En janvier 2023, j’ai été diagnostiquée en dépression sévère.
Ça a été un petit choc pour moi.
Même si je me doutais bien que je cochais beaucoup de cases de la description du trouble dépressif.
D’après l’OMS le trouble dépressif (également connu sous le nom de dépression) est un trouble mental courant.
Il se caractérise par la présence d’une humeur dépressive ou d’une perte durable de la capacité à éprouver du plaisir ou de l’intérêt.
Fait intéressant, la dépression touche davantage les femmes que les hommes.
On estime que 3,8 % de la population souffre de dépression.
À l’échelle mondiale, environ 280 millions de personnes souffrent de dépression. La dépression est 50 % plus courante chez la femme que chez l’homme.
Dans le monde, plus de 10 % des femmes enceintes et des femmes qui viennent d’accoucher souffrent de dépression (2).
Pour aider dans le diagnostic de la dépression on peut s’appuyer en autre sur le test de beck qui repose sur 21 questions pour déterminer si oui ou non la personne traverse un épisode dépressif.
Il y a des questions telles que : Je me sens triste ou non, je ne dors pas bien, je n’ai plus d’appétit, je n’ai plus d’intérêt à voir mon entourage…
De mémoire j’avais scoré au max sur 19 des 21 questions.
Dans la foulée, j’ai commencé un traitement médicamenteux prescrit par ma médecin.
J’étais dans une spirale très dark.
Dans le noir complet.
Plusieurs facteurs ont conduit à cette dépression.
Evidemment ma séparation et la tristesse qui en a découlé.
Mais aussi le manque immense de sommeil.
Du jour au lendemain, je me suis retrouvée seule 80% du temps à prendre soin de mes 3 filles, qui ne dormaient pas ou plus.
Les réveils étaient constants pendant des mois.
J’ai sincèrement cru mourir de fatigue.
Ajouté à ça, le fait que j’avais accouché de mon 3e enfant moins d’un an auparavant… C’était le cocktail parfait pour que mon corps et mon mental disent stop.
Mon visage était tellement déformé par le manque de sommeil que je ne me reconnaissais plus.
Pour moi les symptômes ont été une perte de poids rapide, perte d’appétit, perte d’envie de voir du monde, perte d’espoir sur l’avenir, perte de capacité à travailler, perte de notion de plaisir dans tout ce que j’entreprenais. Ce qui ne me ressemble pas du tout.
Aujourd’hui je ne suis plus sous médicaments, je suis très heureuse et la dépression est loin derrière moi.
Alors plus d’un an après mon diagnostic, j’aimerais vous partager les 3 leçons que j’ai retirées de cette phase.
Demander de l’aide est primordial
La première chose à laquelle je repense, qui a été primordiale, c’est le fait de demander de l’aide.
Pour certaines personnes c’est très facile, pour d’autres beaucoup moins.
Il y a de la honte, mêlée à de la gêne, à cette peur de déranger, qui nous empêche de demander de l’aide quand ça ne va pas.
En tant que femme également, on a potentiellement été confrontée à des errances médicales, à un manque de prise au sérieux de nos doléances et donc par automatisme, on peut s’auto-censurer de peur de ne pas être écoutée.
Paradoxalement, quand on est déprimée, on a envie d’être seule.
On s’isole beaucoup, on se coupe de nos centres d’intérêts, de notre entourage proche, parce que la vie n’a plus la même saveur.
C’était assez violent d’être dans ce trou noir pour moi, qui suis d’une nature très optimiste.
Avoir mes enfants m’a obligée à me lever, à garder une mini structure. Et puis à force de passer mes journées au lit, de ne plus manger, de ressasser ma tristesse, j’ai fini par aller voir ma médecin.
J’ai accepté que j’allais si mal, qu’il fallait que je demande de l’aide à une professionnelle, en parallèle de ma psychologue.
Mes filles m’ont donné cette force de vouloir m’en sortir.
Je savais que toute cette situation avait de grosses répercussions sur elles.
Un jour, mon père, qui a perdu son papa à l’âge de 5 ans, m’a expliqué que toute son enfance, il l’avait passée à scanner l’état de tristesse de ma grand-mère.
Il venait de perdre son père et il était paralysé à l’idée de perdre sa mère, qu’elle soit malheureuse.
Son baromètre en tant que petit garçon était l’humeur de sa maman. S’ il sentait qu’elle allait bien, alors il pouvait respirer.
Ça m’a marquée, je ne voulais pas que mes filles grandissent avec cette crainte ancrée en elles, que leur insouciance disparaisse par peur que je ne m’en sorte pas.
Prendre rendez-vous pour dire je vais très mal, recevoir le diagnostic et entendre, dépression sévère, c’est un sacré coup sur la tête.
Mais j’ai tout de suite voulu me battre pour retrouver une vie normale. J’étais sûre au fond de moi que c’était un passage, pas ma nouvelle normalité.
Prendre des antidépresseurs, je le redoutais pour être honnête. Et puis très vite, je l’ai vu comme un coup de pouce, comme un tremplin pour retrouver ma lumière.
J’ai vomi pendant un mois le médicament et ensuite on a trouvé la bonne molécule et le bon dosage.
Avec du recul, heureusement que j’ai tout de suite demandé de l’aide, que je n’ai pas laissé traîner. Parce que ça m’a fait gagner un temps précieux pour me remettre sur pieds.
Ca a été ma première leçon. Demander de l’aide, se faire accompagner par des pro de santé de confiance, voir une psy si cela est possible financièrement, parler à son entourage, tirer la sonnette d’alarme.
Le résultat, c’est qu’on ne reste pas dans cet état très difficile de tristesse et de désespoir.
Je vous donne quelques numéros utiles si vous en avez besoin.
SOS AMITIÉ 09 72 39 40 50
SUICIDE ECOUTE 01 45 39 40 00
ECOUTE FAMILLE 01 42 63 03 03
ASSOCIATION FRANCE DEPRESSION 07 84 96 88 28
Numéro national de prévention de la dépression 31 14
On a du pouvoir
La deuxième chose que j’ai apprise : on a plus de pouvoir qu’on ne le pense sur sa vie.
J’ai toujours été le type de personne qui pensait que l’autre devait me rendre heureuse.
Quand je me suis retrouvée seule avec mes 3 enfants et ma dépression, j’ai dû faire un choix.
Puisqu’il n’y avait plus personne pour remplir ce rôle imaginaire, je me suis retrouvée face à mes responsabilités.
Soit je sombrais, en continuant dans ce cercle de la victimisation de ma situation, en ruminant pour le reste de ma vie ou…
je choisissais de voir cette épreuve comme une chance pour en ressortir plus forte, meilleure et surtout plus heureuse.
Dans ma tête c’était clair, j’allais prendre le 2e chemin, mais le plus dur commençait.
Je venais d’accepter que ma vie désormais serait tout à fait différente de ce que j’avais imaginé. Ça a été un premier pas pour guérir.
Quand j’ai été diagnostiquée c’était en plein hiver, pas idéal pour essayer de remonter à la surface. Alors j’ai été active dans ma guérison. J’ai lu beaucoup de livres, d’ailleurs si vous voulez connaître ceux qui m’ont aidé, vous pouvez aller écouter l’épisode 151.
Des livres qui m’ont ouvert de nouveaux horizons et qui ont changé ma vision de la vie et ma connaissance de moi-même.
J’ai aussi écouté énormément de podcasts aussi, notamment ceux de Mel Robbins, Jay Shetty ou encore Steven Bartlett.
Au bout d’un mois les effets des antidépresseurs ont débuté et j’ai senti que la noirceur qui s’était installée au fond de moi, s’évaporait à mesure que le temps avançait.
Les médicaments aident sur l’humeur, m’ont permis de retrouver de l’appétit. C’était important j’avais perdu 10 kgs en quelques semaines, surtout en post partum, ce n’était pas sain.
Mais les médicaments ne guérissent pas pour autant.
Ça, je l’avais bien en tête!
Je le redis, le livre HOW TO DO THE WORK du Dr Lepera a été le détonateur pour moi. Il m’a vraiment fait l’effet d’une révélation intérieure.
Parce que ce livre vous redonne du pouvoir sur votre santé mentale en général. Petit à petit, j’ai fait des choix différents.
Quand quelque chose ne fonctionne pas, il faut faire un état des lieux et mettre en place des minis changements durables.
J’ai commencé par trouver un mantra pour me rassurer, j’ai pris des douches froides tous les jours pour habituer mon corps à l’inconfort, j’ai priorisé à fond mon sommeil, j’ai recommencé à sortir de mon lit et à aller me balader dehors. Ce sont des minis étapes qui ont porté leur fruit.
Mais surtout, j’ai accepté que je devais me battre, que personne n’allait me sauver et que j’étais capable. J’avais une grande tendance à me victimiser. Je crois qu’on est beaucoup dans ce cas là… mais le problème de cette attitude, qui au-delà de nous rendre malheureuse, nous enlève tout pouvoir sur notre vie.
Sortir de la victimisation, c’est laisser la place à la résilience.
On parle pas mal de ce concept. La résilience.
La résilience, c’est la capacité à surmonter un événement traumatique.
Il y a une définition plus poussée proposée par Manciaux, Vanistendael, Lecomte et Cyrulnik (2001) qui dit la résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’ événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères ».
Voilà, pour sortir de la noirceur et entrer dans la résilience, il faut pouvoir se projeter.
En janvier 2023 j’en était incapable, en mars 2023… j’étais à cette étape.
La lumière peut revenir un jour
La 3e leçon donc, c’est que la lumière peut revenir un jour, il faut s’accrocher à cet espoir, à cette possibilité.
Le propre de la depression c’est de voir la vie à travers des lunettes en noir et blanc. C’est activer son prisme du négatif et du verre à moitié vide.
Si l’être humain est plutôt programmé naturellement à voir les dangers plutôt que les bonnes nouvelles, pour sa propre protection et survie, on peut intentionnellement avec des pratiques de pleine conscience et de gratitude, s’attarder sur les beaux détails de la vie.
Je l’ai déjà évoqué dans plusieurs épisodes, mais j’ai suivi les conseils du Dr Amen, médecin psychiatre et auteur. Il préconise d’entraîner son cerveau, chaque soir, à voir le positif de la journée.
Comment on fait ?
Avant d’aller se coucher, on se cherche 3 détails, gestes, événements qui ont impacté de manière positive notre journée.
Ça permet à notre mental de choisir de voir les belles choses.
Prenez quelques secondes pour trouver 3 belles choses dans votre journée…
respiration….
Je fais très souvent ce petit jeu avec mes enfants le soir. Parfois elles n’ont pas envie, parfois, elles sautent sur l’occasion pour partager une anecdote importante de leur journée.
Avec cet exercice vient la gratitude. C’est un concept très ancré aux états unis et dans d’autres cultures ou religions et beaucoup moins en France.
Avoir de la reconnaissance permet de s’émerveiller des petites choses de la vie.
Notre respiration, notre corps, le soleil, la nature, le bruit des oiseaux, les mains de nos enfants, leur rire, leur jeu.
Avec les horreurs qui se passent dans le monde actuellement, auxquelles nous sommes de plus en plus exposées, savoir se recentrer et réaliser qu’avoir de l’eau potable qui coule de notre robinet est un privilège immense à l’échelle de cette planète, permet de remettre à jour notre notion de difficulté et de voir la vie avec d’autres lunettes.
Pour moi la lumière est revenue avec l’arrivée du printemps, de la douceur du temps et donc de la vie.
J’ai fait des changements drastiques dans ma vie à ce moment-là pour me préserver.
En mai 2023 j’ai arrêté progressivement les antidépresseurs parce que je me sentais assez forte pour le faire.
Ça n’a posé aucun souci, c’était vu avec ma psy et médecin.
Ce passage aura été court, il parait que j’ai une capacité de résilience très forte.
Encore une fois, chacun son rythme, chacun sa façon de voir la vie et sa capacité à encaisser des coups.
Mais sachez que demander de l’aide ne fait pas de vous quelqu’un de faible. Surtout si vous êtes un homme, que de prendre conscience que vous avez du pouvoir sur vous-même vous aidera à entrevoir la lumière et que la lumière est là, elle vous attend, même quand la ligne droite paraît interminable.
Prenez soin de vous.
LES LIENS UTILES
Les numéros à connaitre :
SOS AMITIÉ 09 72 39 40 50
SUICIDE ECOUTE 01 45 39 40 00
ECOUTE FAMILLE 01 42 63 03 03
ASSOCIATION FRANCE DEPRESSION 07 84 96 88 28
Numéro national de prévention de la dépression 31 14
Les épisodes de La Matrescence :
Épisode 151 – Comment 8 livres ont transformé mon année 2023
Les Podcasts, livres & articles :
Mel Robbins
Jay Shetty
Steven Bartlett
Guéris tes blessures, Nicole Lepera