup créer des conditions positives autour de certaines routines de fin de journée, début de journée, etc. Et après là-dedans, on va impulser un peu d’autonomie et ce sera souvent justement une nouvelle motivation, un nouvel intérêt pour l’enfant que d’être impliqué.

Clémentine Sarlat : Merci beaucoup, Céline, pour tous tes éclairages.

Et si vous voulez aller plus loin, vraiment, je vous recommande ton livre. On aura toutes les notes dans l’épisode, vous pourrez cliquer pour le télécharger. Et puis surtout, je recommande ton compte où t’as toujours des petites vidéos très rapides et courtes, mais qui sont explicites et qui aident beaucoup les parents. Merci, Céline.

Céline Syritellis : C’est moi qui te remercie. Merci beaucoup.

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