Épisode 184 – Le monde de la tech et nos enfants, comment leur apprendre les codes, Amélia Matar

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S’il y a bien un thème qui est omniprésent dans nos foyers, c’est le thème du numérique, que ce soit l’accès aux écrans ou encore le rapport de nos enfants aux jeux vidéos ou aux réseaux sociaux.

Eduquer nos enfants au monde de la tech et du digital devient donc un enjeu majeur pour le futur.

Amélia Matar, est la fondatrice de la start up Colori, qui propose des ateliers aux enfants à partir de 3 ans pour les aider à appréhender ce nouveau monde.

Parce que oui, dès 3 ans on peut apprendre à coder en jouant et sans écrans.

Avec beaucoup de lucidité et d’expertise, Amélia vous donne des clés pour embarquer vos enfants dans cet univers qui peut faire très peur aux parents.

Depuis 2018, Amélia effectue un travail de terrain auprès de tout type de population. 

Ce sont + de 20 000 enfants initiés au numérique.

Avec un objectif en filigrane, sortir ce biais de genre qui jalonne les sciences et amener les petites filles sur le terrain de la tech.

C’est un épisode passionnant, je vous souhaite une très bonne écoute


LIEN ÉPISODE

Livres :
Ainsi naissent le mamansde Amélia Matar

Sites : 
Site de Colori
Ressources gratuites Colori


TRANSCRIPTION ÉPISODE

Clémentine Sarlat : Salut Amélia! 

Amélia Matar : Salut! 

Clémentine Sarlat : Est-ce que je peux raconter quand même qu’on s’est croisées par hasard dans un train en rentrant de Paris pour aller à Bordeaux? 

Amélia Matar : Oui tu peux! 

Clémentine Sarlat : Et que tu m’as croisé, que tu m’as tendu ton livre que j’ai commencé à lire, parce qu’on va parler de technologie, d’écran, de plein de choses, mais tu es aussi écrivaine. 

Amélia Matar : Oui. 

Clémentine Sarlat

Et je voulais le souligner parce que les deux ne sont pas incompatibles. On peut être littéraire et aussi aimer tout ce qui touche à la technologie et en faire son métier. 

Amélia Matar : Absolument, c’est tout à fait compatible. 

Clémentine Sarlat : Alors donne-nous juste le titre de ton livre que tu as écrit ce roman. 

Amélia Matar : Ainsi naissent les mamans

Clémentine Sarlat : Voilà, on est dans le thème. Mais on ne va pas parler de Ainsi naissent les mamans. On va parler plutôt de ce que tu fais au quotidien avec ton entreprise Colori. Déjà, ma première question, c’est comment est-ce que tu t’es intéressée à la tech, au monde de la tech et à la technologie? 

Amélia Matar : Alors c’est un intérêt qui remonte à très très loin parce que vraiment, enfant, j’étais déjà très intéressée par tout ça. J’ai grandi auprès d’un papa très geek, technicien chez Darty, donc j’ai grandi au milieu des carcasses d’ordinateurs, télévisions ouvertes, à réparer, etc. Et donc très tôt, j’ai eu ce goût pour les technologies. Et en grandissant, je me suis orientée plutôt en école de commerce, etc. Mais après, en devenant professionnelle, j’ai choisi du coup de travailler dans ce secteur pendant une dizaine d’années, dans des contextes start-up, numérique, etc. Je ne suis pas moi-même développeuse, mais j’ai toujours été très en lien avec ces métiers-là et avec un goût très fort pour la révolution numérique qu’on est en train de vivre. Sans sombrer dans la technophilie béate, le technosolutionnisme. 

Et malgré tout, j’ai toujours trouvé que c’était fascinant d’observer les changements fulgurants qui sont à l’œuvre devant nos yeux avec les nouvelles technologies. Et en devenant parent, maman, je me suis dit qu’il y avait un trou dans la raquette au niveau de l’éducation, parce que les jeunes enfants sont aussi utilisateurs de technologies, d’écrans. Et finalement à l’époque il y avait assez peu de supports pédagogiques, d’activités qui leur permettent de comprendre tout ça et de prendre de la hauteur vis-à-vis de tous ces écrans qui les entourent dorénavant. 

Clémentine Sarlat : Donc en fait, t’as pivoté dans ta carrière, au moment de devenir mère, et tu t’es dit : je vais aller m’intéresser à ce thème que j’adore, mais adapté aux enfants. 

Amélia Matar : Oui, absolument. J’avais très envie d’entreprendre. Je cherchais le sujet qui allait me permettre de franchir le cap. Et clairement, ça m’est apparu comme une évidence de pouvoir contribuer à éduquer à ces sujets qui, moi, m’animent énormément. Et de pouvoir avoir mes enfants déjà comme premier bêta-testeur de tout ça. Et je me suis lancée en mode un peu expérimental. Et puis très vite, j’ai vu que ça prenait et que ça plaisait beaucoup. Et voilà, je suis allée plus loin. 

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Clémentine Sarlat : Pourquoi est-ce que ça s’appelle Colori ? Pas à quoi ça sert, mais quel est le but de Colori, ton entreprise? 

Amélia Matar : Alors Colori, c’est la contraction de Code, Logique et Montessori. C’est un clin d’œil parce qu’effectivement, quand j’ai commencé à comprendre que l’éducation, ça allait être un sujet de reconversion pour moi, j’ai énormément lu Maria Montessori, je me suis moi-même formée à cette approche et j’ai eu envie que Colori bénéficie un peu de ces grands principes qui sont vraiment très intéressants quand on prend en charge d’un groupe d’enfants petits. 

Et Colori, l’idée c’est véritablement de permettre aux enfants de soulever le capot des nouvelles technologies, de comprendre ce qu’il y a en dessous, de comprendre comment fonctionnent tous les écrans qu’ils ont autour d’eux, quelles sont les logiques qu’il y a derrière les programmes informatiques. Quels sont aussi tous les écosystèmes qui permettent à tout ça de fonctionner, quelles sont les dynamiques, de manière à en faire des utilisateurs éclairés, avertis et à les mettre dans une posture véritablement d’acteurs vis-à-vis de tout ça et pas juste de consommateurs passifs. Parce que moi ma vision, ma conviction sur ce point là, c’est que la technologie c’est véritablement une source d’opportunité assez folle pour les enfants aussi. Il peut s’y passer vraiment des expériences très enrichissantes qui participent pleinement au développement de l’enfant. Mais ça peut être aussi extrêmement délétère. 

Et en fait pour moi, il est impérieux qu’on donne à chacun des balises, des repères. Pour pouvoir en faire le meilleur usage. Et les enfants ont aussi, à mon sens, un rôle à jouer sur leur propre utilisation, sur leur propre usage. Et voilà, j’avais envie, par le jeu, par des activités qui sont complètement ludiques, de leur permettre de s’approprier tout ça. Donc, c’est une des raisons.

L’autre raison, c’est aussi qu’on observe aujourd’hui que les filles se détournent des métiers tech. Moi-même, j’en suis le parfait exemple. J’étais très attirée, enfant, par tout ça. Mais finalement, j’ai choisi des études, d’abord littéraires, puis après, en école de commerce. Je m’en suis vite détournée. 

Et aujourd’hui on manque d’ingénieurs et on manque d’ingénieurEs, a fortiori, et on sait que ça se passe très tôt en fait, très tôt les stéréotypes de genre sont à l’œuvre et les filles se détournent de ces sujets et nous on a aussi à cœur de pouvoir donner aux filles ce goût aux sciences, aux technologies, à l’informatique. Et on observe que dans nos ateliers les filles sont autant que les garçons attirées par nos activités, s’éclatent. Donc voilà il y a aussi ce côté rendre la technologie plus accessible, enfin plus attirante pour les filles. 

Clémentine Sarlat : Comment est-ce que, justement c’est un enjeu et tu en parles un petit peu là, on amène les enfants à comprendre le monde du numérique sans les rendre accros aux écrans? 

Amélia Matar : Alors, quand je me suis fait ce constat, que finalement il importait d’éduquer les enfants à ces sujets dès le plus jeune âge, je me suis demandé comment faire et je me suis dit que l’écran, dès trois ans, parce que nous on commence dès trois ans, ce n’était pas forcément indiqué. En tous les cas, je trouvais intéressant d’avoir des moments sans écran, déconnectés, pour mieux réfléchir à ces moments connectés. Même si encore une fois, je ne suis pas dans la diabolisation de l’écran, mais je crois que c’est bien aussi, notamment quand on est petit, de pouvoir manipuler, de pouvoir s’extraire du sujet en tant que tel, pour mieux l’appréhender. Et j’ai regardé ce qui se faisait ailleurs. 

Et en fait, aux États-Unis, au MIT, qui est vraiment l’université phare sur les innovations technologiques et sociales, il y avait notamment une start-up qui était incubée là-bas, avec laquelle j’ai pris contact. J’ai pris contact avec la fondatrice et qui proposait une approche complètement déconnectée d’initiation numérique, mais avec une approche beaucoup plus lourde, notamment en matériel. C’était vraiment du matériel à mettre en classe, assez compliqué, pas facile d’accès. Mais vraiment très très bien fait pour le coup. Elle a fait une thèse sur le sujet que j’ai lu, etc. Et dans les pays scandinaves, évidemment, il y avait aussi une, enfin qui est toujours d’ailleurs une grosse star dans son pays, Linda Lukas, qui est une développeuse qui a imaginé tout un monde pour éduquer les enfants au numérique par la narration, par des activités complètement déconnectées aussi. 

Donc voilà, je me suis rendu compte qu’il y avait quand même des initiatives à droite à gauche, mais que la France n’avait pas sa propre initiative. Et donc c’est comme ça que j’ai créé Colori. Et l’idée c’est véritablement de servir d’activités avec lesquelles les enfants sont déjà familiers. Donc de la narration, on utilise un conte qui met en scène un petit garçon et une petite fille, des découpages, des collages, des coloriages, des jeux de manipulation, des jeux de motricité, des jeux de plateau, des jeux de cartes. Tout ça pour leur permettre de comprendre comment tout ça fonctionne et leur donner surtout des bons repères. 

Clémentine Sarlat : Quand tu expliques aux enfants que tu vas faire un atelier sur le numérique ou que ça va être la découverte, est-ce qu’il y a de la déception de se dire « bah non, il n’y aura pas le dessin animé, les écrans » et de se réaliser qu’en fait vous allez manipuler des concepts qui sont importants? Qu’est-ce que c’est leur rapport, les enfants, à ce type d’activité ?

Amélia Matar : Jusqu’à 7-8 ans, il n’y a aucun problème. Ils sont hyper contents de pouvoir découvrir. C’est assez fascinant comme monde pour eux parce que c’est la technologie, les robots et même si ça reste du papier, du carton, malgré tout, le sujet en tant que tel les fascine et donc il n’y a pas besoin d’aller beaucoup plus loin que la matière qu’on utilise pour les embarquer. Véritablement, on a des enfants qui font toute une année d’atelier et qui se réinscrivent toute une année. Donc, c’est vraiment conséquent comme apport de contenu, ils en veulent encore. Donc, ça marche très bien.

Mais c’est vrai qu’à partir de 8-9 ans, très vite, ils nous disent : “oui, mais bon, j’aimerais bien avoir un ordinateur, un écran”. Et voilà, ils commencent évidemment à avoir plus conscience qu’il se passe aussi des choses derrière l’écran. 

Et nous, par exemple, avec Magic Makers qui s’occupe des plus grands, on invite les plus grands ensuite à véritablement programmer sur ordinateur, à développer leurs petits jeux vidéo, leurs petits jeux, mais avec un écran cette fois-ci. 

Clémentine Sarlat : Donc là, ils peuvent, à partir de 8-9 ans, commencer à coder? 

Amélia Matar : Oui, absolument. Alors, pas avec nous, mais avec notre partenaire, oui. 

Clémentine Sarlat : Et pour notre génération, ça paraît comme des compétences, wow, à 8-9 ans, parce que nous, à 8-9 ans, on ne faisait évidemment pas ça. Ils ont une facilité avec le numérique, cette génération-là qui est née avec? 

Amélia Matar : Oui et non, j’ai envie de dire, parce que c’est pas parce qu’on est utilisateur, même intensif, qu’on est forcément véritablement éduqué à ça. Les usages sont très différents entre consommer du dessin animé, du réseau social, etc. Et se mettre dans une posture : de je vais créer, programmer, coder mon propre jeu vidéo ou ma propre petite application. Et ça requiert quand même un apprentissage, qui est maintenant au programme scolaire d’ailleurs. Donc ils ne sont pas si avertis que ça. En revanche, les outils sont extrêmement bien faits et sont vraiment mis à la portée de l’enfant dès 7 ans en fait. C’est des blocs de couleurs, c’est très ludique, ça ressemble finalement à un jeu qu’ils vont faire sur l’écran. Mais ce n’est pas tout de suite des lignes de Python très compliquées. Mais ils viennent à ça assez rapidement, mais voilà, ça commence par quelque chose d’assez facile. 

Clémentine Sarlat : Ça mobilise quoi comme compétences d’apprendre à faire du numérique en fonction des âges pour les enfants? 

Amélia Matar : Alors nous, les tout-petits, on est vraiment sur une approche où on va mobiliser le langage beaucoup, on va étayer le vocabulaire, on va également faire des jeux qui leur permettent de développer le repérage dans l’espace, ce dont ils ont déjà besoin, enfin ce qu’ils font déjà en fait à l’école. Mais on va compléter ces approches-là. On est aussi dans la logique mathématique, finalement, de numération, etc. Et après, chez les plus grands, on continue un peu sur ces mêmes compétences. On va plus loin, je pense, dans tout ce qui est logique, algorithmique notamment, et plus largement dans la compréhension assez fine des fonctionnements de la technologie. 

Clémentine Sarlat : Tu as voulu que Colori soit très axé et surtout basé sur l’égalité des chances. C’était vraiment important. Pourquoi est-ce que tu as voulu axer l’accès au numérique avec cet aspect-là qui est sociétal? 

Amélia Matar : Alors, je pense que ça vient de ma propre histoire. Moi, je suis née à Bondy-Nord, j’ai fait toute ma scolarité en ZEP et je pense qu’aujourd’hui, la question du numérique, c’est un nouveau facteur potentiellement d’inégalité. Et je n’avais pas envie d’avoir un modèle qui s’adresse uniquement aux familles qui auraient les moyens d’accéder à ce type de contenu. J’avais vraiment envie de pouvoir travailler avec tous les enfants et notamment les enfants qui ressemblaient à l’enfant que moi, j’ai pu être. 

Et donc on a fait le choix dès le début de travailler avec les villes, parce qu’en fait les villes ont des politiques éducatives, ont des budgets dédiés à l’éducation, et permettent à des acteurs divers et variés d’intervenir auprès des enfants sur les temps périscolaires, qui sont des temps très importants dans la vie de l’enfant, et dans lesquels nous on s’inscrit bien en plus parce qu’on a une approche de jeu, de loisir.

Donc on est complètement approprié à ces moments de l’enfant. Et donc voilà, c’est par ces partenariats avec les villes, donc aujourd’hui on a une soixantaine de villes avec lesquelles on travaille, qu’on peut travailler avec des enfants vraiment de tous milieux sociaux, pas uniquement des quartiers prioritaires, on a aussi des quartiers moins prioritaires. Mais voilà, on a une diversité d’enfants assez grande dans nos ateliers. 

Clémentine Sarlat : Oui, la fracture du numérique, on le sait aujourd’hui, c’est un vrai problème pour l’égalité des chances, pour l’accès au savoir, aux connaissances. Et ce n’est pas que lié à la campagne. Il y a cette fracture numérique même dans les villes, même dans le monde urbain. Il y a des enfants qui n’ont aucun accès à Internet et aux écrans, justement ?

Amélia Matar : Alors, je pense de moins en moins et je dirais qu’il y a aussi des accès très, très différents. En fait, il y a des familles où ça va être moins évident de prendre en charge cet aspect éducatif, au numérique. Parce qu’il n’y a pas le temps, parce qu’il y a une vulnérabilité ou parce que aussi, tu disais, les villes et les campagnes. En ville, on va être plus souvent dans des petits appartements, plus à l’intérieur versus la campagne, on va peut-être être un peu plus dehors. Donc, ce n’est aussi pas du tout le même rapport à l’écran. Ce qu’on observe, c’est des usages qui sont assez contrastés selon le milieu, mais ce n’est pas forcément que l’origine sociale, c’est le contexte de famille qui implique des usages différents. 

Clémentine Sarlat : Est-ce que vous faites de la sensibilisation aux dangers ? Pas de l’écran mais plus d’internet et de ce qui se passe, comme tu dis, derrière quand les enfants prennent conscience qu’il y a autre chose derrière en fait? 

Amélia Matar : Oui. Bah très clairement au début on était vraiment sur apprendre à coder, donc vraiment sur la logique algorithmique, la logique booléenne, le système binaire, voilà toutes ces notions propres à la programmation informatique. Très vite, on a développé des activités autour aussi de la culture numérique parce qu’on a observé la soif d’apprendre des enfants, de comprendre, de nommer les choses et donc on a développé ce module-là, culture-technologique.

Et à la demande aussi des responsables pédagogiques, on a développé un troisième module qu’on appelle numérique responsable. Et effectivement, dans lequel on va à la fois aborder la question de la place des écrans dans notre société, et donc parvenir à discerner en tant qu’enfant à quel moment je suis dans un usage qui est intéressant, qui est profitable, et à quel moment je suis en train de mettre en danger, voire je suis dans un usage à risque qu’il faut absolument proscrire. Et on a également développé des activités autour de l’écologie, parce que c’est un vrai sujet en fait, le numérique, c’est pas neutre d’un point de vue écologique. Et pareil, c’est des activités que les enfants adorent. On peut penser que c’est un peu trop technique et qu’ils sont un peu trop petits, donc c’est plutôt à partir de 5-6 ans qu’on aborde ça. Mais non, ils sont très sensibles à ces sujets-là et ça marche très bien aussi de parler tout ça avec eux. 

Clémentine Sarlat : C’est quoi les enjeux aujourd’hui liés au numérique? 

Amélia Matar : Alors, il y en a plein. Si on regarde dans la sphère familiale, je crois qu’un des gros enjeux dont on commence à parler, mais assez peu (je trouve). On parle beaucoup du temps d’écran, on parle beaucoup de l’âge, à quel âge on peut faire quoi sur un écran. Ce dont on parle assez peu, c’est le sujet de la technoférence. C’est quand la technologie interfère dans les relations, soit de couple, soit parent-enfant. Et on sait aujourd’hui, effectivement, qu’on est multi-notifiés, on a notre smartphone ou nos appareils à disposition immédiate tout le temps. Et parfois ça se fait au détriment de la relation avec l’enfant et notamment avec le bébé aussi et ça peut être vraiment assez problématique dans le développement de l’enfant, il a besoin d’une interaction intense, de qualité, soutenue avec sa figure d’attachement principale. 

Et si celle-ci est constamment notifiée et happée par son téléphone, clairement ça va avoir des conséquences négatives sur cet aspect-là. Et donc je pense que c’est vraiment un enjeu important de sensibiliser les familles à la question de la place du numérique dans leur foyer. C’est intéressant, il y a plein de choses à y faire, mais je pense que c’est important aussi de séquencer les moments, de se dire là, voilà, c’est un moment de famille, on est à table, on est, je sais pas, en train de faire un jeu de société. Les écrans sont ailleurs, ils sont pas là en train de nous notifier, d’interférer dans nos relations, et voilà, de conserver véritablement aussi des bulles d’interaction directe, de qualité. 

Clémentine Sarlat : En fait faudrait que Colori ait un… Enfin vous avez peut-être d’ailleurs des masterclass pour les parents, non? Pour nous éduquer, nous, au fait que notre attention est constamment happée à l’extérieur et on n’est pas présent comme il faut des fois avec nos enfants. 

Amélia Matar : Oui, clairement. En fait, on nous le demande beaucoup, d’intervenir auprès des parents. Donc là, on est en train de structurer très clairement une offre à destination des parents et on sent que les parents sont perdus (et les études le montrent). Effectivement, les parents ne savent plus comment prendre cette question du numérique. Ils sont au milieu d’injonctions complètement contradictoires où à la fois c’est hyper important que nos enfants comprennent bien, savent s’en servir et donc qu’ils aient accès à tout ça. D’ailleurs à l’école il y a du numérique, pour faire les devoirs etc. Ça passe par des applications. Mais en même temps c’est dangereux, ça peut être potentiellement très grave, il y a des risques réels. Donc comment on fait pour s’y retrouver en tant que parents? Comment on accompagne nos enfants? 

Et oui là-dessus du coup pour en revenir à la question de la technoférence : déjà soyons nous-mêmes assez critiques sur nos propres usages. Je suis la première à devoir encore m’améliorer, clairement. On est tous et toutes aujourd’hui hyper connectés par la société, nos travaux, le contexte dans lequel on évolue. Mais malgré tout, je pense que c’est important vraiment d’arriver à se réguler. 

Clémentine Sarlat : Regarde, j’ai un peu honte. Si vous regardez l’épisode, j’ai mon téléphone qui est là posé sur la table. Il est en mode travail, donc il ne sonne pas, mais il est là en fait. Il ne sert à rien, mais j’ai juste le réflexe d’avoir mis là. 

Amélia Matar : En l’occurrence, je ne l’ai pas pris, mais je l’ai très souvent avec moi aussi. 

Clémentine Sarlat : Je regardais ton site qui est vraiment super, je vous invite à aller regarder le site de Colori. Et il y a une phrase qui m’a marquée dans ce que vous prônez comme valeurs. Vous dites “Colori est là pour former des citoyens et non des consommateurs”. Donc tu as un peu parlé de cet aspect écologique aussi. Pourquoi est-ce que tu as écrit cette phrase avec le “consommateur”

Amélia Matar : Parce que sur la question du numérique il y a aussi un enjeu de citoyenneté très fort en fait. Le numérique vient percuter notre démocratie véritablement aujourd’hui. Et on peut se dire que ce n’est pas des sujets liés à l’enfance. Si. En fait les enfants très tôt vont s’éduquer, vont s’informer via le numérique. Les adultes aussi et les enfants grandissent aux côtés d’adultes qui partagent un certain nombre d’informations qu’ils ont été prendre en ligne. Et donc aujourd’hui on voit bien que la question effectivement de la manipulation de l’opinion, de l’enfermement dans des bulles de fils, ce qu’on appelle des bulles de fils, donc le fait de ne plus arriver à s’ouvrir à d’autres façons de penser, c’est un vrai enjeu et le numérique est catalyseur de tout ça. 

Et donc c’est hyper important qu’on puisse tous s’éduquer dès le plus jeune âge pour que aussi notre démocratie puisse vivre sereinement, que les débats puissent se faire de manière décontractée, sans la virulence qu’on observe parfois et qui est assez inquiétante. 

Clémentine Sarlat : C’est marrant. Tu vois, moi quand j’ai lu la phrase, c’est pour ça que je t’ai parlé de l’écologie, c’est aussi un des vrais enjeux. Si quelqu’un a déjà vu le documentaire Cambridge Analytica, vous pourrez voir à quel point on est manipulé par certaines organisations dans le monde. 

Mais moi quand je l’ai lu, c’est vrai que je me suis dit : “tu vois aujourd’hui avec mon téléphone je peux acheter n’importe quoi en deux secondes, ça arrive le lendemain à ma porte” et on a moins cette démarche écologique par rapport à ce qu’on consomme puisque c’est tellement facile, c’est tellement rapide. Et j’imagine même pas quand on est ado ou jeune enfant de pouvoir … Parce qu’il y a des enfants qui ont accès au téléphone des parents, qui cliquent et qui se rendent pas compte au final de cette valeur de l’argent.

Est-ce que vous faites aussi l’éducation par rapport à ça, tu vois ? La consommation. C’était ça moi qui m’avait fait tilter quand je l’ai lu sur ton site. 

Amélia Matar : Non mais c’est une très bonne question effectivement et par rapport au numérique la question de l’écologie, moi je la mets vraiment en parallèle aussi par rapport au foisonnement que permet le numérique. En fait, on est aujourd’hui dans une société de l’abondance. Qu’il s’agit de l’abondance de biens ou de l’abondance d’informations. Et quelque part, cette surabondance même, ça devient la norme et questionner cette abondance qu’on observe dans la sphère numérique virtuelle, qu’on appelle aussi l’infobésité, le fait qu’aujourd’hui on est noyé d’informations, ça vient questionner l’abondance du monde réel. Et à quel point en fait c’est soutenable, on sait que ça ne l’est pas du tout, et donc on a besoin de sobriété à nouveau dans tous les aspects de notre vie numérique et réelle. Donc je pense que c’est effectivement lié très directement. 

Et on ne parle pas de consommation de biens réels directement avec les enfants, mais quelque part en interrogeant notre consommation de biens virtuels, de contenus virtuels, ça interroge la consommation tout court. 

Clémentine Sarlat : Tes enfants ils ont quel âge? 

Amélia Matar : Quatre et dix ans. 

Clémentine Sarlat : Est-ce que ton fils ou ta fille qui a dix ans, tu as un rapport biaisé par rapport aux écrans ? Parce que tu as toutes les infos, parce que tu connais les enjeux. Est-ce que c’est plus difficile pour toi par exemple ou tu sais très bien comment éduquer pour que ça se fasse de manière safe? 

Amélia Matar : Non franchement je pense que déjà être parent dans l’absolu c’est tellement difficile! Être parent en 2024 avec en plus toute cette question de la technologie, je pense que ça ajoute une complexité réelle. Non, je ne suis pas du tout complètement exempt de toute faute et parfois je fais bien les choses, parfois je les fais moins bien. Mon enfant consomme des écrans, consomme des jeux vidéo, il adore Zelda par exemple.

Clémentine Sarlat : Ah j’adorais quand j’étais petite ! 

Amélia Matar : Mais en fait on s’est mis d’accord sur un cadre qui est assez souple et il consomme véritablement toutes les semaines du Zelda de manière assez substantielle quand même. Il n’est pas du tout privé d’écran. Il aime bien aussi les échecs, par exemple, en ligne. C’est souvent l’exemple que je prends parce que c’est assez merveilleux de voir qu’il peut se connecter sur une plateforme qui est complètement sécurisée, jouer contre d’autres enfants partout dans le monde. Où il n’y a pas d’interaction verbale, donc il n’y a pas de risque de harcèlement ou de communiquer des informations, des données personnelles, etc. Et malgré tout, il joue aux échecs. Je trouve que c’est une activité qui est complètement sereine, intéressante.

Et en parallèle, j’essaie de lui donner le goût à plein d’autres choses aussi. Et je crois que c’est ça aussi l’enjeu, c’est de se dire : quelle place ce numérique a parmi plein d’autres activités ? Il adore le sport lui aussi, il fait de l’athlétisme, il adore la lecture. Enfin voilà, il a aussi d’autres centres d’intérêt, même si évidemment en ligne il se passe des choses hyper intéressantes pour lui aussi. 

Clémentine Sarlat : Tu parles de quoi quand tu parles de parentalité numérique? Ça fait référence à quoi? 

Amélia Matar : Alors la parentalité numérique c’est véritablement : comment, en tant que parent, j’accompagne l’usage de mon enfant dès le plus jeune âge ? Et j’ai envie de dire même dès la naissance parce qu’on voit bien que, on l’a dit tout à l’heure, parfois nous-mêmes en tant que parents on est accaparés par le numérique, au détriment de notre enfant. Et donc de se réguler sur ces aspects là, on est dans la question de la parentalité numérique, donc on est dans une parentalité qui fait attention aussi à cet aspect. Puis après en grandissant, comment je fais pour sélectionner les contenus qui sont adaptés à l’âge de mon enfant ? Comment je fais pour l’éduquer justement à comprendre ce qu’il y a derrière tout ça ? Et l’accompagner vers des usages les plus éclairés possibles. 

Clémentine Sarlat : C’est un sacré enjeu mine de rien. Tu disais 2024, ça va être de plus en plus prégnant, ça va être de plus en plus intense dans nos parentalités. Est-ce qu’il y a des discours au niveau du gouvernement? Vous avez des guidelines, il y a des choses qui sont mises en place ou pour l’instant c’est plutôt vous qui donnez le tempo? 

Amélia Matar : Non, clairement, il y a beaucoup d’actions qui sont menées aujourd’hui parce que c’est un sujet très brûlant. C’est le président lui-même qui, lors de sa dernière allocution télévisée, a consacré plusieurs minutes à la question de la régulation des écrans chez les enfants et qui a mis en place une commission écrans avec plusieurs experts qui sont chargés de rendre un rapport prochainement autour de ces sujets. Et ce que dit beaucoup le gouvernement, c’est qu’effectivement, il faut accompagner les parents. Et pour revenir sur cette question de la parentalité numérique, je crois que ce qui est compliqué aussi en tant que parent, c’est de ne pas sombrer dans une démarche qui soit complètement moralisante, catastrophiste et surtout autoritaire vis-à-vis de l’usage que l’enfant peut avoir du numérique. 

Et surtout en grandissant après avec les adolescents, si on se met à interdire, à être vraiment finalement dans n’importe quel autre sujet de l’éducation, mais encore plus dans celui-ci, l’enfant sait très bien contourner les interdictions et du coup se mettre encore plus en risque potentiellement. Je crois que vraiment la clé pour tous les aspects de la parentalité, mais encore plus pour le numérique, c’est de rester en lien avec son enfant dans le dialogue. De comprendre aussi. Moi, ce que je dis souvent quand on intervient auprès des parents, c’est de ne pas hésiter à consommer avec son enfant. Et d’ailleurs, chez les petits, la question du co-visionnage a été beaucoup étudiée par les scientifiques. On sait que d’être ensemble à visionner, à commenter, légender le dessin animé, ça a des vertus aussi. Ça permet de créer le dialogue, de développer le vocabulaire de l’enfant, etc. 

Mais en grandissant, on peut aussi regarder ce qu’ils font concrètement sur les réseaux sociaux, jouer à des jeux vidéo avec eux et du coup, ne pas être dans forcément le jugement péremptoire de la consommation de son enfant, mais essayer de comprendre et surtout de rester en lien. 

Clémentine Sarlat : C’est vrai que je le vois la différence. Moi, personnellement, quand je donne les écrans pour faire Babysitter, parce que soyons très honnêtes, on le fait tous. Ou quand on a un rituel le vendredi soir, on regarde un dessin animé en faisant un apéro-dinatoire avec nos filles. Et là, ce n’est pas du tout le même moment. On sent que c’est précieux pour elles d’avoir ce temps-là avec nous. On regarde un dessin animé, on en parle et on discute. Mais on est d’accord que les écrans, des fois, c’est vraiment intéressant en tant que babysitter. Parce que ça soulage. 

Amélia Matar : Mais bien sûr, et là-dessus, je pense que c’est aussi important de rassurer les parents. Moi, j’ai souvent des messages de parents qui me disent : “oh là là, mais mon enfant a consommé quelques minutes d’écran. Quelles sont les conséquences?” Alors, je ne suis pas scientifique, mais regardez ce que disent les scientifiques : il n’y a pas de conséquences. C’est vraiment de la consommation excessive qui a des conséquences. Et bien sûr, moi, la première, il m’arrive de mettre mes enfants pour juste être tranquille. 

Clémentine Sarlat : Faire à manger, par exemple. 

Amélia Matar : Parce que voilà, on sait bien que c’est difficile quand il y a plusieurs enfants, quand ils sont petits, et que c’est pratique. Et l’idée c’est de limiter évidemment dans le temps. C’est très important de prendre soin aussi des parents, parce qu’on entend aussi certaines voix très sévères par rapport à tout ça, et ça peut mettre le parent en difficulté, le culpabiliser énormément. Je crois que c’est important d’être dans la nuance par rapport à tout ça, de prendre des pincettes. Les conséquences sont graves dans des conditions vraiment d’utilisation très très délétères. 

Clémentine Sarlat : Qu’est-ce qu’on peut faire en tant que parents pour les initier au numérique? Mais de manière fun et comme toi tu le fais avec Colori

Amélia Matar : Je crois que … Bah effectivement, déjà regarder tout ce qui existe de livres, de jeux, etc. Pour remettre ce sujet au centre de la sphère familiale, pouvoir l’aborder avec des outils qui soient appropriés. Et quand on est sur l’écran en tant que tel, choisir en fait, je pense que c’est vraiment la clé. Sélectionner le contenu qu’on a envie de proposer à son enfant. Aujourd’hui, il y a quand même plusieurs moyens, des ratings, etc. pour essayer d’apprécier la qualité du contenu qui est proposé à l’enfant. L’écran en tant que tel, ça ne veut vraiment rien dire. Il y a tout et n’importe quoi sur un écran et il y a des choses vraiment hyper intéressantes, éducatives, ludiques, très bien faites pour les enfants. A contrario, il y a aussi des choses qui sont vraiment de piètre qualité. Et donc, je pense qu’un des rôles clés du parent, au-delà, je le rappelle, du mimétisme, de l’exemplarité qu’il peut essayer d’endosser lui-même, c’est vraiment d’être dans la sélection du contenu. 

Clémentine Sarlat : Ça ressemble à quoi les jeux que vous proposez en atelier par exemple pour des enfants entre 3 et 5 ans? 

Amélia Matar : Alors par exemple, il y a C’est toi le robot. C’est un jeu où l’enfant doit programmer son camarade. Donc il va mettre un foulard de couleurs différentes sur les poignées de son camarade et sur les chevilles de son camarade. Et ensuite il a un jeu de cartes qui va lui permettre d’écrire un algorithme. Et le camarade va suivre l’algorithme pour se déplacer dans l’espace grâce au code couleur qu’il a sur lui, parce que la bilatéralité n’est pas forcément acquise chez les tout-petits, et donc avec les couleurs il va pouvoir s’orienter, avancer, pivoter à gauche, pivoter à droite et du coup exécuter un mini-programme qu’aura écrit son petit copain avec des cartes. Donc ça ils adorent, c’est très rigolo et ça leur permet d’entrer dans les algorithmes typiquement. 

Clémentine Sarlat : En fait c’est ça, suivre une consigne qui va t’amener d’un point A à un point B, on considère ça comme du codage ou un algorithme que suit une machine en fait. 

Amélia Matar : Bah un algorithme, voilà, quand on tape une requête sur Google… C’est une suite d’instructions précises en vue d’accomplir une tâche ou de résoudre un problème. Une suite d’instructions précises : on est dans la pensée algorithmique, c’est vraiment ça le principe de base. Et donc c’est comme ça effectivement qu’on restitue auprès des enfants à travers plein de petites activités comme celle que je viens de décrire. Il y en a plein d’autres aussi qui leur permettent d’aller plus loin. Après on peut créer des boucles, donc on peut factoriser les instructions. Il y a des instructions plus ou moins compliquées, il y a des instructions conditionnelles. Après on peut aller plus loin dans l’appréhension de tout ça, mais la logique de base c’est vraiment celle-ci. 

Clémentine Sarlat : C’est chouette. Est-ce que – donc ça fait depuis 2018 que tu as créé Colori – est-ce que tu as vu des enfants avoir des révélations et être complètement en amour pour ce secteur de la technologie et donc peut-être, voilà, aujourd’hui en adolescence avoir pris ce chemin là et sans Colori ils n’auraient pas eu accès à ça? 

Amélia Matar : Alors très clairement, du coup, on n’a pas le recul pour voir plus tard ce que ça deviendra, mais on observe, oui, des espèces d’épiphanies pendant les ateliers, et notamment – et pas que, des petits garçons aussi – mais des petites filles qui vraiment prennent goût à ces questions. J’ai souvenir, par exemple, d’une petite qui est venue me voir et qui m’a fait un énorme câlin en me disant : “Plus tard je serai roboticienne!”. Elle avait 6 ans, alors j’espère, je lui ai dit :”essaye de te souvenir de mon nom si tu devient roboticienne, essaye de me contacter plus tard”. Alors je ne sais pas si elle sera roboticienne, mais en tous les cas, il n’y a pas de barrière psychologique qui s’est mise entre elle et cette discipline, les sciences. Voilà, j’ai vu juste cette petite fille effectivement très très enthousiate. 

On a vraiment plein de retours d’enfants hyper contents d’être là, qui s’amusent, qui prennent goût. Et j’espère qu’ils – plus tard – embrasseront des carrières dans ces métiers-là. Ce qu’on sait, après, quand ils vont chez les plus grands, Magic Makers, pour le coup, les suivent jusqu’à 17 ans et donc qu’ils arrivent à avoir après post-bac. Effectivement, ils ont des enfants qui choisissent ensuite des carrières d’ingénieurs et ils ont le sentiment d’avoir vraiment participé à ça. 

Clémentine Sarlat : Mais c’est vrai qu’il y a des populations entières qui n’ont jamais accès à ce type de métier, qui ne savent même pas que ça existe.

Amélia Matar : Exactement.

Clémentine Sarlat : Et que si on ne leur amène pas pour leur dire que c’est possible, tu peux envisager ça. Et c’est d’autant plus un enjeu aujourd’hui parce qu’on le sait, d’ici 2030, 50% des métiers, on ne les connaît même pas encore, auront sûrement du lien avec le numérique. C’est un peu aujourd’hui ce qui prime. C’est vrai que c’est du gâchis d’énormément de potentiel s’ils n’ont pas accès à ce savoir-là. 

Amélia Matar : Oui et la question que ça pose aussi c’est la mixité qu’on retrouve ensuite dans ces équipes tech, enfin la diversité qu’on retrouve. Déjà il y a effectivement très peu de mixité, il y a aussi très peu de diversité. Or ces métiers finalement façonnent aujourd’hui nos vies, développent des applications qui vont avoir un impact sur notre santé, sur le juridique, sur la communication, sur le vivre ensemble, sur la démocratie. 

Et donc on a vraiment intérêt – c’est vraiment hyper important, fondamental – à ce que les personnes qui conçoivent ces outils soient le plus diverses possible. Parce qu’autrement on se retrouve avec ce qu’on appelle des biais algorithmiques, donc des algorithmes qui reproduisent les inégalités de la société, pas parce que ces personnes sont mal intentionnées et qu’elles ont voulu exclure, mais parce qu’on a tous des biais et que pour réussir à contrecarrer ces biais, il faut être le plus divers possible, le plus mixte possible dans ces équipes. Et l’autre aspect important, c’est que ce sont des métiers très émancipateurs économiquement. Et donc, les filles et les femmes qui, plus tard, choisissent de faire ce métier, c’est aussi un moyen de s’émanciper. Et quand on parle, par exemple, d’égalité femmes-hommes, la question de l’argent, elle est importante. 

Et donc, de pouvoir accéder à des métiers qui, en plus, sont hyper intéressants, hyper stimulants intellectuellement et rémunérateurs, c’est aussi un enjeu d’égalité femmes-hommes. 

Clémentine Sarlat : C’est trop intéressant ce que tu dis, ces gens-là façonnent notre société, notre futur. Parce qu’on se retrouve du coup avec ce stéréotype de l’homme blanc qui n’a pas le même vécu que toi ou que moi, qui n’a pas la même construction face au monde et donc forcément qui est excluant à un moment ou à un autre. Et c’est en train de changer l’accès à plus de diversité, de mixité dans ces milieux-là ? Où il va falloir attendre encore quelques générations. 

Amélia Matar : Non, clairement il y a une vraie prise de conscience parce qu’il y a eu beaucoup de cas d’algorithmes discriminants, par exemple au recrutement, qui discriminait les femmes sur les métiers tech, ou sur l’obtention de prêts bancaires qui discriminait aussi les femmes. Parce que les données étaient biaisées en fait. 

Clémentine Sarlat : La CAF je crois, il y a eu un scandale avec la CAF et les aides sur les femmes célibataires avec enfants. 

Amélia Matar : Voilà, donc on voit bien, effectivement, dans une société qui s’algorithmise énormément – pardon pour ce néologisme – on a besoin d’être très très vigilants. C’est la chercheuse, la scientifique Aurélie Jean, qui travaille beaucoup sur ces questions de biais algorithmiques et voilà, qui explique effectivement qu’il y a de plus en plus de garde-fous qui sont mis en place, même d’un point de vue législatif, pour garantir que les algorithmes soient profitables à tout le monde et ne soient pas excluants de quiconque. 

Clémentine Sarlat : Mais c’est fou parce que c’est vraiment un aspect dont on ne peut pas prendre conscience, parce qu’on ne sait pas qui est derrière notre écran et à créer et comment ça se joue. C’est tellement complexe le numérique, c’est tellement…

Tu vois quand tu parles juste d’algorithme on ne connaît même pas la définition concrète alors qu’on en parle tous les jours, si on est sur les réseaux sociaux, quasiment. “Ouais l’algorithme il n’est pas cool avec moi en ce moment”. Tu vois ce que je veux dire? Mais faites le test de prendre votre téléphone et vous commencez à liker sur Instagram par exemple, ou sur TikTok même, un certain type de vidéos, après vous n’allez vous retrouver qu’avec ça. Et donc ça nous enferme, c’est ce que tu disais, dans des bulles où on n’est plus capable de voir à l’extérieur de notre propre monde. 

Amélia Matar : Oui et c’est très problématique. Effectivement, ça a des conséquences hyper importantes sur le vivre ensemble parce qu’on est auto-alimenté de contenus qui nous satisfont. Donc on forge une opinion qui devient de plus en plus polarisée par rapport à d’autres opinions et on n’est plus en capacité de comprendre l’autre, d’entrer en débat, de pouvoir argumenter de manière sereine sur un plateau ou même sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux c’est quand même d’une violence extrême. Et donc je pense qu’il y a effectivement une régulation à la fois législative mais une éducation aussi hyper importante à apporter sur tous ces aspects. 

Clémentine Sarlat : Est-ce que tu as des parents qui viennent te voir et qui te disent que ça leur fait peur que leur enfant devienne geek ou soit trop pris dans ce monde qu’ils ne connaissent pas forcément bien, finalement? 

Amélia Matar : Oui, clairement. Des parents, des éducateurs aussi. Je vois qu’il y a des freins, des barrières psychologiques à s’emparer de ces sujets en se disant : “moi je ne sais pas faire, c’est trop loin de moi, ça m’échappe”. Voilà un sentiment effectivement vertigineux, où on ne sait pas, on ne comprend pas, ça nous échappe complètement et bien souvent, ce qu’on ne comprend pas, ça nous effraie.

Ce que je dis souvent à ses parents, et c’est aussi en ça que l’approche Colori est intéressante, parce que le côté déconnecté, ça permet de s’approprier le sujet, mais sans la barrière technique de l’outil en tant que tel qu’il faut connecter, qu’il faut mettre à jour, etc. C’est de s’éduquer, quand on commence à s’éduquer, quand on commence à comprendre, à lire des livres très simples de vulgarisation ou juste des articles, on se rend compte que c’est pas si la panique que ça et qu’il y a quand même quelques clés qu’on peut mettre en place, quelques pratiques qu’on peut avoir pour avoir un rapport beaucoup plus apaisé avec ces sujets. Mais oui, je vois parfois une forme de panique, clairement, par rapport à tout ça. 

Clémentine Sarlat : C’est vrai, juste on peut se faire dépasser par les réseaux sociaux qui sortent en permanence, avec les adolescents et de se dire : je n’ai pas les codes en fait, je ne sais même pas comment ça fonctionne et les dangers qui sont derrière ces applications-là. 

Amélia Matar : Oui et les dangers, certains parents ont peur, à juste titre, parce qu’il y a quand même des dangers réels, des effets qui sont décuplés par le numérique qui jusqu’alors était circonscrit au monde réel. Même dans le monde réel, c’était déjà extrêmement violent, mais avec le numérique, ça prend des dimensions qui sont effroyables pour certains enfants. Donc oui, c’est très important d’être vigilant, d’accompagner ces enfants avec discernement. Je pense que la panique n’est pas forcément la réponse la plus opportune et la plus efficace, mais je comprends totalement qu’on puisse sentir désemparé et se dire “Mais dans quel monde on vit ?“

Clémentine Sarlat : Oui, je pense qu’on a tous un peu des fois ce grand vertige de se dire : “oula !”. Mes enfants ils sont petits encore, mais … On va tous et toutes passer par cette confrontation au monde virtuel avec lequel on n’a pas grandi adolescents. C’étaient les prémices. Moi j’avais un Skyblog, tu vois. Je fais partie de cette génération, il y avait MySpace ou peu importe ce que c’était, mais ça n’avait pas les mêmes proportions que ça peut avoir aujourd’hui. Ce n’était pas à portée de main, déjà, c’était sur nos ordinateurs, il fallait se connecter, prendre la ligne téléphonique, l’ADSL. Et du coup, on ne pouvait pas rester trois heures parce qu’il fallait libérer le téléphone fixe. Il y avait quand même un petit garde-fou autour de ça et on n’était pas visible au monde entier, ce qui est le cas aujourd’hui. 

Amélia Matar : Non, clairement. 

Clémentine Sarlat : Alors Colori, c’est aussi une start-up qui est prometteuse parce que tu as reçu un super prix, le Bold Future Award de la Fondation Veuve Clicquot qui récompense des femmes entrepreneurs et qui changent le monde. C’était en 2021. Ça t’a fait quoi d’avoir cette distinction qui est quand même vraiment importante dans le monde de l’entreprenariat? 

Amélia Matar : C’était vraiment incroyable, une émotion extrêmement vive. C’était aussi la récompense d’efforts vraiment intenses. Monter une entreprise, c’est un petit peu énergivore. 

Clémentine Sarlat : En même temps que tu as eu deux enfants, je tiens à le dire quand même. 

Amélia Matar : Et surtout ça a récompensé aussi toute l’équipe parce qu’évidemment on est plusieurs mobilisés sur le projet. Tout le monde était hyper heureux, hyper fier de pouvoir recevoir ce prix qui effectivement est un prix assez prestigieux et qui à la fois récompense les femmes entrepreneurs, mais récompense aussi l’impact social qu’on cherche à avoir. C’est un prix qui véritablement a aussi cette coloration sociale, en tous les cas engagée. Et donc voilà, on avait le sentiment d’être dans l’accomplissement de quelque chose d’important. 

Clémentine Sarlat : Ça a changé quelque chose, au niveau même peut-être de quand vous avez sollicité des partenariats, vous allez voir les mairies ou autres collectivités ?

Amélia Matar : Les collectivités territoriales en tant que telles, je pense qu’elles ne sont pas forcément très en lien avec cet écosystème entrepreneurial. Pas nécessairement, mais plus effectivement des partenaires peut-être plus privés, ou très régulièrement on me présente comme ayant reçu le prix Bold Future Award en 2021. Donc, je sens qu’effectivement, c’est un élément de réassurance important. Alors, j’ai du mal à mesurer à quel point ça a été profitable, mais très clairement, c’est quelque chose qu’on me rappelle souvent, qu’on souligne régulièrement. Et je pense qu’effectivement, c’est une vraie caution. 

Clémentine Sarlat : Je trouve ça chouette de se dire que des projets comme le tien sont valorisés dans un monde – parce que c’est Veuve Clicquot, c’est aussi un autre écosystème qui est particulier et qui donne de la reconnaissance à des projets comme le tien. Je trouve que ça a de la valeur de voir ça. 

Amélia Matar : Oui, très clairement, c’était un véritable honneur de pouvoir être récompensée dans ce contexte-là, avec le prestige que ça a aussi. Oui, ça raconte quelque chose de notre société, qu’effectivement cette sphère puisse valoriser des projets comme les nôtres. 

Clémentine Sarlat : Alors maintenant je vais te parler de tes plus grandes joies grâce à Colori ou tes plus grands accomplissements parce que ça c’est un prix, ça vient jouer dans l’écosystème entrepreneurial mais au quotidien avec les enfants, c’est quoi ce qui te fait le plus plaisir via Colori

Amélia Matar : Très clairement, c’est d’observer les enfants prendre eux-mêmes du plaisir dans nos activités. Ça, c’est ce qu’il y a de plus gratifiant, de voir des big smiles et des enfants qui ont envie de revenir, des enfants qui chantent. Il y a un atelier où des enfants ont scandé une chanson de manière spontanée parce que l’animatrice s’en allait. C’était “Yo yo, pars pas ! Yo yo, pars pas !”. Et tous les enfants se sont mis à chanter ensemble. Et d’observer ça, on se dit, on leur propose quelque chose de fort, une expérience qui véritablement les impacte profondément.

Et donc de se dire qu’on a un petit rôle comme ça dans la vie d’individus, c’est extrêmement gratifiant. Ce qui me remplit de joie systématiquement, c’est de recevoir des témoignages de parents, d’animateurs, d’enfants, des verbatims, de personnes qui profitent de Colori et qui sont vraiment hyper contentes. Pour moi, c’est vraiment le Graal! 

Clémentine Sarlat : C’est quoi le futur de Colori? Qu’est-ce que vous allez développer maintenant? 

Amélia Matar : Alors on nous demande beaucoup de travailler avec les plus grands. Donc là on a développé un atelier sous forme de fresques. Les fresques sont à la mode depuis la fresque du climat. Nous avec la conseillère, l’ancienne conseillère de la présidente de la CNIL, qui a travaillé à la CNIL pendant trois ans sur les questions d’éthique du numérique. Et une docteure en psychologie du développement, on a travaillé sur cet atelier d’intelligence collective pour les collégiens, les lycéens, qui fonctionne très bien. Qui leur permet justement de comprendre tout ce qu’on vient d’aborder : les algorithmes, les bulles de filtres, les biais algorithmiques, l’économie de l’attention et comment surtout bien réguler ses pratiques et avoir un usage sain du numérique. Donc il y a cette fresque qui se développe. Et nous notre enjeu c’est aujourd’hui, on est dans 60 villes, il y en a 36 000 en France. 

Alors il y a aussi des collectivités qui sont toutes petites ou des communautés de communes mais l’enjeu c’est de continuer les sémages, de pouvoir s’adresser au plus grand nombre d’enfants. Nous on travaille beaucoup par la formation des animateurs ou des adultes encadrants. De manière à ce que nos ateliers puissent vivre sans nous. Donc voilà, on continue sur cette veine en espérant que le plus d’enfants possible aient accès à Colori

Clémentine Sarlat : Donc si vous faites partie d’une équipe municipale ou d’une collectivité et que vous écoutez cet épisode et que vous dites : “Tiens, ça serait chouette d’amener ça dans ma ville!”, n’hésitez pas à aller sur Colori, solliciter vos équipes pour pouvoir mettre en lien. 

Amélia Matar : Oui, absolument. On a beaucoup de parents qui nous demandent aussi comment faire. Donc ça peut effectivement être eux qui sont prescripteurs auprès de leur collectivité. Ça, ça marche très bien. Et ça peut être aussi dans les entreprises, on est beaucoup sollicité par les entreprises pour les enfants des salariés, tout ce qui est family days, conférences pour les parents, c’est des choses aussi qu’on fait régulièrement. 

Clémentine Sarlat : Trop bien! Ma dernière question c’est, nous on est en tant que parents, on a envie, je te disais tout à l’heure “comment on les amène au numérique ?”. Mais autre, quel petit jeu on pourrait faire pour leur faire prendre goût à coder. Et je parle notamment des filles, parce que tu l’as dis, il y a un biais quand même qui est très fort envers les filles, J’ai trois filles, je vois qu’elles sont très intéressées par les poupées et la dînette, mais j’en sais rien, peut-être plus tard ça les intéresserait. Est-ce qu’il y a des choses spécifiques qu’on peut mettre en place pour leur dire : “c’est possible aussi pour toi et ça peut t’intéresser” ? 

Amélia Matar : L’outil véritablement phare à partir de 7-8 ans, c’est Scratch, qui est une plateforme en ligne qui permet de coder ses premières petites applications, ses premiers petits jeux vidéo. C’est assez bien fait. On peut aller très très loin. On peut aussi apprendre à coder sur Scratch et faire des choses assez élaborées, mais c’est une entrée en matière qui est intéressante. Et après, avec les filles, je trouve que ce qui est important, c’est toute la question des rôles modèles, donc leur donner accès à de la lecture qui met en valeur des femmes qui ont contribué aux sciences, à la discipline informatique. La discipline informatique, c’était une discipline très féminine, en fait, initialement, avec beaucoup de femmes. 

On cite souvent Adai Lovelace, par exemple, qui est considéré comme la première programmeuse, enfin le premier développeur, la première personne qui a imaginé un programme informatique, c’est une femme. Et donc montrer aux filles qu’en fait cette discipline n’est pas du tout réservée aux hommes et qu’elles ont contribué, enfin nous avons contribué dans l’histoire de manière vraiment très significative à la discipline, c’est aussi un moyen de leur dire bah c’est aussi pour toi quoi. 

Clémentine Sarlat : Oui d’avoir des rôles modèles, tu as raison, c’est quand même une des choses primordiales pour intéresser et ouvrir des portes. 

Amélia Matar : Oui, nous d’ailleurs on a un petit jeu qu’on peut télécharger gratuitement sur notre site autour des femmes majeures qui ont contribué à la discipline informatique. On raconte leur histoire, ce qu’elles ont fait, qu’est-ce qu’elles ont apporté aux mathématiques et à l’informatique. 

Clémentine Sarlat : Donc à partir de 7-8 ans, les mettre sur des applications, sur une tablette qui sont appropriées, toutes ces applications à leur âge et au développement. C’est quelque chose d’important pour les éduquer au numérique ou le plus tard on les met face à ça. Le mieux ?  C’est toujours cette question d’équilibre. 

Amélia Matar : Dès lors que ça s’inscrit parmi plein d’autres activités aussi déconnectées, moi je trouve qu’effectivement apprendre à coder c’est hyper amusant et puis ça leur permet de comprendre comment tout ça fonctionne tout simplement. Et Scratch, dont je parlais tout à l’heure, c’est vraiment une plateforme qui a été développée par le MIT, qui est utilisée par des millions d’enfants partout dans le monde, qui est très bien faite. Je trouve que c’est très puissant de pouvoir effectivement les embarquer là-dedans assez tôt. 

Clémentine Sarlat : Tu vois, moi qui ne suis pas du tout là-dedans, je trouve ça trop intéressant de me dire qu’en fait il y a un autre monde que je ne connais pas. Qui est lié au domaine de la technologie, des sciences, que j’en suis utilisatrice, ça c’est clair, mais la compréhension de ce monde, c’est quand même tout un autre sujet, un autre chapitre auquel ni moi ni leur papa, on les a éduqués pour l’instant. Donc t’as raison de dire que c’est pas forcément le statut social ou l’accès à l’éducation, c’est vraiment : “Est-ce qu’il y a au sein de la famille des geeks?”

Amélia Matar : Oui, c’est ça, c’est très clairement ça. 

Clémentine Sarlat

Chez nous, il y a des geeks mais qui consomment juste. Et c’est important ce que tu disais de toi, ton histoire à toi, elle a commencé parce que ton père était ce rôle modèle-là qui t’a initié à ça. 

Amélia Matar : Oui, très clairement. 

Clémentine Sarlat : Donc c’est à nous aussi de leur planter une graine. Il y a des choses à faire. 

Amélia Matar : Après, c’est dans les programmes officiels aussi. De plus en plus, le ministère de l’Éducation nationale s’empare de ces sujets. Voilà, et à l’instar d’autres pays qui sont parfois un peu plus en avance, on commence aussi à intégrer ça à l’école. 

Clémentine Sarlat : Donc faut pas rater le train parce qu’en fait ce serait quand même leur monde. Il faut se mettre à la page. 

Amélia Matar : Oui, très clairement. 

Clémentine Sarlat : Est-ce qu’il y a un dernier truc que tu voudrais dire aux parents face à ça, ce monde du numérique, cette culture que tu essayes d’enseigner? 

Amélia Matar : Oui, clairement, je comprends l’effroi qu’on peut ressentir parfois face à des nouvelles qui sont terribles. Clairement, il y a des dangers et je pense que c’est important de protéger nos enfants, c’est notre premier rôle. Malgré tout, il y a aussi des opportunités. C’est un aspect de la vie d’enfant à regarder avec beaucoup de pincettes, avec beaucoup de nuances. C’est complexe. Ce n’est pas tout blanc ou tout noir, comme le binaire. C’est plus en nuances. J’invite chacun à regarder ce sujet avec toute la complexité qu’il y a derrière et sans tomber dans des postures très moralisatrices et manichéennes. 

Clémentine Sarlat : Le numérique est complexe mais est intéressant. Il fera partie de notre vie pendant encore de nombreuses années donc il faut s’y intéresser. Merci beaucoup Amelia, c’était vraiment passionnant.

Amélia Matar : Merci à toi.

Clémentine Sarlat : Merci d’avoir créé Colori. Et il n’y a pas une application Colori du coup? On ne peut pas utiliser encore Colori pour nos enfants? 

Amélia Matar : Alors on a free.colori.fr où il y a plein d’activités à télécharger gratuitement, il n’y a même pas besoin de mettre l’adresse email. On ne prend même pas l’adresse email, c’est vraiment à la disposition des familles, des éducateurs, de tout le monde. 

Clémentine Sarlat : Donc rendez-vous sur ce site si vous voulez commencer avec des petites activités. Merci Amélia.

Amélia Matar : Merci à toi.

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