Épisode 180 – Comment donner une éducation financière à nos enfants ? Morgane Dion

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Je me suis toujours demandée comment je parlerai d’argent à mes enfants.

Le sujet est complexe parce qu’il touche à l’émotionnel, à notre éducation, à nos croyances.

Ce qui est sûr, c’est que ces thèmes ne sont pas abordés dans le cursus classique et ils sont pourtant primordiaux.

Si vous êtes une femme et que vous écoutez cet épisode, vous avez, aussi, surement intégré bon nombre de croyances quant à votre capacité à gérer de l’argent, tout ça hérité de notre société patriarcale.

Pour donner du pouvoir à nos enfants face à l’argent et à nos petites filles notamment, cela passe par le fait de connaître le système dans lequel on vit, de connaître les notions fondamentales de gestion de l’argent.

Dans cet épisode, Morgane Dion, cofondatrice de Plan Cash, média dédié aux femmes et aux finances, nous explique les fondamentaux pour transmettre des connaissances adéquates à nos enfants et à nous-même au passage.

Je vous souhaite une très bonne écoute.


LES LIENS UTLIES

Plan cash : 
La newsletter gratuite
Les formations

Les études :
Étude Pixpay – ARGENT DE POCHE & INÉGALITÉS FILLES / GARÇONS
Le Monde – Créer son entreprise, un parcours de combattante : « J’étais dans l’injonction de la réussite sur tous les tableaux », par Marie Charrel
Le Monde – Les « mompreneures », ces mères qui quittent leur emploi pour créer leur entreprise : « Il y a des mois où je ne gagne que 800 euros, j’en ai des nœuds à l’estomac », par Célia Laborie


TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

Clémentine Sarlat : Salut Morgane. 

Morgane Dion : Salut. 

Clémentine Sarlat : Je suis ravie de te recevoir dans ce podcast. On va parler aujourd’hui d’éducation financière et je pense que c’est un thème ultra important dans notre société et surtout envers les femmes et les petites filles notamment. Mais d’abord, pourquoi est-ce que toi et Léa Lejeune, vous avez créé la newsletter Plan Cash (qui va devenir autre chose un peu plus grand après) ? 

Morgane Dion : Oui, effectivement. Donc Plan Cash, ça a deux ans maintenant. C’était à l’origine une newsletter écrite par mon associée Léa. Moi, de mon côté, j’avais lancé une plateforme de formation aux questions financières à destination des femmes. Et très rapidement, dans nos projets respectifs, en fait, on s’est rendu compte qu’on poursuivait le même objectif qui était d’amener plus de femmes à investir financièrement et du coup à accroître leur pouvoir économique et financier. Et par là aussi, leur indépendance et leur liberté. Et donc très rapidement, on s’est rendu compte qu’on le même combat et qu’à deux, on serait certainement plus fortes, on irait certainement plus loin ensemble que séparément. Et donc, on s’est associés et aujourd’hui, Plan Cash, c’est une plateforme d’éducation financière qui passe par plusieurs piliers.

Il y a effectivement toujours la newsletter qui est gratuite et qui fournit énormément d’informations, qui permet vraiment de prendre du recul sur les sujets, etc. On a une plateforme de formation en ligne avec des expertes (Léa et moi aussi on intervient bien sûr) qui abordent des sujets très pratiques de comment tu gères un budget, comment tu négocies ton salaire, comment tu investis en bourse, comment t’investis dans l’immobilier, etc.

Et oui, pourquoi est-ce qu’on a amené ça? C’était différent pour Léa et moi. Léa, elle était journaliste économique et donc elle s’est rendue compte qu’il y avait une vraie différence dans la manière dont on parlait d’argent aux femmes, notamment dans les médias traditionnels mais aussi sur les médias plus modernes comme les réseaux sociaux. Et donc elle en a eu un petit peu marre de faire partie de ce système un peu classique et masculin, et donc de créer un média séparé qui soit vraiment féministe et qui porte aussi un certain nombre de valeurs féministes et écolos, parce que l’argent aujourd’hui, on sait que ça finance, notamment l’argent dans nos banques, finance des projets qui ne sont pas forcément bons pour la société, donc il y a toute cette question aussi morale et de l’impact de notre argent. Et moi, à côté de ça, j’étais déjà coach en négociation salariale pour des femmes, et elles comme moi, parce que j’étais très dépensière, je me rendais compte qu’il n’y avait pas tellement que la question de gagner plus d’argent, c’est une vraie question, et on sait aujourd’hui que les inégalités salariales sont un vrai problème encore en France et à travers le monde. 

Je trouvais qu’il me manquait la phase d’après qui est « Ok, tu as appris à gagner plus d’argent, Qu’est-ce que tu en fais? Comment est-ce que tu t’en sers? Comment est-ce que tu fais pour qu’il ne reste pas juste sur ton compte à financer des entreprises que tu n’as pas du tout envie de financer? Et donc du coup, c’est pour ça que j’ai lancé cette plateforme de formation pour, à l’origine pour apprendre moi-même, et puis finalement permettre aux autres femmes d’apprendre ce que moi j’apprenais. 

Clémentine Sarlat : Juste toi, comment est-ce que tu es venue à devenir coach pour la négociation salariale, en tout cas de mettre un pied dans ce monde de la finance et d’aider les femmes? Parce que ce n’est pas une carrière forcément très typique, parce qu’on le sait, il y a une grosse disparité entre les hommes et les femmes dans le monde de la finance. 

Morgane Dion : Et ce n’était surtout pas une carrière que j’étais destinée du tout à avoir ! Moi, je viens d’un milieu très différent, je viens de la sécurité et de la défense, donc rien à voir avec la finance et ce que je fais aujourd’hui. Et en fait, c’est un petit peu par hasard que je suis arrivée là-dedans parce qu’il s’est avéré que j’étais très bonne pour négocier mon salaire. J’avais appris un petit peu sur le tas, parfois par erreur. J’avais fait des erreurs bien heureuses qui m’avaient permis de gagner plus d’argent que ce que j’avais prévu. Et donc, petit à petit, je me suis dit que ce que j’ai appris dans les livres, ce que j’ai appris par mon expérience personnelle et aussi en discutant avec d’autres femmes et en partageant nos petits conseils, je me suis dit :  “en fait, je ne vais pas les garder que pour moi, je vais partager” parce que ça n’a pas tellement d’intérêt qu’une seule femme gagne plus d’argent. Ce qui est intéressant, c’est qu’un maximum de femmes gagnent plus d’argent. Et donc, c’est comme ça que j’ai lancé petit à petit les formations. 

Clémentine Sarlat : Je trouve ça génial de me dire qu’aujourd’hui, c’est un sujet qu’on assume en tant que femme. Parce que c’est vrai qu’il y a ce tabou qui est là et dire : “moi j’assume, je gagne de l’argent, j’aime l’argent”. Juste de dire : “j’aime l’argent”, je crois que ça fait vraiment sale dans la bouche d’une femme, malheureusement dans notre société. Alors qu’on s’en fout complètement quand c’est un homme, on trouve ça hyper valorisant. 

Morgane Dion : Oui, c’est même, au-delà qu’on s’en fiche, c’est carrément quelque chose que les hommes sont censés rechercher et sont censés atteindre. Alors que nous, les femmes, au contraire, quand on a une réussite financière, on n’est surtout pas censé le montrer. Il y a plein d’exemples. Moi, il y avait un exemple qui m’a énormément marquée. Il commence à remonter un petit peu, je crois qu’il date de 2018 maintenant, mais c’était l’américaine Alexandra Ocasio-Cortez. Elle venait juste d’être élue de mémoire en 2018. Du coup, elle faisait des plateaux télé pour expliquer un petit peu ses politiques sociales et qu’elle voulait mettre en place, etc. Elle avait fait un plateau télé et elle portait une robe qui faisait un peu luxueuse. Qui en soi n’était même pas si luxueuse que ça, je crois que de mémoire ça avait coûté quelques centaines de dollars, ce qui n’est pas non plus complètement hallucinant, et qui avait des petits sequins et donc ça brillait un peu, etc. Et le lendemain de son passage à la télé, la plupart des médias qui ont parlé de ce passage télé, en fait, ont fait une fixette sur le fait qu’elle portait une robe luxueuse qui avait probablement dû coûter les yeux de la tête. Et donc, comment est-ce qu’on pouvait lui faire confiance pour mener des politiques publiques et sociales pour le pays si elle n’était même pas capable de dépenser son argent avec parcimonie, etc.

En fait, ça m’avait fait halluciner parce que je n’ai jamais vu un article de presse épingler un mec qui a fait un plateau télé avec une Rolex ou avec un costard qui coûte plusieurs milliers de dollars ou d’euros. Ça, c’est hyper symptomatique de la manière dont on perçoit les dépenses des femmes et des hommes. C’est hyper injuste parce qu’aujourd’hui, les études le prouvent, les femmes ne dépensent pas de manière plus inconsidérée que les hommes. Les grosses dépenses sont autant pondérées chez les hommes que chez les femmes. 

Clémentine Sarlat : Oui, c’est les clichés qui collent à la peau de la femme vénale qui est dans une relation avec un homme simplement pour lui prendre son argent et aller faire du shopping toute la journée. Bref. Il vient d’où ce tabou, par contre, autour des femmes ? Est-ce que ça vient à l’âge adulte ou c’est vraiment un truc plus pernicieux qui vient depuis l’enfance? 

Morgane Dion : Alors, je vais mettre les pieds dans le plat, mais je vais dire un gros mot, mais c’est le patriarcat. Pourquoi? Parce qu’aujourd’hui, avoir des femmes qui se désintéressent de la question de l’argent, qui sont maladroites avec ou qui n’en ont pas, en fait, ça ne rend service à personne d’autre qu’au patriarcat. Ça maintient les femmes dans une dépendance économique et financière, et donc ça les maintient dans des relations toxiques, que ce soit au travail ou dans leur couple. Et donc, c’est tout ce système-là qui s’est mis en place au fil des siècles. Il n’y a encore pas si longtemps que ça, les femmes étaient considérées comme “incapables majeures” dans les textes de loi français. C’était littéralement la formulation. Et puis, c’est vrai que tout ça transparaît aussi dans la pop culture. Moi, j’aime bien prendre ces exemples parce qu’ils sont très parlants.

On le voit dans les films ou dans les livres. Alors, je prends toujours l’exemple de Carrie Bradshaw qui ne peut pas acheter d’appartement parce qu’elle a acheté trop de chaussures, par exemple. Je prends aussi l’exemple de Penny dans Big Bang Theory, les personnes qui étaient fans de cette série dans les années 2000, qui dépense tout son argent en fringues et qui du coup n’a même pas de quoi payer Internet ou de la nourriture et qui va piquer ça chez ses voisins, etc. Et en fait, il y a toute cette idée aussi, et tu le mentionnais, la femme vénale qui va chercher à marier un homme riche pour utiliser tout son argent, elle dépense, etc. Il y a cette idée qu’une femme qui dépense de l’argent, ça serait sexy. Tous les personnages que je t’ai cités, tous ces exemples-là sont des femmes qui sont sexy. Alors, aux yeux de qui? Aux yeux des hommes. Mais du coup, on est censé vouloir être ces femmes-là parce que le fait de ne pas savoir gérer son argent, c’est mignon, c’est sexy, etc. Mais ne pas gérer son argent ou ne pas avoir d’argent, ça n’a rien de mignon. Je pense que toutes les personnes qui se sont retrouvées en dèche à la fin du mois savent à quel point ça n’a rien de sexy du tout. 

Clémentine Sarlat : On est bien d’accord, je pense que c’est fantasmé dans les séries américaines, mais la réalité, elle est bien plus difficile que ça autour de l’argent. Nous, en tant que parents, qu’est ce qu’on peut mettre en place en premier pour commencer à épargner de l’argent pour nos enfants ? 

Morgane Dion : Alors déjà, il faut faire une différence entre épargner et investir. Ce sont deux choses différentes. L’épargne, ça va plutôt être des choses pour du temps court, là où de l’investissement va plutôt rechercher du temps long. Donc, ça va beaucoup dépendre des projets que vous voulez mener avec vos enfants. Ça va dépendre, je ne sais pas, est-ce que c’est pour les aider à démarrer dans la vie en faisant un investissement immobilier? Est-ce que c’est leur payer leurs études? Est-ce que c’est leur permettre, quand on a un ado, de mettre un peu d’argent de côté pour s’acheter, je ne sais pas, la fringue qu’ils veulent ou le nouvel ordinateur portable ou que sais-je ? Donc tu vois, en fait, c’est vraiment des projets qui sont très différents et qui, du coup, en fonction de leur temporalité, ne vont pas amener à mettre en place forcément les mêmes mécanismes. L’épargne ça va être des supports sur lesquels on veut que l’argent soit mobilisable très rapidement, ça va être des livrets par exemple. Or ce sont des supports qui sont très peu rémunérateurs et qui en tout cas ne sont pas aussi rémunérateurs que l’inflation, qui je crois est autour de 4,6%, alors que tu vois le livret en fonction des variations c’est 2-3%, donc on est en dessous. Quand tu mets 10 euros sur un livret, l’année prochaine, ces 10 euros-là ne te permettront pas d’acheter la même chose qu’aujourd’hui, et encore moins dans 10 ans.

Donc tu vois, en fonction de ce que tu veux faire, tu ne vas pas forcément choisir un livret. Là où quand tu as un projet à long terme, tu peux du coup éventuellement te dire, tu peux prendre un peu plus de risques et faire de l’investissement. Donc par exemple, ça peut être un support qui a beaucoup de succès, ça va être l’assurance vie par exemple. Tu investis sur les marchés en bourse via l’assurance vie. L’intérêt c’est quoi? C’est de te dire que ton argent, il va fructifier. Alors c’est prendre un risque, donc tout ce que je dis là n’est pas du tout du conseil d’investissement, je n’ai pas du tout le droit de dire aux gens ce qu’ils doivent faire, déjà parce que ce n’est pas mon métier, je le précise, et aussi parce qu’il faut prendre en compte beaucoup d’aspects de la vie personnelle et financière comme le budget, les revenus, les dépenses, la santé du compte en banque, etc. L’intérêt de l’investissement, c’est de te dire que tu vas faire fructifier cet argent pendant des années.

Donc, par exemple, si ton enfant est très petit et que tu te dis « j’ai envie de mettre de l’argent pour qu’à 20 ans, l’enfant puisse peut-être faire un tour du monde ou bien financer un apport pour acheter un appartement, pour faire un investissement immobilier, etc.», tu peux peut-être éventuellement plutôt te tourner vers un support d’investissement qui va faire travailler ce qu’on appelle les intérêts composés.

Les intérêts composés, c’est le fait que ton argent gagne des intérêts, par exemple disons que la moyenne du marché est à 8%, ce qui en fait n’est pas du tout déconnant sur un long terme c’est même une moyenne, donc par exemple tu vas gagner 8% sur tes 100 premiers euros, donc tu vas gagner 8 euros en plus. Ensuite le mois suivant, même si tu rajoutes rien, tu vas à nouveau gagner 8%, mais non plus sur 100 euros mais sur 108 puisque tes 8 euros gagnés seront accumulés sur les 100 euros. Donc, c’est un petit peu l’argent qui fait des bébés si tu veux. 

Et ça, ça a une force incroyable. Je te donne un exemple : j’ai une fille qui a 9 mois et demi aujourd’hui et à qui on a ouvert une assurance vie. Donc, c’est un support d’investissement qui devient très intéressant au-delà de 8 ans parce qu’il y a une fiscalité qui est abaissée sur les plus-values à partir de 8 ans. Et donc, nous, on sait qu’on va lui laisser cette assurance vie au moins une vingtaine d’années. Si ce n’est plus, après, si elle veut le garder. Et donc, on a fait une simulation. On a ouvert l’assurance vie avec 1 000 € de départ. Donc, on l’avait accumulé au fur et à mesure depuis le début de ma grossesse. Et tous les mois, on ajoute 100 € dessus. Donc, 50 € chacun, mon conjoint et moi.

Et on a calculé, en théorie, si elle le garde ouvert et que les intérêts sont en moyenne de 8%, elle sera millionnaire à 52 ans. Pour un investissement en capital de notre part de 60 000 euros. C’est incroyable cet effet-là.

Donc pour répondre à ta question, ça va vraiment dépendre des projets que tu as pour ton enfant, quel âge l’enfant a et qu’est-ce que tu veux en faire. 

Clémentine Sarlat : C’est intéressant ce que tu fais comme distinction entre le fait d’investir ou d’épargner, qui n’est pas du tout la même chose, pas le même objectif et pas la même rémunération au final. Donc si on veut pouvoir mobiliser de l’argent plus rapidement ou en tout cas le sortir quand on en aurait besoin, il vaut mieux épargner et si jamais on veut faire sur du très long terme parce qu’on a une stabilité financière qui peut nous le permettre, il vaut mieux qu’on aille investir dans des produits pour donner plus tard un pécule qui est assez conséquent à notre enfant et … 

Morgane Dion : Je suis désolée, je me permets parce qu’il y a quand même un point important que je n’ai pas évoqué. Mais le fait d’épargner ou d’investir pour son enfant, il y a quand même un point très important, c’est que si on le fait au nom de l’enfant, donc par exemple tu ouvres l’assurance vie au nom de l’enfant, c’est un avantage. Par exemple, l’assurance vie, si tu verses l’argent, c’est que tu t’évites en fait les frais de succession sur ça puisque ça appartient à l’enfant. Ça ne t’appartient pas à toi et tu ne vas pas pouvoir le transmettre. Ça appartient à l’enfant. Donc, c’est quand même un avantage non négligeable. 

Mais le deuxième point qui est très important, c’est qu’à partir du moment où tu ouvres un support, que ce soit un livret ou que ce soit un autre produit d’investissement à long terme au nom de l’enfant, alors ça appartient à l’enfant et tu n’as pas le droit de venir piocher dedans. Donc c’est hyper important aussi d’avoir cette base financière pour soi-même, pour son couple et son foyer. Il faut absolument que l’argent que tu verses à l’enfant soit en épargne, soit en investissement, ne soit pas de l’argent dont tu as toi-même besoin à court terme. 

Éventuellement, c’est de l’investissement que tu peux être prêt à perdre. Les marchés, même s’ils rebondissent toujours, on ne peut pas présager de ce qui va se passer par rapport à ce qui s’est passé dans le passé. Mais voilà, encore une fois, attention, si tu pioches dans l’épargne ou dans l’investissement de tes enfants, c’est considéré comme du vol. Et donc, les enfants peuvent se retourner éventuellement contre toi. 

Clémentine Sarlat : Donc là, si on a décidé d’investir à long terme…  J’ai une question qui touche plus la morale par rapport à l’éducation. Il y a des parents sûrement qui vont être freinés par cet investissement en ayant peur de donner un départ dans la vie pro à leurs enfants un peu trop confortable et qui pourrait les empêcher d’aller trimer un peu ou en tout cas d’aller faire les efforts nécessaires pour gagner leur propre argent. Qu’est-ce qu’on peut faire dans ces cas-là pour voir cet investissement comme quelque chose qui va être un tremplin et pas un fardeau au final? 

Morgane Dion : Ce qui est intéressant c’est que je me pose la question de : “qui sont les parents qui pensent ça?” et je pense que c’est beaucoup plus des femmes qui vont avoir ce rapport à la valeur de l’argent. Parce que c’est lié à notre éducation aussi et les femmes représente beaucoup plus ce qu’on appelle – c’est un schéma – qui s’appelle les under-earners. Ce sont des personnes qui ont tendance à penser qu’il y a une noblesse dans la pauvreté, qu’on peut être capable de travailler pour le sens plus que pour l’argent, etc. Et en fait, on retrouve essentiellement plutôt des femmes là-dedans parce que justement, c’est celles à qui on a appris qu’elles n’étaient pas censées avoir d’argent, etc. Donc déjà, le premier point, c’est qu’à mon avis, ce rapport-là, il est beaucoup plus présent chez des mamans que chez des papas. C’est le premier point. 

Le second, c’est là tout l’intérêt. En fait, l’argent, qu’est-ce que c’est ? C’est une valeur. L’argent à la valeur qu’on lui accorde. 100 euros pour moi n’a pas la même valeur que 100 euros pour une femme qui est dans une relation toxique, par exemple. 100 euros pour une femme qui est dans une relation toxique, c’est peut-être la capacité de sortir du foyer une nuit et d’aller dans une chambre d’hôtel pour échapper à un conjoint violent. 100 euros pour moi, c’est peut-être plutôt faire plaisir, aller dans un bon resto, faire une sortie sympa, tu vois. Donc en fait, il y a une valeur intrinsèque de l’argent qui est complètement différente selon les personnes et les situations. 

Et donc pour répondre à ta question, oui tu peux te demander si le fait d’offrir comme ça un petit pécule à tes enfants dès le départ dans la vie, est-ce que tu les spoiles pas un petit peu ? est-ce qu’ils vont vraiment avoir la valeur travail ? etc.

Mais toute la question c’est de te dire : cet argent, à quoi il sert? Quel est le projet que tu mets derrière? À mon sens, l’idée n’est pas forcément de créer un pécule juste pour créer un pécule. C’est plutôt de se dire (d’ailleurs, c’est pour ça que je te disais qu’il faut choisir son support d’investissement au départ, mais en fonction) si tes enfants veulent faire des études, pendant 20 ans, mettre un petit peu d’argent tous les mois de côté pour leur payer les études à 20 ans. S’ils veulent faire une école d’ingénieur ou de commerce, partir étudier à l’étranger, etc. Bon, c’est peut-être quand même les aider plutôt dans la vie, de leur permettre de faire des études. Et c’est aussi, pour toi, beaucoup plus simple que d’abord à mobiliser, je sais pas, le prix de l’école d’un seul coup au bout de 20 ans, alors que peut-être que tous les mois, ça t’aurait coûté, je sais pas, 10 ou 20 balles, et donc c’est beaucoup plus indolore. Et après, tu peux aussi inculquer à tes enfants. Tu as un pécule, mais tu vois, ce n’est pas juste leur inculquer comment tu dépenses ou comment tu épargnes ce pécule. C’est peut-être aussi leur inculquer justement quelle valeur ils vont mettre derrière. Peut-être que c’est leur inculquer comment ils peuvent donner ce pécule, comment est-ce qu’ils peuvent le partager. Peut-être que ton enfant a 20 ans et cet argent, peut-être qu’il voudra l’investir dans des ONG ou des entreprises à impact. Enfin, tu vois, tu peux en faire beaucoup de choses de ton argent. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Et toute la question est de savoir “qu’est-ce que tu enseignes à tes enfants jusqu’à ce qu’ils aient cet argent-là?”. C’est quoi les valeurs que tu leur enseignes autour de l’argent? 

Clémentine Sarlat : Qu’est-ce que tu veux transmettre comme idée autour de l’argent? Est-ce que c’est sale? Est-ce que c’est tabou? Ou est-ce que c’est quelque chose qui va te permettre d’avoir une vie agréable et épanouie et que tu vas pouvoir en faire ce que tu as envie?

Morgane Dion : Et à toi ou à d’autres personnes. Tu vois, quand je faisais du coaching en négociation salariale, je me retrouvais avec des femmes qui se sentaient un peu mal à l’aise à l’idée de demander plus d’argent parce qu’elles me disaient : “je vis correctement, je n’ai pas forcément besoin de cet argent”. Très bien, mais une fois que tu l’as gagné, tu pourras te poser la question, mais qu’est-ce que tu vas en faire? Peut-être que tu peux donner à des ONG, peut-être que tu peux donner à des associations de défense des droits des femmes, de l’environnement, pour soutenir les enfants, etc. En fait, la question c’est qu’est-ce que tu en fais? Et je pense qu’aujourd’hui, l’argent c’est une forme de pouvoir, soyons clairs, c’est une forme de pouvoir. On t’entend plus quand tu as de l’argent, on te voit plus quand tu as de l’argent et tu as plus d’impact quand tu as de l’argent. Et donc, ça peut être aussi une force de changement du monde. Et en fait, le fait de se dire : “non, je veux changer le monde sans argent” ou “je ne veux pas d’argent parce qu’il y a des mauvaises vertus”, etc. C’est prendre le risque de laisser l’argent dans les mains de ceux qui ne veulent pas l’utiliser pour changer le monde en bien. Ou c’est prendre le risque en tant que femme de le laisser dans les mains des hommes. 

Clémentine Sarlat : Je trouve que c’est hyper intéressant ce que tu viens de dire. Parce que parfois on oublie complètement que l’argent il est là, de toute façon. Donc autant que ça tombe dans les mains de quelqu’un qui va en faire une action positive, ou quelque chose de bon pour la société. Donc autant aller prendre votre part, allez-y, n’ayez pas peur parce que vous en ferez quelque chose de bien. J’aime bien cette façon de réfléchir, on oublie souvent ça au final.

Morgane Dion : Oui, souvent on apprend que l’argent c’est quelque chose de cher à acheter et à dépenser, alors qu’en fait ça peut aussi servir à soutenir, tu vois.

Clémentine Sarlat : Alors, en tant que parents, comment on fait pour éduquer nos enfants autour de l’argent? Ça passe par quoi? 

Morgane Dion : Alors, ça va vraiment dépendre déjà de l’âge de l’enfant. Je pense que déjà la première des choses hyper importantes, c’est qu’il faut mettre un cadre global. Ce cadre, il se met comment? Il se met en ayant des discussions. Donc, il faut avoir des conversations sur la question du budget, sur la question du travail, le fait d’apprendre que tu travailles pour gagner de l’argent, ce qui te permet d’acheter la nourriture, de payer le loyer, etc. Les basiques de l’argent, comment ça fonctionne. Les enfants, il faut savoir qu’ils ont une vision assez binaire de ce que c’est que l’argent. C’est soit t’es pauvre, soit t’es riche. Il n’y a pas tellement d’entre-deux pour eux. Et donc, c’est justement d’avoir ces conversations qui va aider à déconstruire un petit peu les idées préconçues et à expliquer le concept de l’argent. 

Et c’est tout ça qui va du coup aider à poser un cadre qui, ensuite, va permettre l’autonomie de l’enfant au fur et à mesure des années. 

Alors avant 4-5 ans c’est un peu compliqué, mais 4-5 ans c’est déjà le premier moment de l’éveil,, expliquer un petit peu que l’argent ça s’obtient en travaillant, qu’on en a besoin pour l’échanger contre des produits. Comprendre aussi qu’on ne peut pas tout acheter. Confronter les enfants à cet âge-là à leurs envies et leurs besoins, faire un petit peu la différence, comprendre aussi que tu ne peux pas forcément avoir tout ce dont tu as envie.

Donc ça c’est déjà le début de l’éveil, c’est aussi pour apprendre les basiques du concept de l’argent, jouer avec eux, à la marchande ou aux marchands, où tu vas avec du faux argent, tu vas acheter des petits fruits et puis des petits légumes et puis tu vois il y a cet échange en fait qui se met en place et ça déjà c’est une première base pour apprendre ce que c’est que le concept de l’argent.

Ensuite quand ils vont être un petit peu plus âgés, quand ils sont en primaire, en général c’est l’âge des premiers achats. L’âge moyen du premier achat en autonomie c’est 9 ans. C’est plus tôt que ce qu’on pourrait croire. Les enfants vers 6-7 ans, ils commencent à perdre leurs dents de lait. Ça va être aussi la question de l’épargne, parce que souvent dans les familles – pas toutes – tu as souvent cette question de la fée des dents ou de la petite souris qui vient échanger la dent contre un peu d’argent. Donc, du coup, ça va être les questions de leur enseigner l’épargne, tu vois, la question de la dépense instantanée versus la dépense plus importante plus tard.

“Si tu accumules trois dents, peut-être que tu pourras t’acheter ce ballon de football, alors que si tu dépenses tout de suite l’euro dans un bonbon, tu ne l’auras plus demain”. Il y a cette question aussi de la temporalité qui peut commencer à se mettre en place comme ça. La question, tu vas avoir un petit cochon dans lequel tu mets ton argent. Et puis l’aider ou l’accompagner quand tu vas faire les courses par exemple, tu vois, tu passes de jouer à la marchande pour de faux à tu payes. On sait que les enfants, ils aiment beaucoup ça au supermarché, tu sais, être celui qui donne l’argent à l’hôte ou à l’hôtesse de la caisse. Donc voilà, donc là, tu peux déjà avoir plutôt cette espèce en place. 

Et puis ensuite, à 10 ans, tu as le début de l’autonomie. Donc là, tu peux commencer à initier l’enfant au concept d’apprentissage budgétaire et expliquer un petit peu comment ça se passe à la maison aussi. Sensibiliser à la notion de limites et de choix. Tu peux commencer à expliquer un peu la question de la valeur méritocratique de l’argent, rappeler un petit peu le salaire, le travail, ce genre de choses.

Et puis ensuite, on passe aux adolescents, alors 14 ans, ça devient vraiment, on rentre dans l’autonomie vraiment à fond. C’est souvent un âge de rupture et donc du coup, l’enfant cherche un petit peu à se détacher de la dépendance à ses parents, y compris financière, et à faire ses propres choix, notamment de dépenses. C’est souvent un âge à partir duquel tu peux commencer à avoir une petite carte bleue, ce qui permet à l’enfant d’avoir aussi une sécurité autour de son argent, de faire des dépenses en ligne parce que les enfants et les adolescents surtout sont de plus en ligne et pas forcément en réel. Donc ça permet aussi d’avoir cette notion de l’argent numérique qui est un peu plus difficile à conceptualiser pour des enfants plus jeunes. Donc ça va vraiment beaucoup dépendre de l’âge de l’enfant. Et ce qui est hyper important, je m’arrêterai après dessus, mais ce qui est hyper important, c’est de faire attention à la charge mentale de l’éducation financière pour les enfants. Aujourd’hui, ça reste beaucoup les femmes qui assument ce sujet-là. C’est un sujet qui est encore largement plutôt géré par les mamans. C’est 7 femmes sur 10 qui gèrent le budget du foyer.

Et j’avais une étude d’un partenaire, avec qui on a travaillé, et dans leur étude c’était 73% des cartes bleues qui étaient commandées chez eux étaient commandées par les mamans. Donc voilà, il faut aussi avoir des conversations avec son conjoint et d’ailleurs c’est un bon exemple à donner à ses enfants, le fait que ce soit pas que la maman ou pas que le papa qui parle d’argent, de voir les parents parler d’argent entre eux aussi, c’est des choses qui vont favoriser leur bonne compréhension et puis aussi une éducation plus saine. 

Clémentine Sarlat : Est-ce que tu penses que le fait qu’aujourd’hui beaucoup de choses sont dématérialisées, on paie beaucoup en cartes, voire avec le téléphone, voire avec la montre pour certaines personnes, ça crée un rapport différent pour les enfants avec ce que c’est la notion de l’argent, puisqu’elle n’est plus visible. Donc pour eux, comme tu dis, ils ont une vision binaire, ça peut un peu paraître illimité, il y en a toujours puisqu’on ne le voit plus. 

Morgane Dion : Exactement. Mais cette notion-là un peu de “c’est illimité”, les enfants en bas âge l’ont… Moi, je me souviens de ma petite sœur – j’avais une dizaine d’années – ma petite sœur était vraiment petite, elle devait avoir peut-être quatre ans. Et je me rappelle de cette scène dans la voiture en sortant du supermarché où elle dit à ma mère, « on aurait dû acheter ça et on aurait dû acheter ça. » Ma mère lui dit, « Bah non, tu sais, on n’avait plus d’argent. » Et ma sœur qui disait, « bah, on aurait dû acheter de l’argent. » Du coup, tu vois, en fait, cette question… Et pourtant, à l’époque, il y avait moins ce côté dématérialisé parce que c’était il y a un bout de temps. Sans dire combien de temps. Et donc, ça a toujours été un petit peu présent. Mais oui, aujourd’hui, c’est d’autant plus régnant. Et donc, c’est pour ça que c’est important de commencer l’éducation financière au plus tôt chez ses enfants pour pouvoir passer d’abord par la phase matérielle et que du coup, quand vient la phase dématérialisée, il y a déjà une bonne compréhension, il y a déjà des bases sur le budget et sur l’épargne. Et puis aujourd’hui, ce qui est bien quand même, c’est qu’il y a de plus en plus d’acteurs de FinTech qui s’est créé justement pour accompagner les adolescents, où t’as une carte bleue, qui peut être d’ailleurs un petit peu contrôlée par les parents, mais t’as une application qui leur permet de bien visualiser ce qu’ils ont dépensé, enfin tu vois là c’est pas juste la carte bleue et puis débrouille-toi dans le monde, il y a quand même une forme d’accompagnement.

Et c’est important que les parents laissent l’autonomie à leurs enfants parce qu’il faut aussi – je parle plutôt de l’adolescent à ce stade-là, ou de l’adolescente – il faut aussi que l’enfant apprenne et puis fasse des erreurs. Il faut aussi se dire “tiens là j’ai tout dépensé dans un McDo, c’est dommage parce que je ne peux pas me payer le ciné avec mes amis, peut-être que j’aurais pu”. Donc il faut qu’il y ait un cadre par les parents qui forme un petit peu… Pas de contrôle, mais il faut garder un œil attentif. Il faut laisser l’autonomie et justement ces outils-là permettent de laisser cette autonomie en toute confiance. 

Clémentine Sarlat : L’argent de poche, c’est une bonne idée de le mettre en place tôt ou au contraire, il faut attendre un peu qu’il y ait justement cette éducation qui soit mise en place et que l’enfant ait plus d’outils pour pouvoir gérer ?

Morgane Dion : L’argent de poche, c’est un sujet qui cristallise pas mal les débats. Moi, je pense que l’argent de poche, c’est un bon outil pour faire expérimenter la réalité de l’argent, le travail mérite salaire, etc. Pour moi, c’est une bonne chose. Ça devrait se commencer… Je ne sais pas, autour de 7, 8, 9 ans, quelque chose comme ça. Après, la question, ce n’est pas tellement l’argent de poche en tant que tel, c’est comment est-ce que tu le mets en place. Justement, je te parlais de cette confiance. En fait, il faut partir du principe que tu donnes cet argent à ton enfant pour qu’il apprenne à s’en servir. Donc, l’idée, ce n’est pas de t’en servir à sa place. C’est de lui donner un petit peu des bonnes pratiques, des conseils, etc. Mais c’est ce que je disais, c’est de laisser l’enfant aussi expérimenter. Donc c’est bien d’avoir une espèce d’un peu de contrat. Alors tu peux avoir un contrat qui est écrit ou tu peux avoir un contrat qui est plus oral et moral. Mais tu peux avoir une espèce de contrat en place sur “ok bah moi je m’engage en tant que maman, en tant que papa, je m’engage à te donner tant, tous les x temps”. Par exemple les recommandations d’une expert qu’on avait fait intervenir, elle disait plutôt de donner de manière hebdomadaire avant 14 ans et puis mensuel après 14 ans, pou la gymnastique intellectuelle, que ça oblige l’enfant à faire en termes de gestion. Il faut privilégier plutôt l’argent de poche régulier. Il faut éviter l’argent de poche en échange de bonnes notes parce que ça n’inculque pas forcément la… C’est ce côté de “si tu réussis bien, tu auras de l’argent” bon, ce n’est pas forcément ce que tu veux inculquer à ton enfant en termes de valeur. Donc voilà, des petites choses comme ça qu’il faut mettre en place.

Et puis, il ne faut pas demander de comptes à ses enfants pour les dépenses. Mais par contre, une fois qu’il y a un cadre qui est en place, si tu mets en place un contrat, ce qu’on recommande vraiment, il faut quand même aussi que l’enfant, il sache que s’il sort de ce cadre-là, s’il sort de ce contrat-là, du coup, il y a une rupture de contrat. Et donc, du coup, on peut être amené à revenir sur ce qui avait été mis en place.

Donc, moi, je trouve que c’est une bonne idée, mais toute la question, c’est vraiment de comment est-ce que tu le mets. Et quand je disais, par exemple, le contrat, c’est, par exemple, préciser quels sont les achats interdits. Peut-être que ton enfant, tu lui vas dire dans le contrat “OK, le McDo, c’est une fois par mois. Évidemment, pas de jeu. Tu n’utilises pas ton argent pour des jeux d’argent, pour des achats qui ne sont pas de ton âge”. Ça peut être aussi dire si c’est forcément… si tu peux retirer de l’argent au distributeur ou si tu as le droit d’acheter en ligne ou pas. Qu’est-ce qui fait partie des dépenses qui sont prises en charge par l’enfant et quelles sont celles qui sont prises en charge par le parent? Parce qu’il y a peut-être des choses, il faut quand même que l’enfant sache à quoi est destiné son argent. Peut-être que ce n’est pas pour acheter le goûter de l’école et pour payer les voyages scolaires. Il faut que ce soit bien clair pour l’enfant que c’est le parent qui continue quand même à assumer cette dépense-là. C’est en ça qu’il faut bien cadrer quand même les choses et faire attention parce qu’on sait aussi aujourd’hui que les filles ont moins d’argent de poche que les garçons. Faut faire attention aussi à ça, notamment si on a plusieurs enfants et qu’on a des filles et des garçons. 

Clémentine Sarlat : C’est fou, j’avais lu cette étude, c’est significatif en plus quand même la différence. 

Morgane Dion : Oui, les garçons reçoivent 7,50€ de plus par mois en moyenne que les filles, ce qui représente à peu près 90€ par an. Pour nous, en tant qu’adultes, ce n’est pas énorme, mais à l’échelle de l’argent de poche d’un enfant, c’est beaucoup. Et puis surtout, ce qui est ressorti de cette étude, c’était que les inégalités se creusaient au fur et à mesure que les enfants grandissaient. Donc en fait, c’est quelque chose qui se voit de plus en plus. Et pourquoi aussi ça se met en place ? – et ensuite ça se traduit aussi dans la vie d’adulte – c’est parce que les garçons vont plus régulièrement aller demander plus d’argent de poche à leurs parents que les filles. Et donc du coup, tu vois, c’est aussi toute cette éducation-là qu’on leur a inculquée aussi, hors de l’éducation financière, en fait, on apprend aussi aux garçons à demander plus, à ne pas s’arrêter quand on dit non, à aller chercher plus loin, etc. Alors que les petites filles, on leur apprend plutôt qu’il faut être sage, il faut être calme, il faut être d’accord avec ce qu’on leur dit. Et donc, du coup, elles vont moins aller demander. Et ça, ça se traduit dans la vie d’adulte de, ben, je négocie moins mon salaire, je demande moins, je… Voilà. Donc, c’est… En tant que parent, il faut faire très attention à ce point-là. 

Clémentine Sarlat : Nous, on a un jeu à la maison où quand on dit des gros mots, on met une petite pièce dans leur tirelire. Du coup, ça leur apprend qu’il y a des conséquences quand on se comporte pas comme il faut et qu’elles peuvent gagner de l’argent grâce à ça. Mais surtout, ça me fait penser, quand tu disais “la vision binaire des enfants”, c’est vrai. Il y a eu des fois, on a mis des billets, des fois, on a mis des pièces, pas forcément parce qu’on avait dit des gros mots, mais juste qu’on avait un peu de monnaie, donc on l’a mis. Quand on va à des fêtes foraines ou des choses où il y a de l’argent à dépenser, on leur dit vous prenez dans votre tirelire, vous prenez 15 euros et vous choisissez comment vous dépensez.

Et ma grande qui a 6 ans, elle avait pris un billet de 5 euros et elle avait pris 10 euros en pièces. Et à un moment, elle a donné son billet et en fait, elle était défaite. Elle a pleuré parce qu’elle a donné son billet et que pour elle, ça avait plus de valeur que les pièces. Donc, on a dû lui expliquer que c’était le même montant, que ça revenait au même, mais elle n’arrivait pas à comprendre qu’un billet, c’était à égalité avec 5 pièces de 1 euro. Et c’est vrai que c’est dur de les sortir de cette binarité en fait et d’arriver à leur montrer, comme tu dis, la palette entre être riche et être pauvre et entre ce qu’on fait ou pas de notre argent. Il y a des choses à mettre en place. 

Tu parlais du jeu de la marchande, est-ce qu’on peut, je ne sais pas, inculquer autrement ce type de valeur? 

Morgane Dion : L’âge de ta fille, c’est surtout un âge où conceptualiser la valeur est un peu plus difficile que quand t’es adolescente, par exemple. Et donc tu vois pour elle, le billet c’est plus gros aussi qu’une pièce. Et donc du coup, moi je trouve ça tout à fait normal qu’elle ait eu cette réaction-là. C’est complètement adapté à son âge d’avoir cette réaction parce que c’est difficile pour un enfant de comprendre la valeur. C’est pour ça que commencer par toucher l’argent et donc inculquer l’argent le plus tôt possible aux enfants sur quelque chose de tangible, c’est important parce que ça va les aider à comprendre et à conceptualiser la valeur de l’argent et la notion de l’argent dématérialisé. Pour revenir à ta question, qu’est-ce qu’on peut leur inculquer, quel jeu on peut mettre en place, etc. Moi, je crois vraiment que c’est les mettre dans des situations réelles. Je disais tout à l’heure, c’est aller au supermarché et leur permettre de donner l’argent, ou à la boulangerie, de recevoir la différence en pièces, etc. C’est vraiment de commencer à la maison sur des jeux, avec peut-être de l’argent fictif, et puis petit à petit les basculer dans un monde réel, leur permettre d’être acteur et actrice, de la dépense ou de l’épargne ou du don. Parce que je persiste à dire que c’est hyper important d’apprendre à nos enfants à donner et pas seulement à dépenser, et donc les mettre dans des vraies situations. 

Clémentine Sarlat : Un jeu de société comme La bonne paye, c’est un moyen de les amener à ça ou c’est trop extrême ? 

Morgane Dion

Oui, complètement. Des jeux financiers comme La bonne paye ou le Monopoly, maintenant c’est aussi de leur expliquer le contexte. À partir du moment où c’est adapté à l’âge, oui, c’est carrément des très bons jeux à mettre en place. Peut-être en leur expliquant que Le Monopoly, c’est quand même une forme symbolique du capitalisme. Même si ce n’était pas à l’origine le but du jeu, c’était plutôt l’inverse. C’était plutôt d’alerter sur les dérives du capitalisme. Mais oui, c’est exactement des jeux à mettre en place, tout à fait. 

Clémentine Sarlat : T’as une fille. Moi j’ai trois filles. Si on a des filles et qu’on veut les sortir de ce biais sexiste qu’on a, nous, notre génération à 35 ans où on a plus de mal que les hommes avec les questions financières, comment on fait pour dès la petite enfance leur donner ce pouvoir autour de l’argent et leur dire qu’elles peuvent, en fait? 

Morgane Dion

Je pense que ça commence par donner l’exemple. On sait qu’un enfant apprend beaucoup plus du genre auquel il s’identifie. Donc si tu as des filles, en tant que maman, c’est hyper important de montrer l’exemple et donc d’avoir la conversation. Il faut être ouverte sur les questions, encore une fois, en fonction de l’âge de l’enfant, tu ne dis pas la même chose. Il faut quand même penser à protéger ses enfants parce qu’en tant qu’adulte, on est capable de gérer des situations financières stressantes que ne pourra pas être capable de gérer un enfant qui aura plus de mal à l’appréhender. Je pense, par exemple, s’il y a des difficultés financières dans la famille, il faut protéger quand même ses enfants là-dessus. Parce que que je parlais de l’ouverture, mais il faut aussi penser, il faut contextualiser, mais pas forcément tout dire. C’est-à-dire qu’un enfant pourra… Enfin, aura plus de mal à comprendre les tenants et aboutissants d’une situation financière stressante ou à identifier des pistes de solution et ça peut vraiment les mettre dans des situations de stress importants. Surtout que la plupart du temps, c’est plutôt une information qu’ils vont glaner ici ou là, ou ils vont entendre une conversation entre les parents et donc pas forcément avoir toute l’image ou pas forcément avoir tout en tête. Et puis, ce n’est pas le rôle d’un enfant d’avoir à gérer cette charge-là. Donc, il faut faire attention quand même à les protéger. Mais voilà, vraiment être un bon exemple. Peut-être expliquer les situations.

Tu vois, quand je parlais tout à l’heure de Carrie Bradshaw, mais il y a plein d’autres exemples dans dessins animés ou au cinéma, etc. Quand on repère une situation financière où peut-être que la femme ou l’homme n’a pas bien réagi ou a mal géré. Avoir une conversation pour se dire “qu’est-ce que tu as pensé de cette situation? Est-ce que toi, tu aurais fait différemment? Comment est-ce que tu aurais géré? Tiens, moi, je pense que j’aurais peut-être fait comme ça. Qu’est-ce que tu en penses?”. Vraiment créer de la conversation pour aussi qu’elles apprennent à l’avoir, cette conversation, parce qu’on ne l’a pas. Moi j’ai commencé à parler d’argent très tard dans ma vie. J’ai des amis aujourd’hui qui ont mon âge qui n’en parlent toujours pas ou très peu parce qu’on n’a pas été habitués à l’avoir. Donc en fait, vraiment avoir cette conversation, c’est hyper important. 

Et puis dire aussi, il ne faut pas que ce soit genré, c’est-à-dire qu’il ne faut pas simplement en tant que maman leur parler du budget, des courses, mais il faut aussi, quand elles sont adolescentes, leur parler de “comment est-ce qu’on a épargné pour partir en vacances ? comment est-ce que j’ai acheté la maison ?” peut-être avec papa, avec une autre maman, peu importe, mais comment est-ce qu’on a fait en sorte d’acheter, comment on s’est organisé avec le deuxième parent. Puis à un certain âge, il va commencer à falloir leur dire qu’on a mis en place éventuellement de l’épargne, de l’investissement, leur expliquer.

C’est important de ne pas le faire au dernier moment parce que quand t’arrives, t’as 18-20 ans, t’as la fougue de la jeunesse et d’un coup, on te dit “aujourd’hui, t’as une assurance vie sur laquelle il y a 10 000, il y a 20 000 euros”. En fait, c’est très tôt, t’as pas eu conscience que t’allais éventuellement avoir quelque chose et que t’as pas un petit peu eu de projection sur à quoi ça allait servir, comment ça allait être utilisé. En fait, quand tu récupères l’usage de ce portefeuille-là, ça peut très vite tomber dans des excès.

Donc voilà, il faut faire attention en tant que maman de pas seulement être sur les sujets d’épargne et de foyer, mais vraiment pousser les jeunes filles plutôt à adopter une posture d’investisseuse, parce que ça, ça manque aussi beaucoup aujourd’hui. 

Les hommes investissent beaucoup plus que les femmes, ce qui fait qu’il y a un énorme différentiel de patrimoine et de capital financier, qui déjà désavantage les femmes dans un certain nombre de situations de la vie, mais aussi quand il y a, malheureusement, des situations soit conflictuelles, soit des situations de séparation, de divorce. En fait, les femmes perdent énormément en revenus par rapport aux hommes. Donc, c’est important aussi de projeter nos filles pas seulement dans des postures de « je gère l’argent du foyer », mais vraiment dans des postures d’investisseuses. 

Clémentine Sarlat : Clairement, je crois que notre génération, on n’est pas éduquée autour de ça. J’ai un exemple, ma petite sœur, elle n’aime pas que je dise ça, ma sœur, qui a quand même 33 ans, elle n’est pas si petite. Elle, elle travaille dans la finance et pour moi, ça a toujours été un ovni dans notre famille. Comment elle a réussi à aller dans cette branche-là? Elle me parle de choses, des fois, je dis “non mais Eva, s’il te plaît, explique-moi, je ne comprends rien de ce que tu me dis”. Mais dans mon entourage, j’ai très peu de femmes qui sont comme toi ou comme ma sœur ou qui ont pris le pas d’aller dans des carrières qui sont définies comme très masculines. En tout cas, c’est des milieux très masculins où il y a des biais sexistes énormes par rapport à l’argent. 

Morgane Dion : Oui, et plus un univers est masculin, plus c’est difficile en tant que femme de trouver des repères, de trouver ses marques, de sentir acceptée, incluse, etc. Et donc, du coup, c’est des milieux qui se ferment d’autant plus aux femmes. Moi, ce que je vois, c’est qu’on commence à avoir formé pas mal de femmes avec Plan Cash. On est entre 6 500 et 7 000 femmes formées en deux ans. Et moi je repère quand même un point commun sur toutes ces femmes, c’est que quand on discute avec elles avant les formations, en fait ce qu’on comprend c’est pas tellement qu’elles n’ont pas confiance en elles – c’est pas tellement ça la question – c’est plutôt juste qu’elles ne savent pas par où commencer. Et donc, tu vois, il y a la transmission de la valeur, mais il y a aussi expliquer comment fonctionnent les choses. Aujourd’hui, on a des adolescentes – et des adolescents, c’est vrai, mais les garçons trouvent plus facilement des réponses dans les médias qui leur sont adressés. Les médias dits masculins vont parler d’argent beaucoup plus facilement aux hommes, d’investissement et de la dernière appli pour investir en crypto, etc. Alors que les femmes, pas du tout. On va parler de comment tu gères les soldes, comment tu fais pour ne pas dépenser trop d’argent. Enfin, tu vois, ce n’est pas du tout les mêmes postures intellectuelles. Mais du coup, on se retrouve avec des adolescentes qui sortent du système scolaire et qui ne savent pas gérer une déclaration d’imposition, ne savent pas négocier leur salaire, ne savent pas comment fonctionne la bourse, qu’est-ce que c’est qu’une crypto, l’immobilier : comment tu fais pour négocier un prix à la banque, etc.

Et c’est des choses très pragmatiques. On peut avoir des femmes qui ont vraiment confiance en elles. Et nous on le voit, qui ont des carrières qui sont propulsées, mais qui n’ont juste jamais appris concrètement “ok, demain tu veux investir en bourse? Tu commences par quoi?” C’est hyper pragmatique.

Clémentine Sarlat : J’ai l’impression que tu me parles de moi. “Je sais pas faire, je ne sais pas faire”. Pourtant, je pense que j’ai confiance en moi et que j’ai une belle carrière, mais je ne sais pas tout ça. 

Morgane Dion : Et ce qui est important, c’est de savoir que quand les femmes investissent, elles s’en sortent aussi bien, si ce n’est mieux, que les hommes. En fait, il n’y a pas du tout de question de “on n’est pas capable de faire, ou on n’est pas programmé pour faire, ou c’est un univers trop compliqué à comprendre”. Et pourquoi c’est un univers trop compliqué à comprendre? C’est pas que c’est trop compliqué à comprendre, c’est juste que c’est les hommes qui le maintiennent, cet univers-là, et que c’est plus intéressant pour eux de nous faire croire que c’est trop compliqué. Pour qu’on n’y aille pas. 

Clémentine Sarlat : Oui, parce que du coup, il faudrait partager avec 50% de la population, c’est quand même chiant. J’ai une dernière question pour terminer cette interview. Merci, en tout cas, c’est vraiment passionnant. Tu as eu une petite fille, tu l’as dit, il y a neuf mois, donc tu es toute jeune maman. Est-ce que ton regard, il a changé sur la valeur travail ou en tout cas, ce que ça représente d’être une femme qui travaille et qui a un enfant? 

Morgane Dion : Non seulement une femme qui travaille avec un enfant, mais en plus à mon compte, comme chef d’entreprise. Ça a énormément changé ma vision des choses. Moi, j’ai toujours été une très grosse travailleuse, vraiment à mener plein de projets ensemble. C’est une partie vraiment capitale de ma vie. Et c’est vrai que depuis que j’ai un enfant, je me surprends beaucoup plus à vouloir prendre le temps. A beaucoup plus sacralisé des moments de déconnexion, ce qui n’était pas du tout le cas avant. Ça ne me dérangeait pas du tout d’avoir mon téléphone allumé à 23h, de répondre à des mails, de gérer les choses. Alors, encore plus quand tu es à ton compte parce qu’il y a une forme aussi de double responsabilité, c’est-à-dire que tu ne travailles pas juste pour toi, tu travailles aussi pour ton entreprise, pour la faire fructifier.

Donc, c’est sûr que tu travailles beaucoup plus volontiers le soir et les week-ends que quand tu es salarié. Mais c’est vrai que depuis que j’ai ma fille, j’ai envie de profiter de ces moments-là, j’ai envie aussi de… Tu sais, il y a cette phrase qui me hante toujours un petit peu qui est que “les seules personnes qui se souviendront que tu es restée tard au boulot c’est tes enfants”. Et ça, ça me hante un petit peu depuis que ma fille est là et j’ai envie de passer ce temps avec elle, j’ai envie de profiter d’elle. Et c’est vrai que finalement, cet email, il n’est peut-être pas si urgent que ça, il peut-être attendre demain matin 10h, tu vois. Donc oui, ça a beaucoup changé ma vision des choses. 

Clémentine Sarlat : Je pense qu’on est plein à réaliser ça. Et on le sait aussi, il y a beaucoup de femmes quittent le salariat pour devenir entrepreneur quand elles deviennent mères parce que justement, elles veulent pouvoir adapter leur vie de famille avec leur vie propre parce qu’encore aujourd’hui, il n’y a pas assez d’entreprises qui ont pris le pas de proposer des politiques familiales intéressantes, en tout cas pour les mères qui se tapent malheureusement beaucoup trop souvent dans les stats la double journée. Donc, c’est une vraie problématique aujourd’hui et c’est trop chouette parce qu’il y a de plus en plus de femmes qui entreprennent mais qui se retrouvent avec cette double charge qui est la parentalité et faire survivre l’entreprise comme tu dis. 

Morgane Dion : Oui, en fait, il faut faire attention aussi parce que… alors moi, j’étais entrepreneuse avant d’avoir ma fille. D’ailleurs, ça a été quand même… enfin, Léa et moi, on était associées depuis trois mois quand je suis tombée enceinte. Donc, c’est quand même, tu vois, une épreuve dans une vie de très jeune entreprise qui se pose. Et il faut quand même faire attention parce qu’il y a une espèce de discours un peu proéminent de l’entrepreneuriat comme forme d’émancipation, de liberté, etc. Et moi je dis attention parce que l’entrepreunariat – alors il y a différentes formes d’entrepreneuriat, tu peux faire de la micro-entreprise comme tu peux essayer de construire une entreprise avec des salariés dans des domaines très différents, mais attention parce que ce n’est pas un eldorado de liberté comme on peut le croire. Financièrement, il faut savoir qu’on met le doigt dans un engrenage compliqué, c’est-à-dire que tu ne peux pas forcément te rémunérer au début, ou alors très peu. Il y a des charges et des impôts qu’il faut gérer, il faut gérer une partie administrative et comptable, ce n’est pas forcément évident.

Il y a quand même une charge supplémentaire que tu n’as pas en tant que salarié. Et donc, il ne faut pas forcément voir l’entrepreneuriat comme la réponse à toutes nos problématiques de gestion d’équilibre vie-pro vie-perso. Et surtout, moi j’irais même jusqu’à dire, c’est que ça ne devrait pas être à nous, maman, d’avoir à faire un move aussi important que ça et aussi risqué parce qu’il ne faut pas se leurrer. L’entrepreneuriat, c’est risqué.

En fait, ça devrait être à la société. Alors, on sait qu’aujourd’hui, on n’y est pas du tout et que ça nous oblige à justement trouver des solutions qui sont un peu, soit extrêmes, soit un petit peu out of the box. Mais ça devrait être aux entreprises et à la société de mettre en place ce qu’il faut pour nous permettre, en tant que maman, d’avoir un vrai équilibre vie-pro vie-perso. Et puis aussi faire attention parce que quand t’es entrepreneur, tu reprends un petit peu la main sur ton emploi du temps. C’est vrai que tu gagnes un petit peu cette flexibilité de dire “ok là je peux partir un peu plus tôt pour aller chercher ma fille à la crèche, à l’école”, mais attention à ce que cette flexibilité ne se retrouve pas finalement emplie d’une charge supplémentaire à la maison. Ca ça peut être un vrai risque, de se dire “ok bon bah là en fait comme je peux finir un peu plus tôt, bah finalement je vais plus gérer les courses et je vais faire plus de ménage et je vais faire plus de ci et plus de ça” et finalement petit à petit, notre charge domestique augmente. Notre charge de travail en tant qu’entrepreneur elle ne diminue que rarement et donc de se retrouver non plus avec un double travail mais avec une triple charge. 

Clémentine Sarlat : Oui, les stats le montrent et puis souvent c’est l’entreprise qui n’en bénéficie pas. C’est l’entreprise qui va en pâtir et parce qu’on va prioriser les tâches de la maison et les tâches de la gestion des enfants plutôt que de se concentrer sur l’entreprise. Il y a des chiffres qui sont assez parlants, je vous mettrai l’étude, Le Monde avait fait une étude là-dessus, je vous montrerai. Mais c’est vrai que sur l’entrepreneuriat, il y a un double discours, ça ouvre de la liberté mais il y a quand même des conséquences à cette liberté et qu’il faut savoir gérer.

Merci beaucoup Morgane, je vous rappelle la newsletter c’est Plan Cash, moi je la lis toutes les deux semaines sans problème, je suis une grande fan et il y a des formations que j’ai prises aussi parce que comme je viens de te le dire je suis larguée sur beaucoup de sujets, mais j’adore apprendre. Donc merci d’avoir créé ça pour les femmes. Et puis à nous d’éduquer la prochaine génération, surtout des petites filles, pour qu’il y ait cette liberté financière, en tout cas cet aise, d’être à l’aise dans ce monde-là et pas se réveiller à 35 ans et dire “merde, en fait, c’est quoi la bourse?” 

Morgane Dion : Oui, encore une fois, c’est ce qu’on veut en faire, c’est pas l’argent en tant que tel, mais c’est quel genre de vie on veut pouvoir mener et éventuellement offrir et les valeurs qu’on veut transmettre à nos enfants et à nos filles en particulier. 

Clémentine Sarlat : Très très bien résumé. Merci Morgane. 

Morgane Dion : Merci beaucoup à toi. 

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