ÉPISODE 216 – L’amour ouf, comment le faire perdurer ?

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Choisir de s’aimer pour toute la vie, choisir de former un couple stable et durable, c’est tout sauf un choix facile.

L’amour dans le couple, l’amour ouf qui perdure… ça fait rêver et pourtant les taux de divorce n’ont jamais été aussi élevés.

Soazig Castelnérac a créé Amour Toujours pour aider les couples qui ont besoin de continuer à entretenir la flamme et qui n’ont plus les clés, surtout après l’arrivée des enfants.

S’aimer ça demande du temps et de l’engagement et dans cet épisode Soazig vous emmène dans les secrets des petites attentions qui font la différence.

Avec Marylise Richard, psychologue, Soazig a écrit un livre, Les 5 clés de l’amour durable mais a aussi créé des carnets pour vous accompagner dans votre quête de reconnexion !

Amour toujours est une plateforme pour vous, si vous pensez que le couple en vaut toujours la chandelle.

🗣️ Au programme :

💑 L’histoire du couple de Soazig (00:00 – 15:00)
👨‍👩‍👧‍👦 Défis du couple avec enfants (15:00 – 30:00)
🗝️ Les 5 clés de l’amour durable (30:00 – 45:00)
💬 Communication et efforts dans le couple (45:00 – 60:00)
🤝 Engagement et choix dans le couple (60:00 – 65:39)

🔗 Pour en savoir plus, n’oubliez pas de visiter notre nouveau site web !

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TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

Clémentine Sarlat
Bonjour Soazig.


Soazig Castelnérac
Bonjour Clémentine.


Clémentine Sarlat
Bienvenue dans La Maîtressence.


Soazig Castelnérac
Je suis enchantée de passer ce moment avec toi.


Clémentine Sarlat
Moi je suis ravie de te recevoir. Merci d’avoir fait le trajet depuis Toulon pour venir ici à Paris dans le studio et parler d’amour toujours . On va parler d’amour, de couple, d’amour durable, d’amour qui peut durer et comment on arrive à détricoter tout ça et à mettre en place des J’ai envie de dire des stratégies, parce que c’est limite ça. Il faut être proactif pour pouvoir continuer à s’aimer dans le temps et surtout quand on est parent. Donc ça va être très intéressant. Alors déjà, pourquoi est-ce que tu as choisi de lancer amour toujours ? Ça vient d’où cette envie de partager autour du couple qui dure ?


Soazig Castelnérac
Alors en fait l’idée elle est née il y a 6 ans maintenant. C’était en observant autour de moi, on allait avoir 40 ans avec mon mari, donc globalement nos amis, nos frères et sœurs aussi, on était dans les mêmes âges, et c’était d’observer autour de moi ces couples. En fait, qui ne vivaient plus. Tu vois, qui n’avaient plus envie de partir ensemble, qui pouvaient mal se parler. Il y avait des histoires, on commençait à entendre les premières histoires d’adultère, et je me disais mais qu’est-ce que c’est que ce gâchis ? C’est pas possible! Alors que sur le papier, si tu veux, ça pouvait être des amis qu’on connaissait depuis longtemps, ils avaient tout. En fait, il n’y avait rien vraiment qui clochait. Et c’est vrai que moi ça me touchait vraiment.

Nous on avait vraiment une attention portée à notre couple avec Arnaud et c’est un sujet dont on parlait facilement autour de nous. Et donc on avait des conversations souvent comme ça avec nos amis ou moi je les avais en privé avec nos amis femmes comme hommes d’ailleurs. Et donc je me suis dit mais c’est pas possible, je veux faire quelque chose pour eux. Alors j’avais fait un cursus de psycho en plus de mon cursus de droit, donc tu vois j’avais un peu cette appétence mais je ne voulais pas, j’avais pas envie de rentrer dans de nouvelles études, de faire thérapeute de couple ou conseillère conjugale, je voulais quelque chose en fait de très concret.
Et alors voilà, il y a l’idée des carnets qui me sont venus, je me suis dit je vais faire un outil en fait pour aller chez les couples, dans leur intimité, mais sans être là. Et donc voilà, ça a été en fait assez fulgurant comme idée. Et pourtant à l’époque je travaillais, j’étais responsable juridique en clinique, donc rien à voir. Mais comme une intuition, je me suis dit je tiens à une idée. Et voilà, j’ai pas travaillé beaucoup le… J’ai pas fait de benchmark, j’ai pas fait de business plan, rien. J’y suis allée comme ça, je me suis dit je veux, en tout cas je veux tenter. Et puis on verra bien. Voilà, et tu vois, six ans après, je suis encore là. Donc c’est plutôt cool.


Clémentine Sarlat
Et toi, ton histoire personnelle, ça fait combien d’années par exemple que t’es en couple avec ton mari ?


Soazig Castelnérac
Alors avec Arnaud, on va fêter nos 20 ans de mariage. On se connaît depuis très longtemps puisqu’on est sortis ensemble pour la première fois, on avait 17 ans. Donc ça c’est une histoire d’adolescence. Pour moi, ça a été, quand je l’ai vu pour la première fois, c’était un vrai coup de foudre. Je me suis dit, lui, c’est sûr, c’est lui. Alors, je ne sais pas pourquoi, mais il s’est vraiment passé quelque chose dans mon regard, et lui s’en souvient encore. Il ne s’est pas dit la même chose, mais il se souvient que je le regarde avec insistance. Et je me suis dit, mais lui, il me le faudra. Donc, on est sortis ensemble, tu vois, juste six mois, et puis on s’est séparés.
Je pense qu’à l’époque, enfin, je ne pense pas, je le sais, j’étais assez idéaliste et en fait je voulais faire bien les choses et du coup je lui ai fait peur. Il s’est dit oula elle veut déjà se marier, elle veut déjà des enfants, ça va pas être possible. Donc on s’est séparés et puis en fait on a toujours gardé le lien. On est resté amie, on se disait même meilleure amie. Ça c’était plus pour brouiller les pistes quand on avait une nouvelle relation clairement. Et puis on a chacun eu d’autres relations amoureuses. Moi j’aurais dû me marier normalement. Et puis j’ai annulé mon mariage un mois avant pour lui.


Clémentine Sarlat
Ouais! Ah ouais, c’est une histoire du film là!


Soazig Castelnérac
C’est une histoire du film là ! Encore je te la fais vraiment courte mais j’ai même annulé deux fois mon mariage pour lui. Et la deuxième fois c’était un mois avant où là il s’est décidé à me faire sa déclaration et il m’a dit en fait non c’est… Enfin, c’est toi que je veux. Donc, tout ça a été assez inconscient pour moi, évidemment, de me marier avec quelqu’un d’autre. Mais, en fait, quand tu relis l’histoire, il était tout le temps dans ma tête, dans mon esprit. Je l’avais pris pour témoin du premier mariage. Je voulais vraiment qu’il ait une place, en fait, dans ma vie. Mais voilà, en fait, la vraie place que je voulais qu’il ait, c’était qu’il soit l’homme de ma vie. Donc, voilà, je l’estime. Et je pense que ça vient de là aussi, tu vois, tu me demandais dans notre histoire.
Ce qui avait pu m’amener là, c’est que je mesure la chance qu’on a eu de ne passer l’un à côté de l’autre. C’est vraiment passé à très peu de choses. Et c’est pour ça qu’on a vraiment eu une conscience assez élevée de notre couple, du soin qu’on va lui apporter, et on n’a pas le droit de gâcher en fait. On n’a pas le droit de gâcher.


Clémentine Sarlat
Vous aviez cette notion de on a eu le droit à une troisième chance, on est passé à côté, pas loin de ne jamais que nos chemins se recroisent, donc on va s’investir.


Soazig Castelnérac
Exactement, on va tout donner pour notre couple en fait. C’est un peu notre trésor et c’est pour ça aussi que j’ai autant de… Je mets autant de cœur aujourd’hui à parler aux jeunes couples qui vont s’engager, donc soit par un mariage, avec un enfant ou quoi qu’ils veulent faire, via à deux, leur dire mais avant de dire oui, mais enfin prenez le temps de bien vous connaître vous-même, de bien connaître l’autre, de creuser. C’est tellement essentiel de se poser les bonnes questions avant de se dire oui. C’est essentiel de s’en poser tout au long de sa vie de couple mais avant de se dire oui, enfin t’sais je vois tellement de couples en fait, ils savent que malheureusement ils sont allés trop vite et le choix n’était pas le bon au départ.


Même si, tu vois, je pense qu’on peut, on n’a pas qu’un seule âme sœur dans notre vie. On peut tomber amoureux de plusieurs personnes, très clairement, et qu’un jour on fait un choix en fait de se dire c’est cette personne là que je vais aimer et que je vais faire en sorte d’aimer toute ma vie. On pose le choix. Mais il y a aussi quand même des mauvais choix qu’on peut faire parce qu’on a été trop vite, parce qu’on s’est emballé, parce que la personne est arrivée dans un moment dans nos vies où on en avait besoin, où ça nous a fait du bien et du coup on s’engage pas forcément pour les bonnes raisons. Et ça me fait d’autant plus de peine quand en fait c’est que ceux qui en pâtissent derrière ce sont plus les enfants.
En fait je voudrais créer une école, presque, avant d’être parent, devenir parent, pour qu’il y ait vraiment un travail de fait et dire, mettre comme un diplôme en fait, ok, là vous êtes prêts en fait, vous connaissez suffisamment, vous savez d’où vous venez, vous savez qui vous aide, vous savez ce que vous voulez, chacun personnellement et à deux, feu, vous pouvez y aller.


Clémentine Sarlat
Il y a une state qui est assez frappante et flippante, si je peux dire, c’est que 66% des couples vont connaître un baby-clash au moment devenir parent. Est-ce que toi, donc tu as quatre enfants, avec ton mari vous avez passé par cette phase-là de difficultés avec la petite enfance?


Soazig Castelnérac
Sincèrement, pas du tout. Vraiment pas du tout. Pourtant on avait des conditions qui n’étaient pas forcément faciles parce que Arnaud était sous-marinier, était médecin dans les sous-marins, donc il partait régulièrement en mission sans qu’on n’ait plus aucun contact. Et ça, ça s’est passé pendant franchement toutes les premières… On a eu nos quatre enfants en six ans. Et pendant tout ce laps de temps, c’est là où il était vraiment en mer. Alors, je pense que ça nous a aidés aussi, parce qu’on n’a eu aucune routine, parce qu’il a fallu, moi, que je prenne pas mal les choses en main, donc que je m’écoute très peu, tu vois, que je réfléchisse pas trop, que nos enfants ce soit assez carré, parce qu’on pouvait pas trop se laisser, enfin moi en tout cas, je pouvais pas trop me laisser déborder.
Et puis en même temps, il y avait cet équilibre à trouver quand il rentrait, de lui redonner sa place de père. Ça je pense que ça a été une difficulté, s’il y avait une difficulté que je devais relever, ça serait celle-là. C’était ce côté, quand il rentrait, c’était un peu le héros. Surtout que j’ai quand même trois garçons, donc tu vois l’image du père, l’image quand même du marin, du militaire, du sous-marinier. Donc il avait une sorte d’aura. Et puis moi j’étais la maman qui mettait les règles, qui était un peu la chianchiante à la maison. Et ça j’en ai souffert. Quand il rentre, c’est une place qu’il avait très privilégiée et moi en fait j’arrivais pas à prendre Ce qui me manquait, c’était, j’aurais voulu être la mère tendre, tu vois, la mère qui console, la mère qui rassure.


Et en fait, par la force des choses, vu que j’étais là plus souvent, j’étais plus la marâtre, quoi. Donc ça, on a travaillé sur le sujet. Et tu vois, ça s’est lissé au fil du temps, il a vraiment pris sa place, mais ça a été la principale difficulté qu’on a eue, en tout cas dans notre couple de parents, dans nos rôles de parents.


Clémentine Sarlat
Toi t’as pas eu de ressentiment du fait que tu te retrouves seule parce que tu connaissais la situation en fait. Il y a beaucoup de coups pour qui c’est dur parce que sans enfant ils sont plutôt à égalité, ça se passe bien puis d’un coup sans raison aucune la mère se retrouve à tout faire. Donc là il y a quand même des difficultés qui s’installent. Toi le deal de départ c’est que tu savais en faisant un enfant avec lui qu’il y a un moment tu te retrouverais seule.


Soazig Castelnérac
Bah oui, je le savais dès que je l’ai épousée que c’était un marin et qu’il partirait. Et en fait je l’aimais avec ça et je l’admirais avec ça. Donc ça faisait vraiment partie du deal. Et rien que pour ça, tu vois, je ne me permets pas, je ne pouvais pas m’en plaindre. Et en plus j’avais très peu de raison de m’en plaindre parce que je le vivais bien. Mais je me disais, en fait, tu l’as choisi donc tout n’est peut-être pas facile à vivre mais tu vas pas commencer à… À faire comme si c’était subi et pas choisi. Et du ressentiment, tu peux l’avoir malgré toi.
Ça a plus été pour ma carrière professionnelle, où j’ai toujours continué à travailler, j’ai toujours bossé en clinique et donc je faisais du télétravail, mais j’avais cette frustration de peut-être pas pouvoir avoir les postes que j’aurais pu avoir. Et voilà, mais… Encore une fois, c’était, tu vois, on en parlait tous les deux, on le savait, évidemment que c’était la priorité pour sa carrière parce que c’est quand même lui qui nous faisait vivre. Donc, après, il s’est toujours donné les moyens pour que je puisse travailler, pour qu’on puisse, tu vois, s’organiser quand je partais. Je bossais à Nantes et on habitait en Bretagne, donc voilà, il s’est toujours arrangé pour ça. Mais, voilà, t’as forcément, inconsciemment, ce petit ressentiment de dire bon ben…
J’ai fait, j’ai un peu fait un trait sur ma carrière pour la tienne et pour notre vie de famille mais je le regrette pas du tout mais bon voilà c’est quelque chose qu’il faut…


Clémentine Sarlat
Après on vit dans une société où de toute façon t’es pas aidée non plus en tant que femme pour pouvoir avoir quatre enfants et une carrière comme tu l’entends et tu t’es rajouté la difficulté qu’en plus ton mari part en mer donc clairement tu as fait avec ce que tu pouvais donc franchement c’est déjà, je trouve très bien. Comment est-ce que toi tu décrirais ton couple avec ton mari ?


Soazig Castelnérac
Je pense vraiment qu’on est un couple très complice, très connecté l’un à l’autre, je crois que c’est notre force. On sait ce qu’on vit, on s’accompagne dans ce qu’on vit, donc on est là l’un pour l’autre dans ce qui se passe dans nos vies. On soutient, on fait énormément équipe pour le quotidien, pour les enfants, pour leur éducation, pour… Énormément. On sait que on aura… On va s’en parler et on aura le… Pas forcément la même réponse en off, mais en tout cas en on sera mis d’accord et on fera, tu vois, pour nos enfants les mêmes choix, on fera les mêmes décisions. Donc il y a vraiment cette notion de complicité, de faire équipe, et puis… Quelque part, de jamais s’arrêter. On a toujours un projet de couple, ne serait-ce que pour 24 heures.
Mais en fait, notre couple, il est toujours vivant, toujours présent. Alors ça, je suis quand même pas mal à l’initiative de ça, parce que j’adore ça. Mais ça, c’est vraiment un couple vivant et dans lequel, en fait, on se marre aussi. Il y a de la joie, il y a… Je le décrirais comme ça. Je trouve que c’est un couple qui évolue bien, ce qui peut faire peur, mais…


Clémentine Sarlat
Pour toi ou pour l’extérieur ?


Soazig Castelnérac
Pour les deux. Je trouve que c’est pas facile aujourd’hui d’assumer qu’on est un couple qui va bien, parce que tout de suite les gens pensent qu’il y a anguille sous roche, que forcément ça peut pas être comme ça, que c’est obligé qu’on ait des points de discorde régulièrement, Il y en a un des deux qui doit pas être tout à fait clair. Je le ressens vraiment, d’autant plus qu’on s’expose un peu. Donc voilà, je trouve ça dommage vraiment que ce soit devenu louche d’être un couple qui va bien.


Clémentine Sarlat
Est-ce que dans les 20 années où vous avez été mariés, ou en tout cas depuis plus deux décennies que vous êtes ensemble, il y a eu des périodes où vous étiez déconnectés, où c’était difficile, où est-ce que vous avez maintenu cette relation à flot, si je prends une métaphore de la marine, sur la longévité, sur le long terme ?


Soazig Castelnérac
En fait, on a vraiment été bercés par ce rythme de mission. Donc, il partait deux mois et demi, il revenait quatre, cinq mois, et puis il repartait. Et en fait, le défi, c’était que, comme il était en sous-marin, on ne pouvait avoir aucune communication. Moi, je pouvais lui envoyer 50 mots par semaine, juste avec des nouvelles positives, et lui, dans le sens où il n’y avait absolument rien. Donc, en fait, pour maintenir le lien pendant ces absences-là, on se préparait chacun une boîte avant de partir, Et ça, ça nous a énormément fait travailler l’un sur l’autre et être créatif. Ça nous a obligé à être créatifs. Donc, on se faisait une playlist. On avait deux fois par semaine, à la même heure, une chanson que l’autre avait choisie pour nous à écouter. On avait régulièrement une lettre.
On s’écrivait tous les deux jours dans un carnet qu’on s’échangeait pour la mission suivante. Donc, à la mission suivante, tu lisais ce que l’autre avait écrit la fois d’avant. On avait des petits cadeaux, des petites intentions. Et ça, en fait, comme ça nous a nourri pendant pas mal d’années, ça t’oblige, mais comme choisir un cadeau de Noël, tu vois, pour l’autre. De se dire que t’es la seule, ou le seul, à pouvoir faire ce cadeau à l’autre, à pouvoir faire cette attention visée juste parce que c’est toi qui le connais le mieux. Mais ça demande un travail en fait, ça demande une réflexion, de se poser, de se dire de quoi il m’a parlé, de quoi il a besoin en ce moment, qu’est-ce qu’il aimerait ouvrir, qu’est-ce qu’il aimerait vivre.
Et donc en fait, quand tu fais ça régulièrement, ce qu’on faisait, ça te pousse dans la connaissance de l’autre, tu as vraiment cette envie, tu vois, de toucher juste, de te dire quand il va lire ça, quand il va écouter cette chanson, il va se dire waouh, elle est forte quand même. Donc, je pense que voilà, ça nous a permis de maintenir une connexion vraiment de qualité. Et puis, moi j’en parle tout le temps sur amour toujours, mais je chéris tellement les moments à deux et rien qu’à deux. Mais rien qu’un dîner, tu vois, un dîner en tête à tête. Si on peut partir 24 heures, si on peut partir 48 heures. En fait, c’est la nourriture du couple, c’est la base du couple, donc y revenir tout le temps, tout le temps.
Et comme ça, en fait, tu restes connecté à ton couple, à ce que t’aimes chez l’autre, à ce que t’aimes vivre, Ça peut paraître très, ce que je dis, très, tu vois, fleur bleue, idylliste et tout, mais je crois profondément en cercle verteux dans lequel tu es et tu te maintiens. C’est que plus tu passes de temps agréable avec l’autre, plus, en fait, t’en as envie. Et c’est à partir du moment où ton couple ne devient plus ta priorité, donc tu donnes ton temps beaucoup plus dans ton travail, dans tes enfants, dans ta vie sociale, sans t’en rendre compte, tu t’éloignes de l’autre et puis t’as moins envie d’y aller en fait. Parce que t’as peur aussi, certainement, tu vois, il y a ça. Et puis oui, il y a le manque d’envie.
Mais comme tu te dis que de toute façon ton couple, il craint pas grand chose, que vous êtes dit oui pour la vie, qu’on a nos enfants, tout ça nous maintient. Donc on prend pas forcément peur jusqu’à un certain point et certainement un certain âge, parce qu’il y a un âge où on commence à avoir les couples autour de nous qui séparent. Donc ça, ça nous met aussi une petite alerte. Mais voilà, cette confiance en son couple, elle est aussi dangereuse parce que ça fait qu’on s’y intéresse moins à son couple.


Clémentine Sarlat
On fait moins d’efforts.


Soazig Castelnérac
On fait moins d’efforts.


Clémentine Sarlat
On prend ça comme quelque chose pour acquis.


Soazig Castelnérac
Clairement.


Clémentine Sarlat
Et ça c’est un gros danger, une des problématiques. En fait ce que je réalise c’est que vous avez nourri votre couple quoi qu’il arrive, peu importe que vous soyez ensemble ou pas ensemble et que finalement ça a été un mal pour un bien, ça vous a habitué à vous challenger en fait quelque part, à continuer à vous connaître et tu vois ça me fait penser, t’avais pas de connexion avec lui, c’était très compliqué. Aujourd’hui on est hyper connectés, on est tout le temps à pouvoir atteindre l’autre et parfois se manquer ça fait du bien aussi. Même si, je vais être très claire, tu te tapais quand même le quotidien le plus difficile. Avec des enfants en bas âge. Lui c’est plus simple. Mais quand même d’avoir cette sensation que l’autre nous manque et que voilà ça montre la valeur qu’on lui porte aussi.
Des fois on oublie ça parce qu’on est la tête dedans.


Soazig Castelnérac
Bien sûr c’est pour ça que rien que de partir un week-end seule ou avec des amis mais il faut le faire parce que j’ai vu que tu en as parlé il n’y a pas longtemps. Parce que même si on part que du vendredi au dimanche par contre on se dit que le dimanche soir quand on va rentrer, les enfants sont couchés, on se retrouve à deux et on débriefe. Parce que tout ce qui sera passé, toutes les conversations qu’on aura eues, les découvertes qu’on aura faites pendant ce qu’elle a, on va les partager avec l’autre. Tous ces moments de retrouvailles sont vraiment aussi à… Même si on ne s’est pas quittés longtemps, même si on ne s’est quittés que deux jours, évidemment qu’on prend le temps de les vivre vraiment.
Alors évidemment, après deux mois et demi, je ne te dis même pas, c’était… Ce moment des retrouvailles était dingue. Même s’il y avait toujours un clash, genre tu vois, deux jours après, là on redescend sur terre et il faut… En fait, ça je l’ai appris après que c’était nécessaire qu’il y ait ce clash dans le couple pour que chacun reprenne sa place et pour que moi je me rende compte qu’il était de retour dans ma sphère et que lui aussi se dise je dois reprendre ma place en fait. Surtout qu’après deux mois et demi en sous-marin, ils sont un peu déboussolés, donc bon, il y a tout un contexte. Mais bon, quand même, je garde en tête vraiment plutôt l’intensité des retrouvailles.


Clémentine Sarlat
Alors du coup, avec amour toujours, t’as développé pas seulement un podcast, mais tu as écrit un livre. Vous avez écrit un livre avec Marie-Lise. Vous avez des carnets pour les coupes, pour pouvoir reconnecter. Et c’est ce qu’on entend souvent, que parfois on est tellement dans la machine à laver du quotidien des enfants qui n’est pas forcément très gratifiant, qu’on ne sait même plus quoi se dire. Donc qu’est-ce que tu dis à un couple qui a perdu ce lien, qui s’aime toujours, ils le savent au fond d’eux, mais il n’y a plus de plaisir à être ensemble ?


Soazig Castelnérac
Plus de plaisir à être ensemble, ça effectivement c’est… C’est chaud à vivre pour l’un et pour l’autre parce que c’est vraiment en fait un vide qu’on crée en soi. C’est ce que je disais, tu vois là j’étais dans le train et j’avais ouvert une boîte à questions et il y a une femme qui me disait on est ensemble depuis 15 ans, on a deux enfants et je ne veux qu’une chose, c’est draguer les autres hommes. Elle me disait pourquoi ? C’est difficile de comprendre, mais c’est parce qu’il y a un vide certainement dans votre couple. Et que l’autre ne vient pas combler, que vous ne comblez peut-être pas chez l’autre et que vous avez besoin.
Donc c’est vrai que quand il n’y a plus le plaisir à être ensemble, il faut vraiment se dire ok, là on en prend conscience et on se bouge pour qu’en fait on redécouvre ça. Ce qui est très bon dans ces cas-là, c’est vraiment de retourner à la source du couple et de se reposer des questions. Moi, amour toujours, vraiment ce que je préfère, mon dada, c’est de trouver les bonnes questions pour que les couples se les posent et que ça génère en eux des conversations différentes, justement, du quotidien. Et tu vois, le premier rendez-vous des carnets Save Your Love Date, c’est votre rencontre. De reparler de sa rencontre, mais quel effet incroyable. De se replonger dans ce moment. Pourquoi ? Qu’est-ce qui m’a plu chez toi ? Pourquoi je t’ai choisi ? Notre premier baiser c’était quand ?
Puis en plus on peut ne pas avoir les mêmes réponses, les mêmes souvenirs et c’est hyper chouette de savoir comment l’autre, quelle vision l’autre a de cette rencontre qui a eu lieu il y a 10, 15, 20 ans. Et donc revenir, tu vois, à la source du… En fait on peut faire vraiment par étapes. Déjà c’est de se dire, de se poser, de se dire j’ai l’impression qu’on n’a plus vraiment ce plaisir à se retrouver tous les deux. C’était quand la dernière fois ? Ouais c’était quand même il y a longtemps. Est-ce que toi aussi ça te manque ? Alors souvent l’autre quand même va dire oui. Donc se rendre compte qu’à l’autre aussi, tu vois, pour lui c’est un manque, c’est déjà très… Sécurisant aussi, ok.
Et qu’est-ce qu’on fait en fait ?
Qu’est-ce qui a fait qu’on en soit arrivé là ?
Donc souvent, quand même globalement, ça va être les rythmes. Les rythmes qu’on a avec le travail, les enfants, la maison. C’est souvent ça le premier facteur. Mais voilà, c’est quand même différent selon chaque couple, donc on se pose cette question-là.

Qu’est-ce qui a fait que ?
Qu’est-ce qui nous manque vraiment ?
Qu’est-ce qu’on aimerait retrouver ? Et puis, qu’est-ce qu’on fait, en fait ?

Moi, je dis tout le temps, vous redevenez acteur de votre couple. Vous seuls pouvez agir pour votre couple. Donc, posez-vous et demandez-vous, par ce que vous vivez en ce moment, qu’est-ce que vous pouvez mettre en place ? Alors, ça pourrait être vraiment des petites choses comme effectivement se programmer chaque semaine un dîner en tête-à-tête. Ça pourrait être se danser dans l’aventure Save the Love date. Et puis, s’évader 24 heures.
Et si c’est un peu plus s’ancrer que ça et bien se dire en fait tu sais quoi je pense qu’on va se faire aider parce que ça va être compliqué là tous les deux tout seuls de vraiment rétablir une vraie communication entre nous il y a des failles qui se sont installées puis nous tous seuls on n’y arrivera pas donc bravo à ces couples moi je dis qu’ils font ça je sais que c’est encore compliqué pour beaucoup de passer cette étape, mais voilà, de se lancer là-dedans. Donc voilà, en fonction de là où on est, où on en est dans son couple et de nos besoins, qu’est-ce qu’on met en place ? Mais vraiment, on agit.


Clémentine Sarlat
Le livre que vous avez écrit, qui s’appelle « Les 5 clés de l’amour durable », il n’y a que des conseils très pratiques, mais déjà, et c’est ce que tu nous as raconté avec toi dans ton couple, La première étape c’est de redonner de l’attention à l’autre. C’est ce que tu vois le plus qui manque dans les couples. Souvent on devient invisible, on dit on est colocataire mais on prend plus le temps de s’intéresser à ce que l’autre aime.


Soazig Castelnérac
C’est vraiment ça. Quand tu dis l’attention portée à l’autre, alors parfois, justement, c’est pas forcément ce qui manque parce qu’on va pouvoir mettre, tu vois, ce petit texto dans la journée, on va pouvoir faire le sourire qui va bien, ou se montrer présent comme il faut, mais par contre, effectivement, savoir où l’autre en est, la connaissance de l’autre, à l’instant T, ça c’est ce qui manque parce que la journée passe, en fait, sans qu’on se soit rencontrés. On est allés très vite le matin, on est partis chacun dans notre journée, on se retrouve le soir à 18h-19h, on s’occupe des enfants de la maison, et puis on va se mettre. On a besoin, toi, de charge mentale, de calmer le jeu. Donc qu’est-ce qu’on fait ? On fait des choses qui vont être simples pour nous.
Donc on va se mettre la plupart du temps devant un écran ou au lit dans un livre, et en fait on sait très peu parler. Et il y a pourtant, franchement, quelque chose de très simple à faire. On se dit juste 20 minutes par jour, tous les deux, sans personnes autour de nous, sans écran, sans rien, disponibles l’un pour l’autre. Et qu’est-ce qu’on fait pendant ces 20 minutes ? Juste on se raconte notre journée. Ce qui ne demande pas, tu vois, un effort surhumain en soi. On va pas rentrer dans des grandes réflexions ou des grands sujets, ça on les garde pour la date du week-end. Mais voilà, qu’est-ce que tu as vécu aujourd’hui ? Alors, ce qui est bien, c’est de commencer ce moment aussi, quand tu dis l’attention portée à l’autre, par poser une question à l’autre.
Que l’autre sente justement qu’on s’intéresse à ce qu’il a fait, ça c’est hyper important. Donc voilà, comment s’est passée ta journée ? Ton rendez-vous, je sais que tu avais rendez-vous, ça a été, je sais que tu devais revoir Intel, ça s’est bien passé ? Vraiment, tu vois, s’intéresser à la vie de l’autre, pour amorcer la conversation. On fait ça dans un échange, évidemment, on s’intéresse aussi, tu vois, l’autre s’intéresse aussi à nous, bien évidemment. Et ça, en fait, ça va maintenir une connexion parce que lendemain, qu’est-ce qui va se passer ? On va se retrouver ces 20 minutes-là, on saura ce que l’autre a vécu, donc on pourra venir, tu vois, chercher. Alors, autant, et ça c’est important dans les faits, que dans le ressenti. C’est pas tant qu’est-ce que t’as fait matériellement, mais Voilà, qu’est-ce que ça t’a procuré ?
On peut savoir si on connaît l’autre, si ce qu’il a vécu était difficile, compliqué, s’il en attendait de la joie, si c’était du stress… Donc vraiment, tu vois, je pense à quand tu vas retrouver ton mari ce soir ou demain, lui, évidemment, de s’intéresser. Tiens, tes invités, tu vois, c’était qui ? De quoi vous avez parlé ? Des choses, tu vois, très concrètes. Mais aussi, voilà, est-ce que… Comment tu te sens après ces deux jours ? Est-ce que tu as été stressé de ça ? Ou est-ce que ça t’a apporté de la joie ?

Enfin, c’est très basique. Et puis, on peut se dire, oh là là, quel intérêt ? Mais en fait, non. On va chercher ce que l’autre vit et on accompagne aussi. Petit à petit quand même son changement.
Faut pas se leurrer, quand on s’est connu il y a 15 ans, on n’est pas les mêmes aujourd’hui. On n’a pas les mêmes envies, on n’a pas les mêmes besoins, on n’a pas les mêmes angoisses, on n’a pas les mêmes doutes. Et si on se…

Clémentine Sarlat

On ne se tient pas à jour en fait.

Soazig Castelnérac

Voilà, exactement. On perd.


Clémentine Sarlat
On ne sait plus qui est l’autre en face de nous.


Soazig Castelnérac
On ne sait plus qui est l’autre.


Clémentine Sarlat
Comment tu fais en revanche pour intéresser un partenaire ou une partenaire, peu importe le sexe, qui est, dans la théorie de l’attachement, qui est distant, donc quelqu’un qui a du mal à sortir de sa coquille, on va dire, à s’intéresser à l’autre, comment tu amènes à ce qu’il y ait une dynamique équitable, on va dire, dans le couple. Parce qu’on sait, chez les anxieux, il y a l’air trop. Et chez les distants, ça va être un peu envahissant devoir parler de son monde intérieur, par exemple.


Soazig Castelnérac
Et bien, tu vois, c’est pour ça que moi j’aime beaucoup travailler avec les questions. C’est que quand on arrive avec une ou deux questions, L’autre déjà, sait qu’on lui porte intérêt, et ça va peut-être pas être trop vague ce sur quoi il va devoir s’exprimer. Donc cibler le sujet. Et puis si vraiment, effectivement, cette difficulté qu’a l’autre à s’exprimer, et ça on l’entend pas mal sur le podcast ou les couples avec lesquels j’échange, c’est en fait d’essayer de comprendre pourquoi, d’où ça vient, parce que ça vient forcément de quelque part. Donc c’est là qu’il faut commencer un travail sur ce sujet, s’y intéresser, et pas se dire en fait c’est une sorte il est comme ça, ça ne changera pas, c’est une fatalité. Non. Non. Jamais il faut se dire ça, quel que soit le sujet, se dire en fait on va comprendre pourquoi.
Moi je vais aussi te dire pourquoi aujourd’hui ça me manque dans notre couple, pourquoi ça m’attriste, pourquoi ça me peine, pourquoi j’ai l’impression du coup de ne pas pouvoir te rejoindre parce que tu ne m’exprimes pas peut-être ce que tu vis, ce que tu ressens. Je ne t’en veux pas parce que… Voilà.


Clémentine Sarlat
C’est pas l’heure des reproches, c’est plus d’exprimer le manque et le vide que ça crée.


Soazig Castelnérac
Et qu’est-ce qu’on fait, si t’es ok, pour travailler sur ce sujet et se dire que ça te fera du bien à toi, ça fera du bien à notre couple, ça fera du bien à nos enfants et peut-être même autour de toi, à tes parents, à tes frères et sœurs et à tes amis. Donc pas de fatalité, mais une fois encore, qu’est-ce qu’on fait pour…


Clémentine Sarlat
inverser la tendance. Alors dans les cinq clés, donc tu as cette attention portée à l’autre, il y a le fait de prendre du temps. Pourquoi est-ce qu’on se fait passer en dernier ? Ça me pose vraiment cette question de dire, on crée une famille, nous le couple on est le socle de cette famille. S’il n’y a plus notre couple, la famille elle explose. Je l’ai personnellement vécu, donc vraiment je l’ai matérialisé. Qu’est-ce qui fait qu’on se sabote comme ça ?


Soazig Castelnérac
Déjà, juste je voudrais te remercier parce que effectivement tu as eu l’intelligence et la générosité de communiquer sur ce qui vous étiez arrivés. Et je pense que quand même comme tu es une image pour beaucoup de femmes et de couples qui te suivent, tu as montré qu’en fait qui vous avait manqué en partie, c’était que votre couple, vous l’aviez laissé tomber. Toi, t’as témoigné de ça. Et ça, je pense que c’était assez essentiel parce que tu as certainement fait prendre conscience à beaucoup que ça pouvait nous arriver à tous et que le couple devait rester le socle. Et aujourd’hui, c’est tellement pas le message que l’on entend. Mais c’est plutôt dire tout pour vos enfants. Ça doit être le centre de vos mondes, le centre de vos préoccupations. Faites tout pour eux, quitte à vous sacrifier.
Alors vous-même, ça on l’entend moins parce que le développement personnel, c’est assez à la mode. Et par contre le couple, alors là franchement on n’en entend pas parler. Alors qu’évidemment, qu’est-ce qu’il y a de plus précieux pour nos enfants ? Leur base, le socle, leurs parents. Clairement le couple de leurs parents. Donc, quand on a conscience de ça, et quand justement on entend des femmes qui ont une parole qu’elles portent en témoigné, c’est extrêmement bénéfique. Et on peut, je ne sais pas toi si tu avais eu des retours quand tu as témoigné de ça, parce que moi quand je dis ça, faites de votre couple une priorité, Souvent, on nous dit qu’on est égoïste, qu’on ne pense qu’à nous, qu’on ne se rend pas compte pour nos enfants, qu’ils ont tant besoin de nous.
Et je dis, oui, moi, le fait de passer du temps avec mon mari, ce n’est pas au détriment de mes enfants. Alors certes, je vais peut-être essayer de partir une semaine par an ou cinq jours par an avec mon mari en laissant mes enfants et ils ne vont pas bénéficier de ce voyage. Mais en fait, soyez sûr qu’ils vont en bénéficier fois 10 parce que nous, quand on va rentrer, on sera en super forme, on sera hyper connecté, on sera heureux. Et ça, mais il n’y a rien qui rend plus heureux un enfant que de voir ses parents s’aimer. Donc, en fait, il faut vraiment faire le calcul comme ça. Le temps que je donne à mon couple, c’est du temps que je donne par ricochet à mes enfants, à ma famille.
Et ça, ça permet de libérer, de se détacher d’une certaine culpabilité. C’est vrai que, par exemple, sur le choix des activités, on veut faire tout bien pour ses enfants, leur faire tout faire à nos enfants, quitte à ce que nous, effectivement, on n’ait même pas une activité de couple parce que les conduites, parce que le temps qui passe, parce que le planning. Mais en fait, non, c’est pas grave si l’enfant, il n’a pas cette activité. Qui sera chez lui peut-être plutôt pendant une heure et demie avec quelqu’un qui peut s’occuper de lui. Et les parents, pendant ce temps-là, ils vont se faire un footing, ils vont se faire un tennis, ils vont peut-être se boire un verre une fois dans la semaine. Tu vois,  Marie-Lise, par exemple, t’en parlais, ils ont une nounou qui vient un soir par semaine, je crois 18h-19h30.
Eux, ils partent tous les deux avec Lucas et ils vont se faire leur loisir tous les deux.

Donc, ils se changent à chaque fois. Et souvent, ils vont se prendre un verre, mais voilà. Et aucun problème pour les enfants. Je trouve qu’il n’y a aucun égoïsme là-dedans. Au contraire, c’est extrêmement généreux. Et là, quand on dit ça, peut-être qu’ils vont se dire, moi ça me fait pas du tout envie en fait là, parce qu’elle me dit, tu vois, une fois par semaine, me retrouver avec lui… En fait, poussez, faites-le! Et je vous souhaite de rentrer justement dans cercle vertueux, que quand vous allez y reprendre goût, vous allez vouloir le faire et le refaire.


Clémentine Sarlat
Nous, on avait délaissé notre couple, mais en fait, on s’était délaissé nous-mêmes. Mais en ayant eu autant d’enfants, si peu de temps pendant le Covid, on est beaucoup à s’être délaissé. En fait, on n’avait plus la capacité de sortir, tout simplement. Il y a aussi eu des choses de ces dernières années qui ont été difficiles pour tout le monde. On a oublié de respirer, de sentiment de liberté, de sortir de chez soi. Je crois que c’est une des choses qu’on a le plus retenue, c’est que d’abord on doit se nourrir nous, pour pouvoir nourrir notre couple aussi. Sinon, on n’y arrivait pas. Et effectivement, on n’osait jamais prendre du temps pour nous ensemble par rapport à nos enfants. C’est compliqué aussi, tu le sais toi-même, t’as quatre enfants. A fait regarder, c’est pas hyper simple quand on a beaucoup d’enfants.
Mais surtout maintenant, on a un discours envers nos filles qu’on n’avait pas avant, c’est de dire que papa et maman sont amoureux, ils ont besoin d’être ensemble. Jamais on ne leur disait ça à nos filles. Et en fait, elles vont quand même peut-être protester, elles n’ont pas envie, c’est normal, les enfants c’est leur rôle de dire ça. Mais elle sentait que papa et maman, ils priorisent quand même leur relation à eux et ça leur donne un exemple pour plus tard. Et pourquoi je te dis ça ? C’est parce que je me pose la question si toi, tu as eu des exemples de parents qui, avec intention, prenaient du temps pour eux ensemble et vous le verbaliser ?


Soazig Castelnérac
Mes parents ?


Clémentine Sarlat
Tes parents, oui. Est-ce que c’est un modèle ?


Soazig Castelnérac
D’accord. Est-ce qu’on a eu un modèle


Clémentine Sarlat?

Voilà, c’est pour ça que là, je parle du modèle que moi, je donne à mes filles, mais j’ai pas la sensation que mes parents nous aient inculqué cette façon-là d’interagir en couple.


Soazig Castelnérac
Mes parents avaient une très mauvaise communication entre eux. Donc non, je n’ai pas eu ce modèle. J’ai eu des parents qui s’aimaient énormément, mais qui s’y prenaient très mal. Donc effectivement, je pense que tu as raison. C’est important que nous, on transmette ça, à nos enfants. Et quand on leur dit c’est le temps des parents, c’est du temps pour nous, on en a besoin pour rester amoureux. C’est un exemple qu’on leur montre mais c’est une sécurité qu’on leur apporte parce que quand ils entendent ça, qu’est-ce qu’ils se disent ? Waouh! Super, je peux dormir tranquille en fait parce que là, ils vont faire un dîner en tête à tête et ils vont s’aimer et moi je vais me réveiller demain matin et ils seront là tous les deux encore pour moi. En plus ils ont quand même…
C’est vrai que nos enfants aujourd’hui vivent avec beaucoup d’amis à eux dont les parents sont séparés et pour eux il y a comme une sorte d’acceptation de se dire un jour en fait ce sera mon tour. Mais pour autant, c’est pas pour ça qu’ils le vivront bien en disant c’est aussi arrivé à ma meilleure amie, donc pas de panique. Non, ça sera toujours évidemment un crève-cœur pour un enfant. Donc, le sécuriser là-dessus et lui montrer effectivement l’exemple, c’est ce qu’on a de mieux à faire. Et effectivement, tu dis parfois ils peuvent râler parce qu’ils sont très bons, nos enfants, pour nous faire culpabiliser. Mais en fait, il faut vraiment se dire qu’au fond, c’est juste le bonheur de nous voir comme ça.


Clémentine Sarlat
Après moi je suis honnête, je sais que c’est comme ça que je fonctionne quand mes enfants sont tout bébés. J’ai aucune envie d’aller passer du temps en dehors de maison, d’être sans elles. Mais ça n’empêche pas qu’on peut trouver du temps même si les enfants sont là sans avoir à sortir. C’est aussi ça des fois, on se met des barrières en disant oui mais j’ai trop envie d’être avec mon bébé donc je ne peux pas allouer du temps à mon couple. Moi j’ai l’impression que je me suis un peu raconté un mensonge. Quand mes filles étaient toutes petites, puisque ça m’arrangeait, mais qu’en fait il y avait une fenêtre pour le faire et qu’après est venue l’étape où on part tous les deux sans enfants et on parle même plus des enfants et on s’est fait du bien.


Soazig Castelnérac
Mais effectivement tu as raison, en fait ce temps on peut le prendre sans laisser ses enfants à l’autre bout. Juste une fois qu’ils sont couchés, c’est de s’organiser un joli moment. Ça tient à rien, enfin… Encore une fois, c’est très basique, mais faire mettre, je sais pas, se dire, j’allume 15 bougies dans notre salon, je sors, tu vois, une bonne bouteille, alcool ou sans alcool, je mets une playlist reposante, je mets un plaid deux trois coussins, là je dis ça parce que c’est l’automne, l’hiver, et on va s’installer tous les deux, et on va juste se parler, se regarder, on va vivre ce moment, se connecter, il n’y a pas besoin de sortir.
En fait, moi je crois que, moi en tout cas, les meilleurs moments qu’on vit d’intimité, c’est souvent quand on reste chez nous, que c’est nous qui avons préparé l’ambiance et qu’il n’y a personne autour de nous et qu’on sait qu’on pourra vite filer après direct dans la chambre sans passer par la voiture. Donc on peut évidemment vivre ces moments-là chez nous et ça, j’en parle énormément, on essaye justement d’inspirer énormément là-dessus sur amour toujours en disant pour que ce soit à la portée de tout le monde. Ça fait parfois du bien de sortir de chez soi et c’est utile aussi pour couper. Mais si on veut se retrouver chaque week-end, on peut tout à fait le faire à la maison, s’appliquer à avoir cuisiné, cuisiner à deux.
On n’a pas envie de cuisiner, on va chez Picard et puis ça sera comme ça et c’est très bien aussi.


Clémentine Sarlat
C’est vrai que tout le monde ne veut pas. Prendre une babysitter, avoir les finances pour pouvoir payer. Tout le monde n’a pas de famille à côté pour avoir du relais donc il faut être inventif. Il faut prendre du temps pour y réfléchir et je pense que ce qui est le plus dur pour les jeunes parents c’est qu’on est tellement en train de se faire essorer par une machine à laver. On n’a pas encore la capacité de mettre le bouton stop, qu’on n’arrive plus à prendre du recul pour dire comment je peux organiser pour avoir un temps à deux. Alors on va pas se mentir aussi c’est très… Ça repose beaucoup sur les femmes cette charge là d’organiser la vie de couple et que c’est éreintant quand on a toujours le reste déjà à prendre en compte.
J’imagine que toi tu reçois plus de femmes qui te posent des questions sur leur couple et qui sont à l’initiative du changement. Donc toi tu donnerais quel conseil pour pouvoir sortir de cette roue du hamster, du quotidien, et arriver à inverser la tendance sur cet aspect-là ?


Soazig Castelnérac
Se créer du plaisir, en fait. Que le moment qu’on va se créer en couple soit vraiment vecteur de joie, de plaisir, d’un moment qui va nous porter, auquel on va déjà penser avant. On va se dire, ça c’est un peu la carotte de la semaine en disant, j’ai hâte qu’on ait ce moment-là tous les deux ce week-end. Pendant le moment, vraiment, ça nous procure une joie, une détente, une sérénité. Et ça, ça va nous porter après, parce que lendemain, quand on va y repenser, quand on va se regarder, ce sera différent. Et ça encore sans faire de grandes choses, mais en fait recréer vraiment du plaisir. Parce que se regarder un bon film ou se regarder une série, on se crée un plaisir très individuel, à la limite assez simple. On n’est pas du tout acteur.


Clémentine Sarlat
Parfois c’est un peu notre seule idée du moment ensemble. On n’a pas été très éduqués à la variété de petites activités qu’on pourrait faire. Qu’est-ce que tu peux donner comme exemple ? Autre que Netflix, ce Netflix and chill dont on parle.


Soazig Castelnérac
Moi j’aime beaucoup, on faisait quelque chose de très chouette avec Arnaud, c’est qu’on se passait à un relais. Et ça permet aussi que ce soit les deux qui soient engagés dans la vie de couple. C’est que chaque mois, il y en a un qui préparait pour l’autre une surprise. Donc ça pouvait être, on ne savait pas quand ça allait tomber, mais ça pouvait être un pique-nique. En semaine, quand les enfants sont à l’école, on se débrouille sur nos heures de boulot et on se voit juste de midi à 13h. On a fait un déj’ dans un endroit où on n’est que tous les deux. Enfin, je le dis, il y en a qui vont dire oui, c’est pas possible pour tout le monde. Je donne cet exemple. Mais ça, la fois d’après, ça pouvait être un rencard pour un concert.
L’autre ne savait pas, surprise, on s’est organisé avant. Après c’était parfois, moi je me souviens d’une fois, je lui avais donné rendez-vous dans le train, carrément, à la place que j’avais réservée pour lui. Donc on ne s’était pas vus à la gare, on n’était pas allés ensemble, gros stress parce que je crois qu’il était très très en retard. Donc je me suis dit il ne va pas, alors que moi j’étais dans le train pour partir, donc je ne pouvais pas sortir. Donc ça, ça te maintient en plus, une espèce de tension qui est exceptionnelle. Et tous les mois, voilà, l’un avait failli passer le relais à l’autre, et c’était le mois suivant pour l’autre.


Ça demande un peu de temps, d’imagination, d’organisation, mais ça on est tellement capable de le faire pour son travail, pour son entreprise, pour son boss, pour ses enfants, pour ses amis, que on arrête tout, on le fait pour son couple. On est capable.


Clémentine Sarlat
On rechange les priorités.


Soazig Castelnérac
Exactement.


Clémentine Sarlat
On remet en haut. Le troisième point dans les cinq clés de l’amour durable c’est de faire équipe. Ça prend quelle forme de faire équipe ?


Soazig Castelnérac
C’est vraiment pour les… Gérer le quotidien, d’être… D’avoir une répartition des tâches. Ça, ça joue énormément. Et c’est de se répartir les tâches en fonction, alors si c’est possible en tout cas, de nos compétences, de nos talents et de ce qu’on aime faire. Ce sera pas toujours le cas, parce que moi, par exemple, je gère le linge, c’est pas quelque chose que j’aime. Enfin, je pense que personne n’aime trop ça, mais bon, je le fais. C’est de se dire, voilà, c’est de se poser de façon très concrète en disant, ben voilà, dans notre quotidien, Qu’est-ce que j’aime bien faire ? Qu’est-ce qui me pèse ? Qu’est-ce qui vraiment me fait ? Et toi, voilà, comment est-ce qu’on peut en fait faire équipe pour gérer ce côté ? Il y a souvent, j’entends souvent des femmes qui se plaignent, oui je fais tout, ci, ça, ça, ça.
Mais en fait, est-ce que tu lui as parlé ? Est-ce que tu l’as demandé ? Est-ce que tu acceptes de déléguer ? Non, non, effectivement, ils devraient deviner. Alors ça, on arrête, que ce soit pour ce sujet ou pour autre chose, ils devraient savoir. S’ils m’aiment, ils devraient comprendre, ils devraient savoir, ils devraient anticiper jamais de la vie, en fait, c’est pas possible. On a beau s’aimer très fort, si on n’exprime pas à l’autre ses besoins, on va droit dans le mur, en fait. Donc on prend régulièrement le temps de se poser ces questions-là sur la répartition du quotidien, mais sur d’autres sujets.
Par exemple, je pense sur la sexualité aussi.
C’est pareil, on a tellement de variations sur ce sujet que si on n’en parle pas régulièrement, l’autre ne va pas pouvoir forcément nous rejoindre dans ce qu’on vit en ce moment et dans ce dont on a besoin. Pour revenir sur le faire équipe, ça peut être faire équipe d’ailleurs pour sa sexualité, mais concrètement pour gérer un quotidien qui peut être lourd avec des enfants, c’est vraiment une répartition des tâches. Ça nécessite de savoir ce qu’on veut soi, savoir d’écouter l’autre dans ses envies, ses besoins, ça nécessite de se faire confiance l’un à l’autre, ça nécessite de savoir déléguer, ça c’est pas facile pour tout le monde. Si effectivement lui maintenant il fait les courses en train du travail, mais qu’en revenant avec les courses, t’as pas pris ça, t’as pris ça et ça, je prends pas ça et tout, c’est mort.
Il y retournera pas en fait. Ou alors vraiment ça sera un calvaire pour lui, ça sera un stress et ça va mal se passer. Donc ça nécessite des ajustements. De faire équipe et de s’entraider. Mais il faut savoir ce qu’on veut. Si on se plaint, enfin si en fait on a l’impression de subir mais qu’on ne fait rien pour que ça change, dans ces cas-là on ne se plaint pas. Moi je suis assez comme ça. Je dis tu te plains et je dis aussi à mes enfants, là t’as un problème, tu te plains. Mais en fait, quel est le problème ? Quelle est la solution ? Mets-la en place. J’aime pas la plainte trop, donc ce qui est très bon, mais voilà je suis pas trop dans la plainte. Si on peut toujours trouver des solutions, on peut trouver, bien sûr.


Clémentine Sarlat
On peut être proactif. En fait la plainte c’est le point de départ, il faut que derrière il y ait une action.


Soazig Castelnérac
Mais le nombre de gens qui restent. Dans leur plainte, il en a beaucoup.


Clémentine Sarlat
C’est plus facile parfois de rester dans sa zone de confort.


Soazig Castelnérac
Exactement, mais ça procure moins de joie.


Clémentine Sarlat
Tu penses que c’est ça, un couple qui dure et qui reste connecté, parce qu’on connaît tous des couples qui ont duré 50-60 ans mais qui se font chambre appart, qui ne se parlent plus, c’est d’être proactif et de prendre des risques ? Est-ce qu’il y a cette dimension-là dans le couple qui dure ?


Soazig Castelnérac
Alors qu’est-ce que tu entends par prendre des risques ?


Clémentine Sarlat
Le risque de se faire rejeter parce qu’on a essayé une nouvelle activité que l’autre n’aime pas, le risque de décevoir, le risque de donner beaucoup d’amour et peut-être de ne pas recevoir ce qu’on aimerait.


Soazig Castelnérac
Alors je mettrais plus, à la place de risque, je mettrais plus, tu vois, d’être audacieux, en fait, pour son couple. Et parfois, effectivement, quand on est audacieux, ça paye pas forcément, comme on aimerait, mais, tu vois, le mot audace a quelque chose de… Ça a une connotation très positive. Alors que risque, déjà, tu vois, quand tu… Par le risque, tu te mets dans une position mentale qui n’est pas très bonne. Alors que tu dis, sur ce coup-là, je vais essayer d’être audacieuse. J’y crois. Tu donnes plus de chance que ça fonctionne. Pour donner un exemple, la dernière fois que j’ai été audacieuse pour notre couple, en fait, mon mari a quitté l’armée et s’est installé dans le libéral. Et donc il y avait tout un temps où il devait tout mettre en place pour son cabinet et il devait ouvrir le lundi.


Soazig Castelnérac
Et c’était notre anniversaire de mariage juste 3-4 jours avant et moi j’avais prévu qu’on parte, j’avais tout organisé. En fait c’est tout bête mais il n’avait pas reçu sa carte CPS, il n’avait pas tout configuré. Et j’ai dit en fait je m’en fiche, je veux qu’on parte quoi. Et lui était en méga stress. En fait j’ai pas laissé le choix. Je me suis dit c’est pas grave on ira. Quoi qu’il arrive je sais que ça lui fera du bien, qu’il aura besoin de cette coupure avant de commencer lundi. Et donc, la carte est arrivée, c’est arrivé le jeudi matin, donc parfait. Il a eu le temps de faire ses calibrages avant qu’on parte. On est parti en début d’après-midi, je l’ai vraiment kidnappé. Parce que si je l’avais vraiment écouté, on ne serait pas parti.

Tu vois, j’ai dit je ne veux pas le savoir, je suis passé le chercher, j’ai mis dans la voiture. On a fait deux heures de route où il était comme ça, à passer des coups de fil, bien en stress, et en fait on est arrivé. Sur le lieu que j’avais réservé, et il m’a dit en fait ok, je comprends, étape bien faite. Et en fait j’ai été audacieuse parce qu’il aurait pu faire la tête pendant, c’était juste 24 heures, ça aurait pu être l’angoisse, en me disant mais tu te rends pas compte de ce que je vais vivre, de ce qui m’attend, et je comptais sur cet effet un peu waouh, déconnecté, c’était dans la nature, et ça a fonctionné. Mais c’était, j’ai pris un risque.


Clémentine Sarlat
Et parfois ne pas laisser le choix et dire allez, on se sort de notre marasme aussi. Il y a des couples où c’est ça, on s’est englués, enlisés. Et de se dire, allez je suis la première pierre à l’édifice, je sors de ce qu’on… Notre bout là, j’en mets un pied dehors. Et des fois on a besoin d’être pris par la main.


Soazig Castelnérac
Oui, et puis aussi bien vouloir prendre cette place de leader parce qu’il peut y avoir dans le couple un leader sur ces questions-là. Et moi j’aime ça, j’aime trouver le petit endroit, j’aime organiser. Et bien voilà, il sait que c’est mon langage d’amour, c’est mon privilégié, il le sait. Donc il va quand même s’efforcer d’en organiser de temps en temps, quand ça me manque un peu, je tape un peu du pied, je dis wow, attention Arnaud, il va falloir bientôt là! Parce que moi c’est comme ça que je reçois son amour. Mais en même temps, c’est comme ça que j’aime le parler. Et je ne suis pas là à compter. Moi, ça fait déjà trois fois. Lui, il n’a rien fait. Bon, ok, je m’arrête. J’ai déjà essayé.


Clémentine Sarlat
Ça ne marche pas.


Soazig Castelnérac
Non, mais en fait, la nature a horreur du vide. Donc, je viens recombler. Évidemment que ça ne marche pas. Mais après, si tu l’acceptes, tu te dis bon, moi, c’est vraiment mon talent et que lui, il sait me le dire. Il sait me remercier. Il sait me dire t’as raison d’avoir fait ça. C’était vraiment bien. Ça nous a fait du bien. Bon, ben voilà. C’est pourquoi, en fait, compter des points et me dire Donc ça il faut savoir aussi se le dire, et c’est important qu’évidemment il y ait un échange et qu’il y ait un retour, mais peut-être que le retour il sera par un autre moyen que d’organiser lui la prochaine fois. Il sera peut-être plus attentif dans la semaine, il sera peut-être de meilleure humeur, il sera peut-être plus décontracté, il aura su vous dire merci, il aura laissé ce petit mot.
Le lendemain, tu vois, ce petit mot d’amour, il sera peut-être plus tendre, il aura peut-être été… Tu vois, on aura peut-être fait l’amour plus intensément, tu vois. Il faut essayer de lire toutes ces choses, tous ces fruits que ça aura apporté, et se dire bon ben… C’est ok en fait, c’est souvent moi qui organise ces moments-là. Mais en fait voilà je ressens que lui ça lui…


Clémentine Sarlat
En fait dans le fait de faire équipe faut pas rechercher l’égalité mais l’équité.


Soazig Castelnérac
Exactement.


Clémentine Sarlat
Pour que chacun puisse exprimer comme il le ressent et parce que compter les points c’est… Ça donne jamais rien de bien.


Soazig Castelnérac
C’est enfantin. C’est pas bon.


Clémentine Sarlat
Pour moi pourtant c’est facile de dire, moi j’ai fait ça, toi tu fais pas. Ça nous rassure de dire ça.


Soazig Castelnérac
Et puis en plus ça permet de… C’est un exutoire en plus. C’est facile. Tu mets ça sous le nez de l’autre, il peut pas contredire. Oui effectivement t’as raison. Donc en fait il est bloqué, il est pris au piège. Enfin on va aller où avec ça ? On va pas aller bien loin. La conversation elle est tout de suite stoppée.


Clémentine Sarlat
Alors donc ça c’est le troisième point.
Le quatrième on en a un peu parlé en fait dans tous c’est faire de son couple à priorité. Est-ce que tu penses que, c’est ce que tu disais je pense en intro, que notre société ne nous encourage pas à faire notre couple notre priorité ? Pourquoi à ton avis on est arrivé à ça ? Pourquoi c’est si dur d’avoir un couple qui dure ?


Soazig Castelnérac
C’est dur parce que, effectivement, c’est pas du tout valorisé et que ce qui est davantage valorisé est ce qui a mis plus en avant. Et pourtant, c’est pas du tout ce à quoi les gens aspirent profondément. Mais c’est, tu vois, l’infidélité. Toutes ces applis de rencontres extra-conjugales. Alors elles ont évidemment, toi, dans le métro, en mode publicité et tout, elles ont toute la place. Il n’y a pas de problème parce que malheureusement, elles aussi ont les moyens, donc c’est elles qui peuvent s’afficher. Et toi, quand tu vois ça tout le temps, en fait, ça t’éveille des idées. Tu te dis, mais moi, qu’est-ce que… En fait, dans mon couple, non mais j’ai le droit. En fait, s’ils en parlent, s’ils font de la publicité, si c’est rendu possible, c’est que finalement, c’est pas si mal.


Soazig Castelnérac
En fait, les gens, ils sont aussi et tu rentres un peu dans une facilité. J’allais dire les médias, je ne sais pas, mais en tout cas, la société est assez forte pour te faire croire que ces messages-là sont les bons et c’est ce qui va te rendre heureux. Mais derrière, et il ne faut pas se le dire, il y a un méga business. Donc, en fait, tu viens nourrir… Peut-être que le couple durable n’est finalement pas très intéressant pour l’économie de la société. Le divorce, c’est… Enfin, le coût d’un divorce, ça, C’est quelque chose d’énorme, mais c’est très bon pour le business de la société parce que ça leur apporte plein d’argent. Beaucoup plus, certainement, qu’un couple durable. Et puis, on est quand même dans une société de facilité. Et qu’est-ce qui est plus facile ?
Est-ce que c’est d’entretenir ton couple, de mettre des efforts dans ton couple, ou au contraire, finalement, d’aller voir ailleurs, de ne pas t’y impliquer… Ou de partir.


Clémentine Sarlat
Ou de partir, parce que c’est trop dur.


Soazig Castelnérac
Voilà. Plutôt que de te battre, finalement. Et le calcul est pas bon, parce qu’on saura que, tu vois, une fois que t’as passé la porte et que tu dois tout gérer derrière et tout reconstruire… Bon, parfois c’est nécessaire, bien évidemment. Je dis souvent, vous allez voir que vous battre pour votre couple va vous demander beaucoup moins d’énergie que de partir, que de l’abandonner et que de tout refaire.


Clémentine Sarlat
Oui, sur le long terme, c’est aussi ça. C’est un cercle vertueux qui se met en route et on prend le train après, on est sur des roues qui… Le chemin est moins parsemé d’embûches, on va dire. Par contre, juste préciser par rapport à ça, tu parles de l’infidélité, mais c’est vrai qu’il y a aujourd’hui quand même des couples qui sont dans des couples libres, affichés et où les deux partenaires ensemble sont d’accord. Et donc peuvent être dans cette dynamique-là, mais il faut que les deux partenaires soient d’accord.

Soazig Castelnérac

Il ne faut pas que ce soit subi.

Clémentine Sarlat

Parce que tout le monde ne voit pas le fait d’être fidèle comme quelque chose qui est nécessaire à la réussite du couple, mais il faut que ce soit d’entrer une condition qui soit acceptée par les deux.


Soazig Castelnérac
Mais tu sais que quand tu creuses avec ces couples-là, en fait, c’est quand même très rare d’avoir dans l’intimité chez les deux, le même discours en disant, moi ça me va. C’est souvent en fait, je sais qu’il a besoin de ça, donc j’accepte par amour.


Clémentine Sarlat
Et donc souvent une femme, que toi t’entends dans les témoignages, qui accepte pour son mari. Moi j’ai des exemples dans mon entourage où c’est vraiment… Où c’est une demande des deux.


Soazig Castelnérac
Je pense que ça reste, tu vois, une…


Clémentine Sarlat
Je pense que oui, c’est juste une exception. Qui malheureusement, dans une société un petit peu patriarcale, on est toujours dans un schéma où l’homme a plus besoin. Il y aurait des besoins qu’on ne peut pas combler à la fin, donc il faut qu’il aille voir ailleurs.


Soazig Castelnérac
Alors que si, on peut. Et puis la femme, elle a aussi… Elle a aussi ses besoins, et c’est pour ça que le sujet de la sexualité au sein de son couple, il est essentiel aussi de s’en parler, mais tellement souvent, tellement régulièrement, de s’intéresser à l’autre, où est-ce qu’il en est en ce moment. Alors notamment en plus quand il y a plein d’étapes, et quand il y a eu celle de la grossesse, de l’accouchement, des bébés, des nuits sans sommeil, Il faut rester. On peut… L’autre peut accepter, tu vois, qu’il y ait ce temps, effectivement, où les relations sont plus rares, mais il faut qu’il puisse le comprendre. Et donc ça, si on n’en parle pas, en fait, l’autre, il va le prendre pour soi.
La femme, soit va le prendre pour elle, il n’a plus envie de moi parce que j’ai changé, parce que j’ai grossi, parce qu’il m’a vue accoucher. Et puis l’homme, il va se dire, bon, ça y est, maintenant, elle a ses bébés, je ne lui fais plus envie. En fait, chacun se fait des images, des films. Quand ils se mettent à s’en parler, ils se rendent compte qu’ils sont pas du tout… Qu’ils ont fait fausse route tous les deux. Et là c’est très très bon, mais il faut en parler.


Clémentine Sarlat
Parler. La base de tout, en fait, quand même. Pouvoir parler avec la personne avec qui on partage sa vie. Tu dirais que dans les cinq clés, donc la dernière c’est garder la volonté d’aimer, on en a plus ou moins parlé à chaque fois en fil rouge, c’est quoi le plus dur à mettre en place ?


Soazig Castelnérac
Justement, tu vois, sur la dernière clé, la volonté d’aimer. Je pense que c’est la plus dure à mettre en place. Parce que se laisser porter par les sentiments, par l’amour, tant qu’ils sont là, tant qu’ils sont vivants, tant que tout se passe bien, tant que justement on est en bonne santé, tant que nos enfants vont bien, tant que nos boulots respectifs se passent bien, tant que, tu vois, financièrement, on arrive à s’en sortir, qu’on a en fait un cocon pour s’aimer, là, il n’y a pas besoin vraiment de la volonté. La volonté, elle vient quand il y a une difficulté qui arrive. Se dire aujourd’hui, en fait, le schéma, il n’est plus le même. Notre vie, elle n’est plus la même. Mais en fait, je fais le choix dans cette vie qui n’est plus la même de t’aimer.
Donc, peut-être que t’es au chômage, tu es malade, tu vis une difficulté particulière, t’es dans ta crise de la quarantaine. Tu vois, toutes ces choses-là, je ne te retrouve pas, je ne te reconnais pas, mais en fait, je choisis quand même de t’aimer. En essayant évidemment de faire évoluer les choses et ne pas subir, se dire qu’est-ce qu’on met en place pour que tu vas te sortir de ça. Mais c’est là où je pense que c’est ça le plus dur et que justement dans la facilité d’aujourd’hui c’est de se dire oh là franchement là je te comprends plus, je te reconnais plus, tu n’es plus le même, je ne t’aime plus, je pense que je ne t’aime plus, donc tu sais quoi, on va s’arrêter là, ça va être plus facile.


Clémentine Sarlat
Les anglo-saxons, ils ont une phrase géniale, ils disent que l’amour est un verbe. Eux, ils ont vraiment théorisé autour de l’amour tous ces concepts-là. On a plus de mal dans le monde francophone, je trouve. Et c’est exactement ce que tu dis, c’est un verbe, donc ça se cultive, donc ça veut dire qu’on doit être actif. On n’est passif dans l’amour.


Soazig Castelnérac
Ben vraiment! Et là encore, on sait l’être. Pour nos enfants actifs on sait l’être pour notre job, parce qu’on peut pas se permettre de le perdre. Oh, notre couple finalement, il va bien s’en… Il va faire avec. Mais en fait non, et t’es la première à pouvoir témoigner que non. Et même moi, tu vois encore, avec tout ce qu’on a vécu, avec je pense le… Notre complicité d’aujourd’hui, notre connaissance de notre force. Franchement, je ne vis pas du tout en me disant je suis tranquille. Mais pas du tout. Alors peut-être que notre histoire a fait que, comme j’ai eu du mal, tu vois, j’ai lutté, je me suis battue pour avoir Arnaud, peut-être que ça joue aussi. Mais franchement, je ne me dis pas je suis tranquille et on va finir, on va vieillir ensemble. Pas du tout. Non, je n’ai pas cette assurance.
J’ai confiance en nous, bien évidemment, mais je ne vis pas avec cette idée.


Clémentine Sarlat
Et tu penses que ceux qui vivent avec cette idée-là ont moins de capacité à faire des efforts au quotidien ? Ou il y en a pour qui ? Tu sais, il y en a qui disent en couple le mot divorce, il est interdit. Le mot séparation, on n’en parle jamais, c’est une des clés pour qu’on dure. Comment est-ce que tu vois ça ?


Soazig Castelnérac
Alors je pense que ceux qui se disent ça, quelque part, ils ont raison parce qu’en s’interdisant ça, ils génèrent déjà une position de leur esprit qui leur… Qui les rendent actifs pour ça. Ils vont agir de sorte que ça n’arrive jamais. Donc là-dessus, c’est très bon. Par contre, il ne faut pas s’interdire d’en parler quand on sent qu’on est un peu au bord du gouffre et se dire là, c’est vraiment compliqué pour moi, c’est vraiment compliqué notre couple aujourd’hui. Voilà, comment est-ce qu’on peut s’en parler ? Il ne faut pas se l’interdire, il ne faut pas se dire… Il faut être quand même conscient de ce qu’on vit, bien évidemment, mais… Si ce n’est pas un choix possible, tu vas agir pour que ce ne soit pas le choix qu’il se fasse. Donc ça je pense que c’est effectivement bon.
Et ça m’intéresse d’ailleurs, tu vois, le fait que tu me poses la question, je me dis, on se le demandera avec Arnaud si c’est une option. Toi, comment on le vit ? Je saurais même pas te dire, nous, comment on le vit. Est-ce que c’est une option ? Est-ce que… Tu vois, normalement, non. D’autant que, enfin, toi, on est croyant, on s’est marié à l’Église, donc c’est pas… Mais… Je saurais dire ce qu’on met en place pour pas que ça arrive. Mais est-ce que c’est une option envisageable quand même? Intéressant. Intéressant, je suis ravie de repartir avec vous. Un bon sujet de conversation.


Clémentine Sarlat
Je sais, mais je n’ai pas la réponse non plus parce que c’est difficile de sentir aussi coincée. Parce qu’on doit tous avoir la liberté de pouvoir partir et comme tu l’as dit, des fois c’est nécessaire de partir, il ne faut vraiment pas… Prendre notre conversation comme si c’était quelque chose d’obligatoire. Il y a beaucoup de couples où c’est très problématique et où il y a de la violence, donc c’est pas une question dans ces couples-là évidemment. Mais est-ce que toute notre vie on a cette pensée-là ? Est-ce qu’on reste ? Je ne sais pas, je suis d’accord.


Soazig Castelnérac
Est-ce que cette pensée peut nous porter ?


Clémentine Sarlat
Je suis sûre que tu dis que c’est une bonne stratégie. Je crois que je suis d’accord avec toi. Non, en fait, ce n’est pas une option envisageable. Les autres options, oui. S’en sortir.


Soazig Castelnérac

D’ailleurs, c’est souvent ce qu’on entend dans les couples plus âgés qui sont ensemble depuis 60-70 ans. Nous, on entend souvent dans le micro-trottoir qu’on fait. Et c’est souvent effectivement quelque chose qu’ils disent. Eux ça n’a jamais été envisageable en fait, de part notamment leur éducation, leur milieu… Mais ils disent que c’est certainement ça qui nous a tenus dans les moments difficiles. C’est qu’il n’y avait pas cette option de pouvoir se séparer. Et peut-être que, tu vois, quand t’as des enfants, ça devrait être l’engagement que tu prends. Te dire, quoi qu’il arrive, on tient bon. Exception faite des situations, bien sûr, ça c’est évidemment, mais…


Clémentine Sarlat
Oui, on ne s’est pas engagé pour construire une famille, pour que tout ça s’arrête de manière si…


Soazig Castelnérac
Pour nos enfants, ça ne doit pas être une option.


Clémentine Sarlat
Merci beaucoup. Soazic, est-ce que tu penses qu’on a balayé à peu près tout? Est-ce que tu as…


Soazig Castelnérac
On pourra en parler des jours à venir, je crois. Merci de m’avoir donné la parole et c’est intéressant d’échanger avec une femme qui est passée par là et qui sait et qui aujourd’hui, du coup, t’es légitime pour en parler et tu sais et c’est le meilleur témoignage qu’on puisse entendre donc franchement merci pour ça parce que…  


Clémentine Sarlat
Faut bien jouer du positif dans ce qui m’est arrivé.


Soazig Castelnérac
C’est ça qu’il faut faire bien évidemment et tu dirais ça d’ailleurs que c’est…


Clémentine Sarlat
Oui, ça a un mal pour un bien. Même si mes enfants en ont souffert et je le regrette mais pour nous c’était un mal pour un bien.


Soazig Castelnérac
Oui mais vous avez été un exemple pour vos enfants aussi parce qu’ils ont vu le travail que vous avez fait donc pour eux c’est une sécurité d’autant plus importante tu vois forte qu’ils se sont dit en fait nos parents sont capables Donc, c’est…


Clémentine Sarlat
L’avenir nous le dira.

Soazig Castelnérac

Je vous le souhaites en tout cas.

Clémentine Sarlat

Merci beaucoup Soazig.


Soazig Castelnérac
Merci à toi.

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