Épisode 170 – Comment rendre les repas fun, détendus et sans prise de tête ? Solène Collin, diététicienne pédiatrique

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Nos enfants occupent une bonne partie de nos préoccupations. On a envie qu’ils soient heureux, qu’ils aient des ami•es, qu’ils s’entendent bien avec leurs frères et sœurs s’ils en ont, qu’ils aient de bons résultats à l’école bref on a envie du meilleur pour eux… mais surtout surtout, on a envie d’être sûres qu’ils mangent correctement… que ce qu’il y a dans leur assiette termine dans leur ventre et que les repas se déroulent sans chahut, cris, menaces et chantages.

Le rêve 🙂

Le repas peut cristalliser beaucoup de tensions.

Mais il existe des tips pour faciliter les moments de convivialité.

Solène Collin est diététicienne nutritionniste spécialisée en pédiatrie.

Dans cet épisode, Solène dédramatise l’approche du repas. Elle vous encourage à changer de regard sur votre approche.

Oui, mettre du ketchup ou un aliment ami dans un repas où on fait goûter de nouvelles saveurs est une super stratégie!

Alors embarquez avec nous pour du fun et du lâcher prise autour du repas !


LES LIENS UTILES

Les épisodes du Podcast : 
Épisode 162 – Le baby clash, comment s’en sortir sans s’étriper? Anna Roy sage femme
Épisode 68 – Les mécanismes d’apprentissage chez les enfants et l’impact des écrans – Nawal Abboub neuroscientifique

Les livres du Podcast : 
Baby clash, devenir parents sans s’étriper ! Anna Roy, Caroline Michel
Les couples heureux ont leurs secrets – les sept lois de la réussite. John Mordechai Gottman 

Autres liens :
The Gottman Institute
Le guide du Postpartum


TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE.

Clémentine Sarlat : Salut Solène! 

Solène Collin : Hello! 

Clémentine Sarlat : Merci beaucoup d’avoir accepté mon invitation. J’aime beaucoup ce que tu partages sur les réseaux sociaux autour… De la nourriture, de l’éducation autour de la nourriture et pour les enfants, parce que, comme tu vas le voir dans ma première question, c’est un sujet central. Et justement, au sein des familles, chez les parents, c’est une grande source d’angoisse, finalement, les repas, plus que de moments paisibles et tranquilles où, comme on pourrait le voir dans les films, c’est un chouette moment. Parfois, c’est complètement l’inverse. Pourquoi est-ce que ça peut devenir une source d’angoisse, ce moment du repas? 

Solène Collin : Je pense que l’alimentation, déjà, alors tu as raison dans ce que tu dis, parce que moi je rencontre même au cabinet, tu vois, de plus en plus de parents qui sont très stressés. Il y a beaucoup d’anxiété. Alors il y a plein de facteurs. Je pense qu’aujourd’hui, et d’un côté c’est bien, mais on reçoit beaucoup d’informations. Et qui dit beaucoup d’informations, dit aussi qu’on a envie de faire du mieux qu’on peut. Et quelquefois, on ne sait plus trop dans quel sens partir. Après, je pense que l’alimentation, donc il y a ça, mais c’est aussi quelque chose de très personnel. On a tous et toute une histoire par rapport à l’alimentation, un rapport à l’alimentation bien spécifique, que ce soit avec nos parents, que ce soit nous-mêmes, avec notre corps, avec plein de choses. 

Et on projette beaucoup aussi sur nos enfants tout ce qu’on veut. Tout ce qu’on souhaite et tout ce qu’on souhaite, tout ce qu’on ne veut pas aussi, tout ce qu’on ne veut plus. Donc, je pense qu’il y a aussi un stress par rapport à ça. Finalement, l’éducation alimentaire, c’est une part de l’éducation. Tu vois, le rapport à l’alimentation, avoir des enfants qui ont un rapport sain à la nourriture, qui mangent bien. C’est une grosse part de l’éducation. Et je pense qu’avec tout ce qu’on sait aujourd’hui sur l’alimentation, à quel point c’est important pour notre santé, on a un petit facteur de stress qui vient se rajouter à tout ce qu’on sait aujourd’hui sur l’enfant. Quelquefois ce stress, cette anxiété, prend finalement le pas sur le plaisir. 

Clémentine Sarlat : Comment est-ce que tu décrirais un rapport sain d’un enfant face à l’alimentation? 

Solène Collin : En fait, ça va beaucoup, quand tu vois, quand je lis, par exemple, il y a des nutritionnistes canadiennes qui travaillent beaucoup sur le sujet. Au Canada, ils travaillent beaucoup sur ces sujets-là, sur le rapport au corps, etc. Déjà, un rapport sain à l’alimentation, ça se rapproche un petit peu de l’alimentation intuitive. Tu vois, c’est des thèmes qu’on peut avoir. L’idée, c’est de se dire déjà, je pense qu’on parle beaucoup d’alimentation, mais on ne parle pas souvent de corps. Alors déjà, pour moi, c’est un rapport sain à son corps. C’est avoir une image corporelle positive, se sentir bien dans son corps. Je pense que déjà, quand on sent bien dans son corps, on a envie d’y apporter des choses saines, etc. 

Et on ne culpabilise pas si on apporte de temps en temps un petit truc qu’on sait un peu moins sain, mais qui nous fait plaisir parce que ça répond à certains besoins du moment. Un rapport sain, c’est aussi des enfants pour moi qui… Qui vont découvrir les aliments, prendre plaisir. Plaisir à venir à table, plaisir à partager un repas en famille, plaisir à cuisiner. Alors après on aime, on n’aime pas chacun, voilà. Qui vont avoir envie de découvrir, avoir envie de cuisiner, qui vont pouvoir goûter un petit peu à tout, ou au moins accepter d’explorer, qui vont pouvoir se retrouver face à un paquet de gâteaux. Alors on a tous ces moments où on a un paquet de gâteaux et on se dit mais qu’est-ce que je fais avec ça, j’ai envie de le manger, etc. 

Mais qui vont de ne pas développer de culpabilité. Tu vois, je peux manger un paquet de gâteaux et ne pas développer une grande culpabilité, me sentir très bien, me dire que lendemain, le surlendemain, ça ira. En fait, c’est finalement manger sans… Sans finalement trop se préoccuper, trop s’inquiéter. Tu vois, c’est je mange, je me fais plaisir. C’est avoir un peu toutes ces dimensions de l’alimentation. Pour moi, c’est ça qu’il faut qu’on essaye de transmettre à notre enfant et à nos enfants. Et c’est ça, finalement, avoir un rapport sain à l’alimentation, c’est manger pour répondre à ses besoins. Et parfois, c’est des besoins physiques. J’ai faim, il me faut de l’énergie tout de suite. Parfois, c’est des besoins peut-être de réconfort. Mais tout ça sans culpabilité, avec modération, du bon sens, de l’équilibre, un petit peu tous ces mots. 

Et on a un peu tendance tous à partir dans des extrêmes, d’un côté ou de l’autre. Et du coup, c’est réussir à être dans cet équilibre, finalement, qui est, je crois, quelque chose qui n’est pas simple à trouver. 

Clémentine Sarlat : Et de ce que j’entends, ça vient finalement beaucoup de nous, les parents. Le fait que nos enfants aient un rapport sain à l’alimentation, vu que c’est nous qui les initions, c’est nous qui cuisinons, c’est nous qui sommes Garant de t’as le droit ou t’as pas le droit, ou c’est ok ou c’est pas ok, c’est la responsabilité elle est sur nos épaules. 

J’essaye pas de faire culpabiliser les parents, mais juste de dire qu’au final c’est ça, c’est ce que nous on leur transmet, qu’ils ingèrent et qu’au final est-ce qu’ils envisagent de la nourriture. 

Solène Collin : Les parents ont forcément un rôle à jouer parce que, bien sûr, il y a déjà les parents, il y a ce qu’on appelle le partage des responsabilités qui a été créé par l’initiateur. On dit quand même que le parent est responsable du quoi. Donc déjà, le parent est responsable de ce qu’il propose à l’enfant. Le quoi, le où, le quand, le comment aussi. Le parent est responsable du comment. Et ça, le comment, c’est très important dans la bonne humeur, dans le plaisir, etc. Donc déjà, forcément, le parent a une responsabilité. De toute façon, le parent a une responsabilité. 

Après, on est bien sûr, bien sûr que l’enfant va se construire, etc. Avec son caractère, son tempérament, tout ça. Mais oui, le parent a une responsabilité. Et c’est aussi comment nous, on parle. 

Tu vois, tu es à table avec ton enfant et puis tu vas manger. Non, je ne mange pas ça, je vais grossir ou non. L’image que toi, tu as à ton propre corps, les commentaires que tu peux faire toi sur ton propre corps, les commentaires que tu peux faire quand tu es dans la voiture sur d’autres personnes, tout ça, ton enfant, il l’entend forcément. 

Donc, même sans mauvaises intentions, parce qu’on fait tous du mieux qu’on peut. Forcément, ton enfant s’imprègne de tout cet environnement. Donc oui, les parents ont un rôle à jouer. Mais d’où le stress et l’anxiété dont on parlait au début. Parce que je pense qu’aujourd’hui, les gens, et je pense que ceux qui nous écoutent, en ont particulièrement conscience et se disent OK, et souvent j’ai ça, j’ai ça, mais je sais, mais comment je fais en fait? Comment je fais? 

Et c’est ce que j’essaye de partager au quotidien au maximum, par exemple sur mon compte Instagram. 

Comment on rend un repas fun ?

Clémentine Sarlat : Alors comment est-ce qu’on rend un repas fun? 

Solène Collin : Alors déjà on arrive sans trop d’exigence, parce que tu vois souvent on arrive, alors on connaît l’assiette équilibrée, tu vois, maintenant je pense qu’avec toute la sensibilisation qui existe, on sait à peu près ce qu’il faut dans l’assiette, et du coup on arrive avec notre petite, tu sais on avait notre petit bébé, on lui préparait, on l’assied dans sa chaise haute, et on l’avait en face de nous, et c’était trop bien parce qu’il mangeait de tout, tu vois les brocolis, il adorait tout, il mangeait tout. Et puis quand l’enfant grandit, ça marche plus, ça coince, qu’est-ce qui se passe, pourquoi? 

Et donc on arrive avec notre petite assiette parfaite, équilibrée, et là en fait, pour rendre fun déjà, il faut arriver avec pas trop d’exigences, arriver en se rendant compte que suivant l’âge de son enfant, il traverse des phases de développement, et je sais que tu l’as abordé dans plein d’autres épisodes avant sur le podcast, et donc forcément toutes ces phases de développement vont impacter aussi le comportement à table et le rapport à l’alimentation. Donc déjà on arrive en se mettant un petit peu dans les baskets de notre enfant. On apporte un cadre, notre rôle c’est d’apporter un cadre, on est bien d’accord, mais on peut aussi se mettre un petit peu dans les baskets de notre enfant. 

Un enfant à l’âge de 3 ans face à son assiette pleine de légumes, il ne va pas réagir du tout comme un bébé de 8 mois, tu vois. Il n’a pas du tout le même rapport. 

Donc on arrive, on fait toujours en sorte qu’il y ait un aliment ami dans l’assiette, un aliment où l’enfant va arriver et se dire celui-là je l’aime bien, celui-là il me plaît, il me donne envie de manger. Souvent c’est ce qui croustille, les enfants adorent ce qui croustille et ce qui est beige aussi. Ils ont un amour de tout ce qui est beige, les pâtes, le pain, tout ça. C’est l’amour du beige! Les pâtes, le pain, voilà, ça on le sait. Donc on peut mettre un petit peu de ça dans l’assiette.

Et puis après, on va mettre les autres aliments qu’on sait qui sont un petit peu nutritionnellement intéressants pour eux. Donc je pense aux légumes, mais ça peut être aussi les légumineuses, puis plein de choses. Et puis notre job, ça va être finalement de leur faire explorer, de leur faire découvrir. Mais de façon un petit peu sympa. Et c’est plus sympa, tu vois, de prendre un haricot vert et de s’en faire une moustache, d’essayer de dire qu’on mange papa brocoli, bébé brocoli, des choses comme ça. Après, on peut faire d’autres choses quand l’enfant grandit, plutôt que de dire, mange tes haricots verts, sinon t’as pas ton dessert. Donc, tu vois, il y a plein de choses qu’on fait. Moi, je dis toujours aux parents…

Mais amusez-vous, mettez les enfants dans la tranche d’âge, le 2-6 ans là, ils sont dans l’imaginaire, ils sont dans tout ça, c’est génial, c’est une énorme clé pour nous pour leur faire découvrir plein de choses. Et je leur dis, mettez un pied dans l’imaginaire de votre enfant, retrouvez votre âme d’enfant, amusez-vous, la découverte des légumes, de tout ça, ça peut être super drôle, on peut y arriver. 

Et ça on arrive à le faire si déjà à la base te dit, on n’a pas un niveau d’exigence trop élevé, on fait baisser la pression, on se dit qu’on peut découvrir les aliments, ça c’est assez important, autrement qu’en les ingérant à tout prix, tu vois, en ingérant tes 120 grammes de légumes, parce qu’on t’a dit qu’il fallait ingérer 120 grammes de légumes, ça ne marche pas, parce que si l’enfant ne veut pas les ingérer, ça ne marche pas, il ne va pas ouvrir la bouche. Donc comment on fait? Et en fait, entrant dans le jeu, dans le ludique, dans l’imaginaire, en imaginant plein de petites choses, on se dit, moi je fais la moustache, on fait le morse, je mets un aliment entre les dents et je dis à mes filles, est-ce que tu comprends ce que je dis, etc. Ça fait beaucoup rire. Donc il faut savoir un peu, tu vois, se mettre dans cette position. Et franchement, ça fonctionne, ça fonctionne, ça fonctionne. 

L’enfant, il rigole, et tu vois, il ne se dit pas, je suis en train de manger mes légumes parce que c’est bon pour la santé. Il se dit, je suis en train de passer un super moment, on rigole, et en fait, ça peut être chouette. Je pense que nous aussi, tu vois, il y a quelque chose, c’est que nous, il faut aussi qu’on se dise, on a une espèce de vision, on se dit, les légumes, c’est bon pour la santé, et on mange des légumes pour ça. Alors que non, changeons notre propre vision des choses. C’est chouette, c’est coloré, c’est plein d’odeurs, plein de saveurs, c’est super chouette, et si on transmet ça, cette énergie-là, à nos enfants, on peut y arriver, quoi. 

Clémentine Sarlat : Et puis, quand on sait cuisiner d’une façon qu’on aime, c’est bon. 

Solène Collin : Exactement, c’est ça en fait. Et c’est ça aussi, tu vois ce que tu disais, cuisiner de façon qu’on aime, c’est important parce que ça, quand l’enfant grandit, on peut aussi, petit à petit, lui dire, OK, tu l’aimes pas comme ça, mais comment on pourrait le faire pour que tu l’aimes? Tu vois, en fait, on peut le rendre acteur, ok? Je sais pas, par exemple, les oeufs, je sais pas toi comment tu les en manges, moi je déteste l’omelette, ça ne peut pas franchir ma bouche, mais j’adore les oeufs au plat, bon bah finalement si je mange pas d’omelette, c’est pas très grave, on s’en fiche. Donc tu vois, un enfant, c’est pareil. 

Ok, tu les aimes pas de cette façon-là, est-ce que si on met du fromage, est-ce que si on fait un gratin, est-ce qu’on fait une soupe, est-ce qu’on les mange en crudité? Et c’est tout ça qu’on peut explorer finalement avec un enfant, tu vois, t’as tout à fait raison. 

Clémentine Sarlat : T’as raison sur le côté crunchy. Mes filles adorent le brocoli, mais que s’il est crunchy. Si je les fais à la vapeur, c’est mort. 

Solène Collin : En fait, le croustillant, on le sait, ça plaît beaucoup aux enfants parce qu’il y a un feedback sensoriel. C’est-à-dire que quand tu croques, les enfants, ils mangent avec leur système sensoriel. Vraiment, ils mangent et nous aussi, mais eux encore plus. Ils mangent avec les yeux. C’est d’ailleurs pour ça que quand tu leur poses une assiette, parfois, juste à la vue, ils te disent non. Mais ils mangent avec les yeux, avec l’odeur, avec les bruits, et ce qui croustille en bouche, ça envoie vraiment un feedback sensoriel qui leur plaît énormément. Donc ils adorent le crunchy et c’est un énorme allié. Un enfant qui aurait du mal à découvrir des aliments, on peut lui dire, viens, regarde, on croque et on voit qu’ici nous deux, il fait plus de bruit. C’est toi qui fait plus de bruit, moi j’arrive pas, etc. 

Ou on essaye de faire des concerts de légumes en croquant. Et ça, si toute la famille à table se prend au jeu, et bien ça peut fonctionner en fait. Ça peut vraiment fonctionner. 

Clémentine Sarlat : On comprend donc leur amour pour les chips? 

Solène Collin : Exactement! Parce que ça croustille, parce que ça croustille, et puis parce qu’il y a aussi cette dimension que rien ne ressemble plus à une chips qu’une autre chips, tu vois. Ça c’est la force de certains produits industriels, c’est qu’ils sont un petit peu… Déjà ils arrivent dans un petit paquet, tu sais, il y a un côté un peu… Ils sont dans un petit paquet, on ouvre le paquet, ça fait du bruit, puis il y a des couleurs sur le paquet. Et puis après, ça croustille. Donc oui, il y a tout univers. Mais maintenant, on a de la chance. Il y a des chips de légumes qui existent et on peut réussir à faire découvrir finalement ces aliments-là. Parfois, c’est tous ces petits aliments qu’ils adorent. C’est une porte d’entrée pour aller vers d’autres choses. 

Solène Collin : Parce qu’après, les chips, on peut faire des chips de légumes et puis on peut les faire maison, etc. Et on peut amener comme ça, par des petites transitions, l’enfant à découvrir d’autres choses. 

Les phases de développement d’un enfant

Clémentine Sarlat : Est-ce que tu pourrais nous reprendre un tout petit peu les phases de développement normaux pour un enfant, tu vois, leurs fenêtres d’ouverture 18 mois, 12 ans et demi. Qu’est-ce qui est normal en fonction des âges? 

Solène Collin : En fait, souvent on dit que le 4-12 mois, tu vois, c’est le début de la diversification jusqu’aux 12 mois de l’enfant, c’est un peu la phase qui est censée être simple, facile. Tu vois, c’est t’arrives avec ton brocoli et ton bébé il s’éclate, t’arrives avec tes asperges, mais avec toutes les choses comme ça, Et ton enfant, c’est censé être facile. Donc le 4-12 mois, c’est fluide, l’enfant il explore, il va écraser avec ses petites mains, s’en mettre partout, c’est une très bonne nouvelle s’il s’en met partout. Nous, dans cette phase-là, on encourage vraiment l’exploration avec les mains. Laissez vos enfants manger avec les mains, c’est très important. Donc toute cette exploration, le développement de l’oralité, etc. Le 4-12 mois, puis la mastication, petit à petit, qui se met en marche. Donc le 4-12 mois, c’est censé être simple. En général, c’est plutôt facile. 

Les parents ont une inquiétude sur les quantités, sur quoi proposer. Mais en tout cas, l’enfant à table, ça se passe de façon plutôt fluide. 

Et puis après, l’enfant à 12 mois, on peut avoir les phases où il jette tout par terre. Là, il teste la gravité. Il jette tout par terre. Donc ça, ça commence. Mais on sait que c’est des phases qui passent. En général, si on arrive à être à respirer un petit coup et il y a des comportements alimentaires, des comportements comme ça qui partent aussi vite qu’ils sont arrivés si on n’y accorde pas trop d’importance. Tu vois, il y a des phases où ils mettent les pieds sur la table et on se dit mais qu’est ce qu’ils font, etc. Donc là, il y a douze mois. Et puis après, ça va être la deuxième phase. 

C’est autour de 18 mois, mais surtout deux ans. On entre dans ce qu’on appelle la néophobie alimentaire. C’est un peu la crainte des aliments nouveaux. Même s’ils les ont très bien mangés quand ils étaient bébés. La néophobie alimentaire, ça touche 77% des enfants. Ça veut dire que vous n’êtes pas seul à vivre ça déjà, c’est assez rassurant. Et ça peut durer jusqu’à l’âge de 10 ans. 

Donc tu vois en fait cette phase, c’est vraiment le moment où J’ai toujours une image, je dis là vous êtes dans une zone de turbulence, on y est, 77% des enfants y sont, beaucoup de parents vivent la même chose que vous, et là l’idée c’est il faut maintenir le cap. Et si vous maintenez le cap, ça va bien se passer, ça va secouer, mais ça va bien se passer. 

Et en fait, cette phase-là, c’est une phase où l’enfant qui mangeait très bien ses légumes avant n’en veut absolument plus. L’enfant va te dire qu’il veut sa banane coupée en deux, et si tu as le malheur de la couper en deux, ça ne va pas du tout. Il faut que l’assiette soit de la bonne couleur. Il faut que ça soit lui qui…

Tu vois, c’est une phase d’affirmation, de différenciation, d’opposition aussi, et où finalement, il y a beaucoup de tensions et de conflits qui peuvent créer petit à petit autour de ce temps de repas à table parce que les parents arrivent toujours pareil avec ce gros bagage de il faut faire ça de cette façon et là ça coince pourquoi donc en fait cette phase de néophobie elle dure et si on tombe pas dans certains pièges et ben ça peut on peut avoir un enfant déjà qui autour de l’âge de trois ans parce que à trois ans ils entrent encore dans un autre stade trois ans ça peut un petit peu s’améliorer et ainsi de suite donc il y a l’entrée à l’école en plus donc manger à table avec les copains ça peut beaucoup aider mais c’est vraiment une phase où l’enfant qui mange bien un jour sur deux, l’enfant qui va manger que le midi et pas le soir, l’enfant qui va prendre, tu sais, tu lui fais une petite poêlée et puis il va trier un par un, il va te sortir et puis il va te repérer le petit bout de ce que t’as mis qu’il ne veut pas, là, il va te le tirer. 

Tout ça, c’est des comportements finalement plutôt typiques. Là où nous, on dit faites attention, c’est si ces comportements s’accentuent énormément, qu’il y a beaucoup de tensions qui se créent. Et là, on dit OK, ça peut valoir le coup de consulter. Mais sinon, c’est des comportements typiques. Et on a plein d’armes en tant que parent face à ça. 

Clémentine Sarlat : Et ensuite, après dix ans, il n’y a plus de phase de rejet, de non-rejet, on rentre dans d’autres choses. On en parlera après, on pourra parler du TCA. Mais à partir de dix ans, c’est quoi la phase dans laquelle on entre? 

Solène Collin : Après, en fait, c’est un petit peu différent. Déjà parce que l’enfant, il est dans un stade cognitif qui est différent. Il y a des auteurs qui ont dit que sur le comportement alimentaire, à partir de 8 ans, déjà, on est sur quelque chose d’à peu près stable à partir de 8 ans. Donc, c’est un petit peu différent. Même quand on va accompagner des enfants plus grands, le jeu et le ludique marchaient très bien quand ils sont plus petits. À 10 ans, ça ne marche pas. Pas tout à fait de la même façon. 

Il y a un rapport au père, tu vois, qui va s’installer aussi, au groupe d’amis, etc. Donc c’est un peu différent. Moi, c’est pour ça qu’au cabinet, je ne travaille pas, par exemple, avec les adolescents, parce que c’est pas la même chose. C’est pas pareil. 

Moi, je suis plutôt sur des enfants de moins de 12 ans, parce qu’après, on est dans autre chose et c’est pas le même type d’accompagnement. 

Clémentine Sarlat : Non, mais ça paraît logique dans leur développement que ça reste dans l’enfance et après on est dans l’adolescence. Du coup, tu en as un tout petit peu parlé, mais comment clairement on peut capter que notre enfant a un trouble de l’oralité? Donc déjà, tu peux définir ce que c’est le trouble et quels sont les signaux à capter, à vérifier? 

Le trouble alimentaire pédiatrique ou trouble de l’oralité

Solène Collin : Ouais, alors en fait le trouble, maintenant on dit trouble, la nouvelle terminologie, c’est le trouble alimentaire pédiatrique. Je ne sais pas si certains entendront, mais c’est vrai que beaucoup de gens disent encore trouble de l’oralité. C’est pour dire aux gens que c’est la même chose, parce que j’ai déjà eu la question, mais est-ce que c’est pareil? Ils ont mis un nouveau terme parce qu’il y a plein de choses là-dessus. Ça ne fait pas consensus, ces histoires d’oralité alimentaire. Mais en tout cas, c’est un apport qui va être inapproprié par rapport à l’âge de l’enfant pendant plus deux semaines. Déjà, ça dure plus deux semaines. Après, il peut y avoir quelque chose de chronique qui dure plus de trois mois ou de aiguë, moins de trois mois, et en fait, qui va être associé à des dysfonctionnements. Ça peut être médical, nutritionnel. 

Voilà, c’est un petit peu ça. Donc, c’est l’idée de se dire, par exemple, tu vois un enfant qui à deux ans, va encore manger que de la purée, qui ne va passer au morceau. Ce n’est pas associé à une courbe de poids. C’est important à dire. Il y a des enfants qui ont des très bonnes courbes de poids et qui ont quand même un trouble de l’oralité, parce que ça, c’est ce qu’on entend souvent. Et où en fait, OK, l’enfant a une bonne courbe de poids, mais par contre, les parents sont obligés de développer des stratégies incroyables, un spectacle en quatre actes, vraiment, pour que l’enfant mange un tout petit peu. Donc, tu vois, c’est tous ces signes-là. Alors, il y a plusieurs signes d’appel. Ça commence dès tout petit. Difficulté à l’allaitement. 

En fait, ce n’est pas un signe, c’est vraiment le cumul, tu vois, quand on fait l’ananas. Difficulté à l’allaitement. Puis quand on est passé au purée, ça ne marchait pas trop, il tournait la tête, la cuillère, il ne voulait pas. Quand on a voulu passer au morceau, il n’en voulait pas. Pas de passage au morceau. Ça, c’est important de le dire. Aujourd’hui, l’évolution des textures, elle est quand même recommandée avant l’âge de 10 mois. Donc, s’il n’y a pas de possibilité d’évolution de texture, il faut laisser du temps à l’enfant, on est d’accord. Mais en tout cas, il faut s’interroger. À deux ans, manger que des purées, alors, si les parents n’ont jamais exposé, c’est une chose, mais si les parents ont essayé et que ça n’a pas fonctionné, on peut s’interroger. Ça peut être aussi un comportement à table. 

Des enfants qui vont, moi j’ai déjà vu, qui vont vraiment pleurer quand vous les mettez dans la chaise haute, qui vont chercher à se retirer du contexte de repas. Tout ça, c’est des indicateurs. 

Et puis après, il y a des choses un petit peu plus spécifiques, comme par exemple, si votre enfant tousse dès qu’il y a une prise alimentaire, des choses un petit peu plus spécifiques. Mais en tout cas, changement de comportement au passage à table, difficulté de passage à la cuillère, difficulté de passage aux morceaux. Des conflits pendant les repas. Il faut savoir que quand même, s’il y a des tensions familiales très importantes, il faut consulter. En fait, c’est les parents qui vont vous dire, en fait, ça a toujours été une galère. Depuis le début, c’est une galère. C’est vraiment une galère. 

Là, on peut commencer à se dire OK, il faudrait peut-être aller consulter un professionnel spécialisé en oralité alimentaire. 

Clémentine Sarlat : Je te demandais comment on fait un repas fun, mais comment aussi on fait en sorte que le repas, de manière générale, ça se passe bien. Est-ce qu’il y a des principes à respecter, à part tu disais lâcher prise finalement et revoir nos attentes, mais est-ce que ça veut dire qu’il faut que toute la famille soit en même temps? Est-ce qu’on laisse les enfants chacun leur tour, quand on a plusieurs manger à leur rythme? Tu vois, qu’est-ce qui est plus important à mettre en place pour qu’il y ait une harmonie autour du repas? 

Solène Collin : Déjà la première chose qu’on peut faire, et même si je sais que c’est pas facile parce que manger à 18h30 on n’a pas tous le temps et envie de faire, mais manger en famille c’est super important. Ça franchement les études elles sont quand même assez uniformes là-dessus. Alors certaines vont te dire trois fois par semaine minimum, d’autres cinq fois par semaine, et tu vois tout à l’heure tu as dit le mot TCA mais je sais que dans la prévention des troubles du comportement alimentaire. Il y a des études qui ont été faites et un des axes de prévention, c’est ça, c’est le repas en famille, c’est manger ensemble. Il y a eu une corrélation qui a été faite entre le fait de partager des repas en famille et en fait, le contrôle extrême pondéral que des adultes peuvent avoir ensuite. 

Après, c’est hyper important, ces repas familiaux. Donc, c’est du mieux qu’on peut. Idéalement, c’est tous les jours, tous les soirs, mais c’est du mieux qu’on peut. On mange ensemble, on n’est pas là. Et déjà, en fait, tu sais pourquoi? Parce que quand tu manges avec ton enfant, t’es occupé face à ton assiette. T’es pas en train de le regarder. Parce que quand t’es dans une démarche de « je fais manger mon enfant », en général, tu t’assois en face de lui. Parce que toi, t’as pas grand-chose à faire. Donc tu t’assois en face de lui, et là, tu le regardes. Et tu le regardes, et tu fais… Il y a une autre étude qui disait qu’on fait à peu près 48 commentaires sur un repas de 20 minutes. C’est énorme! 

Ça fait, je crois, un commentaire toutes les 20 ou 30 secondes, tu vois, de mémoire. C’est énorme! Imagine si toi et moi, on mange ensemble, je te fais ça, tu vas mettre une bête, plus jamais, tu manges avec moi, tu vois, c’est énorme! Parce qu’en fait, quand t’es assis face à ton enfant en train de regarder, et tu vois, en consultation, je sais que moi, je demande une vidéo aux parents. 

Et ça, c’est la thérapie par la vidéo, ça fonctionne bien. Il y a des parents, quelquefois, qui me disent Mais mon Dieu, on s’est vus, on s’est entendus, mais qu’est-ce qu’on est chiant! Avec toute la bienveillance du monde, mais on est insupportable! 

Et en fait, c’est là où parfois, de manger avec son enfant, tu lui mets son assiette, tu te mets ton assiette, toi ton job, c’est que t’as respecté ta part de responsabilité, le partage des responsabilités dont on parlait tout à l’heure : tu lui as mis une assiette, alors après on peut discuter, est-ce qu’on lui met tout le dessert en même temps ou pas, etc. Toi, tu manges et puis il fait sa petite vie, en fait. Et déjà, ça commence par là. On peut aussi, après, encourager son autonomie, on peut lui faire ce… Ça marche bien, tu sais, le family style dinner, là, où en fait, tu mets tous les plats au milieu de la table et tout le monde serre son assiette. Parce qu’il y a des enfants, si tu leur serres leur assiette, ben… 

Les proportions, tu ne sais pas trop, puis il suffit que deux trucs se touchent, que ça ne va pas. Alors que si tu apprends à ton enfant à servir, déjà, il va faire un petit peu sa petite salade ou son assiette, un peu comme il apprécie. Donc, manger avec son enfant, encourager l’autonomie, le faire servir. On peut lui faire prendre part au process, au maximum, mettre la table, pourquoi pas cuisiner. Et puis, petit à petit, au fur et à mesure qu’il grandit, on va pouvoir transmettre des responsabilités. Donc, pourquoi pas, l’enfant peut, si vous faites des menus, vous faites partie de cette catégorie de parents super organisés qui fait des menus, Peut-être que l’enfant, un soir dans la semaine, peut choisir le menu ou peut cuisiner. Moi, je conseille ça aux familles, que ce soit l’enfant qui cuisine pour le parent. C’est génial. 

Après, on le laisse faire. Mais tu vois, il y a plein de façons de faire prendre part à l’enfant au process, encourager l’autonomie à table, manger avec son enfant. Tout ça, ça permet d’apporter ce qu’on appelle un cadre qui est clair et constant. C’est-à-dire qu’on peut être dans l’écoute de l’enfant, on peut comprendre qu’il traverse des phases différentes, on peut comprendre que les haricots verts ne sont pas ses meilleurs amis, mais apporter un cadre clair et constant, c’est important. Ça veut dire aussi des temps de repas. Ça veut dire qu’on évite de manger un petit peu n’importe quand dans la journée. On apporte des temps de repas. On n’attend pas qu’un enfant, par exemple, assez jeune, passe une heure à table.

Un repas, c’est 20 minutes. 

Donc, tu vois, nous, on peut rester parler des heures à table, se dire que son enfant, il attend à côté, ça peut créer des conflits, etc. Donc, tu vois, il y a plein de choses comme ça qu’on peut ajuster. C’est pareil, la notion entrée plat-dessert, un enfant tout jeune, je ne sais pas s’il l’aperçoit et c’est pour ça qu’on peut servir tout à la fois en même temps. Donc, il y a plein de choses en fonction des familles, ça dépend aussi s’il y a des fratries ou pas, qu’on peut essayer de mettre en place. Mais je pense que l’élément vraiment le plus important déjà, c’est de manger ensemble. Manger ensemble. 

Clémentine Sarlat : Tu vois, t’en as un petit peu parlé de manger à 18h30, parce que c’est vrai que souvent les enfants après une longue journée ont faim assez tôt, mais ça c’est encore une fois sous couvert que vous pouvez aller les chercher tôt et en fonction de votre devis. Mais moi j’ai remarqué un truc, c’est comme on va quand même les chercher tôt et on mange vers 18h15 l’hiver et plus 18h30, 18h45 quand il fait un peu plus jour, c’est surtout que tu vois l’heure du goûter est très proche. 

Comment est-ce qu’on fait quand ils ont mangé un bon goûter et qu’arrive l’heure du repas et au final c’était il y a une heure et demie, deux heures gros max, et ils n’ont pas si faim que ça en fait. 

Est-ce qu’on s’inquiète, on se dit bon mais c’est pas grave, ils ont pris leur goûter donc finalement c’est normal qu’ils mangent peu? 

Solène Collin : Déjà il faut se demander est-ce qu’ils mangent bien le midi à la cantine? Parce que tu vois un enfant qui mange bien le midi à la cantine, mais bon ça c’est un autre sujet les cantines, mais tu vois c’est un enfant qui mange bien le midi à la cantine, il n’a pas forcément besoin d’un énorme goûter, tu vois. Après c’est sûr que s’il ne mange rien le midi, forcément il arrive au moment du goûter, il a super faim. Donc après on peut faire aussi en sorte de proposer, nous on a cette espèce de tradition, de dire que au goûter, c’est les éléments sucrés, puis au repas, les éléments salés. 

Mais demain, on peut très bien introduire, je ne sais pas moi, certaines choses un peu à découvrir, des petites crudités, je ne sais pas, des choses comme ça, dans le goûter d’un enfant pour lui faire découvrir. Je ne dis pas qu’il faut donner des carottes crues à un enfant au goûter et que ça, c’est terminé, bien sûr que non. Mais tu vois, déjà, on peut introduire dans le goûter des petites choses à découvrir. Et parfois, le temps de goûter, C’est un super moment pour découvrir des choses parce que c’est un moment où, en général, on ne met aucune pression à l’enfant. L’enfant, il a faim, c’est un bon moment. Souvent, on fait des découvertes assez sympas pendant le temps du goûter.

Bon, après, on peut aussi, pourquoi pas, réduire un petit peu le goûter pour qu’en sorte qu’il y ait un repas du soir un peu plus conséquent. Mais ça, ça suppose qu’on avance le repas. Après, ça dépend de l’heure à laquelle l’enfant le goûte. Ça dépend de l’heure à laquelle l’enfant, on récupère son enfant de l’école. Mais après, il faut se dire que si l’enfant n’a pas très faim le soir, c’est possible et ce n’est pas très grave. Déjà, il y a la fatigue de la journée. Moi, je dis toujours, les repas du soir, ce ne sont jamais les plus grands moments. Ce ne sont jamais les plus grands moments. Tout le monde est fatigué, etc. Donc, on peut réduire le goûter. On peut essayer d’introduire des choses qui soient nutritionnellement intéressantes sur les temps de goûter, vraiment. 

Et puis, après, dans ce cas-là, on sert un repas. Puis, si l’enfant n’a pas forcément très faim, on respecte satiété. Mais parfois, en réduisant un peu le goûter, ça peut augmenter l’appétit, à voir après. C’est vraiment cas par cas. 

Clémentine Sarlat : Mais c’est intéressant ce que tu dis puisque le repas du soir, tu dis que c’est pas forcément le repas le plus ouf et c’est pourtant dans la semaine le seul repas quasiment où on est avec nos enfants et donc où cette envie de contrôle, cette envie d’être sûr qu’on est des bons parents parce qu’ils ont bien mangé émerge. Et c’est là, non, où le conflit apparaît, où on est en décalage avec leur journée, en fait. 

Clémentine Sarlat : Qu’Ils ont mangé le midi. Moi, j’ai la chance que mes deux filles soient à l’école publique, donc elles ont le même repas. Mais ma petite qui a 3 ans, si ma grande m’a pas dit ce qu’elle a mangé, j’en sais rien. Je ne sais pas si il y a les repas écrits évidemment, mais c’est grâce à ça que ma grande raconte, que je me dis ok la petite comment elle a mangé, ça passe. Mais c’est vrai que c’est aussi les âges, c’est pas facile d’avoir la notion de ce qu’il y a eu ou pas dans la journée. 

Solène Collin : Ça, c’est pas facile. Alors après, il y a un repas qu’on oublie souvent, mais parce qu’on est pressé, c’est le petit-déjeuner quand même. Et tu vois, le petit-déjeuner, si tu souris, tu dis, mais j’ai pas le temps au petit-déjeuner. Mais on peut faire plein de choses au petit-déjeuner parce que l’enfant, il est en pleine forme. En général, il se réveille, ça dépend lesquels. Moi, j’ai un modèle, je peux t’assurer qu’à 6h du mat, elle est super en forme. Et du coup, en fait, tu peux déjà au petit-déjeuner faire plein de choses. 

Tu peux partager le petit-déjeuner avec ton enfant, tu peux t’asseoir. Pour petit-déjeuner avec ton enfant. Et déjà, tu vois, manger un fruit, manger des choses comme ça. Donc déjà, il y a ce temps de repas. 

Après, il y a le midi. 

C’est vrai que ce n’est pas facile de savoir ce qu’ils ont mangé le midi à la cantine. Et du coup, tu arrives le soir, tu ne sais pas, etc. Mais tu as raison, je pense qu’il y a un espèce de décalage. Déjà, en plus, toi, tu as ta journée de fatigue aussi dans les pattes. Donc, tu es un peu moins patiente, il faut être honnête. Moins patient, moins patiente. Tu arrives avec tout ton tous tes objectifs en disant il va manger ça, ça, ça. Mais ça marche pas comme ça. En fait, ça marche pas comme ça. C’est mort. Si on va dans cette direction là, c’est comme ça qu’on se retrouve avec des situations de conflits et des enfants. 

De toute façon, dès lors que le parent essaye d’avoir trop de contrôle, que ça soit dans un sens ou dans l’autre, parce que tu vois, j’accompagne aussi des enfants qui sont en situation de surpoids et d’obésité. Dès lors que le parent est dans une situation de contrôle, de faire manger plus ou moins, tu vas au conflit. Parce que, tu vois, dans ce partage des responsabilités, le parent est responsable du quoi, du quand, du où et du comment, mais l’enfant est responsable, et ça c’est super important, du si et du combien. Ça veut dire que ton enfant est responsable de combien il mange, est-ce qu’il a faim ou est-ce qu’il n’a pas faim, et quelle quantité il mange. 

Et ça, en fait, c’est finalement assez important, et il faut le respecter le soir, même si toi t’arrives avec tous tes objectifs On peut que tu aies été un petit peu sur Instagram dans la journée et que tu aies vu des repas, tu t’es dit, allez, je vais faire ça, je suis super motivée. Et là, ton enfant, tu lui mets son assiette, il n’en veut pas. Et ça crée des frustrations énormes. Après, il y a des temps de week-end quand même, tu vois, il y a le midi week-end, il y a les petits déjeuners, déjà, où on peut faire des choses. Il y a le temps de week-end. Donc, voilà, moi, je dis toujours, le soir de la semaine, pas de pression, quoi. N’arrivons pas avec trop de pression. On fait à manger, on propose et puis voilà. 

Et si l’enfant ne mange pas, si sa courbe de poids est bonne, peut-être qu’il mangera mieux demain. Et tout va bien se passer. 

Clémentine Sarlat : En gros, on prend une quantité correcte adaptée à son âge et à sa morphologie sur une journée ou sur une semaine ou sur deux jours ? Tu vois, parce qu’on entend souvent dire ça, qu’il ne faut pas se focaliser sur ce qu’il a mangé sur la journée. Un enfant, c’est variable sur plusieurs jours. Sur quoi, toi, tu t’appuierais pour te dire, OK, sur cette semaine, sur deux jours, on doit faire quoi? On doit prendre quoi comme référence? 

Solène Collin : À la semaine, parce que manger c’est un comportement. Donc à partir du moment où manger c’est un comportement, c’est sous l’influence de plein de facteurs. Les émotions, la fatigue, la maladie, ce qu’il s’est passé dans sa journée, je me suis fâché avec mon copain, ma copine, plein de choses. Donc si tu fais à la journée, ça coince. Et sur une semaine, ton enfant il va traverser plein d’émotions, il va être plus ou moins fatigué, plus ou moins réveillé, il va avoir dormi, pas dormi, etc. Donc à la semaine c’est bien. 

C’est pas mal, tu vois, de faire comme tu dis, de regarder ce qui a été proposé le midi à la cantine, parce que clairement, entre s’il y a eu poulets frites ou s’il y a eu, je sais pas, parfois ils nous sortent des petits mélanges un petit peu sympas, t’as quand même une idée de ce qui a été mangé ou pas. Je sais pas, hein, à moins que t’aies des super grands aventuriers à la maison, mais t’as quand même une petite idée de ce qui a été mangé. Tu te dis quand même que le poulet frites, il y a plus de chances qu’il y en ait mangé que les épinards à la crème par exemple. Donc tu vois, déjà à partir de ça, tu peux te baser un petit peu. 

Et à la semaine, c’est pas mal parce que moi je dis aux parents, certains soirs, vous faites des choses, vous savez que ça plaît aux enfants, c’est simple. Il y a plein de choses. On peut faire des croque-monsieur dans lequel on met des petites purées de légumes. On peut faire plein de choses. Des repas, vous savez que ça sera apprécié. Puis des repas où vous dites, allez, ce soir, c’est un peu de challenge. Vous faites à manger. Quand t’apportes l’assiette, t’es à peu près sûr, tu sens que ça va coincer, mais tu le fais quand même parce que ça fait partie de la découverte. Et tu te dis, si c’est pas manger, c’est pas grave. Ça fait partie d’apprendre à être flexible face à son assiette. Ça fait partie d’apprendre la découverte, etc. 

Et comme ça, d’un soir à l’autre, en fonction de toi aussi. C’est important de se préserver parce que là, en fait, on est en train de courir un marathon. On ne fait pas un sprint. Donc, on a quand même parlé de jusqu’à l’âge de 10 ans. Donc, il ne faut pas s’épuiser. Il faut tenir la durée, etc. 

Donc, en fonction de toi, ton énergie, certains soirs, tu fais des choses faciles qui plaisent aux enfants. Un enfant, il a le droit de manger des Monsieur Sourire. OK, d’accord, c’est industriel, etc. Mais le Monsieur Sourire, c’est chouette. Donc, tu vois, on peut manger des petites choses comme ça. Et lendemain, tu peux proposer un petit plat, un petit peu plus de challenge. Et tu vois, tu fais découvrir parce que ce soir-là, tu as un peu plus de temps, etc. Donc, c’est vraiment une alternance. 

Il ne faut pas se mettre de pression et il ne faut pas peser, ne peser pas l’alimentation de vos enfants parce que ça, on y arrive de plus en plus. Il y a quand même une tendance à peser l’alimentation des enfants. Vos enfants, un des nutriments le plus important, c’est les lipides. Donc mettez du gras, allez-y, faites rôtir, mettez des huiles, mettez de la crème, mettez du fromage, allez-y. 

Voilà, il faut un petit peu alterner avec tout ça. 

Clémentine Sarlat : Est-ce que quand tu proposes à tes enfants un plat un peu plus challengeant, et qu’ils le refusent, est-ce que c’est une bonne stratégie de dire, bon, ben OK, t’en veux pas, je te cuisine autre chose? Ou comment est-ce que tu vois t’abordes ça? Parce que des fois, on peut vite se retrouver à cuisiner quatre plats différents pour quatre enfants différents. Tu vois ce que je veux dire? Pour les goûts et les couleurs de chacun. Et à la base, on voulait juste introduire quelque chose de nouveau. Comment on se sort de cette spirale? C’est quoi les recommandations? Tu ferais quoi? 

Solène Collin : C’est vrai que c’est un peu le piège, ça. Tu vois, tu veux pas ça, bah t’inquiète, je te sors quelque chose parce que tu te retrouves à faire tout ton frigo. Moi, j’ai déjà des parents en consulte, ils ont été jusqu’à 6 ou 7 plats à proposer parce que là, la première fois que tu vas faire ça, ton enfant, il va accepter le deuxième. Mais plus tu fais ça, plus il va te faire sortir 6, 7, 10 plats. Donc en fait, déjà, on ne propose pas un autre plat. Si ton enfant ne mange pas, on ne propose pas.

Alors, bien sûr, on se met quand même dans leur basket, donc on leur met un aliment ami dans l’assiette, et puis peut-être que le soir où tu fais un petit plat, un petit peu challenge, tu peux mettre une tronche de pain avec, tu vois, tu mets toujours un aliment ami, un aliment qui va les rassurer, quelque chose de nutritif où tu sais qu’ils vont manger ça, puis tu peux faire varier les pourcentages, tu peux mettre 70% d’aliments amis, 30% d’aliments découvertes, tu vois, t’es pas obligé d’arriver avec ton gratin de choux de Bruxelles et dire, bon les gars, c’est ça ou c’est rien, terminé. Il y a un espèce d’entre-deux à avoir. 

Mais par contre, on évite de servir un autre plat. Ça, c’est sûr, il vaut mieux plutôt jouer sur l’aliment ami. 

Et puis après, tu vois, cette idée de repas au centre de la table, ça marche plutôt bien parce que quand tu veux faire, je ne sais pas, prenons un couscous, n’importe quoi, tu peux très bien mettre la semoule d’un côté, les légumes d’un autre, les pois chiches de l’autre. Et finalement, chaque enfant, et ça, c’est vrai, quand tu as des fratries, ce n’est pas simple de faire quelque chose qui plaise à tout le monde. Mon Dieu, c’est un cas tête. Tu en as un qui aime pas ci, l’autre qui aime pas ça. 

Et du coup, ce repas un peu au centre de la table où tu mets plusieurs plats et chacun se fait sa petite assiette. Les enfants, ils adorent les trucs comme ça. Qu’à composer. Franchement, ils adorent se faire leurs petites pizzas, se faire leurs petites choses comme ça. 

Et donc, tu proposes ça et chacun se sert. Ça fonctionne. Ça peut être une solution, en tout cas, quand, par exemple, dans les fratries ou quand tu dois faire à manger un petit peu pour tout le monde. En général, il y a le conjoint aussi qui se mêle à tout ça parce qu’il n’aime pas forcément les mêmes choses non plus, le conjoint ou la conjointe. Et donc, du coup, ça, on peut très bien faire ça. 

Mais en tout cas, éviter de tomber dans le piège de tu n’aimes pas, donc je te propose autre chose. 

Mais ça, c’est le piège qu’ont beaucoup de parents. C’est la peur que l’enfant ne mange pas. 

Et en fait, la peur que l’enfant ne mange pas fait que tu vas adopter une posture parentale qui peut marquer un petit peu plus cette sélectivité alimentaire. 

Il faut affronter cette peur que l’enfant ne mange pas. Si l’enfant ne mange pas un repas, ce n’est pas très grave. 

Clémentine Sarlat : Tu as parlé de la fratrie. Je sais qu’on est tous d’accord quand on a des enfants, quand tu proposes frites, tout le monde est d’accord. Il y a des aliments sur lesquels la fratrie n’est pas tout à fait d’accord. 

Solène Collin : Il y a un consensus. 

Clémentine Sarlat : Tu sais que tu vas droit au but, ça va bien le faire. Mais par contre, ce qui est complexe parfois avec la fratrie, c’est qu’il y en a une qui veut aller aux toilettes, qui se lève, l’autre qui va faire ses trucs, et donc d’un coup ton repas est complètement désorganisé et ça déclenche le gros bordel au moment du repas. Est-ce que proposer aux enfants de faire un repas sur leur table à eux, adapté, ou en mode pique-nique, ou changer le fait que ce soit à table dans un cadre très précis, c’est une bonne idée, ça aide? Qu’est-ce que toi tu penses de ça? 

Solène Collin : Il y a certains enfants ça dépend des enfants. Il y a certains enfants, ils ont besoin de mouvements. Concrètement, ils ont besoin de bouger. T’as des enfants, tenir assis, c’est hyper compliqué pour eux, etc. Et donc, dans ces cas-là, on peut autoriser le mouvement, mais on peut apporter un cadre. J’avais une amie qui est psychologue qui avait une super idée. Par exemple, elle avait trois petites cartes Joker. Et chaque enfant avait ses trois cartes joker, c’était par exemple, tu vas sur un temps de repas assis à table, après on verra les autres solutions, mais sur un temps de repas assis à table, chacun a son joker mouvement, et ça peut être, je sais pas, faire un tour en courant, ça peut être faire ci, et tu sors ta carte joker. 

Et ça c’est super intéressant, parce que finalement toi, tu restes un petit peu maître du cadre, c’est important, que tout le monde parle pas dans tous les sens, ok. Mais tu autorises aussi le mouvement parce que t’as bien conscience que c’est des enfants et qu’ils ont peut-être besoin de mouvement

Donc ces cartes joker c’est une piste, après t’as les timers, tu vois finalement t’as plein d’outils qui peuvent te servir. Et bien sûr qu’après on peut faire un pique-nique, on peut pique-niquer dans son salon. La petite table pour les enfants, et ben c’est possible. 

Après c’est quand même bien de partager le repas avec les parents. Tu vois pour la discussion, pour le partage quand même. Qu’est-ce que t’as fait dans ta journée, etc. 

Donc ces petites tables pour enfants, ça peut très bien être fait, mais attention que ça ne coupe pas le lien qu’il y a entre l’enfant et le parent, mais bien sûr que ça peut être fait, puis ça peut être fait de temps en temps, et puis parfois on revient à table, etc. 

Mais oui, on peut aussi, t’as des enfants qui vont très bien, franchement, nous on le fait, on le voit au cabinet, tu les mets dans la chaise, ça ne va pas, ça coince, on fait un pique-nique, on sort une nappe, on les met par terre, ça marche très bien, ils mangent très bien. Bon, si ça marche bien comme ça, moi je dis toujours, faites confiance à vos enfants. 

Les parents, souvent, ils ont la peur, tu vois, des mauvaises manières, etc. Mais les enfants, ils savent faire la différence de contexte. 

Donc, ils savent très bien que si à la maison, c’est comme ça, à l’école, ça peut être différemment, etc. Ils savent s’adapter. Il faut leur faire confiance. Et puis, on peut faire ça de façon ponctuelle. Après, en fonction de ses valeurs, chacun. Mais on peut autoriser le mouvement pour les enfants à table, bien sûr. 

Mais c’est bien de garder un cadre. Par contre, il faut faire attention. On veut que son enfant mange, donc pour qu’il mange, je vais laisser l’assiette pendant deux heures. Et puis l’enfant, il va partir, il va revenir. Ça, il faut faire attention de quand même maintenir un cadre, de dire au bout de 20, 30 minutes, l’assiette, elle s’en va. Donc, si tu as faim, c’est maintenant qu’on mange. Tu vois, il y a des enfants où on a un petit peu besoin. 

“La cuisine va fermer”

On a besoin de les recentrer, de dire attention. Donc ça, le timer, tu vois, par exemple, ça peut être une aide de dire attention. Si tu veux manger, c’est maintenant. Ne laissez pas traîner l’assiette une heure et demie pour que votre enfant mange. C’est pour ça que je parlais tout à l’heure de cadrer les temps de repas. C’est quand même important. 

Clémentine Sarlat : Moi, je dis la cuisine va fermer. 

Solène Collin : Exactement, super. 

Clémentine Sarlat : Si vous avez envie de manger, c’est maintenant. Sinon, après, vous savez, la cuisine, elle est fermée et on ne remange pas. Du coup, ça, ça les intrigue un peu. Bon, ça ferme, la cuisine? 

Solène Collin : Oui, c’est important. Des heures de fermeture, d’ouverture de cuisine, c’est super important. Se dire que si tu ne manges pas là, tu vas avoir faim. 

Et ton prochain, on peut leur dire, si tu ne manges pas là, ton prochain repas, c’est là. 

Après, l’enfant peut te dire, OK, peut-être qu’il n’a pas très faim. Donc, nous, on le respecte. Toujours, il est responsable du combien et du si. Mais par contre, toi, tu cadres quand même C’est toujours cet équilibre entre… En fait, il faut faire un cadre, mais apporter de la souplesse au milieu du cadre. Et ça, je crois que c’est le gros challenge. 

Clémentine Sarlat : Ce qu’on fait aussi quand elles veulent manger sur leur petite table, c’est qu’on vient s’asseoir à côté d’elles. On ne mange pas forcément avec elles, mais on est là, on discute. Et en fait, elles sentent hyper valorisées parce qu’on vient à leur hauteur, on vient dans leur monde. Et des fois aussi mes deux petites, qui sont hyper proches, elles veulent manger que toutes les deux, tu vois, en mode resto. Elles ont pas envie d’être avec nous. 

Solène Collin : J’adore, elles ont des choses à se dire. 

Clémentine Sarlat : Exactement, au final ma grande elle est bien parce qu’elle a un temps avec nous, et les deux elles sont là à faire leur dînette, en même temps elles mangent, elles font leurs trucs, et ça c’est assez drôle, c’est pas du tout le temps comme tu dis, c’est assez exceptionnel, mais c’est mignon de les voir faire leurs petits diners. 

Solène Collin : C’est ça, c’est ça qui fait des souvenirs, tu vois. Je veux dire, tant que c’est dans la bonne humeur, c’est positif. Je pense que c’est pour ça, tout à l’heure, je disais parfois le comment est plus important que le quoi, parce que c’est ça qui fait notre construction plus tard, d’avoir des bons, une bonne relation à l’alimentation, des bons souvenirs et tout. Et ça, c’est super important. Et tes filles qui mangent toutes les deux à leur petite table, c’est trop mignon. C’est pas pour ça que plus tard, adultes, elles sauront pas être dans un cadre alimentaire. Voilà. Donc, tu vois, c’est ça qui est chouette. C’est tout à fait possible tant qu’on arrive, par contre, à cadrer ce temps de repas, de dire, comme tu dis, à un moment donné, quand même la cuisine elle ferme. 

Le trouble du comportement alimentaire

Clémentine Sarlat : Est-ce que les troubles du comportement alimentaire, donc ce que disaient les TCA, et tu en as parlé tout à l’heure, commencent dès la petite enfance ou c’est vraiment un trouble qu’on, dans l’imaginaire, on a associé à l’adolescence? 

Solène Collin : Alors ça, les troubles du comportement alimentaire, ça revêt la différence avec le… En fait, on te dit que le trouble alimentaire pédiatrique ou le trouble de l’oralité alimentaire, c’est… Les spécialistes disent que c’est une histoire de corps. Ça se ressent dans le corps. Le trouble du comportement alimentaire, c’est un facteur quand même psychologique. C’est défini comme une maladie psychologique. Donc ça, je ne saurais pas te dire parce que tu vois, c’est toujours souvent… Moi, je ne suis pas formée au TCA. Parce que ce n’est pas la même prise en charge que le trouble alimentaire pédiatrique. Ce n’est pas la même prise en charge, donc je ne voudrais surtout pas dire de bêtises. Je ne saurais pas te dire à quel âge ça peut commencer. Pour moi, il y a une notion de facteur psychologique et de rapport au corps. 

Après, le rapport au corps, on sait que ça peut commencer très jeune. Tu vois, il y a des études qui montrent qu’à partir de l’âge de trois ans, certains enfants ont déjà envie de changer certaines choses de leur corps. À partir de l’âge de six ans, tu as des petites filles qui voudraient être plus minces. Donc, ça peut commencer très jeune. Après, le diagnostic de maladie, entre guillemets, de pathologie, je ne voudrais pas dire d’erreur, sur le trouble du comportement alimentaire, je ne saurais pas te dire plus. Pour moi, c’est différent des troubles alimentaires pédiatriques. Ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas la même chose. 

Clémentine Sarlat : C’est intéressant ce que tu dis sur la notion de rapport au corps. Et on sait, c’est une maladie psychologique. C’est pour ça que je parlais de l’adolescence, parce que c’est là où il y a énormément de cas qui sont diagnostiqués et voir est-ce que en tant que parent, on peut se rendre compte chez un enfant qu’il y a déjà ce type de problématiques, mais j’imagine un enfant qui te dit je suis trop grosse, il y a déjà ça dans le… 

Solène Collin : En fait, tu vois, c’est marrant parce que j’en parlais avec mes collègues au cabinet, parce que quand on a des enfants de 7 ou 8 ans, tu vois, parfois on peut commencer à s’interroger. Et là, moi, j’ai un questionnaire au cabinet, quand on vient me consulter pour un trouble alimentaire pédiatrique, j’ai un questionnaire qui s’appelle Eating Attitudes, où je vais poser des questions du type : est-ce que tu aimes bien avoir le ventre vide? Et en fait c’est des questions que je vais poser et qui vont me permettre de dire, et bien là tu vois il y a peut-être des petits facteurs, je vais l’orienter vers une prise en charge TCA. 

Donc en fait nous on a un rôle, quand tu travailles dans les troubles alimentaires pédiatriques, bien sûr qu’on te pose la question des TCA et bien sûr que tu as une vigilance sur ça. Nous, on ne fait pas de prise en charge, mais en tout cas, on peut commencer à essayer d’aller détecter certains comportements. Et en tout cas, on a un rôle préventif dans le sens où ce qu’on dit, il y a des choses qui se rejoignent : Manger en famille, le rapport au corps, l’image corporelle, tout ça, ça fait partie de la prévention des TCA. Mais en tout cas, nous, aujourd’hui, dans les troubles alimentaires, c’est comme ça que moi, c’est comme ça que je fonctionne. 

J’ai un questionnaire pour les enfants un peu plus grands et où je vais me dire OK, là, attendez, je vous réoriente, que ce soit dans ces cas là. Parce que les TCA, attention, c’est quand même quelque chose qu’il ne faut pas prendre à la légère et il faut vraiment se faire accompagner par des gens qui sont formés. 

La régulation

Clémentine Sarlat : Est-ce que les enfants savent se réguler face à leur appétit? Ou est-ce que c’est à nous de dire stop? 

Solène Collin : Quand ils naissent, oui. À la naissance, oui. De manière innée, les enfants ont une compétence innée de régulation. Les bébés allaité, je pense que c’est l’exemple type. C’est souvent l’exemple qu’on prend. Oui, ils ont cette capacité de régulation. Certains ne l’ont pas, mais ça, on est dans des pathologies. Mais oui, ils l’ont. Et en fait, c’est tout leur environnement. Et donc forcément, les parents aussi, quelquefois, vont venir perturber cette régulation. Tu vois, nous, en oralité, on fait attention. C’est des parents, quelquefois, à qui on a dit il faut réveiller votre bébé pour qu’il mange. Attention, il faut qu’il prenne du poids. Et en fait, à un moment donné, le parent, légitimement, et puis peut-être parce qu’il y avait des besoins médicaux, il va prendre le pas sur cette compétence de l’enfant et il va intervenir. Et du coup, ça peut créer ça. 

Mais oui, de manière innée, l’enfant l’a. Et notre job de parent, un des jobs de parent, c’est de faire en sorte qu’il la garde le plus longtemps possible. Quelque chose dont nous, adultes, on est un petit peu… Un enfant, tu es capable… Tu vois, moi, je trouve ça super impressionnant. Un enfant, tu peux lui donner un magnum et qu’il ne le finisse pas. Un enfant qui est bien à l’écoute, tu lui donnes un cône glacé et il ne le finit pas parce qu’il a eu et il arrête. Je connais peu d’adultes qui savent faire ça. C’est plus difficile. 

Clémentine Sarlat : Moi je ne sais pas. 

Solène Collin : Moi non plus. Mais il y a des enfants, et surtout quand ils sont tout petits, comme ça, quand il n’y a pas eu encore… Mais un enfant naît vierge de toute conception autour de l’alimentation, de tout en fait. Et c’est nous par notre environnement. Après, bien sûr que ça, c’est ce qu’on se dit, c’est la théorie. Mais il faut aussi prendre conscience qu’on vit dans une société malheureusement extérieure qui est quand même obésogène. Enfin, tu vois, ça, c’est reconnu qu’on est exposé à de la nourriture tout le temps, partout, plutôt de la malbouffe. Il y en a partout. Les enfants sont ciblés sur ces produits-là. Et donc, du coup, forcément que le parent doit avoir un rôle d’un peu de contrôle.

Ça serait mentir que de dire non, parce que malheureusement, la société dans laquelle on est venu ne nous donne pas trop le choix. Maintenant, il faut réussir à le faire. De façon la plus efficace et la moins perturbatrice possible et c’est ça qui n’est pas simple. 

Clémentine Sarlat : C’est ce que j’allais te dire, c’est vrai que moi je suis totalement dans ce que tu disais au début dans la première question où on a tellement de connaissances autour de la malbouffe, de ce qui est bon, moi c’est pas du tout par rapport au corps mais plus le sucre sur le cerveau, sur le microbiote, tout ce qui est pour la santé finalement de manière générale, que des fois c’est dur d’être face aux demandes de nos enfants qui sont légitimes et qui te renvoient en plus à toi quand tu étais enfant où tu bouffes. On fait partie de la génération plus grande qui a bouffé que des plats industriels. 

Solène Collin : Ouais, céréales au petit-déjeuner, tout ça. 

Clémentine Sarlat : Et donc tu dis, j’en suis pas morte, j’aime pas cette réexpression, mais c’est vrai, ça a été, donc pourquoi est-ce que je veux autant contrôler mes enfants, mais en même temps, les perturbateurs endocriniens, mais en même temps, vraiment tous les additifs qui sont mauvais pour la santé dans les trucs d’enfants. On sait aussi que c’est mal contrôlé. Finalement, qu’il y a chez les enfants. C’est comme tu dis, il y a tellement d’informations, des fois on est là… Je voudrais contrôler parce que je veux. 

Faire le mieux pour mon enfant et comment je fais pour pas lui passer ce stress de la nourriture. 

Solène Collin : C’est ça qui est pas simple. Mais déjà, tu vois, moi je dis souvent, déjà ton enfant il te voit toi. Tu vois, l’éducation c’est pas que ce qu’il ingère, c’est aussi toi. C’est aussi toi, il te voit toi, ce que tu manges, ce que tu cuisines, ce que tu as dans tes placards. Déjà, parce que déjà si t’en achètes pas, ça aide un petit peu. Voilà. Ce que t’as dans tes placards, comment toi tu te comportes face à ton alimentation, ce que tu… Enfin, je veux dire, moi je trouve, après ça c’est mon avis, je trouve ça plus chouette en matière de prévention d’alimentation équilibrée, de parler de tout ce qu’on peut ajouter, plutôt que de tout ce qu’on peut supprimer. 

Après c’est manière, peut-être que d’autres gens font différemment et heureusement il y a tout, mais plutôt que de dire « mange pas ci, mange pas ça », moi je préfère dire « mais regarde, ça c’est super chouette, on s’amuse en faisant ça », et de montrer à l’enfant tout ce qu’on peut ajouter qui est super, et c’est beaucoup plus attrayant. La prévention par la peur, je n’y crois pas trop, ça ne marche pas. Et le contrôle sur les enfants, ça donne en général l’effet inverse. Je trouve ça mieux d’être soi, un modèle pour ces enfants. L’activité physique aussi, on parle beaucoup d’alimentation, mais je pense que l’activité physique a un grand rôle à jouer. L’image corporelle positive. 

Et tout ça, je suis convaincue que même en mangeant, quelques petites choses qui ne sont pas top, on va réussir à en faire un adulte qui plus tard aura peut-être exactement la même façon, pensez-toi, voire plus évoluée, on est peut-être une génération un peu transitoire, tu vois, et il va y aller. 

Et ce n’est pas parce qu’il aura mangé trois barres de chocolat qu’il ne va pas aller vers ça quand il aura la trentaine. Donc, moi je dis que l’éducation alimentaire, tout ça, ça ne se résume pas à ce que notre enfant ingère. Donc bien sûr, il faut avoir un certain contrôle par ce qu’on a dans les placards, par ce qu’on met dans l’assiette de nos enfants. Maintenant, si ton enfant a un goûter d’anniversaire, ce n’est pas grave. Ça va aller et on va l’amener. 

Et je me dis, on est en train de… Pour moi, c’est une construction, c’est un processus, on y va là. On a toutes les connaissances et on est en train d’y aller. Et je pense qu’en transmettant, en tout cas, tout ce qu’on peut ajouter, c’est peut-être un petit peu plus, pour un enfant, plus persévéré. Et puis on peut parler de nutrition à son enfant. Tu vois, plutôt que de dire que c’est bon pour la santé, dire les légumes rouges, le microbiote, tu parlais du microbiote. Je parlais à un gastro-entérologue, parler des petites bébêtes dans le ventre, de dire qu’il faut manger de telles couleurs pour nourrir. On peut parler nutrition à un enfant autrement que par ne mange pas ci, c’est mal, ne mange pas ça. Je pense qu’on peut faire de la prévention d’une autre façon. 

Clémentine Sarlat : C’est Julien Scanzi dont tu parles, je l’ai interviewé aussi, il parle de cette méthode où il dit nourrir les bonnes bêtes et c’est ce que je fais avec mes enfants, elles adorent, elles me disent à maman là je nourris mes bonnes bêtes.

Solène Collin : Exactement. Mais tu vois c’est génial, tu vois je trouve que c’est dix fois plus efficace que dire mange pas ça c’est mal tu vois. Puis on peut pas, l’enfant en plus il est dans une construction et puis tu vas lui expliquer à quoi servent les aliments, tel aliment il sert à ça, ça, ça dans ton corps, tel aliment il t’apporte juste ça. Ça, c’est pour plaisir. Ça, c’est… Ouais, faire les courses avec son enfant, lui apprendre à cuisiner. Donc, au final, moi, je suis assez convaincue que de manière… Un parent qui est sensibilisé à ça, il va réussir. Enfin, vous allez y arriver. Moi, j’en suis sûre. Tu vois, j’en suis sûre parce qu’un parent qui est sensibilisé, il agit d’une certaine façon, il remplit ses placards d’une certaine façon. 

Et donc, il va réussir à amener son enfant sans avoir besoin forcément de tenir un discours via un PowerPoint, en 15 slides. Tu vois, je pense qu’il n’y a pas besoin. 

Clémentine Sarlat : Est-ce qu’il y a des enfants qui sont plus sensibles à la satiété ou à être plus sensibles à faire une crise d’hypoglycémie, je ne sais pas si j’utilise le bon terme, mais s’ils n’ont pas mangé, le comportement est exacerbé et d’autres tiennent mieux sur la durée? Est-ce que ça c’est chacun déjà dès l’enfance différent? 

Solène Collin : Après, tu sais, il y a ce qu’on appelle notre organisme. En fait, l’alimentation, c’est un apprentissage. Donc en fait, ton corps, petit à petit, ça c’est les chercheurs qui ont prouvé, il apprend à manger telle quantité et il sait très bien qu’il va tenir tant de temps, etc. Donc après, il y a peut-être des enfants, je ne sais pas, il y a peut-être des enfants, tu vois, qui ont un peu plus de mal à dire, il faut que je mange telle proportion, ça va me tenir tant de temps ou qu’ils vont manger, qu’ils vont avoir besoin. Certains enfants ont besoin de manger plus fréquemment, mais comme certains adultes, évidemment. Il est tout à fait possible d’ajouter des collations dans l’alimentation d’un enfant. 

Il y a des enfants qui vont manger des grosses quantités et qui vont tenir jusqu’au bout et d’autres, les grosses quantités, ils n’y arrivent pas. Parce que peut-être qu’à ce moment-là, ils ont envie de bouger parce qu’ils n’y arrivent pas. On peut très bien ajouter des collations dans l’alimentation d’un enfant, mais c’est toujours à l’initiative du parent. Tu vois c’est pas l’enfant qui va venir te dire j’ai faim et toi tu lui donnes, c’est plutôt le parent qui va se dire ok mon enfant il a toujours faim à 10h, il dit déjeuner, il a toujours faim à 10h le week-end, bon bah vas-y je mets une collation et je propose quelque chose qui est nutritionnellement intéressant. Donc ça c’est possible. 

L’interoception

Après il y a en fait ce que tu dis, la faim, la satiété, ça fait partie d’un sens, c’est l’interoception. 

Et l’interoception c’est un de nos sens. Pour l’instant on le cherche parce que moi ça m’intéresse énormément aussi ce sujet là. Mais c’est très difficile à étudier vu que c’est à l’intérieur. Et je suis encore à la recherche d’articles d’études sur ça. Mais ces sentiments de satiété, c’est vraiment quelque chose d’intéressant. Ça veut dire que quand ton enfant mange, On parle beaucoup aujourd’hui, après, on a des repas, mais à l’alimentation en pleine conscience, à essayer de manger lentement, à mâcher, tu vois, quelque chose. Apprendre à son enfant à manger un peu lentement, à mâcher, à proposer des aliments qui se mâchent, parce qu’aujourd’hui, nos enfants mangent énormément de choses molles. Il n’y a plus de mastication. Or, on sait que la mastication apporte de la satiété. 

A dire à son enfant, est-ce que ton ventre, il est plein ou pas? Est-ce que ça gargouille ou pas? Donc, tu vois, je pense qu’on peut avoir un apprentissage d’être à l’écoute des sensations. Vraiment. Après, te dire si certains enfants le font plus. Certainement, parce qu’on est tous différents aussi. Voilà. 

Clémentine Sarlat : J’ai une dernière question. Comment on fait si le repas est très problématique à l’école et où on n’a pas la maîtrise, on n’est pas là, on ne peut pas accompagner et ça crée un contexte difficile pour l’enfant? Qu’est-ce qu’on peut mettre en place? Est-ce que c’est autorisé à l’école d’intervenir en tant que parent, d’avoir ce lien? Comment ça se passe pour ces enfants-là? 

Solène Collin : C’est sûr que quand t’as un diagnostic, c’est plus simple. Parce qu’il faut savoir que les enfants pour qui le repas à la cantine, ça peut être certain, ils développent une vraie anxiété par rapport à ça. On peut mettre en place des PAI avec les médecins, les pédiatres. Donc tu vois, au même titre que les enfants qui sont allergiques, on peut le faire la même chose pour des enfants qui ont des troubles alimentaires pédiatriques, c’est tout à fait possible. 

Se sentir libre d’en parler avec son médecin ou son pédiatre ou avec un professionnel. On peut parler avec l’école. Moi je crois qu’il faut parler avec les écoles. 

Je pars toujours du principe qu’ils sont de notre côté, que moi j’ai beaucoup demandes de formation, tu vois, de gens qui interviennent auprès des enfants et qui sont embêtés parce qu’ils se disent mais moi j’ai des enfants dans mon groupe, ils mangent pas, je sais pas quoi faire, pas comment réagir. Et quand le parent arrive en disant, on est conscient, voyez ce qu’on a mis nous en place, on travaille sur des petites activités, on travaille sur la découverte, on travaille sur tout ça, quand on transmet toutes ces infos au personnel de l’école, je suis sûre que c’est possible. Et après, voilà, si vraiment ça coince énormément, on peut prendre rendez-vous. Moi je dis aux parents, prenez rendez-vous avec la directrice, prenez rendez-vous, il faut parler avec eux, il faut communiquer. 

Et si vraiment ça coince et que ça ne marche pas, on a le recours du PAI, toujours avec l’accord des professionnels de santé et surtout du médecin et du pédiatre. Mais il y a des solutions qui existent. En tout cas, c’est sûr. Moi, je suis sûre si votre enfant est en pleurs. Moi, j’ai déjà eu des cas, ça fait mal au cœur. Ne laissons pas un enfant pleurer à la cantine. Non, trouvons des solutions. Et moi, ça m’arrive de rédiger des courriers. De rédiger des courriers pour dire que ça serait bien de mettre ça en place, de rédiger des courriers pour les établissements scolaires, de proposer aussi d’accompagner le parent en rendez-vous s’il y a besoin. Parce que tu sais, on a toujours tendance à dire que les parents sont un peu trop inquiets, que quand c’est un professionnel extérieur, c’est un peu différent. 

Non, bien sûr, il faut faire des choses. Il faut que ces temps de repas soient sources de plaisir si on veut avancer. Ça, c’est hyper important. 

Clémentine Sarlat : À la maison et à l’école. 

Solène Collin : Le plaisir. Exactement. Et pour vous aussi. Et pour nous également. Oui, pour nous, manger, il ne faut pas que ça devienne… Manger avec ses enfants, c’est chouette, c’est trop bien. On est à table, on partage. Et sincèrement, il a mangé trois haricots verts au lieu d’en manger dix, ce n’est pas très grave, on avance. Si en vous avez toute l’éducation, vous avez toute l’info, vous êtes dans le jeu, dans l’imaginaire, vous êtes prêt à accompagner votre enfant. 

Moi, je dis toujours, si votre enfant avait du mal à écrire, par exemple, les parents accompagnent en séance de psychomotricité pour écrire, ils sont patients. 

Avec l’alimentation, c’est pareil. On a cette espèce de volonté que ça soit inné. L’enfant est né, il mange varié, les petits céréales, il mange son assiette parfaite. Mais non, parce qu’on sait tout ce qu’on veut. 

Donc, en fait, on veut, on a cette espèce de volonté d’un prototype parfait. 

On veut que notre enfant soit dans cette espèce de perfection. Mais ça ne marche pas comme ça. L’éducation est un apprentissage et prenons du plaisir à le faire. Et si vous avez toutes les ressources en vous, je suis convaincue que vous allez y arriver. Même si votre enfant a mangé une petite barre chocolatée, ce n’est pas grave, on y va. Du positif, du positif. Tu vois, j’ai un collègue qui travaille justement avec des adultes sur les TCA. Malheureusement, Dans les TCA à l’âge adulte, dans les consultations, l’enfance revient tout le temps. L’enfance est hyper importante. Donc construisons des expériences positives autour du repas pour nos enfants. 

C’est franchement important et c’est ça qui fera que quand ils auront 30, 35 ans ou même avant, ils auront envie de cuisiner, d’aller explorer, de s’informer aussi pour que eux, leurs futurs enfants, tu vois. Je pense que ça c’est super important pour l’avenir. En fait, il faut avoir une vision à long terme plutôt qu’à court terme. Je souhaite qu’ils mangent ces 135 grammes de légumes verts. Même si c’est important aussi, mais tu vois. 

Clémentine Sarlat : Merci beaucoup Solène pour toutes ces informations, c’était passionnant. 

Merci à toi et on te retrouve sur ton site, t’es en consultation, on t’invite vers Toulouse. Tout le monde n’invite pas vers Toulouse, mais si jamais. 

Et puis c’est un super compte Instagram où il y a plein de petites astuces trop chouettes à mettre en place. Merci beaucoup Solène. 

Solène Collin : Avec plaisir, bonne journée. 

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