Devenir mère, c’est parfois un virage inattendu et pour Lenna Vivas, ce virage est arrivé plus tôt que prévu… et a tout bouleversé.
Pour cet épisode sorti au moment de la fête des mères 2025 j’avais envie de mettre en avant les mères de la nouvelle génération.

Celles qui font bouger les codes auprès de la gen Z.
Lenna Vivas en fait partie.
Suivie par des millions d’abonnés sur tiktok et sur instagram, Lenna fait passer des messages engagés pour faire changer le regard de la société sur des sujets encore tabous comme l’allaitement, le cododo et l’éducation respectueuse.
Je sais que vous allez adoré Lenna et sa force tranquille, son humour, sa lucidité, sa maturité et sa capacité à ouvrir un espace de dialogue, notamment intergénérationnel, autour des violences éducatives ordinaires.
Un épisode riche, intime, et profondément humain, que j’ai adoré enregistré !
🗣️ Au programme :
👶 Expériences de maternité précoce et parcours personnel (00:12 – 06:30)
😰 Changements identitaires et matrescence (07:41 – 11:22)
🤱 Allaitement : choix, tabous et partage sur les réseaux sociaux (15:01 – 21:39)
👩👧👦 Éducation bienveillante et remise en question des pratiques traditionnelles (30:25 – 33:45)
👨👩👧 Impact de la parentalité sur les relations sociales et familiales (24:48 – 39:25)
💬 Conseils, autodétermination et adaptation du couple (41:51 – 51:40)
TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE
Clémentine
Salut Lenna et bienvenue ici, à Bordeaux, dans le podcast. Je suis trop contente de t’avoir.
Lenna Vivas
Moi aussi, je suis trop contente d’être là.
Clémentine
Merci d’avoir accepté mon invitation. Tu sais pourquoi c’était important pour moi de t’avoir ? Je commence à me faire un petit peu plus vieux, tu vois, j’ai 37 ans. Et en vrai, ça fait longtemps que je n’ai pas posé la question de comment on vit la maternitéquand on était encore dans la vingtaine. Enfin, tu vois, pour les générations qui commencent à être plus jeunes que moi, parce qu’évidemment, ça change. Et donc, tu vas pouvoir être un peu le témoin de ça. Je trouve ça hyper cool.
Lenna Vivas
Trop contente d’être là.
Clémentine
Merci. Déjà, tu es devenue maman hyper jeune. Pour une moyenne française, ces jeunes.
Lenna Vivas
C’est vrai ?
Clémentine
Je crois que la moyenne, c’est 32 aujourd’hui en France. Donc tu n’étais pas dans ta trentaine ? Un peu avant. Tu as toujours voulu devenir maman ou c’est venu parce que tu as rencontré la bonne personne ? Comment ça s’est présenté ?
Lenna Vivas
Comme je dis souvent, je n’ai jamais eu ce truc de « je veux être absolument maman ». J’avais même l’impression que je n’avais pas forcément envie d’avoir d’enfant. Et en fait, à 16 ans, j’ai eu mon petit frère. Ma mère a eu un enfant très tard à 40 ans, très tard. Donc j’ai découvert ce que c’était la maternité à travers ça, à travers mon petit frère. Et j’avoue que je l’ai beaucoup aimé, alors que ma sœur, ce n’était pas vraiment la même chose. Ma sœur, j’ai une petite sœur aussi qui a 6 ans de moins que… De plus que moi. Non, de moins que moi, pardon. De moins que moi. Et donc ouais, j’avoue que là, j’étais là en mode… C’est horrible d’avoir… Un bébé et tout. Très méchante, mais c’est quand tu es jeune, quand t’as 7 ans.
Et donc, du coup, ça m’a vraiment dit c’est sympa. Et en fait, j’ai vraiment rencontré la bonne personne aussi. Je pense que c’est hyper important parce que j’aurais préféré ne pas avoir d’enfant, sinon, je pense. Et donc, oui, voilà. C’est vrai que direct, quand on s’est rencontré avec Benjamin, du coup, mon conjoint, ça a été le coup de foudre. Et je me suis dit avec lui, je me vois bien avoir un enfant.
Clémentine
C’est fou quand même d’avoir eu un petit frère, 16 ans d’écart, c’est beaucoup, c’est pas commun. Mais du coup, ça veut dire que t’es un peu une deuxième maman à l’adolescence. Tu t’es positionnée dans ce rôle-là.
Lenna Vivas
C’est vrai que c’était différent, la relation qu’on avait avec mon petit frère. C’était vraiment mon petit bébé. C’est la première fois que je savais ce que c’était le manque. Personne ne me manquait. C’est bizarre dit comme ça, mais quand je partais àl’école ou quoi, j’étais là en mode, oh mais il me manque, j’ai envie de le voir. Et c’était particulier comme relation. Pour un bébé, j’ai tout découvert et vraiment, je l’ai vraiment aimé, mais à un point incroyable. Et du coup, c’est vrai que c’était une relation un peu particulière de grande sœur, mais aussi de petite maman qui veut l’éduquer, qui veut être là pour lui, proche de lui et tout. Et encore aujourd’hui, c’est un peu ça.
Clémentine
C’est marrant que ça t’ait donné envie, parce que mine de rien, c’est quand même une grosse responsabilité d’avoir un enfant, de la logistique. Donc tu l’as vu, j’imagine que tes parents devraient être dans ce rôle-là. Et tu t’es quand même dit, ouais, ça a l’air trop bien.
Lenna Vivas
En fait, non, vraiment pas. Non, en fait, je me suis dit, c’est cool. Les bons moments que je passe avec lui, il est trop mignon. Un bébé, c’est trop d’amour. C’est tellement innocent. C’est tellement adorable. C’est tellement rigolo. En plus, Elias, moi, je suis fan de mon petit frère, mais vraiment. Et donc c’était cool, mais après quand même, calm down quoi. Mollo mollo, toutes les responsabilités qu’il y a à côté, je sais que je n’aurais pas pu les avoir aussi jeunes jamais de la vie. Mais quand même, je trouvais ça plus cool déjà de base, moi qui étais hyper réticente, qui n’étais pas du tout attirée par les enfants. C’est vrai que là, ça m’a un peu débloquée, ce côté où en mode non, je ne joue pas trop d’enfants. J’avoue que j’ai plus apprécié la maternité àtravers ma mère.
Clémentine
T’as ressenti le lien, en fait.
Lenna Vivas
Oui, ce lien avec un bébé, avoir peur qu’il dirait quelque chose, cette angoisse aussi et cet amour puissant, qui est différent forcément quand c’est le nôtre, mais qui est quand même très puissant.
Clémentine
Et toi, ton fils, il est arrivé dans quel contexte, alors ? Vous vous êtes dit, allez, c’est le bon moment, on y va, et ça arrive tout de suite. Comment est-ce que vous avez décidé devenir parent ?
Lenna Vivas
En fait, comme je te disais, ça a été vraiment le coup de foudre avec Benjamin. Dès le départ, ça a été très, très fort. Et en fait, j’ai changé de contraception au bout de quatre mois. Et pendant ce laps de temps, je suis tombée enceinte. 4 mois après s’être mis ensemble, donc c’était un peu surprise. Donc c’est pas grave, il a accueilli la nouvelle super bien, tous les deux, on était très contents. Et finalement, j’ai fait une molle partielle, donc je sais pas si tu vois ce que c’est. On va dire fausse couche entre guillemets. Bon, je l’ai très mal vécu. Et en fait, c’est là où je me suis dit, en fait, t’as peut-être envie d’être maman. T’as peut-être envie d’être maman. On n’est jamais vraiment prête. Mais du coup, là, je me suis dit, ouais, j’étais vraiment très triste après cette épreuve.
Et j’ai laissé passer le temps. J’ai repris une contraception. J’avais plus du tout envie qu’on me parle d’enfance. Voilà, j’étais un peu plus du tout… J’avais plus du tout envie après ce qui s’était passé. Et quelques années après, là, j’avais 26 ans, 27 ans. Je commençais à approcher de 27 ans. J’ai changé encore de contraception, je voulais plus prendre la pilule suite à un problème au foie. J’ai développé une petite tumeur bénigne au foie. Tout ça peut arriver. On ne nous le dit pas, mais ça arrive. J’ai arrêtéla pilule et j’ai changé de contraception. Et encore une fois, c’était un échec. Et à laps de temps, je suis tombée enceinte et cette fois-ci, c’était voulu, on va dire. Vraiment, je m’y attendais. Au fond de moi, je m’y attendais.
Je savais que c’était peut-être le bon moment, même si encore une fois, je répète, il n’y a pas vraiment de moment opportun, on va dire. Mais voilà. Et en fait, j’ai accueilli la nouvelle avec beaucoup de stress et d’angoisse par rapport à ce que j’avais vécu. Pour moi, ce n’était pas réel. Et en fait, je ne l’ai pas dit pendant 2-3 mois, même à mon propre conjoint, je l’ai gardé pour moi, sachant qu’en plus, j’ai vécu un début de grossesse un peu particulier. J’ai perdu un petit peu de sang, donc tout de suite, c’était la fausse couche. Panique, panique, donc j’ai fait des examens, je suis allée voir une super gynécologue qui m’a fait des examens, qui m’a rassurée et j’ai annoncé au bout de 2 mois et demi, 3 mois de grossesse à mon conjoint. Voilà, un peu tard.
Clémentine
Ouais, donc t’as réussi à garder ça pour toi ?
Lenna Vivas
Ouais, c’était dur. C’était très dur.
Clémentine
Je comprends ton angoisse et le fait de pas trop te projeter, mais vraiment mes chapeaux parce que tu vis avec quelqu’un au quotidien et ne pas lui partager que…
Lenna Vivas
Après, il s’en doutait un petit peu. Franchement, je n’étais pas hyper discrète non plus selon mes humeurs. J’essayais de lui faire comprendre, mais à la fois, je ne voulais pas le décevoir. Enfin, même s’il n’avait pas été déçu, on a tous été tristes et déçus. Mais voilà, je voulais le préserver de façon à le préserver, à ne pas qu’il s’inquiète et tout. Donc, quand j’ai su que c’était bon, même si ce n’est jamais bon, mais quand j’ai su qu’au bout d’après, en fait, c’est cette échographie du premier trimestre qui me traumatisait parce que c’était là où j’ai appris que le cœur du bébé ne battait plus. Et du coup, je voulais un peu faire des trucs de mon côté et après pouvoir lui annoncer, parce que voilà, pas encore une fois, que ce soit pour quelque chose qui ne se fasse pas. Et voilà, j’ai attendu un petit peu.
Clémentine
Et quand tu lui as dit ?
Lenna Vivas
Lui, pareil, il était content, mais pareil, toujours avec ce retrait parce qu’on a peur. Après ce qu’on a vécu, on n’ose pas se laisser complètement aller à la joie. Et donc, on est un petit peu sur le… Sur le côté, quoi, un petit peu en retrait, on va dire. Mais il était content, très content, mais voilà, avec des pincettes.
Clémentine
Quand tu deviens maman, du coup, la naissance de ton fils, tu réalises que ça va apporter des choses différentes dans ta vie ? Est-ce que tu as la sensation que ça va changer quelque chose ? Est-ce que tu t’es renseignée ou tu le vis sans avoir récupérétrop d’infos ?
Lenna Vivas
J’avoue que moi, je suis du genre à vivre le jour, à ne pas me prendre la tête, vraiment. Mais un enfant, c’est différent. C’est d’énormes responsabilités. Je compare, même si ce n’est pas forcément comparable, mais j’ai eu deux chiens et avant de les avoir, je trouvais ça hyper important de me renseigner quand même par rapport à l’éducation que je souhaitais leur apporter, par rapport à ce dont ils avaient besoin. Donc, quand j’accueille Edzio, mon fils, je me renseigne, je lis des livres. Et je regarde beaucoup de vidéos aussi sur les réseaux, de superbes vidéos, je suis des gens, et en fait, voilà, je sais que tout va changer, mais je pense pas à tel point, parce qu’à son arrivée, ça a été un chamboulement énorme, et je savais que ça allait changer, mais pas à ce point-là, quand même.
Clémentine
Est-ce que tu sais ce que ça veut dire, la matrescence ? C’est le nom de mon podcast. Tu connais ce concept ?
Lenna Vivas
Oui, je me suis renseignée, mais la définition exacte, non.
Clémentine
En fait, c’est deux mots, maternité et adolescence, qui sont mis en un mot pour expliquer ce que vit une mère au moment de la naissance de son enfant, qui sont des changements identitaires sur le plan physique, biologique, physiologique, neurobiologique, pour dire qu’il y a un avant-après, en fait, et que l’adolescence, tu vois cette phase qui est un peu ingrate, parfois, Mais qui dure plusieurs années, la matrescence c’est très soudain en fait, parce qu’au moment où tu deviens mère dans les premières semaines, tu peux ressentir, tout le monde ne le ressent pas, mais tu peux ressentir ce… Mais tout vient de changer, en fait. Il y a un avant, un après, et c’est assez… Ça peut être assez violent, comment on s’est vécu. Et donc, ce que tu décris, c’est un petit peu ça, non ?
Lenna Vivas
Oui.
Clémentine
D’un avant-après.
Lenna Vivas
Complètement. Ça m’est tombé sur la tête. C’est-à-dire que là, il y a vraiment… J’ai la responsabilité d’un petit être humain. Et voilà, j’ai plus que moi à m’occuper. Là, il faut que j’envisage. Comme je disais, je vivais beaucoup le jour. Là, c’est plus possible. Je ne peux plus me lever le matin et me dire, qu’est-ce que je vais faire ? Non, non. Il faut s’occuper de lui, il faut lui donner à manger, etc. Ça a changé du tout au tout.
Clémentine
C’est quoi qui t’a le plus surprise quand t’es devenue maman ?
Lenna Vivas
Je pensais que ça allait être le fait de manquer de sommeil, le fait d’être fatiguée. Mais en fait, ça a été cette angoisse permanente où là, je me suis dit, mais en fait, là, aujourd’hui, à partir de maintenant, j’ai tout à perdre. Avant, je m’en fichais de… Pas de mourir, c’est horrible de dire ça, mais bon, je me cassais une jambe, c’est pas grave, je partais. Je prenais pas trop soin de moi, d’un aspect vraiment… De risque et tout. Mais aujourd’hui, en fait, tout est différent, c’est-à-dire que j’ai peur pour moi, j’ai peur pour mon fils avant tout. Et c’est ce flot d’angoisse qui m’a submergée, ce qu’on appelle aussi un peu le baby blues, avec les hormones, etc. Moi, je l’ai vécu. Et c’est vrai que ça m’a impressionnée.
Et au-delà de cet amour inconditionnel, c’est aussi comment je l’ai vécu dès les premiers instants. C’est pas tout le monde qui vit ça, mais en tout cas, moi, c’est mon expérience. Wow. Genre, j’étais en mode, what the fuck ? C’est ça d’avoir un enfant ? Et voilà ce qui m’a le plus marquée après l’accouchement, la découverte de mon fils. C’était incroyable.
Clémentine
Donc toi t’as eu cette sensation d’amour très fort que certaines femmes ressentent et d’autres non, au moment d’avoir le bébédans les bras. Tu l’as tout de suite pris en pleine face.
Lenna Vivas
Mais tout de suite. Mais en fait aussi parce que j’ai vécu une grossesse beaucoup sur la réserve, c’est-à-dire que j’y croyais pas. Non, j’y croyais pas que j’avais un bébé. Vraiment, ça a été dur parce que voilà, cette désillusion et je suis très très terre à terre quand même. Et donc là où j’ai commencé à le ressentir, c’était quand je l’ai senti bouger. Là direct, c’est… « Waouh ! Ok, t’as quelque chose de vivant dans ton bidou, en fait ! » Donc là, ça a été une révélation, vraiment. Et l’accouchement, ça a étél’apothéose, vraiment le final. Et donc, quand je l’ai eu sur mes bras, c’était là « Est-ce qu’il va bien, déjà, direct ?
» Parce que c’est vrai que, du coup, peut-être que je suis surinformée ou que je regarde beaucoup trop d’interviews de femmes à qui sont arrivées des choses horribles. Donc du coup, c’est toujours cette angoisse du bébé mort-né, mort-subi du nourrisson. Ça a été un enchaînement d’angoisse, de peur, que j’ai réussi aujourd’hui quand même, ça va mieux. Mais ça a étéce qui va bien. OK, OK, j’ai accouché, mais regardez-le, s’il vous plaît. Voilà, c’était ça. Tout de suite, je voulais qu’il soit bien avant moi. Vraiment, c’était ma préoccupation principale. Et oui, j’ai ressenti directement cet amour inconditionnel. Là, c’est ma vie, vraiment, c’est… Pour la sienne, quoi. Tout pour lui, quoi.
Clémentine
Et ce que tu décris là, c’est un peu l’hypervigilance maternelle, on appelle ça. C’est de jamais réussir à redescendre en pression et d’avoir confiance que ça va aller. Aujourd’hui, tu te sens plus tranquille par rapport à ça ?
Lenna Vivas
Oui, oui. Ça a été vraiment les premiers mois qui ont été très compliqués. Je l’avais tout le temps sur moi, mais vraiment, on n’était qu’une personne encore. C’est un peu ça après. Mais tout le temps sur moi, j’ai fait qu’un avec le canapé pendant trois mois, je dirais. Avec l’allaitement aussi, c’est vrai que j’ai ce contact permanent et l’hypervigilance. Donc, dormir avec lui, Mais vraiment, c’était pas du co-dodo, c’était du co-sleeping, vraiment sur moi. Voilà, tout le temps à surveiller s’il respire. Voilà, donc ça a été… Ça va mieux. Oui, oui, ça va beaucoup mieux aujourd’hui avec son papa, donc c’est que… C’est que ça va, mais c’est vrai que c’est dur de faire confiance même après quand ils grandissent aux autres personnes. Même si c’est notre famille, mes parents, mes beaux-parents, c’est très difficile.
Et oui, ça va mieux forcément quand on sort de la mort subite du nourrisson, même si encore une fois, ça peut aller jusqu’àdeux ans. Mais voilà, les six premiers mois, dès qu’on sort des six premiers mois, on est en mode… J’ai respiré, même si c’est horrible de penser comme ça, mais c’était dans un coin de ma tête. Puis en plus, aujourd’hui, les réseaux sociaux ne nous aident pas. Enfin, ne nous aident pas. C’est beau, ces femmes qui partagent leur parcours, c’est important pour elles. Mais nous, ça nous crée encore plus d’angoisse et de peur. Et donc, du coup, c’est vrai qu’au début, c’était très difficile à gérer. Très difficile à gérer.
Clémentine
Mais ça, c’est quelque chose qu’on a du mal à expliquer à quelqu’un qui n’a pas d’enfant, de l’angoisse qu’on peut ressentir de la responsabilité d’une vie humaine et de se dire qu’il n’y a que nous qui pouvons faire en sorte que le bébé survive. C’est éreintant, en fait.
Lenna Vivas
Oui, c’est épuisant mentalement, c’est vrai.
Clémentine
Est-ce que quand ton fils naît, avec ton conjoint, vous avez déjà préparé le postpartum, vous êtes organisé ? Est-ce que vous avez mis des choses en place où tu vis encore au jour le jour et tu découvres un peu sur le tas ?
Lenna Vivas
En fait, moi, je voulais vraiment vivre mon expérience. Je voulais me renseigner sur des choses importantes, que ce soit sur l’alimentation, des choses vraiment médicales, on va dire. Mais je ne voulais quand même pas voir ce que c’était par exemple les émissions comme Baby Boom tout ça, je voulais pas voir ce que c’était l’accouchement, je voulais pas voir ce que c’était même le postpartum, les vidéos de femmes qui avaient accouché, je voulais vraiment vivre ma propre expérience et voilà, pour la première fois. Et donc du coup on s’était renseigné certes, mais par exemple l’allaitement. Je savais pas si je voulais allaiter, je savais pas comment ça allait se passer.
Et en fait, j’ai écouté mon instinct dès le départ, vraiment, je me suis écoutée moi, avant des fois même d’écouter les professionnels de santé, même si encore une fois, ça, ça concerne allaitement, mais tout ce qui était important pour mon bébé, évidemment que j’écoutais au pied de la lettre, mais tout ce qui concernait vraiment l’alimentation de mon bébé, etc. Donc notamment l’allaitement, je me suis toujours écoutée moi, mon instinct. Et bien sûr qu’après, tout ce qui était éducation, tout ça, c’était hyper important pour moi de me renseigner, d’en parler avec mon conjoint, parce que ça, avant d’avoir un enfant, on peut pas savoir en fait comment on va agir. Donc ça, je me suis beaucoup renseignée sur ce que c’était l’éducation bienveillante, comment approcher autrement que les punitions, etc.
Bon bref, ça, c’est un autre sujet, mais ça, oui, je me suis beaucoup renseignée parce que pour moi, c’était hyper important, pas de tout faire parfaitement, parce que forcément que je vais faire des erreurs, mais de faire le mieux pour mon enfant, en fait. Voilà, c’était hyper important pour moi.
Clémentine
Donc t’es à la maternité, on te passe ton fils, tu te dis, j’essaye d’allaiter.
Lenna Vivas
En fait, justement, le fait de m’être trop informée, de vraiment m’écouter moi, ça a été tellement naturel. Après, encore une fois, c’est mon expérience à moi, c’est pas une science exacte, mais en fait, ça a été naturel directement. Il s’est déplacé de lui-même, en fait, comme un petit chat, vers mon téton, vers mon sein. Et après ça a coulé comme ça. Après, attention, je me suis quand même renseignée pas mal et comme mon métier fait que j’ai quand même la chance de recevoir beaucoup de produits, sur les crevasses, tout ce qui était crevasses, tout ce qui était… Du coup par rapport à l’allaitement. Et j’ai pu prévenir aussi, ça m’a beaucoup aidé dans mon allaitement, ce genre de problèmes parce que le premier mois pour moi a été très compliqué par rapport à l’allaitement.
Et ces produits m’ont beaucoup aidé donc c’est vrai que ça c’est bien. Et aussi les récits de ma mère qui m’a dit qu’elle avait allaité mon frère pendant un mois, que ça avait été horrible, qu’elle avait dû arrêter à cause des crevasses. Et avant, bien sûr, j’avais une sage-femme qui était très, on va dire, physio, entre guillemets, qui m’a beaucoup conseillé sur l’allaitement, sur l’accouchement, etc. Et qui m’a donné des positions à adopter par rapport à l’allaitement. Et donc, voilà. C’est vrai que je parle beaucoup de l’allaitement.
Clémentine
Non, mais c’est hyper intéressant l’allaitement parce que c’est très stigmatisé en France. Parfois, on nous empêche d’allaiter dans les lieux publics. On associe l’allaitement à une sexualisation qui n’a rien à voir. Et donc, c’est tellement important quelqu’un comme toi, qui a autant de visibilité sur les réseaux sociaux, sur une population qui est jeune, tu puisses en parler et de le faire de la manière dont tu le fais. Vraiment, merci. De le faire pour les mamans et pour les papas aussi, parce que c’est important que tout le monde ait conscience de ce que sont les enjeux derrière l’allaitement quand on choisit d’allaiter, parce que chacun fait ce qu’il veut. Il a quel âge, ton fils là ?
Lenna Vivas
Il a 18 mois.
Clémentine
Est-ce que tu te serais dit 18 mois après, je continuerais d’allaiter ?
Lenna Vivas
Mais non, pour moi, c’était très tabou. Encore une fois, quand j’en parlais à ma mère, alors ma mère allaitait un mois, c’était déjà énorme et tout. Mais même quand je jouais sur les réseaux sociaux, ou alors que j’en parlais avec des copines, c’était un mode à pas plus de 6 mois, sinon ça craint, tu sais, tout ce truc pour ton mec, mais qu’est-ce que… Genre, rien à voir… Non, non. Donc non, je me disais, écoute… Fait, tu verras. Au début, j’ai dit six mois, après un an et après, encore aujourd’hui, je dis on verra. Pour l’instant, je kiffe mon aventure. C’est un don de soi énorme. C’est une mise à disposition énorme, mais c’est franchement ma plus belle aventure. Encore une fois, c’est incroyable, énorme. Cependant, je ne me serais absolument pas dit avant d’accoucher, tu vas aller t’étendre tant. Jamais de la vie, vraiment. Pour moi, c’était on verra.
Clémentine
On verra 18 mois plus tard. Qu’est-ce que tu reçois comme message sur les réseaux sociaux par rapport à ton allaitement ? Est-ce que c’est plutôt que tu mets en avant, que tu ne caches pas ? Est-ce que c’est plutôt positif ? Est-ce que c’est de la curiosité ? Est-ce que les gens te demandent d’être éduquée sur ce thème-là ? Ou il y a un peu de push-back ?
Lenna Vivas
Franchement, il y a de tout, mais beaucoup plus de positifs. Et ça, c’est vraiment à ma grande surprise. Je pensais que de par mon entourage, de par ce que je vois sur les réseaux, de par ce que je vois comme récits de personnes à qui on a empêchéd’allaiter, quand même beaucoup de curiosités. Les femmes se renseignent, les femmes qui, elles, s’étaient dites, ben non, je n’allaiterai pas, sont curieuses et se disent, mais quand même, ça a l’air sympa, ça a l’air, ce lien avec le bébé. Et après, bon, toujours ces hommes qui disent, oh là là, c’est dégoûtant, bon, ça, c’est vraiment une minorité.
Et les femmes qui sont contentes et qui racontent aussi leurs histoires, qui n’osent peut-être pas, des fois qui cachent leur allaitement à leur famille et qui sont contentes de voir qu’on détaboutise, je sais pas si ça se dit, mais… Ce sujet qui est hyper important en fait, qui est hyper naturel, normal, il n’y a pas à avoir honte, mon dieu, pas du tout au contraire. Et il y a aussi ces femmes qui sentent culpabilisées. Alors ça encore une fois, moi je fais attention, je prends vraiment des pincettes, je raconte mon expérience, mon histoire, et vraiment encore une fois, je le répète, chaque femme fait comme elle veut, comme elle peut, parce que moi j’ai la chance certes d’avoir un métier qui fait que je suis à la maison, proche de mon fils, mais on n’a pas tous cette chance.
Et c’est une vraie mise en place l’allaitement Et donc voilà, il y a beaucoup de positivité malgré tout, malgré ce qu’on pense, plus que de négativité, mais aussi de femmes qui trouvent pas ça normal, encore à 18 mois, jalettes. C’est surtout les anciennes générations que j’ai remarqué. Même dans ma famille, j’ai la chance d’avoir des gens très compréhensifs, mais j’avais peur quand même d’avoir ces jugements et valait mieux pas parce que j’aurais remis les gens à leur place. Mais voilà, c’est vrai que quand même plus de bonnes réactions.
Clémentine
Quand t’as commencé à documenter, bon, ça fait partie de ton travail, t’aurais pu cacher que t’allais t’es. Est-ce que tu l’as fait avec l’intention, justement ? De vouloir enlever le stigma et les tabous, ou c’est parti à la base juste pour partager et tu t’es rendu compte qu’il y avait un enjeu derrière.
Lenna Vivas
C’est vrai que moi, de base, je partage toute ma vie, mais depuis toujours, vraiment, depuis que je suis toute jeune, j’ai commencé le réseau, j’avais 14 ans. Et en fait, pareil que pour ma fausse couche, quelque chose qui est très, très tabou àl’époque, en 2019, j’ai voulu absolument en parler pour enlever ce voile, justement, sur le fait qu’en fait, il y a énormément de gens qui le vivent. Et bon, c’est un peu différent, mais là, honnêtement, au début, c’était vraiment partager mon expérience, parce qu’encore une fois, j’ai pas… Je ne suis pas une professionnelle, etc. C’est vraiment juste mon expérience, comment je le vis. Mais après, avec le temps, je me suis rendu compte à quel point c’était important.
Moi qui lutte contre la sexualisation déjà de base de la femme, de base avant ma poitrine qui a toujours été sexualisée, moi j’ai jamais mis de soutien-gorge, etc. Ça a toujours été un problème vis-à-vis des hommes, vis-à-vis même des femmes. Surtout des hommes. Mais aujourd’hui, encore une fois, en plus que jalette, c’est hyper important pour moi. C’est comme un combat, en fait. Littéralement, c’est un peu un combat. Et aussi pour faire connaître et pour dire qu’en fait, c’est pas dégoûtant qu’un enfant à 5 ans, 4 ans, il continue d’allaiter. Non, c’est naturel. Arrêtez de voir ça comme quelque chose de bizarre. C’est vous qui êtes bizarre, c’est votre façon de voir les choses qui est bizarre.
Et c’est quelque chose que, avec le temps, je me suis dit que c’est important d’en parler, c’est important de communiquer, et j’ai la chance d’être suivie par tant de personnes, donc ça va encore plus toucher de gens. Donc c’est top.
Clémentine
Et tu me fais tellement rire parce que sur les dernières vidéos que tu me montres, tu expliques qu’on peut allaiter d’un sein, donc il y a plein de gens qui ne savent pas ça, il y a des enfants qui préfèrent un sein, il faut bien le dire. Et donc forcément, c’est pas que ça déforme, mais t’as un sein qui est plus gros que l’autre, c’est normal, et tu le montres sur les réseaux sociaux. Mais c’est rare, on montre rarement ça, comme tu le disais, surtout on cache, on met des soutiens-gorge, on met des t-shirts, on gomme un peu ce genre de différence. Et je trouve ça génial parce que moi ça me fait rire de voir ce que tu dis avec humour d’ailleurs.
Lenna Vivas
Oui, il faut.
Clémentine
Et ça, est-ce que ça passe ? Est-ce que les gens en rigolent avec toi ou est-ce que ça devient quelque chose ? Parce que les réseaux sociaux ça peut aller tellement d’un côté comme de l’autre.
Lenna Vivas
Mais après t’as toujours ce flow d’hommes. Encore une fois désolée, moi je suis très les hommes. Mais c’est vrai qu’ils vont sexualiser directement et qu’ils vont dire « oh bah je veux bien t’es l’autre » ou voilà, ce genre de réflexions qui font que ça fait des vues mais il y a toujours ce… Alors moi ça c’est… À la limite c’est rigolo, on va dire c’est rigolo, bon c’est pénible, on est toujours sexualisés mais allez, ça reste gentil, on va dire, certains commentaires sont plus gras. Mais surtout, moi, ce que j’adore, c’est toutes ces réactions de femmes, en fait, qui pour elles ont vécu la même chose, qui en fait n’osaient peut-être pas en parler, étaient là en mode, bon, j’ai vécu ça, peut-être que je suis la seule.
Mais en fait, elles se rendent compte, dans les commentaires, il y a des centaines de commentaires, mais en fait, on a vécu la même chose, donc c’est génial. Et c’est pour ça que j’en parle, parce que si je l’ai vécu, c’est que plein d’autres femmes l’ont vécu, forcément. Et en fait, je ne me suis pas rendue compte si on en parlait ou non sur les réseaux. Moi, vraiment, comme je te dis, je partage mon quotidien et ça fait partie de mon quotidien. Et en fait, certains ne vont pas oser en parler. Mais aujourd’hui, ce qui est cool, c’est que tu as toutes sortes d’influenceurs et on en parle de tout. Aujourd’hui, on arrive à de plus en plus parler de tout, même si ça reste quand même des fois taboues.
Lenna Vivas
Et ouais, donc franchement, non, les retours sont géniaux parce qu’on se rend compte qu’on a vécu, on est beaucoup à vivre la même chose.
Clémentine
Quand on devient parent, notre monde y change, on disait, notre rythme de vie, tu vois, tu vis un peu moins au jour le jour. Et parfois, dans nos amitiés, ça change aussi, surtout si on est les premiers à avoir des enfants par rapport aux autres. Est-ce que toi, tu sens que ça a été un décalage ? Est-ce que tes amis ont des enfants en même temps que toi ? Comment ça se passe ça ?
Lenna Vivas
Eh bien c’est vrai que ce que tu dis c’est impressionnant ce décalage. Alors il y a ceux qui vont être proches des enfants donc ils vont comprendre et d’autres qui vont être complètement déconnectés et qui vont pas comprendre le rythme d’un enfant, l’importance que ça a, qu’il se couche à telle heure, qu’il ne mange pas de ci, de ça. Et donc c’est vrai que tu fais malgré toi le tri, forcément. Enfin en tout cas moi c’est ce qui s’est passé. J’ai eu la chance d’avoir des amis qui ont accouché en même temps que moi, ou des amis de mon conjoint pardon, Mais ce qui nous a beaucoup rapprochés, et au contraire ce qui nous a beaucoup éloignés avec des gens qui ne se reconnaissent pas dans la maternité, ou qui ne sont pas proches d’enfants, ou qui ne comprennent pas certaines choses.
Et forcément on ne vit plus au même rythme, on ne fait plus les mêmes choses. Et oui, ça creuse un écart. Et même par exemple par rapport à la famille, c’est des fois compliquées quand t’as une soeur ou un frère. Ils n’ont pas d’enfants, donc ils se calment et ils apprennent. En tout cas, pour ma part, ça a été cool parce que les gens comprennent, les gens essaient de comprendre et d’autres ne comprennent pas. Et donc, là, forcément, par exemple, on ne repartira pas en vacances avec eux parce que le rythme… Mais même pour eux, moi, je comprends tout à fait. Ils ont envie de vivre leur vie, comme ils l’entendent. Et donc, du coup, il y a un gros décalage. Donc oui, j’ai eu la chance d’avoir des amis qui ont accouché à peu près en même temps que moi.
Ça nous a beaucoup rapprochés. Mais malheureusement, les autres amis qui n’ont pas vécu la même chose, ça nous a un petit peu forcément éloigné, et c’est normal, c’est pas grave. Tu t’y attendais à ça ? Oui, parce que déjà, comme je te disais, je compare beaucoup souvent, les gens n’aiment pas, mais j’ai eu des animaux, et pareil, que ce soit dans mon éducation par rapport à mes chiens, j’ai toujours voulu avoir ce côté positif, ce côté où j’ai des chiens, c’est une grosse responsabilité, déjà, d’avoir des animaux. Faut que je sorte tant de temps. Et pareil, les gens appréciaient pas que je mette mes chiens à une valeur, à une certaine valeur. Donc là, certaines personnes se sont déjà éloignées par rapport à ça. J’imposais mes chiens, voilà, dans ma famille. Enfin, mes chiens, c’était ma famille, donc ils vont partout.
Ils vont avec moi en vacances, etc. Et donc déjà, de base, c’était comme ça. Donc je m’attendais à ce qu’avec un enfant, ça soit pire. Parce que là, un enfant, c’est quand même différent. On va pas se mentir. C’est du 100% tout le temps. Ça ne se gère pas tout seul, ça ne reste pas un petit peu dans le jardin tout seul.
Clémentine
À un moment, ça vient, mais pas tout de suite.
Lenna Vivas
Oui, pas tout de suite, je m’en doute. Mais voilà, donc oui, c’est vrai que je m’attendais à ce changement.
Clémentine
En fait, c’est vrai que d’avoir une expérience de responsabilité… Un animal, c’est une responsabilité. Surtout, c’est pas un petit cochon d’Inde quelque part, un chien, un putain et plusieurs. Ça, t’avais déjà appris cette notion de responsabilité, d’engagement et de calibrage de la vie autour du bien-être de l’être humain, enfin, dans l’être vivant.
Lenna Vivas
Mais c’est marrant ce que tu dis parce que certains ne sont pas d’accord avec moi et je me tout à fait compte. Enfin, bof. J’ai du comprendre tout le monde, vraiment, c’est un de mes traits de caractère. Mais pour moi, c’est pas à eux de s’adapter à nous. En fait, je suis désolée, mais on prend la responsabilité de prendre un chien, d’adopter un chien, par exemple. C’est pas lui qui va supporter neuf heures à enfermer. Enfin, tu vois, il faut qu’on lui accorde des balades. C’est hyper important. Un bébé, c’est encore pire. Donc, on prend la décision ou pas. D’ailleurs, il y en a qui tombent enceintes, qui font des lignes de grossesse, etc. Mais quand il est là, en fait, il n’a jamais demandé à être là, mon petit bébé.
C’est à moi de faire que sa vie soit la plus paisible possible, la plus accordée, tu vois. Un bébé, ça ne doit pas pour moi… On se plaint des fois, oh mais il râle, il fait des caprices, etc. Dans les lieux publics. Mais c’est normal, un train, par exemple, c’est pas adapté pour un bébé. C’est normal qu’il crie, qu’il pleure, c’est son seul moyen d’expression déjà. Ça, je l’ai compris après. C’est pour ça que je ne suis pas dans le jugement avec les gens et que je me dis, bon, ils comprendront plus tard. Quand on a un enfant, on comprend bien plus de choses. Mais c’est vrai que je regrette d’avoir des fois à souffler. Oh non, il y a un bébédans l’avion. J’ai passé un mauvais… Eh ben ouais, mais c’est comme ça. C’est un lieu public. Donc voilà, encore une fois, ils n’ont pas demandé à être là. Donc il faut faire en sorte qu’il soit bien.
Clémentine
Mais tu vois, ce que tu décris, c’est aussi… On a un manque d’éducation autour de ce que ça implique de faire famille, d’avoir un enfant, parce qu’on ne considère pas les enfants comme des êtres à part entière qu’on doit respecter. On les considère comme des nuisances. Et c’est vrai que j’ai été comme toi avant d’avoir… Moi, j’ai eu ma première fille à 29 ans. Je me vois être cette connasse dans l’avion qui souffre parce qu’il y a un bébé qui pleure. Mais en fait, il avait peut-être une otite le pauvre. Aujourd’hui, j’ai envie de mettre des claques, de me dire que j’ai réagi comme ça. Exactement. Mais je me dis peut-être que si on m’avait éduquée à ces sujets-là avant, de dire en fait, juste à l’école, expliquez-nous le développement d’un enfant de base.
Clémentine
Et comme ça, peut-être qu’on aura tous plus d’empathie ou prévoyer des lieux pour les enfants de manière positive. Parce qu’en France, on n’est pas les champions du monde pour ça.
Lenna Vivas
On est d’accord. C’est bien ce que j’ai remarqué.
Clémentine
Ouais, clairement, si tu voyages dans plein d’autres pays ou n’importe quelle culture, en fait, juste c’est la vie enfance, c’est chouette. Et nous, en France, on est là. Arrêtez de nous déranger, oui. Et donc, c’est difficile, tu vois, de voir que toi aussi, tu as eu cette prise de conscience. Je me dis, c’est chiant. On n’a pas encore fait ce travail assez fort pour les générations les plus jeunes, tu vois, de valoriser le fait que les enfants doivent faire attention à eux et pas l’inverse.
Lenna Vivas
C’est ça. Et rien que cette expression, en fait, avec du recul, que je trouve horrible. Et j’en ai fait une vidéo, d’ailleurs, sur TikTok. Je déteste les enfants. Je déteste les bébés. Mais on dirait je déteste les femmes. C’est de la misogynie. Donc, en fait, c’est une forme de discrimination. Et en fait, on a banalisé cette phrase que même moi, j’ai pu dire avant. Non, non, je déteste les bébés. Oh là là, les bébés. Non, en fait, c’est très grave de dire ça. On ne s’en rend pas compte. Encore une fois, je dis ça avec du recul, aujourd’hui, avec ma vie de maman. Mais sinon, c’est vrai que pourquoi est-ce qu’on continue de dire ça et les gens continueront de dire ça ? Parce que les enfants ne peuvent pas se défendre. Il n’y a pas de comité d’enfants. Non, arrêtez l’excrimination.
Non, mais c’est vrai. Et que du coup, aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que c’est très grave de dire ce genre de choses et de les discriminer parce qu’ils n’ont pas besoin d’être là. C’est des enfants, enfin, ils ont leurs droits, ils ont leur envie, ils ont leur… Voilà. Donc, c’est pas bien.
Clémentine
Ça, est-ce que cette vision-là, qui est très respectueuse des enfants, qui n’est pas une vision majoritaire en France. On est encore sur une éducation très autoritaire, très verticale. Est-ce que c’est difficile de parler de ça sur les réseaux sociaux ?
Lenna Vivas
Très difficile. Parce que du coup, c’est vrai que j’ai peur toujours de heurter, de blesser, même si encore une fois, j’essaie d’être dans la bienveillance. Mais c’est vrai que, par exemple, j’ai fait des vidéos où je revendique le fait qu’en fait, éduquer son enfant, ça passe pas par les fessées, rien que ça. C’est censé être normal, c’est dans la loi. Mais non, en fait, c’est inscrit, c’est dans la culture, je sais pas, française, dans nos familles. J’ai la chance d’avoir une famille quand même très ouverte d’esprit, qui se rend compte de leurs erreurs. Parce que moi, j’ai grandi avec… Et c’était OK, c’était normal. Et encore aujourd’hui, on se rend compte que non, en fait, c’est pas normal. Et je le revendique, je le dis, mais les gens sont… Ils culpabilisent en fait.
Je pense que d’un côté c’est bien parce qu’ils sont énervés parce qu’ils se rendent compte peut-être de ce qu’ils ont fait. Ils culpabilisent donc c’est déjà un premier pas vers la rédemption on va dire. Se rendre compte juste que ce qu’on a fait c’était pas normal. Et encore une fois c’est pas forcément de leur faute dans le sens où ils l’ont vécu donc pour eux c’est normal de le reproduire. Aujourd’hui on a les réseaux, on a la chance d’être documentés, on peut apprendre et donc c’est pour ça que c’est important aussi de moi ma voix, les gens, les livres, de se rendre compte qu’en fait, non, ce qu’on a fait, ce n’était pas forcément normal. Et donc, oui, les gens le prennent des fois mal, mais la plupart du temps, les gens sont d’accord.
Et la plupart du temps, quand même, les gens soutiennent mon discours, même si c’est pour certains dur. Et quand tu vois même les influenceurs en général, les créateurs de contenu, il y a beaucoup de créateurs de contenu qui n’en parlent pas et pour qui c’est normal cette violence. Tu vois, c’est le mot. Je suis désolée, mais ouais, une bonne fessée, ça n’a jamais tuépersonne. Comme ils aiment dire, moi, je ne suis pas morte. Mais bon, certains meurent. Donc ouais, c’est important d’en parler et j’y vais avec des pincettes toujours parce que je veux pas heurter quand même. Voilà, j’aime pas être moralisatrice, ça je déteste. Parce que justement, je mets à la place de ces personnes-là et j’ai fait des erreurs. J’ai pensé que justement, c’était comme ça avant. Une bonne fessée, machin. J’ai pensé comme ça.
Enfin, comme je le vivais, pour moi, c’était normal, tu vois. Et donc, c’est qu’on se déconstruit petit à petit. Ça prend du temps, mais je trouve ça important et que les gens, même si c’est jamais trop tard, quoi. Le mal est fait, mais se rendre compte de ses erreurs, tu vois, c’est hyper important.
Clémentine
C’est important, ce que tu dis, de dire que c’est jamais trop tard, parce que ça donne du pouvoir. Et autant changer le plus rapidement possible et pas continuer dans quelque chose qui est nocif, parce que tu l’as bien rappelé, c’est interdit par la loi de taper physiquement, mais même toute violence éducative. Malheureusement, il n’y a pas eu derrière, depuis 2019, des campagnes gouvernementales pour aider. C’est pour ça aussi que tu as un rôle important, ou les gens qui ont de l’influence sur les réseaux sociaux, parce que malheureusement, l’État n’a pas fait ce travail-là. Et donc vous avez une fenêtre qui est énorme pour pouvoir influencer. Des créateurs de contenu où l’influence, tu vois, on a un peu ce stéréotype des gens qui viennent de la téléréalité et les autres.
Clémentine
Et c’est vrai que dans le domaine de la téléréalité, on entend beaucoup cette banalisation de la violence envers les enfants. Et c’est des gens qui ont beaucoup d’influence, qui ont beaucoup de personnes qui suivent. Et donc, ça fait du bien d’avoir ton discours, tu vois. Et j’ai pas l’impression que ta voix, il y en ait beaucoup comme toi.
Lenna Vivas
C’est vrai, c’est vrai. Pour l’instant, c’est vrai que je n’ai pas forcément vu de… C’est très niche, on va dire. C’est vrai que, comme je pense au papa Trierca, je ne sais pas si… J’aime beaucoup son compte. Il fait passer de beaux messages, voilà. Et il y a une phrase que j’aime bien dire, que j’ai lue, ce n’est pas de moi, mais… Ben ta femme elle a pas fait la vaisselle, elle a une bonne petite fessée, elle le mérite quoi, elle a pas fait la vaisselle. Mais c’est hyper choquant. Tu vas dire ça aujourd’hui mais c’est hyper choquant. Ben ton enfant il a fait une bêtise, tu vas lui mettre une fessée, mais en fait non, c’est normal.
Et en fait les gens du coup, quand ils se rendent compte certains, heureusement, avec cette modification-là, en mode pourquoi est-ce qu’une femme mériterait le respect, pourquoi est-ce qu’un être humain Il n’y a pas un enfant en fait. C’est un être humain comme nous, un enfant. Et donc pourquoi la violence c’est ok et pourquoi avec une grande personne c’est pas ok ? Et là les gens se rendent compte des fois que c’est vrai que c’est bizarre, c’est pas logique. Donc ouais, c’est vrai qu’il faut influencer dans ce sens-là, je pense que c’est hyper important. Et comme tu dis, faire le contre-pied avec certains exemples. Qui sont pas terribles et qui sont souvent issus du milieu de la télé-réalité. Mais après, c’est souvent de ce milieu-là où il y a des…
Clémentine
Il y a de la violence.
Lenna Vivas
Il y a de la violence. De toute façon, en fait, je dirais qu’on n’est pas suivis non plus par les mêmes personnes. Je pense que les personnes qui suivent ces personnes-là aussi sentent… Proches. Proches. Ils se voient peut-être en eux, entre guillemets. Et oui, ces gens-là sont très, très médiatisés. Donc c’est vrai que ça craint. Ça, c’est vrai.
Clémentine
Tu disais tout à l’heure que ta famille, ils sont assez ouverts, ils se remettent en question par rapport à l’éducation que tu as pu recevoir. Est-ce que toi, en devenant maman, ça a fait un effet miroir sur, OK, comment j’ai été traitée petite ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que tu as été sur ce chemin-là ?
Lenna Vivas
Et bien oui, complètement. Et j’en ai fait un plus un TikTok. C’est quelque chose que beaucoup de personnes ressentent. Et je ne suis pas la première à l’avoir dit, mais en fait, souvent on m’a dit tu comprendras quand tu auras des enfants. C’est justement aujourd’hui que j’ai des enfants, que je ne comprends pas du tout comment on a pu me faire ça ou faire ça à autrui. Et il y a des trucs, bien sûr, je ne suis pas là pour faire de la peine ou quoi, mais c’est vrai qu’il y a des trucs sur lesquels non, je ne comprends pas mes parents.
Et encore une fois, je ne leur en veux pas parce qu’ils ont eu leur propre éducation et ils ont fait ce qu’ils ont pu, entre guillemets, mais c’est vrai qu’il y a des trucs sur lesquels je ne comprends pas comment on a pu me faire ça. Tu vois, de ne pas être là forcément pour moi à des moments importants, de ne pas s’intéresser plus que ça à moi sur certaines choses. Voilà, encore une fois, j’ai quand même une éducation assez cool, mais après, il y a aussi ce côté d’être relaxiste ou si ou là, tu vois, ou trop de violence. Il y a des choses que je ne comprends plus maintenant que je suis maman et que je vois mon fils et je me dis mais je ne pourrais jamais faire ça.
Et encore une fois, je suis loin d’être parfaite, mais en fait, le plus important, c’est de faire vraiment du mieux qu’on peut. Mais voilà, c’est pas à prendre à la légère. Et surtout que voilà, encore une fois, quand tu deviens maman, il y a tout qui change. C’est encore un des changements où tu te rends compte que oui, tu vois ce que tu as vécu et tu dis mais je n’aurais jamais pu faire ça.
Clémentine
Et c’est bien reçu dans ta famille quand même, tu publies des vidéos qui sont vues par des millions de gens. Est-ce que c’est des discussions faciles après ?
Lenna Vivas
On va dire que je leur fais passer des petits messages, mais après, encore une fois, ça va. On a tendance à déculpabiliser. Ma mère se rend compte de plein de choses aujourd’hui avec mon frère, parce qu’en plus, du coup, elle a été maman à 40 ans, donc elle voit comment ça se passe. Tout change et elle se rend compte de plein de choses qu’elle aurait plus dû s’écouter àl’époque. Je pense qu’ils n’avaient pas cette liberté avec les réseaux sociaux de pouvoir se documenter. Ils écoutaient beaucoup les parents, les grands-parents. Donc laisse pleurer ton bébé, par exemple. Ce truc de… Je suis désolée, mais c’est de l’ancienne génération, vraiment, ce truc de… Il faut le laisser pleurer, c’est important. Non. Aujourd’hui on se rend compte, ma mère se rend compte que c’est impossible et pourtant elle l’a fait parce qu’elle pensait que c’était ok.
Elle est allée contre son instinct entre guillemets de maman qui hurlait de l’intérieur, comment je peux laisser pleurer mais parce que c’était comme ça, parce qu’elle pensait qu’il fallait faire comme ça. Donc on en parle un petit peu. Après, voilà, j’ai eu l’adolescence que j’ai eue. Pour moi, c’est jamais forcément la faute de l’enfant. Un enfant n’est pas méchant, n’est pas méchant. Un enfant ne fait pas des crises d’adolescence pour rien. C’est mon avis. Mais du coup, elle comprend plein de choses. Et après, je n’ai pas la prétention de lui expliquer quoi que ce soit. Mon enfant a 18 mois, on verra plus tard. Mais il y a des trucs qu’elle a pu faire avec moi, que je lui ai dit, qu’elle a compris déjà même avant. Et de la façon dont c’est perçu, ça m’est égal en réalité, parce que c’est comme ça.
Lenna Vivas
Moi je dis ce que je pense à travers les réseaux, et après ils en font ce qu’ils veulent. Mais voilà, c’est comme je l’ai vécu aussi. S’ils culpabilisent, c’est qu’ils ont de quoi culpabiliser les pauvres. C’est dur je sais, mais c’est comme ça.
Clémentine
Mais c’est toujours intéressant quand ça déclenche des discussions intergénérationnelles, parce que tu vois, au moins, t’as donné la possibilité à ta mère de réaliser qu’elle n’a pas pu s’écouter et qu’elle n’a pas voulu mal faire, qu’on fait avec les outils qu’on a sur le moment et que derrière… On est en phase ou pas avec ce qu’on a fait, mais qu’au moins on peut, tu vois, avoir une espèce d’introspection. Il y a plein de parents qui sont incapables, des parents d’ancienne génération, de se remettre en question, juste de regarder dans le miroir et dire, oui, c’est vrai, je n’ai peut-être pas fait comme il fallait, mais je ne savais pas faire mieux. Il y en a plein, ils ferment le dialogue. Au moins, tu as un dialogue, toi.
Lenna Vivas
Mais clairement, c’est pour ça qu’encore une fois, je ne me plains absolument pas et que je suis contente même d’avoir eu l’enfance que j’ai eu pour être comme je suis aujourd’hui au final je suis comme je suis aujourd’hui parce que j’ai vécu ce que j’ai vécu et encore une fois j’ai eu des parents très cool mais même un peu trop cool tu vois mais c’est pour ça que ma mère je l’adore et que encore une fois je suis fière d’elle parce que justement elle sait se remettre en question elle sait se dire mais làen fait j’ai été trop dure avec toi et je m’en excuse et c’est génial franchement je suis hyper reconnaissante et hyper chanceuse parce que c’est clair que c’est pas le cas de tous les parents tous les grands-parents Et même ma grand-mère, qui est vraiment… C’est une génération, quoi…
Aujourd’hui, elle apprend à travers moi, et aucun jugement, jamais… Une personne de ma famille, ou même de ma belle-famille, m’a dit, oui, mais tu comptes allaiter jusqu’à quand ? Non, mais faut être un peu plus dure, un peu plus stricte. Jamais. Heureusement, parce qu’après, ils connaissent mon caractère aussi. Ils savent que… Voilà, savoir… Moi, j’ai pas de pincettes. Mais… Si j’ai une chance, c’est une chance. C’est vrai, c’est une chance.
Clémentine
Est-ce que si tu pouvais revenir en arrière et dire quelque chose à la Léna juste avant d’avoir ton fils, tu voudrais lui dire quelque chose ou tu dirais… Non, je préfère qu’elle vive ce qu’elle a à vivre.
Lenna Vivas
Franchement, je ne suis pas trop peu fière de moi parce qu’au final, je me suis écoutée. Mais ce que je pourrais dire à Aléna d’avant, enfin l’Aléna d’avant, Aléna de maintenant, c’est vraiment écoute-toi, écoute-toi vraiment. C’est le seul conseil même que je donne aux mamans. Et je n’ai aucun conseil à donner parce que je n’ai pas la prétention, mais un conseil hyper bienveillant, et c’est vraiment de s’écouter, de s’écouter parce qu’il n’y a personne, et ça, on le dit souvent, mais qui connaît mieux notre bébé que nous. Certes, écoute les pédiatres, c’est important quand même, mais je veux dire, si tu sens que, tu vois, il y a des fois, il y a des commentaires, des conseils qui sont non sollicités, si tu te sens, fais comme tu le sens. Si ce n’est pas un danger de mort, je dis attention.
Mais vraiment, s’écouter, je trouve que c’est hyper important, parce que comme je disais, il n’y a que nous qui connaissons notre bébé autant que qu’on le connaît. C’est notre bébé, donc s’écouter et que je m’écoute plus.
Clémentine
Et souvent ça, ça va avec le personnel médical, parce que quand on est jeune maman d’un premier bébé, on a du mal àdiscerner, est-ce que je dois suivre tout ce qui est dit ou est-ce que je ressens quelque chose de différent ? Juste avant qu’on commence l’interview, toi et moi, on s’est rendu compte qu’on a le même médecin, qui est une de mes amies, qui est Laura. Laura, je vais lui faire un petit compliment parce que Laura, c’est une médecin qui écoute, qui est bien formée. C’est une médecin généraliste, médecin de famille. T’as eu beaucoup à faire à des médecins comme Laura, un peu, qui écoutent ou justement t’as stigmatisé dans ce que tu faisais.
Lenna Vivas
En fait, j’ai vite compris que, alors c’est pas bien ce que je vais dire, mais que j’allais mentir. En fait, j’avais plus envie. En fait, oui, je suis tombée sur des pédiatres qui, dès le départ, m’ont jugée. Que dès le départ j’ai senti dans leurs regards, oulalalala, ils me jugent, je dors encore avec mon bébé, j’allais être encore, j’allais être la nuit. Alors là, c’était tout le mélange pour que ça n’aille pas de leur côté, donc j’ai vite compris que j’allais, oui, je dors dans son lit complètement, oui. Oui oui, j’arrête plus la nuit, non mon dieu, pas avant 4h30 du matin, comme vous m’avez dit. Non non. Ces trucs, tu sais, je le laisse pleurer jusqu’à4h30.
Non, c’est des réflexions que j’ai pu avoir, et très vite, c’est pas des mauvais docteurs, c’est juste qu’en fait, je pense que, et encore une fois je reviens, c’est dingue, mais sur les chiens. Tous les vétérinaires que j’ai dû faire avant de trouver un bon vétérinaire, parce que justement mes chiens je les nourris au BARF. Donc le BARF c’est quoi ? C’est la bonne alimentation, retour en feux c’est la vente crue. Et combien de vétérinaires m’ont dit mais non c’est mauvais pour eux. Sauf qu’en fait c’est la base, tu vois, de la nourriture comme l’allaitement. C’est comme te dire que le lait infantile c’est meilleur que l’allaitement. Ben non c’est faux.
J’ai compris direct qu’ils étaient très forts dans ce qu’ils font, mais s’il s’agissait de l’alimentation, où ils prennent ce qu’ils disent, c’est hyper important, mais non les croquettes c’est pas meilleur que la viande crue. Donc encore une fois, pareil pour le laitement, si mon fils a besoin de téter à 2h du matin, mais mon fils va téter à 2h du matin, je vais pas attendre, non non. Certes, peut-être que je ferai moins mes nuits aujourd’hui, peut-être qu’il se réveille la nuit encore, mais s’il a besoin de téter, tu vois ce que je veux dire, je vais m’écouter. Je vais m’écouter, si j’ai besoin de dormir avec lui, si mon fils a besoin de dormir avec lui, si c’est plus facile comme ça, ça va être comme ça, tu vois.
Encore une fois, je pense que c’est important de s’écouter et mon fils a 16 ans, je pense qu’il ne dormira plus avec moi. Je pense que c’est surtout parce que les gens aujourd’hui, je pars un peu dans tous les sens, veulent vite leur indépendance, le bébé dans leur lit, on est tranquille, il pleure pas, il fait ses nuits, basta. Non, moi j’ai vraiment besoin de cette proximité, moi aussi, c’est peut-être égoïste, mais j’ai besoin de cette proximité avec mon bébé, il a besoin de moi, je sens qu’il a besoin de moi, donc il est avec moi, j’allais être encore la nuit donc je vais pas le mettre dans son lit pour aller faire les allers-retours et tout, c’est hors de question. Et voilà.
Donc vraiment, c’est vrai que j’ai eu affaire à des pédiatres qui m’ont fait des réflexions et qu’après j’ai arrêté de leur dire la vérité. Je ne sais pas si c’est bien, mais c’est ce que je fais.
Clémentine
Heureusement, tu as trouvé Laura.
Lenna Vivas
J’ai trouvé Laura et Laura qui m’a toujours, encore une fois, comprise et respectée dans mon choix d’allaitement, dans mon choix de co-sleeping ou pas, qui ne m’a jamais jugée et qui a toujours été très bienveillante.
Clémentine
Il y en a, c’est vrai qu’en stigmatisme, il y a déjà une génération de pédiatres qui… Il y a une autre génération qui se forme et qui écoute aussi. Moi, mon podcast, j’ai beaucoup de soignants et soignantes qui écoutent parce qu’ils n’ont pas accès sinon àce savoir-là ailleurs. Heureusement, ça change, mais c’est vrai que c’est très dur de se défendre face au corps médical quand on est jeune parent et qu’on a une sensation au fond de soi qu’on sait que c’est ce qu’il faut pour notre bébé. Et donc, il y en a plein, comme toi, qui mentent. Il y en a plein.
Lenna Vivas
Je le vois sur les commentaires.
Clémentine
Qui disent ce que le médecin a envie d’entendre, en fait.
Lenna Vivas
C’est ça. Ça nous arrange et ça évite ce regard toujours très jugeant.
Clémentine
C’est pas facile.
Lenna Vivas
Non.
Clémentine
À gérer quand on est jeune parent. Pour terminer, tu vois, devenir parent, ça bouscule aussi dans le couple.
Lenna Vivas
Oui.
Clémentine
Est-ce que ça a été dur de s’adapter ? Est-ce que vous êtes toujours en phase d’essayer de trouver votre rythme avec un petit… Surtout quand t’as l’aide, parce que comme tu dis, c’est un don de soi, c’est une disponibilité qui fait que t’es moins libre pour pouvoir sortir, faire des choses à deux.
Lenna Vivas
Alors oui, alors nous, ça a été… À la fois, on est très, très soudés. On est vraiment avec Benjamin. Mais ça a quand même été… Pas une tempête, mais il a fallu qu’on se cale. Parce que déjà, tu peux plus parler quand tu veux, parce que bon, dans ce sens où je vais pas m’embrouiller, enfin, m’embrouiller, je vais pas parler de choses hyper, des fois qui peuvent être virulentes. Tu vois, quand t’es pas d’accord, tu peux un peu hausser le ton. Donc là, déjà, c’est compliqué de pouvoir parler parce que t’as un bébé, tu veux pas trop le… Voilà. Donc, il faut trouver des terrains d’entente, c’est hyper important. Si on n’a pas de chouchou, on a un enfant, donc il faut qu’on soit d’accord, entre guillemets.
Mais c’est sûr que tu vois, entre la lettre, on ne l’a pas fait garder, donc on l’a avec nous depuis 18 mois. C’est le papa qui s’occupe de lui, enfin majoritairement non, parce qu’il t’aide encore. Donc vraiment, on est ensemble. Donc on travaille ensemble avec Benjamin aussi. Donc c’est un micma qui fait que déjà de base, c’est compliqué quand tu te fais garder ou pas. Mais franchement, je trouve qu’on s’en sort pas trop mal. Certes, il y a des fois où c’est plus compliqué, il faut qu’on apprenne à mieux communiquer, je pense. C’est hyper important la communication, de toute façon, peu importe, enfant par enfant, c’est très important de communiquer. Aussi sur l’enfant, sur ce qu’on veut, moi j’ai la chance, enfin la chance c’est censé être la normalité, mais d’avoir un homme qui…
Qui comprend, qui m’accompagne dans l’allaitement, qui est à fond derrière moi, qui, comment dire, qui m’aide au quotidien. Enfin, voilà, encore une fois, ça va être normal, mais bon, des fois, c’est une chance pour certaines. Mais qui, pareil, le co-sleeping n’a posé aucun problème. Vraiment, voilà, j’ai beaucoup de chance. Enfin, on s’est bien trouvés, on va dire. Et c’est vrai que des fois, ça va être dur par rapport à la fatigue, par rapport à… En fait, on est H24 avec lui, 7 jours sur 7. C’est vraiment… En plus, on fait un don de soi énorme, mais c’est censé être la base normale. Mais du coup, ouais, c’est vrai que ça a été… Des fois, il y a eu des hauts, des bas, mais j’ai envie de te dire, c’est normal.
C’est normal et c’est important d’en parler, parce que, voilà, sans rentrer dans les détails, parce que ça reste quand même notre intimité. Mais par contre, oui, il faut dire que c’est éprouvant et il ne faut pas prendre des décisions hâtives, il ne faut pas s’énerver. Je pense que c’est ce qu’on dit avant les deux ans de l’enfance, ce que j’avais entendu. Mais voilà, c’est jamais arrivéjusque là, mais dans le sens où c’est vrai que c’est un chamboulement. Et puis, on fait le deuil de notre vie d’avant à deux. C’est pour ça qu’avec du recul, je suis contente d’avoir pu partager autant de temps avec lui, parce qu’aujourd’hui, ça fait six ans qu’on est ensemble. Donc, on a vécu quatre ans et demi vraiment pleinement ensemble à 100%.
Et c’est vrai qu’on fait vraiment le deuil de cette vie d’avant parce qu’on n’est plus tout seul. Non, on n’est plus tous les deux. On a un petit bonhomme avec nous, ce qui est génial, qui nous rend plus de bonheur. Mais c’est vrai que je l’ai vécu comme un petit deuil. Et on se retrouve, on arrive à se retrouver, on a les mêmes hobbies, on a les mêmes passions. Donc ça, c’est top. Mais c’est vrai que c’est plus comme avant. Mais c’est même mieux, quelquefois.
Clémentine
C’est vrai. C’est juste dans la gestion du temps qui est plus intense.
Lenna Vivas
C’est vrai qu’on banalise trop, je trouve, vraiment, le fait d’avoir un enfant. Mais c’est quelque chose d’énorme, c’est quelque chose de wow, c’est un changement énorme, en tout cas pour moi. Et c’est sûr que ça nous a chamboulés, mais dans le sens positif complètement aussi.
Clémentine
Ce que tu disais tout à l’heure, c’est qu’on dit il ne faut pas déménager, changer de travail ou se séparer. Avant les un an du bébé. Sauf évidemment quand il y a violences, ce genre de choses. Mais parce que c’est tellement une phase de chamboulement immense qu’il faut s’ajuster, il faut se donner au moins un an pour dire est-ce que c’était juste l’arrivée du bébé, le fait qu’on n’a pas beaucoup dormi ou est-ce qu’il y avait vraiment quelque chose de profond. Les changements majeurs dans les premières années, il faut un peu éviter.
Lenna Vivas
Oui, complètement. Je suis tout à fait d’accord. Et prendre du recul et vraiment, par rapport à la tête reposée et pas… Parce que c’est vrai que quand le petit pleure et que ça nous agace, on va jamais s’énerver contre le petit. Mais du coup, ça va se reporter sur quelqu’un. C’est marrant. Mais voilà, c’est vrai que c’est pour ça qu’il faut communiquer, s’excuser quand il faut s’excuser et se comprendre, surtout. Et voilà, c’est facile à dire.
Clémentine
Mais merci de parler parce que tout le monde n’a pas envie de parler des difficultés de couple, en tout cas de ce que ça demande comme ajustement. De devenir parent, parce que c’est pas une baguette magique. Et on a tous eu les contes de fées où ils vécurent heureux. Mais ouais, mais vous ne nous avez pas raconté la suite de l’histoire. Il y a quand même du taf après. Une dernière chose, si tu pouvais me dire, est-ce qu’il y a une chose que tu as découvert sur toi-même en devenant maman ?
Lenna Vivas
Wow, c’est dur, direct comme ça. Je suis déterminée, déterminée quand… Enfin, comment dire ? Quand il s’agit de mon enfant, je peux tout faire. Je suis un super-héros. Non, c’est vrai, je suis déterminée dans mes choix. Et voilà, je pensais être des fois… Comment dire ? J’ai toujours du caractère, mais tu vois… J’ai toujours, oui, abdiqué, je dirais. Voilà, abdiqué souvent. Parce qu’on m’a jamais appris à dire non. C’était tu fais bisous à ta tiginette et tu te tais. Et donc, du coup, aujourd’hui que j’ai un enfant, je sais dire non. Et c’est génial. Et du coup, pour mon enfant, je suis devenue plus forte et avec plus de caractère encore. Voilà.
Clémentine
Merci beaucoup Léna.
Lenna Vivas
Avec plaisir, merci à toi.
Clémentine
Merci de t’être livrée. Je sais, je le fais beaucoup sur les réseaux sociaux, mais sur des vidéos courtes, donc au moins, là, on a eu du temps pour te découvrir. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu veux ajouter, quelque chose que tu veux dire ?
Lenna Vivas
Franchement, je pense que j’ai bien parlé. Ça va.
Clémentine
Non, mais merci de ta bonne humeur, de ta joie, parce que ça fait du bien d’entendre des parents qui sont heureux d’être parents.
Lenna Vivas
Bah oui c’est vrai que ça change.
Clémentine
Même si c’est déjà. Merci
Lenna Vivas
Merci à toi.
Clémentine
Mais bon, merci.
Lenna Vivas
Avec plaisir.