Episode 192 – La génération anxieuse, nos enfants en première ligne

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Il y a beaucoup de débats autour de l’utilisation des écrans ces dernières semaines mais aussi et surtout des débats focalisés sur les smartphones et les réseaux sociaux.

Dans l’épisode 182 où j’interviewe Emmanuelle Piquet, psychothérapeute, aborde les conflits avec les ados.

Et dans la conversation il y a eu un moment où j’ai tilté :  Elle explique que tous les chiffres montrent “qu’il y a eu vraiment une recrudescence des hospitalisations pour tentative de suicide chez les jeunes filles, uniquement. Zéro augmentation chez les garçons. Zéro. Depuis 2021. Mais en revanche chez les filles c’est très net.” 

Ça m’a vraiment interpellé, pourquoi les adolescentes d’aujourd’hui sont en grande souffrance et ce dans tous les pays industrialisés ? Quel est le déclencheur ?

C’est là que je suis tombée sur le dernier livre de Jonathan Haidt.

Un livre percutant et alarmant à la fois.

Ce livre sorti le mois dernier aux USA, écrit par ce professeur d’éthique sociale et psychologue sociale à l’Université de la New York Stern School of business, s’appelle THE ANXIOUS GENERATION.

La génération anxieuse. Comment le recâblage de l’enfance est en train de causer une épidémie de maladies mentales.

Rien que le titre vous indique le problème soulevé. Et qui m’a donné beaucoup de réponses quant à la santé mentale des adolescents de manière générale.

Dans un contexte où des experts et expertes ont rendu un rapport fin avril 2024 au gouvernement “Enfants et écrans à la recherche du temps perdu”  qui préconise entre autres l’interdiction des écrans avant 3 ans, l’usage des smartphones avant 13 ans et les réseaux sociaux avant 15 ans, il est urgent de remplir notre rôle d’adultes de parents et de protéger nos enfants.

LES LIENS UTILES 

Épisodes du podcast :
Épisode 182 – Comment gérer les conflits avec les ados, Emmanuelle Piquet
Livres :
The Anxious Generation – How the Great Rewiring of Childhood Is Causing an Epidemic of Mental Illness, Jonathan Haidt
Articles :
Les enfants de plus en plus confinés à l’intérieur, radiofrance.fr
Où sont passés les enfants des villes, lemonde.fr
Les hospitalisations pour tentatives de suicide et automutilisations chez les adolescentes et jeunes femmes ont augmenté de façon brutale en une quinzaine d’année, lemonde.fr

TRANSCRIPTION DE L’EPISODE

  1. Les données depuis 2010 (la génération de 1994 sacrifiée)

Imaginez vous êtes le 28 juin 2007 et vous tombez dans le coma pour vous réveiller, 13 ans plus tard, en juin 2024…

Qu’est ce qui a changé à votre avis ? 

Une donnée très simple mais qui a bouleversé nos vies…

L’arrivée des smartphones. 

J’avais 19 ans quand cet objet, aujourd’hui banal de notre quotidien, a fait son entrée dans nos vies.

Depuis, nous sommes glués à nos téléphones, moi la première.

Souvenez-vous de ce choc que vous avez ressenti la première fois que vous avez vu une personne marcher dans la rue et parler toute seule, sans avoir son téléphone collée à l’oreille.

Ça nous paraissait tellement étrange, mais aujourd’hui on interagit parfois bien plus avec nos téléphones qu’avec notre entourage.

Si vous êtes nés avant 1994, comme c’est mon cas, alors vous avez grandi avec un rapport différent aux écrans durant votre adolescence.

 

Ils étaient déjà présents, mais n’étaient pas à notre disposition H24 et n’avaient pas cette capacité à nous détourner en permanence de notre vie.

John Haidt parle donc dans ce livre de la génération née après 1994. Une génération qu’on a sacrifié si vous voulez mon avis. 

Parce qu’on a laissé faire sans se soucier des conséquences sur le long terme.

Cette génération, dont les plus âgés ont 30 ans aujourd’hui , a payé les pots cassés sur sa santé mentale à partir de 2010 selon tous les chiffres très documentés et sourcés de John Haidt.

L’auteur du livre a méticuleusement étudié tous les graphiques des rapports sur la santé mentale de la jeunesse aux USA mais aussi en Australie, en Europe du nord et en Angleterre pour réaliser que toutes les courbes observent la même hausse au même moment !

En 2010. 

Les hausses sont spectaculaires et c’est cet aspect qui est inquiétant. 

2. L’enfance passée devant un écran et non plus à jouer dehors

John Haidt explique que le souci est qu’on a depuis un long moment maintenant sur-protégé les enfants du monde extérieur en les laissant totalement seuls à gérer le monde virtuel.

J’ai plusieurs fois traité ce sujet dans le podcast. 

L’enfance isolée du terrain de jeux extérieur et supervisée par des adultes omniprésents. 

Nous passons de moins en moins de temps dehors et nos enfants en font les frais.

Perso j’ai énormément de souvenirs de jeux dehors qui n’étaient pas supervisés par des adultes.

Et je m’efforce quotidiennement à laisser du temps à ma fille de 6 ans et demi, dehors sans qu’aucun adulte ne soit là.

Comment je m’y prends ? On a la chance d’avoir un petit parc juste à côté de chez nous, où elle n’a pas à traverser de route. Elle s’y rend le soir après l’école et rejoint d’autres enfants du quartier. Je lui donne une heure de retour. Pour l’instant elle maîtrise mal l’heure, mais elle se débrouille en demandant autour d’elle.

C’est un pacte de confiance entre elle et nous.

Elle respecte systématiquement les horaires. 

Pourquoi je fais ça ? Parce que ça lui montre qu’elle est capable, elle développe son sens de l’autonomie, ça lui montre aussi qu’on lui fait confiance, que le monde extérieur n’est pas un danger quand nous mettons en place un cadre.

D’ici cet été, on va lui apprendre à aller toute seule à vélo, à la boulangerie qui est à 800 m de chez nous. Il y a plusieurs grandes routes à traverser mais je sais qu’elle peut le faire.

A son âge je le faisais.

Pour moi explorer le monde seule est une compétence que l’on doit lui enseigner.

Les chiffres sont unanimes, les enfants de 2024 passent un temps très conséquent à l’intérieur contrairement aux générations précédentes. 

Selon un rapport de 2008 de santé public france “Sur l’ensemble de la population, le temps moyen passé à l’intérieur du logement est de 16,2 heures (15,2 chez les hommes et 17 chez les femmes). Il est de 17,5 heures chez les 0-4 ans, décroît pour atteindre 15 heures chez les 20-29 ans et augmente ensuite pour atteindre 18,3 heures chez les 60 ans et plus. 

On ne peut pas tout imputer aux écrans évidemment!

 

La première raison est que les villes sont inadaptées à la sécurité des enfants. Le tout voiture a écarté les enfants des espaces extérieurs et c’est un vrai problème que les urbanistes doivent prendre en compte.

La conséquence première est donc que nos enfants sont confinés dans des espaces fermés, qu’il y a une augmentation de la sédentarité qui est problématique et un manque de confiance en eux pour aborder le monde extérieur.

J’aimerais ajouter aussi, que ça nous met une pression monstre à nous les parents, parce que ça nous oblige à trouver des alternatives aux écrans quand on le peut, tandis que les générations de parents avant nous avaient plus de temps libre puisque les enfants étaient dehors entre eux.

Ce qui parait donc logique que les écrans aient pris une telle place dans la vie de nos enfants, avec en prime les réseaux sociaux chez les adolescents. 

Clément Rivière nous explique que l’occupation de l’espace est genrée dès le plus jeune âge : “Il se trouve que les filles, en fait, sont encore plus enfermées que les petits garçons. Elles passent moins de temps à jouer dehors, elles vont moins souvent à l’école seules, sans adulte, que les petits garçons.

  1. Les solutions

Pour John Haidt heureusement il existe des solutions. 

Elles sont d’ailleurs conformes à ce que préconise le rapport rendu au gouvernement en avril, à savoir. Pas de smartphones avant 13 ans et pas de réseaux sociaux avant 15/16 ans

Après il explique que les entreprises de la tech doivent prendre leurs responsabilités, on ne peut pas mettre toute cette pression simplement sur le dos des parents. 

Et c’est tout l’enjeu des prochaines années à venir concernant instagram, TikTok, Snapchat, Youtube…

Notamment avoir un vrai contrôle de l’âge, pas simplement une déclaration sur l’honneur…

Une autre clé selon lui est d’arrêter de stigmatiser les parents qui laissent de la liberté à leurs enfants en dehors du foyer comme des parents négligents.

On doit revoir nos standards. Je le sais, je fais partie de ces ovnis qui laissent leurs enfants dehors.

Il préconise évidemment le retour au jeu, à la créativité pour les touts petits… 

Pas d’écrans à table, c’est une des rares recommandations qui fait consensus sur les écrans. 

Et enfin une des dernières solutions , plus d’expériences dehors, sans nous….

J’ai beaucoup aimé son approche, et notamment parce qu’il dit qu’il peut se tromper et que sur son site the anxious generation, il fera tout pour corriger si tel est le cas, mais qu’en attendant c’est un problème collectif que nous devons régler ensemble, pas seulement sous la responsabilité des parents, qui sont  démunis face à ce problème. 

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