Épisode 234 – La vie après la séparation, Yasmine Boheas

Prendre la décision de se séparer n’est jamais une décision facile. Si la séparation peut être intense, la vie d’après reste mystérieuse pour beaucoup d’entre nous.a

Est-ce qu’on va être heureuse à nouveau, est-ce que c’est difficile d’accepter de vivre séparée de ses enfants, comment retrouve-t-on une nouvelle normalité ? Comment on fait pour se retrouver ?

Chaque expérience est unique, personne n’a de mode d’emploi prédéfini pour la séparation.

Mais écouter l’expérience des autres est précieux.

C’est pour ça que j’ai voulu recevoir Yasmine Boheas, séparée depuis 1 an et demi et qui raconte les galères, les joies, les difficultés, les espoirs, les hauts, les bas, les aventures et la vie qui reprend.

Cet épisode est puissant, doux, joyeux et terriblement vrai.

Un grand merci à Yasmine de s’être livrée pour nous parler de la vie d’après, celle d’après la séparation.


🗣️ Au programme :

👨‍👩‍👧‍👦 Devenir mère et expérience de la maternité (00:13 – 15:17)
🔄 Séparation et nouvelle vie (15:17 – 30:22)
👩‍👧‍👦 Vie de maman solo et coparentalité (30:22 – 45:17)
💪 Défis et croissance personnelle (45:17 – 59:14)
🔗 Pour en savoir plus, n’oubliez pas de visiter notre nouveau site web !



TRANSCRIPTION DE L’ÉPISODE

Clémentine

Salut Yasmine. 

Yasmine

Bonjour Clem. 

Clémentine

Je suis trop contente de te recevoir parce que quand même, tu as fait partie de notre premier événement live. Tu as enflammé la piste de danse. Tu as fait danser des papas. On pourrait en remettre des petites vidéos quand même. On les mettra sur les réseaux sociaux. Et des mamans qui m’ont dit ça fait trop du bien de bouger en fait. 

Yasmine

C’était magnifique ce moment parce que déjà merci pour cette opportunité. C’était incroyable. Et effectivement, moi, je fais beaucoup danser de femmes. Et quand j’ai vu ce mélange de papas, de mamans et en fait, tout le monde ensemble dans une belle énergie, c’est beau à voir. Ça fait du bien. Tout le monde a besoin de lâcher prise. 

Clémentine

Ça fait du bien à 22h. On est pas obligés d’attendre 2h du mat et 40 verres dans le nez. 

Yasmine

Oh oui ! On est bien d’accord. 

Clémentine

Bon, aujourd’hui, peut-être qu’on va parler de la danse, tu vas me dire d’ailleurs, mais j’avais envie d’avoir ton témoignage sur ce que c’est la vie d’après, quand on s’est séparés et qu’on vit une vie de maman célibataire avec ses enfants à 50 %, parce que c’est ta réalité aujourd’hui. Mais avant ça, on va revenir un petit peu en arrière. Déjà, pourquoi est-ce que tu as voulu devenir maman ? Est-ce que c’était naturel ? Est-ce que c’est un projet de couple que vous aviez eu à l’époque ? Ou est-ce que tu t’es toujours dit, je voulais ? 

Yasmine

Ouais, j’ai toujours voulu être maman, ça c’est clair. Et je pense qu’à l’époque, quand j’ai rencontré du coup mon ex-mari, j’étais vraiment dans cette phase où tout allait bien, j’avais mon taf, j’étais bien dans la ville où on était, on était à Barcelone à ce moment-là. Et j’ai toujours eu ce sentiment de… De vouloir être mère, je ne sais pas, c’est assez naturel comme ressenti. Et après, j’avais la bonne personne pour, tu vois. Donc, c’était logique, naturel. Et au bon moment, en fait, j’ai mon premier à 28 ans. Donc, tu vois, c’est quand même assez tôt, je pense, pour notre génération. Mais voilà, c’est arrivé de façon simple, voulue. Et j’ai fait une première fausse couche quand même avant. Ça, c’était pas facile, mais aujourd’hui, on en parle plus facilement grâce à ton podcast, grâce à d’autres médias et aux réseaux sociaux. On a plus d’infos par rapport à ça, donc ça fait du bien. Mais oui, j’ai toujours voulu être maman. 

Clémentine

Est-ce que quand ton premier fils est arrivé, tu t’es retrouvée, comme beaucoup d’entre nous, plongée dans un monde, un petit tourbillon de dire, wow, en fait, ok, c’est ça, être mère, ça peut être dur et intense, ou au contraire, ça a été quelque chose de fluide ? 

Yasmine

Je me suis lancée en pensant que ça allait être plutôt simple, sans avoir trop les infos. Je me suis lancée en mode, on y va et on va voir. Parce qu’à l’époque, je n’avais pas trop accès à tous ces articles de blog. Je n’avais pas pris le temps de lire. Les réseaux sociaux n’étaient pas encore là. Enfin, si, mais je n’étais pas encore vraiment dedans. C’était plus mon entourage, etc. Ma mère qui était de bons conseils, mes amis. Quoique j’étais l’une des premières quand même à avoir des enfants. J’avais pas forcément d’appréhension parce que j’adorais être enceinte, que tout s’est bien passé, etc. Mais c’est l’après qui m’a… Ça m’a un peu cartonné la tête.

Clémentine

Un bon post partum.

Yasmine

Compliqué parce que tout le monde est arrivé dans la famille juste après. En plus, on était à Barcelone, tout le monde a pris l’avion pour arriver.

Moi, heureusement, ma mère était là la première semaine. En plus, j’ai eu une césarienne pour le premier, donc voilà, j’avais besoin de soutien. J’étais sûre qu’avec ma mère, je pouvais avoir à manger, dormir, me reposer. Mais pas évident quand même, l’après. Devoir remarcher, avoir mal au ventre, devoir essayer d’allaiter son enfant, tout apprendre en fait de zéro. Super challengeant et en même temps, magnifique quoi. Je sais pas, c’est vraiment, t’as ce truc émotionnel hyper fort, à la fois dans le j’ai peur, je sais pas, j’essaye, etc. Et le côté où tu vois ton enfant, t’es là, waouh, magnifique, tu vois. Notre famille se crée, c’est beau quoi. Voilà, donc ouais. 

Clémentine

Donc t’as eu une expérience, ouais, intense quand même. 

Yasmine

Intense. 

Clémentine

Est-ce que c’était pareil pour ton deuxième fils ? Il est arrivé quoi, deux ans après ? 

Yasmine

Oui, un peu moins deux ans après. Et pour le deuxième, c’était beaucoup plus fluide. Pour le deuxième, c’est arrivé un peu rapidement, on va dire, même par surprise complètement. Et j’ai une grossesse différente parce que le temps que j’accepte un peu, tu vois, j’avais un tout petit bidon, le temps que j’accepte et que je me fasse à cette nouvelle grossesse, tu vois, j’étais pas… Tout est arrivé très vite, j’étais encore en train de m’occuper du petit, donc mon ventre s’est pas vu tout de suite, tu vois. J’étais un peu dans un semi-déni, je pense, au départ. Mais grossesse qui s’est bien passée. Après, je m’occupais du premier qui était encore petit, donc je le portais beaucoup, un peu fatigué, mais l’accouchement s’est très bien passé. J’ai vécu un accouchement différent, naturel. Et rapide, en 30 minutes, c’était parti quoi. Fou ! Deuxième bébé arrivé.

Chouette moment aussi. Là, on était à Toulouse à ce moment-là et c’était fort et différent. Et là, de voir le premier qui accueille son petit frère, c’est encore d’autres émotions. Je pense que tu l’as vécu aussi. C’est différent. Deux expériences complètement différentes, mais toutes les deux très belles. Belles, mais intenses. Il y a des choses que bon, c’est dur. 

Clémentine

Donc là, tu es à Toulouse à ce moment-là. Oui. Ensuite, vous venez emménager ici à Bordeaux. Oui. Tes enfants sont assez jeunes. À ce moment-là, est-ce que tu as eu la sensation de te perdre dans la maternité et que du coup, de venir ici, tu as trouvé quelque chose qui t’a fait revenir à toi ? 

Yasmine

Oui, complètement. À Toulouse, c’était particulier parce que déjà, être maman d’enfants rapprochés, parent d’enfants rapprochés, c’est vrai que c’est challengeant. Mine de rien, on a un peu l’impression, on n’a pas eu de jumeaux, mais on a l’impression. Vraiment, deux bébés dont il faut s’occuper, qu’il faut nourrir. Il y a vraiment tout à faire, tout tourne autour d’eux. Donc, effectivement, tu te perds dans ta maternité à ce moment-là, enfin dans ton rôle de femme. T’es complètement dans ton rôle de mère, mais dans ton rôle de femme, c’est vrai que… C’est pas évident, sachant que moi j’ai toujours été quand même une personne très indépendante, très à faire ce qui me plaît, quand j’en ai envie, j’assume complètement. Donc c’est vrai que rien que par exemple, j’ai adoré ma période d’allaitement, mais je l’ai arrêté au bout de trois mois pour chacun des enfants.

Parce que j’avais ce besoin de retrouver quelque part mon corps, mon temps de travail, de rééquilibrer les choses entre mon rôle de femme et mon rôle de mère. Et donc ça, je pense qu’on n’en parle pas assez non plus de ça, parce qu’on voit beaucoup d’exemples de mères qui peuvent allaiter longtemps, par exemple, et pour qui ça se passe super bien et qui sont à fond dans leur rôle de mère. Et ça, c’est légitime et bravo aussi à elles de choisir de s’écouter, de choisir ça. Mais bravo aussi aux femmes qui ont envie d’être ces mamans qui sont aussi plus libres et qui ont envie de reprendre le travail si elles en ont envie. Et qui trouvent leur équilibre aussi comme ça et leur épanouissement là-dedans.

Donc, oui, en arrivant à Bordeaux, là, j’ai mes enfants qui sont jeunes, mais quand même qui commencent à être un petit peu plus autonomes, plus grands. Et ce qui me permet de reprendre la danse et de renouer avec une passion que j’avais complètement mise de côté, en fait, comme plein de choses que j’avais mis de côté pendant la maternité. Normal. Donc, oui, là, je me retrouve en tant que femme et je me révèle et je pense que j’ai cette nouvelle vie qui arrive à moi, cette vie d’après-maternité qui me fait boum, qui me réveille complètement parce que le fait de renouer à mon corps fait que je m’affirme un peu plus. Et quand je m’affirme un peu plus, je fais des choix qui sont forcément là et assumés. Et donc dans ces choix, il y a eu aussi notre séparation. 

Clémentine

Est-ce que tu as la sensation que tu as vécu un baby clash ou que c’est décorrélé du fait d’avoir eu des enfants ? La séparation ? 

Yasmine

Non, non. Je pense pas que ce soit lié aux enfants. C’était plus lié à nous, au fait que je pense qu’on s’est essoufflés. On s’est essoufflés. Il y a eu aussi un manque de communication sur plusieurs sujets. Je pense que j’ai aussi ma part de responsabilité là-dedans. Je suis quelqu’un qui souvent ressent des choses mais ne l’exprime pas forcément de peur de faire du mal ou quoi. Donc du coup j’accumule et au bout d’un moment c’est moi qui va la cocotte minute, tu vois, qui me dit bon bah du coup je suis plus à ma place alors que c’est des problèmes que j’aurais pu résoudre avant, tu vois. Et je crois que ça, c’est une… Pardon, maman, mais… Je crois que ça, c’est quelque chose que je tiens de ma famille et j’ai toujours vu ma mère comme ça.

Et du coup, je crois que c’est quelque chose que j’ai dans mon bagage familial et dans mon corps, c’est plus fort que nous. On tient des trucs qu’on n’arrive pas à lâcher au bout d’un certain moment. Il faut qu’il se passe quelque chose avant que tu te rendes compte que c’est bon, tu peux en sortir. Donc, voilà. 

Clémentine

Et donc, tu retrouves possession, en gros, de ton corps, de qui tu étais. En fait, c’est un peu ce truc de la matrescence, de ton changement d’identité. Là, tu reviens dedans et tu te retrouves à nouveau. J’imagine qu’on prend pas la décision de quitter son mari, le papa de ses enfants du jour au lendemain. Il y a des cheminements, il y a des choses qui se font dans la tête. Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi avant de prendre cette décision ? 

Yasmine

À ce moment-là, en fait, il y a toujours une petite voix qui te dit quelque chose que tu n’écoutes pas. Et cette petite voix, elle était un peu là depuis longtemps, depuis quelques années. Et en renouant avec moi, avec mon corps, en me connaissant un peu plus, c’est cette voix-là que j’apprends à écouter. Et le plus dur, c’est que t’as peur. T’as peur, t’angoisses et tu te dis mais… Je vais exploser ma famille. Tout ce que j’ai construit jusque là, je vais le briser en mille morceaux. J’ai peur. Est-ce que toute seule je vais y arriver ? Est-ce que… Est-ce que je vais subvenir à mes besoins toute seule ? Parce que j’ai toujours été indépendante financièrement, mais si tu veux, il a toujours eu un niveau de vie beaucoup plus élevé que le mien.

Donc forcément, t’arrives dans une espèce de spirale de vie, d’un rythme où t’es dans une certaine classe sociale, une vie, un rythme qui est plutôt agréable où tu réfléchis pas trop, etc. Et c’est est-ce que je vais subvenir à mes besoins toute seule ? Est-ce que je vais y arriver ? Et en même temps, tout de suite après, je me disais, mais en fait, c’est pas l’important. Il y a aussi l’amour que tu vas porter à tes enfants. Il y a aussi un plus petit logement. C’est pas grave. En fait, j’ai toujours… Je viens d’une famille très modeste et j’ai toujours vécu avec des moyens très modestes aussi. Donc, c’est finalement revenir à ce que je connais. Et j’ai quand même eu beaucoup d’amour dans ma famille, donc ça ne s’arrête pas à l’argent.

Mais en fait, Tout bêtement, quand c’est ce que tu connais, t’as envie d’offrir ça à tes enfants. Tu te dis, est-ce que je vais pouvoir leur offrir des vacances ? Est-ce que… Enfin, tu vois, il y a tout ça qui se chamboule dans ta tête. Deux, est-ce que je prends la bonne décision ? Est-ce que je suis sûre de moi ? Est-ce que je l’aime encore ou est-ce que je l’aime plus ? Comment est-ce que j’apprends à m’écouter à ce moment-là, en fait ? Tout ça, c’est dur, mais… 

Clémentine

Il y a beaucoup de temps qui se passe entre tous ces questionnements et cette petite voix que tu commences à écouter ? Et le moment où tu prends la décision, on va se séparer et tu changes de logement, en fait, concrètement, vous êtes séparés ?

Yasmine

Ça a pris quelques temps quand même, parce que, on va dire qu’on était sur plusieurs mois de réflexion me concernant. Et après, ce qu’on a essayé de faire, c’est quand même de sauver le couple et de faire une thérapie. Mais trop tardive, en fait. C’est souvent à ce moment-là quand c’est… Quand c’est vers la fin que tu décides de sauver le truc, mais parfois ça marche et parfois ça… En fait, je n’ai pas eu la force et je n’avais pas le pouvoir. Je n’arrivais pas à faire ces efforts-là. Tous les efforts que je devais fournir, je me suis dit mais en fait, Je crois que non. Je crois que j’ai envie d’autre chose et d’une nouvelle vie et je crois que je me retrouve moi-même et que j’ai envie de nouveaux projets et que pour ça, tout est relié. 

Clémentine

Est-ce que dans la prise de décision, tu te dis aussi, ça veut dire qu’on va être en garde partagée, donc mes enfants, je les vois moins. Est-ce que c’est quelque chose qui t’a fait peur ou qu’elle t’a pensé ou t’as réalisé plus tard ? Comment est-ce que tu l’as envisagé par rapport à eux, surtout ? 

Yasmine

Par rapport à eux, je me disais qu’on allait être deux adultes intelligents et deux bons parents et qu’on a toujours été aux petits soins pour eux et qu’on allait faire les choses bien. Je me suis pas vraiment inquiétée là-dessus, je savais que ça existait, la garde alternée, je savais que ça allait être une semaine chacun, et je me disais que c’était un rythme à prendre mais que ça pouvait fonctionner, et qu’on allait tester et trouver des solutions si jamais vraiment c’était trop ou quoi. Si mes enfants étaient un peu plus petits, je pense qu’on aurait peut-être fait une garde alternée un peu différente. 

Clémentine

Parce que je le dis, il y en a des fois qui me demandent, on peut faire deux jours, trois jours. 

Yasmine

C’est ça. 

Clémentine

On peut faire du lundi au mercredi pour changer les week-ends. Il y a d’autres façons de faire, ce qui implique juste que les enfants bougent beaucoup, donc c’est un peu dur pour eux quand même. Parce que changer tout le temps de maison, c’est difficile. Mais au moins, vous ne coupez pas une semaine sans les voir. Chacun fait comme il veut, il peut, mais il y a d’autres moyens. Et donc vous êtes sur une semaine et ça fonctionne bien pour tes enfants. 

Yasmine

Ça marche bien. Alors, c’est vrai que le premier mois, waouh, c’est difficile. Premier mois, j’étais quand même hyper angoissée, stressée, se retrouver seule dans mon appartement. Ça fait bizarre quand même quand tu passes d’une vie à quatre à une semaine complètement seule. Ça fait bizarre au début, après t’es hyper contente et c’est bon, ton planning il est calé, ton agenda, tu t’occupes de toi, etc. Mais là, au départ, ça fait un peu peur et tu te dis wow, ça y est, c’est parti quoi. Tu te rends compte quand tu le vis que ça y est, t’es dedans. 

Clémentine

Donc, si on reprend, tu prends la décision, c’est acté, vous allez vous séparer. C’est toi qui trouves tout de suite un appartement, tu pars ? Comment est-ce que vous gérez cette situation ? Comment toi, tu prends ton indépendance ? 

Yasmine

J’ai profité de l’été, en fait. On s’est dit, on va les garder, on va essayer de les garder en alternance pour l’été. Donc, du coup, Il m’avait laissé un mois, il a gardé les enfants pendant un mois et pendant un mois j’étais en recherche active d’un appartement pour partir parce qu’il n’était pas possible qu’on vive ensemble sous le même toit et qu’on laisse traîner les choses. Je sais qu’il y a des… Il y a des formats qui fonctionnent comme ça. Parfois, on n’a pas d’autre choix que d’être en coloc avec son ex et ça doit être difficile. Mais nous, ce n’était pas une question. Il fallait vraiment que moi, je rebondisse et que je reparte dans cette nouvelle vie. Et j’ai mis un mois et demi à trouver un appartement. Voilà, je me suis fait aider.

J’ai pris à ce moment-là, il y avait un chasseur d’appart là à Bordeaux, que j’ai trouvé, que j’ai pris, hop, et je me suis dit, allez, go, on fait ça. Et j’ai trouvé très rapidement. J’ai eu de la chance. 

Clémentine

L’été se passe, et donc au bout d’un mois et demi, les enfants commencent à faire deux maisons, deux appartements différents. 

Yasmine

Dans les cartons avec moi. 

Clémentine

Est-ce que tu en as des souvenirs où c’est fun ou est-ce que c’est dur ? Parce que tu vois, je sais que là, il y en a qui vont nous écouter en se posant la question. Est-ce que je peux me séparer ? Qu’est-ce que ça a comme répercussions sur mes enfants ? Est-ce que ça a été une période ? Comment tu t’en souviens de cette période ? 

Yasmine

Mais c’est vrai que ça peut faire peur et de toute façon, c’est vrai qu’on… Dans le cœur, moi j’étais sûre et on me le demande encore aujourd’hui, on me dit est-ce que tu regrettes ? Est-ce que t‘as des doutes ? Tu sais qu’il y a beaucoup de couples qui retournent ensemble. J’ai dit ben oui, mais non, mais j’ai pris la décision et si j’ai mis du temps à la prendre, c’est que j’étais sûre. Et donc ces premiers temps dans l’appartement, j’avais un appartement vide, je n’avais pas de meubles, je n’avais rien du tout et très peu de moyens pour meubler mon appartement. Et j’ai eu la chance de faire appel à ma communauté pour m’aider. Je suis partie chercher des meubles qu’on me donnait à droite à gauche dans Bordeaux. Incroyable, super communauté, franchement, beaucoup de chance.

Et là a commencé le moment où dans l’appartement, comme c’était vide, c’était marrant parce que du coup, les cartons au fur et à mesure que je les vidais, on retournait les cartons, on en faisait des tables, je mettais une petite nappe dessus, on se faisait notre pique-nique par terre. Et en fait, tu te rends compte que c’est dans ces moments-là que c’est le plus… Le plus doux, le plus chouette et le plus… Je suis contente que mes enfants me voient dans cette phase aussi de ma vie et qu’on ait vécu ces moments-là parce qu’on est devenus hyper créatifs. Les cartons, on en faisait des… Je me souviens, j’avais reçu l’écran TV et je n’avais rien d’autre. Donc, il était par terre. On avait fait un petit siège avec le carton. J’avais mon fils dedans avec des coussins. Et on jouait avec et c’est ok quoi. 

Clémentine 

On s’adapte. 

Yasmine

Oui, on s’adapte. Et petit à petit. Au début je m’en voulais, je me dis mince, non j’ai envie que tout soit prêt. Tu vois comme quand tu fais la chambre de ton enfant avant qu’il naisse. 

Clémentine

Et après tu te rends compte que ça sert à rien.

Yasmine

Oui, c’est ça. Exactement, parce qu’il doit être avec toi ou à côté de toi. 

Clémentine

C’était pareil en fait. Ils n’avaient pas besoin que tout soit parfait, ils avaient besoin que ce soit fun. 

Yasmine

Ils avaient besoin que ce soit fun, qu’on soit juste ensemble. Et j’ai compris ça. En observant mes enfants, j’ai compris que ce qu’ils voulaient, c’était du temps avec leurs parents et du temps de qualité et pas d’avoir le truc ultime qui coûte 500 euros, tu vois. 

Clémentine

Mais c’est clair que c’est nos projections d’adultes parce que qu’est-ce qu’ils s’en foutent de ça ? On le voit bien, on achète un truc, il y a un carton qui arrive. Ce qu’il y a dedans, ils ne vont jamais jouer avec. Par contre, le carton, ils vont en faire une cabane, un truc pour les bébés. Enfin bref. 

Yasmine

Et puis, ils ont besoin de s’ennuyer aussi. Moi, je me souviens, je m’ennuyais aussi souvent petite. C’est là que t’es la plus créative, quoi. C’était des moments sympas. 

Clémentine

Est-ce que tu as eu ce moment un peu vertigineux de se dire, waouh, là je suis dans le… L’après, j’ai basculé, tout ce que je connaissais avant n’existe plus, en tout cas plus de cette manière-là ? Ou est-ce que tu t’es dit, allez, on y va et j’avance ? Parce que c’est pas linéaire, j’imagine. Il y a des moments où c’est beau et d’autres où c’est plus dur. 

Yasmine

Franchement, je ne vais pas te mentir. Je pense que toute cette période où ça a été difficile jusqu’à il n’y a pas si longtemps, c’était une période deuil. Même quand tu prends la décision de partir, tu as un deuil à faire. Deuil d’une vie qui va être différente de cette ancienne vie qui était super. Moi, j’ai adoré toutes ces années en couple, en famille, j’ai adoré. C’est jusqu’après, voilà, j’ai évolué et j’accepte la personne que je suis devenue et je l’assume entièrement. Et le fait d’assumer, ça t’envoie vers des choix de vie différents. Tout ce que j’ai vécu, je suis heureuse de l’avoir vécu et toutes ces expériences, elles me servent aujourd’hui, elles font la personne que je deviens. Donc finalement, j’en tire beaucoup de leçons et c’est beau à voir.

Mais la période vertigineuse, c’est quand j’ai emménagé et les mois qui ont suivi parce que c’est la loi des séries, en fait. Il y a un truc qui tombe, tout tombe derrière. Non seulement je me séparais, mais quelques mois après j’apprenais qu’une cliente qui me devait 20 000 euros n’allait jamais me payer et partait en redressement judiciaire. Donc tout s’écroulait. Cet argent que j’attendais pour subvenir aux besoins de mes enfants, je ne l’ai pas eu. Plein de galères qui tombent derrière, de dettes, de… Voilà, tu passes du tout au rien. Donc là, ça a été dur parce que dur d’accepter aussi que ben… J’avais besoin de mon entourage, de ma famille qui me viennent en aide, pourtant qui a peu de moyens, mais qui était là dès le début.

Ma mère qui a contribué, qui m’a acheté mon four dans mon appartement, qui est là et qui m’aide, qui me soutient. Non, c’est te dire que ok là, on y est et tu as l’impression de retourner quand c’est ton premier appartement à 18, 19 ans. Moi, j’ai emménagé très tôt, c’est vrai, mais et que tes parents sont là derrière toi à t’aider sur les premiers loyers, sur les trucs. Donc voilà, il faut faire preuve d’une certaine vulnérabilité au début et te dire que tu vas avoir besoin d’aide et il faut l’accepter. Il faut aller chercher de l’aide et il y a plein de solutions pour les mamans qui se séparent. Il faut le savoir. Il y a pour les impôts, il y a la case de parents isolés. 

Clémentine

La CAF qui peut prendre le relais aussi. 

Yasmine

Voilà, la CAF, il y a des aides, il y a des solutions. Il y a de l’entraide qui se met en place, plusieurs podcasts dédiés aussi, des parents qu’on peut rencontrer. Moi, c’est comme ça, c’est en partageant mon histoire sur les réseaux que j’ai eu plein de retours de mamans séparées qui m’ont donné plein de tips. Aussi. 

Clémentine

Et ce que tu dis, c’est vrai, c’est que tu repars de zéro et tu te retrouves un peu dans cette position de jeune étudiante ou en tout cas qui se lance dans la vie adulte. À la différence près, c’est que tu as des enfants à charge. Et j’imagine que quand même, le stress, ce n’est pas le même. 

Yasmine

Non. 

Clémentine

Quand tu sais ça. 

Yasmine

Oui, il y a un stress parce que bon, après à ce moment là, quand j’emménageais à peine, j’étais encore sur mon ancienne activité, donc je me versais encore un salaire. Et heureusement, j’ai eu quelques mois où je me versais encore un salaire, où je payais mon loyer. C’était dur, mais j’avais quand même de quoi subvenir à mes besoins. Et c’est les mois encore qui ont suivi où là, je voyais que ça devenait de plus en plus dure. Je voyais que j’avais de moins en moins de budget pour les courses. Je commençais à regarder tous les prix, que j’avais, que je payais mon loyer le 15 du mois. Donc, hyper stressant en plus, parce que ma mère n’a pas pu se porter garante, mais c’est une pote à moi qui s’est portée garante. Donc, t’as pas envie, tu vois, d’avoir des problèmes.

Donc, t’as cette pression-là aussi. Pression de, voilà, de… De tes enfants qui te demandent constamment des choses, t’es là, ben non, en fait, non, on ne peut plus, maman, elle ne peut pas. Donc, au bout d’un moment, de leur répéter que tu peux pas, que tu peux pas et t’es là, bon, voilà. Donc, faire des choix, faire attention. Moi, je suis quelqu’un qui aime bien se faire plaisir. Donc, là, réduire tout ça. Et effectivement, c’est chiant devoir compter tes sous, de te retrouver à découvert et tu n’es même pas le 15 du mois. Au bout d’un moment, tu t’essouffles, tu te fatigues et tu te dis bon, c’est dur. On ne va pas se mentir, c’est dur. Mais c’est aussi derrière des choses positives et le fait de te retrouver toi, d’être vraiment dans ce que tu as envie d’être, dans une bonne énergie.

De t’aimer un peu plus, voilà. Ça prend du temps, mais de toute façon, il y a la fameuse stat qui est sortie. On l’a dit, une femme qui divorce généralement met cinq ans à s’en remettre. 

Clémentine

Et elle perd 30% de niveau de vie. Dans la première année de la séparation, ce qui t’est à peu près arrivé. 

Yasmine

Ce qui met à peu près… Non. 

Clémentine

Mais cette stat, elle est vraiment très frappante parce que c’est dans la première année de séparation où vraiment, ce sont les femmes qui vont s’appauvrir grandement au moment de la séparation. Donc, c’est vrai que ça freine beaucoup de femmes de se dire est-ce que je peux partir parce que il faut que je puisse subvenir à mes besoins, mais à ceux de mes enfants. 

Yasmine

C’est réel. 

Clémentine

Et voilà, c’est pas un fantasme. On est constamment entourée de clichés de la femme vénale, de goldigirl, de celle qui vient prendre l’argent du mari supposément, alors que la réalité est tellement différente. Il y a beaucoup trop encore aujourd’hui de pères qui ne payent pas de pension alimentaire alors que la garde principale est à la mère. C’est pour ça que j’avais envie d’avoir ton témoignage, parce que tu l’as vécu, cette difficulté. On est un an et demi, c’est ça, à peu près ? 

Yasmine

Un an et demi après. 

Clémentine

Et là, tu peux te dire que tu commences à voir les choses différemment ? 

Yasmine

Oui, là, je commence à peine à me relever doucement. Il va y avoir encore un peu de temps, je pense, encore quelques mois, mais ça devrait aller. Après, j’ai aussi misé sur le fait de développer des projets à côté où je sais que ça va payer tout de suite, mais là, ça commence à payer au bout d’un an. Ça, il faut oser pouvoir le faire aussi. Ce n’est pas tout le monde qui ose et on a souvent ce truc de la sécurité financière. Je suis quelqu’un qui, justement, il faut que je fasse attention parce que je pense beaucoup à développer des projets. Je sais qu’ils, potentiellement, vont cartonner parce que j’y mets beaucoup de cœur et je me donne à fond. Mais je sais aussi que ça arrive tardivement. 

Clémentine

Il faut manger quand même en attendant. 

Yasmine

Il faut manger en attendant, exactement. Donc, du coup, là, j’ai décidé de reprendre un emploi. Donc c’est ça aussi, prendre cette décision de retrouver la sécurité. Mais je pense qu’on parle souvent des freelance versus le salariat. On dénigre parfois un peu le salariat, alors que je trouve que tu peux vraiment, même là, je le vois après des années de freelance, tu peux trouver un job qui te fasse kiffer, qui soit aligné à tes valeurs. Et c’est possible. 

Clémentine

Et si t’es dans une situation où t’as besoin de cette sécurité, il n’y a rien de honteux de se dire j’ai besoin de retrouver, ne serait-ce même qu’un job alimentaire s’il y a besoin. C’est OK, c’est des passages dans la vie. 

Yasmine

Oui, et toutes les femmes qui m’écrivent, il y a beaucoup de femmes qui m’écrivent et qui me disent Yasmine, j’ai un projet, j’ai un job à côté. Beaucoup de femmes qui cumulent des emplois, malheureusement. Parce qu’on a l’impression que parce qu’on a des aides ou une pension ou quoi, ça fait de nous, tu vois, que justement, on a plein d’argent et tout. Mais non, faux, complètement faux, archi faux. C’est juste ce qu’il faut pour payer les charges d’un appartement, les factures et les courses et encore à peine les courses. 

Clémentine

Et c’est vrai que la stat aussi qui est très dure, c’est que 20% des femmes célibataires avec enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Donc, il y a quand même une réalité là-dessus de l’appauvrissement d’une maman qui va être solo avec ses enfants. Qui n’est pas à négliger, mais tu es aussi là pour dire que quand on prend cette décision, qu’on s’écoute, qu’on écoute cette petite voix, on peut se retrouver et qu’il y a une vie après, et que même s’il y a des aspects très difficiles, il y a une vie après et il n’y a pas de regrets. 

Yasmine

Oui, il n’y a pas de regret. 

Clémentine

Aujourd’hui tu te sens comment ?

Yasmine

J’ai pris la décision et en même temps, je me souviens de ce que m’a dit mon ex-mari au moment où il fallait prendre cette décision de divorcer. Il m’a dit, écoute, tu as besoin de ta liberté, je te rends ta liberté. Ça m’émeut parce que ce moment, il était très fort. J’avais peur et il m’a donné le courage d’y aller. Donc, en fait, et ça peut bien se passer. Moi, il a toujours été très juste dans ce côté 50-50. Le divorce, les avocats, tout s’est passé quand même de façon juste. Donc, il y a aussi… Parce qu’effectivement, il y a beaucoup de femmes qui subissent et qui ont des parcours très difficiles. Et moi, je suis là et je te parle de mon parcours et je pense que j’ai… À côté de ce que certaines vivent.

Plus j’en parle, plus je reçois des histoires de femmes qui sont hallucinantes. Et je me dis, mais ces femmes-là, j’ai envie de les prendre dans mes bras, de les serrer, de leur dire que ça va bien se passer, qu’elles peuvent y aller, qu’elles peuvent être en confiance parce qu’on peut y arriver. Même si c’est dur, on peut y arriver. C’est une liberté qui est là, mine de rien. Et on trouve les solutions. En fait, on se rend compte… C’est dingue ce pouvoir de… C’est ce qu’il y a à l’intérieur qui sort et tu te dis d’un coup, du jour au lendemain, tu étais stressé. Tu penses toujours à… Est-ce que je vais pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants ? Est-ce que ça va aller ?

Et au bout d’un moment, tu es tellement dans la galère que tu apprends à vivre au jour le jour. Et en fait, chaque jour, tu trouveras les solutions qu’il faut pour ce jour-là et ce problème en particulier. Ok, je suis en retard dans mes impôts, comment je fais ? Là, je paye un peu. Le mois prochain, tant pis, je paye la suite. Et en fait, chaque jour, à chaque problème, tu te dis voilà. Mais après, j’en ai passé du temps au fond de mon lit à me fermer aux autres et j’en ai passé du temps comme ça. Je ne veux pas mentir. Je ne suis pas toujours sur les réseaux à danser, etc. Non. Parfois, c’est dur et parfois, je déserte parce que je me dis est-ce que je vais y arriver lendemain ? J’y retourne. 

Clémentine

Ça s’appelle un deuil, c’est ce que tu disais. 

Yasmine

Ça s’appelle un deuil. 

Clémentine

Ça serait même bizarre de ne passer par une phase où c’est compliqué. Ça voudrait même dire qu’on n’a pas vraiment pris la mesure de ce que ça voulait dire de changer de vie. 

Yasmine

Complètement. Oui, c’est un deuil d’une relation, mais c’est aussi un deuil professionnel. J’ai vécu aussi un deuil professionnel d’une façon que j’avais de travailler, qui a complètement changé avec ce deuil relationnel. 

Clémentine

Oui, ça a eu un impact sur tous les autres aspects de ta vie. 

Yasmine

Oui, tous. Dans le fait de remettre du sens, du cœur et d’aller chercher plus le cœur que le… Que le business, l’argent soit, tu vois, remettre cette envie de soin, de, voilà, la communication, oui, mais avec du sens, quoi. 

Clémentine

Quand tu parles, ça me donne cette image de toi qui est le papillon qui a éclaté, tu vois, la chrisalide. C’est vrai, c’est dur quand même de d’éclore. Il faut casser des choses, il faut sortir d’un confort qui était tout chaud et agréable pour dire allez, je vais là où je sais pas, où je connais pas l’inconnu. 

Yasmine

Ouais, c’est un gros travail. 

Clémentine

Est-ce que tu te rends compte que c’était courageux de prendre cette décision ? 

Yasmine

Je sais pas. C’est ce qu’on me dit, mais moi, j’arrive pas à me dire que je suis courageuse. Pourtant, oui, je pense qu’effectivement, j’ai une certaine résilience et je me sens forte. Et courageux, oui, je pense que je le suis aussi, mais je pense que j’avais juste besoin de… De me dire qu’il fallait que… que c’était OK que je puisse grandir et vivre dans ma personnalité à 100%. Je pense que j’avais quelque chose en moi qui fait que je n’assumais pas certaines parts de ma personnalité. Et c’est par la danse et par le corps que j’ai compris que je pouvais arrêter d’avoir honte de certaines de mes envies, qu’on était tous humains et qu’on avait tous des bizarreries en nous parfois, tu vois. Voilà, donc je me suis dit un jour, allez go, il faut s’assumer, quoi. 

Clémentine

Est-ce qu’aujourd’hui, donc un an et demi après, tu as la sensation que tu es revenu dans une normalité, c’est-à-dire que ton rythme une semaine sur deux avec tes enfants, une semaine sur deux où tu fais ta vie, c’est quelque chose qui est aujourd’hui une routine que tu as intégrée ? 

Yasmine

Complètement. Oui, c’est arrivé plutôt rapidement d’ailleurs. Et j’ai tout de suite profité de ça comme quelque chose d’assez chouette. Et je me suis dit, purée, mais toutes les personnes en couple devraient faire ça en fait. Une semaine sur deux, la charge des enfants, elle est sur l’un ou sur l’autre. Malheureusement, c’est plus compliqué que ça. Mais j’ai tout de suite apprécié la semaine avec enfants, d’être avec eux à 100%, et la semaine sans où là, je pouvais vraiment profiter, voir mes amis. Aller danser un peu plus parfois et dormir. Mais quand même, la fin de semaine, elle tire. J’ai envie de la retrouver parce que voilà, c’est toujours la fin de semaine. C’est toujours aller. Je commence à préparer le cocon là pour à tout nettoyer, à avoir envie de les voir. Après, j’essaie de les avoir au moins une fois par semaine quand même en visio. 

Clémentine

Vous vous appelez pas tous les soirs ? 

Yasmine

Non. Tous les jours, non. 

Clémentine

Donc t’as pas de nouvelles ? Non. Parfois pendant la semaine ? 

Yasmine

Non. 

Clémentine

Ça c’est dur, non ? 

Yasmine

Parfois, oui. Mais après quand j’en ai besoin, je demande plus. Et là, oui. 

Clémentine

Est-ce que la transition pour eux, elle est complexe ? Ou est-ce qu’ils ont bien intégré ce rythme ? Parce que bon, les transitions pour n’importe qui, c’est difficile. 

Yasmine

Je pense que le petit a eu plus de mal que le grand, parce que le petit était quand même plus maman-maman que le grand. Je ne sais pas pourquoi le petit, il a toujours ce côté à me coller, à être tout le temps avec moi. On a un truc assez fusionnel avec le petit. Lui, il a plutôt mal vécu. Je lui manquais beaucoup les semaines où je n’étais pas là. Donc, c’était dur. Et il me le disait. C’était, voilà, maman, tu m’as manqué, etc. Et là, aujourd’hui, c’est mieux. Je trouve que c’est beaucoup plus fluide. Et maintenant, le temps est passé aussi. Et du coup, je leur dis, dès que vous ressentez le besoin, vous m’appelez. Dès que j’en ressens besoin, je les appelle. Je prends des nouvelles plus régulièrement. 

Clémentine

Tu as mis des choses en place ou des petits rituels, des choses qui font que la transition est plus facile ? 

Yasmine

Je n’ai pas forcément de rituels particuliers. Je les récupère toujours à l’école, tu vois, le vendredi soir. Soit je les emmène boire un petit coup avec moi dans un bar. 

Clémentine

Ça peut être un rituel. 

Yasmine

Non, mais tu vois. En fait, ce que je fais avec mes enfants, du fait d’avoir ce temps pour moi en semaine et d’avoir évolué moi aussi, j’apprends à ne plus vivre forcément sur leur rythme, mais je les emmène dans mon rythme à moi. Moi, j’ai des parents qui m’ont toujours emmené partout. Si tu veux, je m’endormais dans un coin d’une pièce et mes enfants, c’est un peu pareil. Je les emmène, je vais en stage de danse, les emmène avec moi. Je vais, je vais dans un bar la soirée de Noël de la danse, les aient emmenés avec moi jusqu’à 21 heures. On joue au baby foot. Je les emmène avec moi dans les événements musicaux. J’ai envie qu’ils baignent dans tout ça, alors qu’avant, il n’y avait pas. 

Clémentine

Oui, tu les invites dans ton monde. 

Yasmine

Oui. 

Clémentine

Alors qu’avant, il y avait cette coupure que toi aussi, t’avais avec toi-même au final. 

Yasmine

Exactement. 

Clémentine

J’ai une amie, elle fait un truc, c’est que le vendredi, quand elle récupère son fils, c’est toujours soirée pizza, film. Comme ça, il sait ce qu’il va retrouver. Il sait que ça va être cette config là, quand il rentre chez sa maman. 

Yasmine

C’est une bonne idée, les rituels. Tu vois, pourquoi pas, en fait, intégrer quelque chose de plus…

Clémentine

Toi t’as un rituel, tu les emmènes dans les bars, c’est pas mal. 

Yasmine

Oui, non, mais dans les week-ends et tout ça, c’est vrai que t’as toujours cette ambiance là. En plus, on est en plein hiver, t’as toujours l’ambiance un peu cocooning à la maison, popcorn film. Ça, on le fait aussi. Mais je m’adapte en fonction de ce qu’ils veulent. Ils sont créatifs aussi, donc quand ils veulent faire un truc créatif, on y va. Voilà. 

Clémentine

Tu disais tout à l’heure que pour ton plus petit, ça a été plus difficile parce qu’il était aussi petit quand vous vous êtes séparés. Est-ce que sans avoir jamais regretté ton choix, il y a cette culpabilité de te dire je leur fais vivre un changement, un bouleversement et c’est pas simple pour eux ? Est-ce que tu l’as ressenti ? 

Yasmine

Oui, je pense que toute mère qui se sépare le ressent, cette culpabilité. Enfin, tout dépend après la configuration, effectivement. Je me suis aussi dit que ça allait être certains changements maintenant, mais que derrière, s’ils ont des parents qui sont heureux, épanouis dans leur vie, ça rattrapera beaucoup. Tu vois, c’est ce que je me dis. Mais c’est vrai que la transition, elle est difficile parce que nos enfants, ils ressentent tout, en fait. Si nous, on est déjà intense dans les émotions, imagine les petits comme c’est décuplé. Ouais, non, le petit, c’était quelque chose. Et encore aujourd’hui, j’ai des questions de ça. Mais maman, tu te souviens le jour où tu vois des lieux, ce lieu là, tu vois, ils se rappellent les choses, ils te les ressortent.

Où ce moment là, tu vois, ils te disent avec papa ou ils te remettent ce que je pense qu’ils ont toujours d’espoir. Et moi, je suis toujours là à leur dire. Mais voilà, maintenant, on est séparés. C’est comme ça. Ça sera toujours comme ça. C’est votre vie maintenant. Elle est comme ça. Mais ça prend du temps et on va leur laisser du temps. Après, je me suis informée quand même, voir si je devais leur faire un suivi psy. On m’a dit tant qu’il n’y a pas de problèmes à l’école, de problèmes de colère, etc. Ce n’est pas forcément nécessaire. Mais je pense que si je vois que ça tarde encore, il y a moyen qu’on… Voilà. Parce qu’à l’école, ça se passe bien. Ils ont quand même des bons résultats. On est là chacun. On leur apporte beaucoup d’amour.

On leur fait vivre des expériences. Ils vont quand même en vacances. On se balade. Enfin voilà, on les nourrit. C’est quand même riche, même si c’est… Et puis, ils ont les avantages aussi des parents séparés. Faut pas croire. Ils sont gâtés, les petits. Ils partent en vacances beaucoup plus facilement. 

Clémentine

Et puis, on le dit, c’est une richesse aussi parce que du coup, ils ont deux mondes différents, mais ils ont deux visions du monde plus marquées. Donc quand ça se passe bien, on n’est pas dans des situations où il y a de la violence et où c’est très complexe. On parle deux adultes qui ne s’aiment plus, qui ne peuvent plus vivre ensemble, et qui vivent différemment. Et c’est vrai qu’au moins ça leur montre qu’il y a des façons différentes d’exister au monde. Ce qu’ils n’ont pas quand ils sont que dans un seul cocon. 

Yasmine

Complètement. 

Clémentine

Ou d’un coup, on découvre qu’à l’extérieur, on ne vit pas pareil. 

Yasmine

Et tu vois, je fais le pont avec aussi l’événement de la matrescence. Quand Heloise, elle parlait aussi de ce côté d’attendre, tu vois, de porter l’attention aux enfants. Mais je trouve que mine de rien, on fait plus attention à ça aussi. Quand on les a chacun de notre côté, on fait plus attention à passer du temps avec les deux aussi. 

Clémentine

La qualité de ta présence, elle est meilleure. 

Yasmine

Moi, j’ai ce ressenti. 

Clémentine

Ça paraît logique puisque déjà, ils te manquent. Parce que nous, par exemple, on a moins au quotidien. Plutôt qu’on est là, vas-y, va aller dormir. 

Yasmine

Oui, c’est ça. 

Clémentine

Ils nous manquent quand on y dort, au final. Mais alors que toi, t’as vraiment ce manque physique que tu ressens, donc tu peux profiter différemment du moment où tu les as et tu sais que c’est temporaire. Même si c’est dur sur le moment, tu vas avoir un temps libre après. Ce qui est une conflit différente pour les parents qui sont en garde pleine et qui n’ont qu’un week-end sur deux ou qui respirent moins. 

Yasmine

Ça aussi c’est dur. 

Clémentine

Mais donc la qualité de ta présence, c’est bien. 

Yasmine

Oui, oui. Par contre, la qualité de présence, c’est ça, c’est que je suis beaucoup plus en forme. J’ai plus d’énergie. Ça compte, tout ça. 

Clémentine

C’est sûr. 

Yasmine

J’ai plus d’énergie. Je sais que voilà. Et puis, je sais comment ils fonctionnent. Je sais qu’ils sont comme moi. Ils sont hyper actifs, donc il faut que je les sorte vite et qu’on fasse des choses et qu’on rencontre des gens. Je les mélange aux adultes, aux ados, aux enfants, à tout le monde. J’ai envie qu’ils soient ouverts d’esprit, qu’ils voient d’autres cultures, des musiques différentes, des arts différents. J’ai envie de les ouvrir à ça. 

Clémentine

Est-ce que quand tu as signé les papiers du divorce, c’est un moment hyper particulier ? Ou ça n’a pas eu d’impact ? 

Yasmine

Si, j’ai eu un électrochoc. J’ai pleuré ce jour-là. J’ai beaucoup pleuré. Oui, parce que pour moi, c’était la fin officielle, tu vois. Et du coup, forcément, t’as une espèce de cassette interne qui te rembobine tout. Voilà tout ce qui s’est passé et c’est la fin de la cassette. T’as que t’éteins la télé, tu vois. Ça m’a fait cet effet là, en fait. Donc, j’ai beaucoup pleuré parce que c’était intense et parce que c’est une personne qui est dans mon cœur encore. Tu vois, c’est pas parce qu’on est divorcés que ça y est, ça restera une des personnes qui fait partie des hommes de ma vie avec mes enfants, parce que c’est le père de mes enfants. Donc, toute ma vie, ça sera une personne qui sera dans mon cœur et que je respecte énormément. Et donc, c’était ça. 

Yasmine

C’était aussi la peur de l’après, de me dire comment est-ce qu’on va, comment est-ce que vont être nos relations ? Parce que je sentais que ça n’allait pas forcément être la joie. Je savais que ça allait être… Moi, je vis parfois dans un monde de télétubbies. Je crois que je vois le beau partout. Je suis hyper naïve et je me suis dit, on va co-parenter de la meilleure des façons. Ça va être fluide. La réalité est différente. Mais j’ai appris aussi à être patiente et je suis quelqu’un de très impatient. J’apprends à… Il faut respecter l’autre, il faut respecter le temps, il faut respecter les guérisons de chacun. Et voilà. 

Clémentine

Parce que pour l’instant, t’estimes que c’est pas la relation que t’aurais aimée, pour l’instant, en tant que coparent. 

Yasmine

Bah non, c’est pas la meilleure, quoi. Mais elle est respectueuse, elle est juste. Il y a ce qu’il faut comme info pour avancer, même si c’est pas foufou. Mais bon, je pense que j’ai trop ce truc de vouloir que tout se passe bien, alors que c’est vrai que finalement, chacun a son deuil à faire, quoi. Donc je laisse le temps faire les choses. Je pense que j’y crois. Je pense que ça ira de mieux en mieux. J’espère. 

Clémentine

Touche du bois. 

Yasmine

En tout cas, j’ai des amis pour qui c’est très dur. Donc c’est vrai que ça me fait peur. Je me dis c’est dommage d’avoir passé autant de temps et de te retrouver comme deux inconnus et de… Ou pire, de te détruire. Ou de te détruire pour certains. Parce qu’il y a des histoires vraiment. Ouh, dur, dur. 

Clémentine

De quoi est-ce que t’es le plus fière de tout ce parcours. 

Yasmine

Je pense que je suis fière d’avoir osé… D’avoir osé me… Me révéler comme ça, quoi. Enfin, en fait, je suis fière d’être, comme tu l’as dit, que le papillon soit sorti et… Fier de tout ce qui m’arrive aujourd’hui, en fait, parce que… Et je le remercie, lui aussi, pour ça, parce qu’en fait, c’est une expérience certes douloureuse, mais qui est tellement magnifique pour la suite. On se rend pas compte, tu vois ? En fait, je crois que dans toutes nos ruptures, même celles d’avant notre mariage, etc., toutes nos ruptures et toutes nos expériences relationnelles, elles nous ont forcément servi à nous connaître nous, quoi. 

Clémentine

Et est-ce qu’aujourd’hui, tu te verrais être en couple à nouveau ou ta liberté est trop importante ? 

Yasmine

Si, si. En couple, si. Je le suis en plus. 

Clémentine

Mais pas de la même manière ou avec une connaissance plus approfondie de ce que tu acceptes ou n’acceptes pas ? 

Yasmine

Complètement. Avec moi en tant que priorité, si tu veux. Ce qui peut être un peu difficile, d’ailleurs, parce que du coup, ben voilà, je suis vraiment le… Je continue d’être le papillon, quoi. Je suis l’aigle maintenant. 

Clémentine

Il faut accepter de te suivre derrière c’est ça. 

Yasmine

Il faut accepter de me suivre et… En fait, disons que je… J’ai une grosse peur de l’engagement, maintenant. Forcément. Et donc, dans ma nouvelle relation, le fait d’apprendre à se connaître et de… Moi, j’ai mis beaucoup de barrières. J’ai fait beaucoup de… J’ai beaucoup avancé et reculé, si tu veux. Maintenant, on avance. Mais ouais, beaucoup de peur de s’engager, de retourner dans ce format, en fait, on va dire un peu classique. Non, besoin de vivre des expériences, besoin d’aller dans mes passions, d’explorer d’abord tout ce que j’ai besoin d’explorer en termes pro, tu vois, tout ça. Et après, plus tard, qui sait, retourner dans quelque chose d’un peu plus calme et posé. J’avoue, j’ai très peur de ça. Ça m’angoisse de me dire que… Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui me… Ce qui me fait peur. 

Yasmine

Mais petit à petit, et je pense que c’est bien aussi. C’est ça, prendre le temps. 

Clémentine

Quand on a pas mal discuté de ces thématiques là, en off avant l’épisode, et tu me disais que de t’être séparée, ça t’a aussi… Obligé à revoir ce que tu disais, ton niveau de vie, mais d’avoir une vie plus minimaliste. Est-ce que ça aussi, c’est quelque chose que tu veux garder avec toi ? Si un jour tu as re de l’abondance, tu peux refaire beaucoup de choses. Est-ce que ce mode de vie là, c’est quelque chose que tu veux continuer, qui te convient, qui est plus agréable ? 

Yasmine

Oui, oui. Et puis, c’est déjà le cas. J’ai pas besoin d’un grand espace pour me sentir bien, parce que même dans un petit espace, je mets ma touche, tu vois. Dans mon petit espace, j’ai un petit appartement, mais il est coloré, il est à mon image. Je me souviens encore à chaque fois, tous les vendredis, quand les enfants passaient la porte, une porte en plus, ma porte, elle est… Elle est dégommée. Enfin, c’est un appart quand même qui est assez vieux et qui a plein de défauts, tu vois. Mais la porte, je sais plus, il y avait eu les pompiers qui étaient entrés dedans. Du coup, la porte, elle est toute cassée et tout. Et ils passent cette porte là, les enfants. Et je me souviens encore de voir leur tête. Alors, maman, il y a quoi de nouveau dans l’appartement, etc.? 

Yasmine

Tu vois, parce qu’ils attendaient que je mette les petites touches de couleurs qui font que ça fait notre appartement, que c’est nous, que c’est notre identité. Le côté minimaliste, c’est vraiment plus dans ce que je faisais pas avant et que je fais aujourd’hui, c’est faire plus attention aux dépenses, apprendre à gérer mieux mon argent. Ça, c’est quelque chose que j’ai toujours été assez… Assez YOLO quoi, dépensière, aimer m’habiller, à faire comme si j’étais blindée alors que pas du tout, tout l’inverse. Il y a un moment où il faut arrêter et redescendre, je pense. Donc là, j’y suis. J’ai suivi Beyoncé, elle est redescendue de la scène, tu vois. Elle est passée… Elle est passée… Elle est passée en bas avec tous les autres. 

Clémentine

T’es dans la fosse maintenant. 

Yasmine

Je suis dans la fosse, mais je suis contente parce qu’il y a de la chaleur et t’es coincée avec les autres, tu vois. Ça sent bon dans la fosse. Non, mais par contre, voilà, faire attention, plus commander à manger, vraiment faire à manger à la maison, faire les courses en conscience, faire attention à tout, éliminer tous ces abonnements qui ne servent à rien, reprendre tout ce que tu as en charge, ton budget et tout ligne par ligne. 

Clémentine

T’as appris à faire ça ? Ce que tu ne faisais pas avant ?

Yasmine

Non. Non, non. Donc voilà, apprendre à gérer un budget avec des enfants et à faire attention, quoi. Parce que le but, c’est quand même de pouvoir, après, vivre des expériences avec eux, les emmener en voyage. Donc voilà, petit à petit. 

Clémentine

Et la réalité aussi, c’est que dans ton appart, tu as une seule chambre. 

Yasmine

Oui. 

Clémentine

Donc quand ils sont là, toi, tu migres dans le salon ?

Yasmine

C’est ça. 

Clémentine

Il y a plein de personnes qui n’arrivent pas non plus à visualiser. Ça demande quoi ? Comme parfois petit sacrifice. Oui. Tu ne peux pas avoir trois chambres, en fait. Non. 

Yasmine

Non, non. Aujourd’hui, je suis dans un appartement où je dois payer environ 800 euros, tu vois. Et encore sans les charges. J’ai pas donné les factures. Il fait 53 mètres carrés. Effectivement, mon salon, c’est ma chambre quand les enfants sont là. Donc, j’ai eu la chance d’une fois qu’on m’avait donné des meubles, etc. J’ai une amie dans l’influence et Dieu créa qui m’a dit Yasmine, comment ça va ? Qui a pris de mes nouvelles, qui m’a dit Yasmine, commence à partager un peu ton appart et tu verras, il y a des marques qui vont venir à toi ou essaye de contacter quelques marques pour avoir justement les meubles qui sont les plus chères. Donc, là, quand j’en parle, je me dis, vous voyez, on peut être influenceuse, avoir 35 000 abonnés sur les réseaux sociaux. Bah, c’est pas ça qui derrière rempli le frigo.

Mais ça peut aider à, voilà, à ça, par exemple, avoir un canapé convertible comme j’ai eu quand je suis arrivée. J’ai mis un surmatelas dessus et je dors très bien dans mon salon. Franchement, je… Parfois, je reste même dans mon salon alors que les enfants ne sont pas là. C’est bizarre. Parce que la chambre des enfants donne sur la rue et on entend à chaque démarrage moto ou quoi, tu l’entends puissance 1000 quoi. Il n’y a pas de double vitrage. Donc, c’est une réalité. Voilà, problème d’humidité, le plafond dans la cuisine qui s’est déjà effondré, dégâts des eaux, voilà. On parle du vrai là, les gars. On s’habille bien, mais derrière, il y a des trucs qui ne vont pas non plus. Mais voilà, on garde la face, on fait tout, on y va. C’est possible de dormir dans un salon. Il y a beaucoup de familles qui font ça. Beaucoup de mamans qui se séparent qui font ça et moi qui m’ont demandé conseil pour des canapés et des trucs. C’est une configuration commune. 

Clémentine

Pour terminer, est-ce que tu as découvert, en te séparant et en partageant ce côté-là de ta vie, toute une communauté de femmes qui sont là pour soutenir et qui… T’en as quand même pas mal parlé tout au long de l’épisode, d’avoir trouvé des tips avec des mamans solos ou des femmes qui te partagent leurs histoires. En fait, c’est quelque chose de puissant, finalement, de vivre cette expérience qui est assez universelle, de se séparer. 

Yasmine

Oui, il y a plein de femmes dans ce cas-là. Et en fait, on se rend compte que on n’est pas toute seule. Il y a aussi plein de femmes qui m’ont écrit. J’ai dû recevoir des cinquantaines de messages de femmes qui veulent se séparer, mais qui n’osent pas. Et qui, du coup, suivent avec beaucoup d’attention ce que je fais, ou beaucoup qui cohabitent encore avec leurs conjoints parce qu’elles n’ont pas encore de travail et donc n’osent pas partir. C’est une réalité, ça aussi. Donc… Si vous avez des filles, s’il vous plaît, faites qu’elles soient indépendantes. Financièrement, c’est hyper important parce que vraiment, c’est un gros sujet, ça. Il faut qu’on puisse vivre indépendamment de qui que ce soit, en fait. Oui, les communautés, j’ai la chance d’avoir cette communauté qui… Déjà d’en avoir parlé, d’avoir des retours et moi d’avoir pris des infos à droite à gauche, parce qu’en fait, en demandant, on se rend compte qu’on a du change et des réponses. Il y a plein de solutions qui existent, d’endroits où vous pouvez aller chercher des meubles pas trop chers, des applications comme Give où on donne des choses. Pareil, en local, il faut voir dans les villes où vous êtes, mais il y a moyen aussi de récupérer des paniers de légumes, des choses comme ça, qui ne sont pas trop chères.

Il y a plein de choses à trouver comme ça. Alors, parfois, on se dit oui, c’est dur d’en arriver là, mais mine de rien, ça peut dépanner. Donc, plutôt que d’être interdit bancaire, autant aller vers ces petites solutions qui font que ça aide.

Clémentine

C’est clair. Et je voudrais terminer en disant qu’il y a plusieurs ressources qui sont vraiment importantes. Il y a le podcast, dont on a parlé, c’est Hello Solo. Oui, le livre est top aussi. Par Shane Love, que j’ai aussi interviewé dans ce podcast. Vous pouvez écouter son témoignage. Il y a l’application Team’parents. J’ai aussi interviewé sa fondatrice, Noémie. Qui est dédiée aux parents séparés, aux parents solos. Il y a des ressources juridiques, des ressources de finances. C’est vraiment une application qui est designée pour les parents, surtout si vous avez besoin de conseils de professionnels. C’est une ancienne avocate. Donc il y a quand même des petites choses qui sont mises en place. Il y a de la médiation qui est possible. Mais tu as raison, ça demande de la recherche. Mais voilà, s’il y a déjà des choses qui sont là pour vous, si vous avez envie de chercher, d’écouter, n’hésitez pas. Merci beaucoup. 

Yasmine

Merci à toi, Clémentine. C’était un bon moment. 

Clémentine

Merci d’avoir été transparente parce que ce n’est pas simple, forcément, de t’exposer aussi un petit peu la vie de tes enfants. Donc, ce n’est pas évident de pouvoir partager ça, mais c’est important. 

Yasmine

Je pense qu’effectivement, c’est utile pour beaucoup de femmes, peu importe dans quel cheminement elles sont, si elles sont déjà séparées ou non. Mais en tout cas, il y a plein d’épisodes aussi de podcasts sur la matrescence. J’ai un petit peu vécu ça. Merci beaucoup. 

Clémentine

Merci Yasmine. 

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